Homélie de la messe d'ordination
épiscopale de Mgr Marc Aillet |
|
Le 04 décembre 2008 -
(E.S.M.)
- Voici l'homélie prononcée par le cardinal Ricard lors de la messe
d'ordination de Mgr Aillet, en tant qu'évêque de Bayonne, Lescar,
Oloron.
|
Le cardinal
Ricard et Mgr Aillet
Homélie de la messe d'ordination épiscopale de Mgr Marc Aillet
Cathédrale de Bayonne – Dimanche 30 novembre 2008
Cher cardinal Etchegaray,
Cher Marc,
Chers frères évêques, prêtres et diacres,
Chers frères et sœurs en Christ,
Dans ce passage de l’évangile de Marc qui nous introduit dans ce temps
de l’Avent, Jésus nous invite à veiller, à être ces veilleurs, ces
guetteurs, qui attendent la venue de leur Maître. Et, s’il y en a un
dans l’Église qui doit veiller et inviter à la vigilance, c’est bien
l’évêque. L’étymologie même du mot l’indique : l’évêque est par
excellence celui qui « veille sur ».
La veille dont parle Jésus concerne prioritairement sa venue. C’est une
attention à sa venue dans sa triple dimension de passé, d’avenir et de
présent : il est venu parmi les siens, il reviendra à la fin des temps,
il vient à nous aujourd’hui, comme ce Ressuscité qui se veut le
compagnon de route de l’homme. Dans l’Apocalypse de saint Jean, le
Ressuscité écrit à l’Église de Laodicée : « Voici que je suis à la
porte et je frappe. Chez celui qui entend ma voix et ouvre la porte,
j’entrerai et nous mangerons en tête-à-tête, lui avec moi et moi avec
lui. »
(Ap. 3, 20). Le veilleur attend
son maître, sait reconnaître sa voix, lui ouvre la porte, l’accueille et
se met à son service. Ce qui est au cœur de cette veille, ce n’est pas
la crainte du maître, c’est au contraire la joie de l’attendre, le désir
de sa présence, le goût de sa Parole, l’espérance d’un renouvellement
intérieur et d’une transformation personnelle. En un mot, sa veille est
habitée par l’amour. Ce qui faisait dire au psalmiste : « Mon âme
attend le Seigneur plus que les veilleurs n‘attendent l’aurore. »
(Ps 130, 6) ou à la
bien-aimée du Cantique des Cantiques : « Je dors mais mon cœur
veille. »
(Ct 5, 2).
L’évêque doit être ce veilleur qui porte le souci d’aider son peuple à
préparer et à vivre cet accueil du Seigneur qui vient. Et ceci dans
toutes les dimensions de la vie de l’Église : dans la première annonce
de la foi, dans l’écoute de la Parole de Dieu dans les Écritures, dans
la catéchèse et la découverte de la foi apostolique, dans la prière et
la célébration sacramentelle – tout particulièrement dans l’Eucharistie
–, dans la rencontre du frère mais aussi dans l’animation et la conduite
de la vie ecclésiale. L’évêque invite à prendre ce recul nécessaire au
discernement. Il aide à porter sur l’Église et sur le monde un regard
éclairé par la foi.
L’évêque ne peut être ce veilleur que s’il est lui-même un éveillé, que
si, lui-même, au jour le jour, prend le temps du regard, de la
contemplation et de la vigilance aimante. C’est l’Esprit saint qui forme
en lui comme en chacun d’entre nous ce cœur qui veille.
L’évêque est aussi un guetteur qui veille à discerner à travers les
événements l’action du Seigneur et à rendre grâce pour elle. Il invite
aussi à l’espérance quand la nuit semble se prolonger comme le dit le
prophète Isaïe : « Vers moi on crie : « Veilleur, où en est la nuit ? »
(Is 21, 12). Il est ce guetteur qui doit éclairer son peuple : « Fils
d’homme, je t’ai fait guetteur pour la maison d’Israël. Lorsque tu
entendras une parole de ma bouche, tu les avertiras de ma part. »
(Ez. 3, 17) Il est du devoir de l’évêque
d’alerter son peuple, ses contemporains sur les dérives possibles d’une
société qui ne respecterait pas la dignité de tout être humain ou qui
tolèrerait en son sein des toxines qui risqueraient vite de lui être
fatales. Si les évêques interviennent dans le domaine social ou
politique, ce n’est pas pour « faire de la politique », comme le
dit le langage courant, mais c’est pour être fidèles à un message qui
concerne le destin de tout homme et de toute société.
L’évêque est ce pasteur qui veille avec soin sur le peuple qui lui est
confié. Avec les prêtres et les diacres, ses collaborateurs dans le
ministère apostolique, il veille à la dynamique missionnaire de son
Église, à sa dimension de communion, toujours à relancer, toujours à
retisser. Il est cet intendant des mystères de Dieu, ce serviteur
fidèle, avisé, que le maître a établi sur ses gens pour leur donner en
temps voulu leur ration de blé
(cf. Lc 22, 42). Saint Pierre
écrit : « J’exhorte donc les anciens qui sont parmi vous, moi qui
suis ancien avec eux…Paissez le troupeau de Dieu qui vous est confié,
non par contrainte mais de bon gré, selon Dieu ; non par cupidité mais
par dévouement. N’exercez pas un pouvoir autoritaire sur ceux qui vous
sont échus en partage, mais devenez les modèles du troupeau. Et quand
paraîtra le souverain berger, vous recevrez la couronne de gloire qui ne
se flétrit pas. » (1 P 5, 1-4)
Veilleur, l’évêque doit être aussi un éveilleur, en particulier un
éveilleur de vocations. Je pense aux vocations sacerdotales dont
l’urgence première doit être au cœur des préoccupations de tous, mais
aussi aux vocations diaconales et aux vocations de tous ces
collaborateurs et de toutes ces collaboratrices dont nous avons besoin
pour la mission et la vie de nos Églises diocésaines.
Cette vigilance sur l’Église, l’évêque ne la porte pas tout seul. Il la
porte avec les autres évêques dans le collège épiscopal, comme le
déroulement de l’ordination va le signifier si fortement. Il porte ce «
souci de toutes les Églises » avec Notre Saint Père le pape, qui préside
à la communion entre les Églises. Au sein de sa propre Église
diocésaine, l’évêque, d’ailleurs, n’est jamais un homme seul. Avec les
prêtres et les diacres, il est lié au plus profond de lui-même à ce
peuple qu’il conduit, partageant ses joies et ses peines, ses
difficultés et son espérance.
Marc, tu t’en rendras vite compte : on attend aujourd’hui beaucoup de
l’évêque, parfois trop. La tâche à certains jours peut paraître lourde,
l’avenir incertain, la communion crucifiante. La mission n’est-elle pas
au-dessus de nos forces ? Si un jour ces sentiments t’habitent, n’oublie
pas alors que dans chaque ordination le Seigneur s’engage. Il s’engage à
nous donner la force de faire face à la mission qu’il nous confie.
Combien de fois n’ai-je pas expérimenté moi-même la vérité de cet
engagement !
Marc, sois en tenue de service, sois ce veilleur qui aide tout ton
peuple à être ce peuple de veilleurs. Tu entendras alors le Seigneur te
dire et dire à tous : « Heureux ces serviteurs que le maître à son
arrivée trouvera en train de veiller…heureux sont-ils ! »
(Lc 12, 37… 38)
Église de Bayonne, Lescar et Oloron, ce que je te souhaite ainsi qu’à
ton nouvel évêque, c’est l’expérience de cette joie ! Amen.
Cardinal Jean-Pierre RICARD
Archevêque de Bordeaux
Évêque de Bazas
►
Mgr Marc Aillet remercie Benoît XVI -
03.12.08
►
Mgr Marc Aillet consacré évêque de Bayonne, Lescar et Oloron - 02.12.08
Nouveau : S'inscrire à la newsletter ! Voir
menu de gauche. |
Sources : Aquitaine
Ce document est destiné à l'information; il ne constitue pas
un document officiel
Eucharistie sacrement de la miséricorde -
(E.S.M. sur Google actualité)
04.12.2008 -
T/Église
|