Dans sa deuxième Encyclique, Benoît XVI dénonce
l'ambiguïté du progrès |
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Rome, le 04 décembre 2007 -
(E.S.M.) - Comment peut-on vivre ? Comment
est-il possible d'"affronter notre présent", souvent marqué par
l'égarement et la douleur ? Comment supporter chaque jour la difficulté
de vivre ? C'est à ces questions - qui agitent le cœur de toute femme
et de tout homme de notre temps - que veut répondre la deuxième
Encyclique "Spe Salvi" du pape Benoît XVI.
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L'Encyclique
de Benoît XVI -
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Dans sa deuxième Encyclique, Benoît XVI dénonce l'ambiguïté du progrès
L'attente qui habite déjà le cœur de l'homme
Comment peut-on vivre ? Comment est-il possible d'"affronter notre présent",
souvent marqué par l'égarement et la douleur ? Comment supporter chaque jour
la difficulté de vivre ? C'est à ces questions - qui agitent le coeur de
toute femme et de tout homme de notre temps - que veut répondre la deuxième
Encyclique "Spe
Salvi" de Benoît XVI. Tout comme
"Deus Caritas est", ce document
pontifical, de manière limpide et exigeante, réfléchit lui aussi sur une
affirmation néotestamentaire, de saint Paul cette fois. La réponse de
l'Évêque de Rome est à la fois convaincante d'un point de vue rationnel et
pleine de confiance dans son ouverture à une nouveauté radicale. Et l'être
chrétien - qui selon le Pape n'est pas une idéologie ou une morale, mais
la
rencontre avec quelqu'un qui change véritablement la vie - fait chaque jour
l'expérience de cette nouveauté radicale que Paul annonçait il y a près de
vingt siècles: "Dans l'espérance nous avons tous été sauvés". C'est-à-dire
dans l'attente d'un avenir qui habite déjà le cœur de l'homme.
Benoît XVI se préoccupe de repenser et d'expliquer les fondements du choix
chrétien et sa racine est l'Ecriture; dans ce cas les, lettres pauliniennes
en particulier, dictées dans un monde capable d'exprimer son angoisse dans
les paroles d'une épitaphe qui semble écrite par le désespoir d'aujourd'hui:
in nihil ab nihilo quam cito recidimus
("Du rien dans le rien, combien
souvent nous retombons"). C'est sur certains termes du Nouveau Testament,
enraciné dans la foi d'Israël, que le Pape fonde sa confrontation avec la
tradition chrétienne, même celle exprimée par les images, gravées par
exemple sur les sarcophages pour signifier l'attente du réveil définitif.
Benoît XVI demande à son lecteur de l'attention et un effort, comme pour
tout ce qui en vaut la peine. Et réfléchir sur ce vers quoi tend le cœur
des êtres humains - même obscurément - vaut véritablement la peine.
L'explication que le Pape Benoît XVI donne des fondements de l'être chrétien
part de l'Ecriture, lue à la lumière de la tradition chrétienne, et donc
éclairée également par l'expérience de certaines figures exemplaires: celles
des saints. Ainsi la pensée sur l'espérance de Benoît XVI - tant imprégnée
de textes chrétiens, notamment patristiques et médiévaux, qu'attentive à la
modernité - trouve une confirmation dans l'histoire chrétienne du XIX et du
XX siècle. Comme l'expérience d'une petite esclave africaine, sainte
Bakhita,
qui reconnut finalement en Dieu un "maître" non plus terrible, mais
"totalement différent" et qui lui changea la vie. Ou encore le témoignage
bouleversant, conservé dans une véritable "lettre de l'enfer", du martyr
vietnamien Paul Le-Bao-Thin: même dans l'abîme de la prison et de la haine
déchaînée chez les victimes elles-mêmes, ce "prisonnier au nom du Christ"
fit lui aussi l'expérience du salut dans l'espérance. Et comme lui un autre
martyr de notre temps qui fut ensuite créé cardinal,
Nguyen Van Thuan.
Soutenu par la tradition chrétienne - vivante dans les textes et vivante
chez des multitudes de femmes et d'hommes qui ont su témoigner du nom du
Seigneur jusqu'à l'extrême, mais aussi dans la peine et dans la joie de
chaque jour, dans les "petites difficultés quotidiennes" - Benoît XVI ne
craint pas la confrontation avec la pensée moderne, il la recherche au
contraire, pour une relation paisible et confiante. Ainsi, l'explication de
l'espérance méditée et vécue s'accompagne dans l'Encyclique du dialogue avec
ceux qui sont à l'origine de la sensibilité de notre temps, souvent très
éloignée de l'espérance chrétienne: des prémisses de Bacon à la réaction de
Kant à la Révolution française, la critique du Pape - qui évoque celle
d'autres penseurs du XX siècle comme Horkheimer et Adorno - s'étend jusqu'à
Engels, Marx, Lénine, dont les enseignements sur la dictature du prolétariat
ont laissé "derrière eux une destruction désolante", car ils ont "oublié
l'homme" et "oublié sa liberté". Mais la critique de Benoît XVI s'adresse
également au christianisme moderne, lorsque celui-ci n'est "en grande partie
concentré que sur l'individu et sur son salut", sans même reconnaître "la
grandeur de sa tâche"; même si ce qu'il a fait pour l'éducation de l'homme
et le soin apporté aux faibles et aux personnes qui souffrent reste grand.
Face à ce que le Pape appelle "l'ambiguïté du progrès", il est alors
nécessaire que la raison - "grand don de Dieu à l'homme", au point que "la
victoire de la raison sur l'irrationalité est aussi un but de la foi
chrétienne" - s'ouvre à la foi, selon une préoccupation caractéristique de
la pensée de Joseph Ratzinger et à présent de sa prédication comme Evêque de
Rome. Face au risque individualiste, Benoît XVI répète avec les Pères de l'Eglise,
son maître saint Augustin et Henri de Lubac que le salut "a toujours été
considéré comme une réalité communautaire".
Sauvés dans l'espérance, chaque jour de la vie de ce monde les chrétiens ont
attendu et continuent d'attendre les réalités ultimes, dites jadis novissimi
- la mort, le jugement, l'enfer, le paradis - et sur leur signification,
toujours radicalement actuelle, le Pape réfléchit également de manière
laïque, citant Dostoïevski et Platon. Mais les images de l'espérance les
plus chères à la tradition chrétienne sont les images évangéliques, surtout
selon le récit de saint Luc. De l'attente humble et silencieuse d'Israël
avec le vieux Siméon et la prophétesse Anne à celle de Marie, en voyage pour
se rendre auprès d'Elisabeth et qui se presse sur les monts de la Judée: "A
l'image de l'Eglise à venir qui, dans son sein, porte l'espérance du monde à
travers les monts de l'histoire". C'est à elle que Benoît XVI se confie
lui-même et confie toute l'Eglise, en se souvenant assurément de ce qu'il
disait dans sa dernière homélie avant d'être élu au Conclave. Que toute
chose passe, l'argent, les édifices, jusqu'aux livres, et que seul demeure
l'homme créé pour l'éternité: "Le fruit qui demeure est donc ce que nous
avons semé dans les âmes humaines - l'amour, la connaissance; le geste
capable de toucher le cœur; la parole qui ouvre l'âme à la joie du
Seigneur. Alors allons et prions le Seigneur, pour qu'il nous aide à porter
du fruit, un fruit qui demeure". Comme demeureront les fruits de
l'Encyclique chez qui voudra la lire et méditer sur l'espérance.
G.M.V.
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Sources: www.vatican.va
- Osservatore Romano - 41207
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Eucharistie, sacrement de la miséricorde -
(E.S.M.) 04.12.2007 - BENOÎT XVI
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