Catéchèse du Saint-Père : La fin de
la vie de Paul |
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Le 04 février 2009 -
(E.S.M.)
- Le pape Benoît XVI a salué les pèlerins francophones et
particulièrement le groupe des Ukrainiens de Belgique, les séminaristes
de Liège, Tournai et Malines-Bruxelles, ainsi que les responsables et
les lecteurs de la Documentation catholique venus à Rome célébrer le
quatre-vingt dixième anniversaire de la revue.
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Le pape Benoît XVI,
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Catéchèse du Saint-Père : La fin de la
vie de Paul
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Benoît XVI : Condamnation sans appel du négationnisme
Le 04 février 2009 - Eucharistie Sacrement de la Miséricorde
-
C'est dans une ambiance très chaleureuse que le pape Benoît XVI, très
souvent acclamé par des fidèles ne cessant de manifester leur enthousiasme,
a prononcé sa catéchèse hebdomadaire. Au début de l'Audience générale a été
lu en différentes langues un extrait de la deuxième lettre de Saint Paul à
Thimothée.
2è lettre de saint Paul à Timothée (2Th 4, 6-8)
Quant à moi, je suis déjà offert en sacrifice, et le moment
de mon départ approche. J'ai combattu le bon combat, j'ai achevé la course,
j'ai gardé la foi: désormais m'est réservée la couronne de la justice, que
m'accordera en ce jour-là le Seigneur, le juste Juge, et non seulement à
moi, mais à tous ceux qui auront chéri son apparition.
Texte intégral de la catéchèse prononcée ce mercredi par le pape Benoît XVI
au cours de l'audience générale, dans la salle Paul VI du Vatican.
Chers frères et sœurs,
La série de nos catéchèses sur la figure de saint Paul est arrivée à sa
conclusion : nous souhaitons parler aujourd'hui de la fin de sa vie
terrestre. L'antique tradition chrétienne témoigne de manière unanime que la
mort de Paul eut lieu suite au martyre subi ici à Rome. Les écrits du
nouveau Testament ne nous racontent pas le fait. Les Actes des Apôtres
achèvent leur récit en évoquant l'emprisonnement de l'Apôtre, qui pouvait
toutefois recevoir tous ceux qui venaient le voir (cf. Ac
28, 30-31). C'est uniquement dans la deuxième Lettre à Timothée
que nous trouvons ces paroles prémonitoires : « Quant à moi je suis déjà
répandu en libation et le moment de mon départ est venu »
(2 Tm 4, 6 ; cf. Ph 2, 17). Il a ici recours à deux images,
l'image cultuelle du sacrifice, qu'il avait déjà utilisée dans la première
Lettre aux Philippiens en interprétant le martyre comme une partie du
sacrifice du Christ, et l'image marine de jeter les amarres : deux images
qui ensemble, font discrètement allusion à l'événement de la mort et d'une
mort dans le sang.
Le premier témoignage explicite sur la fin de saint Paul nous vient du
milieu des années 90 du Ier siècle, c'est-à-dire un peu plus de trois
décennies après sa mort effective. Il s'agit précisément de la Lettre que
l'Eglise de Rome, avec son évêque Clément Ier, écrivit à l'Eglise de
Corinthe. Dans ce texte épistolaire on est invité à garder sous les yeux
l'exemple des apôtres, et, immédiatement après l'évocation du martyre de
Pierre, on lit ceci : « A cause de la jalousie et de la discorde, Paul fut
obligé de nous montrer comment on obtient le prix de la patience. Arrêté
sept fois, exilé, lapidé, il fut le héraut du Christ en Orient et en
Occident, et en raison de sa foi, il s'acquit une gloire pure. Après avoir
prêché la justice au monde entier, et après être parvenu à l'extrémité de
l'Occident, il subit le martyre devant les gouvernants ; c'est ainsi qu'il
quitta ce monde et qu'il parvint au lieu saint, devenu ainsi le plus grand
modèle de patience » (1 Clem 5, 2). La patience
dont il parle est l'expression de sa communion à la passion du Christ, de la
générosité et de la constance avec laquelle il a accepté le long chemin de
souffrance, afin de pouvoir dire : « Je porte dans mon corps les marques de
Jésus » (Ga 6, 17). Nous avons entendu dans le
texte de saint Clément que Paul serait arrivé jusqu'à « l'extrémité de
l'occident ». On se demande s'il s'agit d'une allusion à un voyage en
Espagne, que saint Paul aurait fait. Il n'existe pas de certitudes sur ce
point, mais il est vrai que saint Paul dans sa Lettre aux Romains exprime
son intention d'aller en Espagne (cf. Rm 15, 24).
Ce qui est en revanche très intéressant dans la lettre de Clément, c'est la
succession des deux noms de Pierre et de Paul, même s'ils seront intervertis
dans le témoignage d'Eusèbe de Césarée du IVe siècle, qui en parlant de
l'Empereur Néron écrivait : « Pendant son règne, Paul fut décapité
précisément à Rome et Pierre y fut crucifié. Le récit est confirmé par le
nom de Pierre et de Paul, qui est encore aujourd'hui conservé sur leurs
sépulcres dans cette ville » (Hist. eccl. 2, 25, 5).
Eusèbe poursuit ensuite en rapportant la déclaration précédente d'un prêtre
romain du nom de Gaius, remontant aux débuts du IIème siècle : « Je peux
te montrer les trophées des apôtres : si tu vas au Vatican ou sur la Via
Ostiense, tu y trouveras les trophées des fondateurs de l'Eglise »
(ibid., 2, 25, 6-7). Les « trophées » sont les monuments
sépulcraux, et il s'agit des sépultures elles-mêmes de Pierre et de Paul,
qu'encore aujourd'hui, deux mille ans après, nous vénérons nous aussi dans
les mêmes lieux : que ce soit ici au Vatican en ce qui concerne Pierre, ou
dans la Basilique Saint-Paul-hors-les-Murs sur la Via Ostiense en ce qui
concerne l'Apôtre des nations.
Il est intéressant de noter que les deux grands apôtres sont mentionnés
ensemble. Même si aucune source antique ne parle d'un éventuel ministère
commun à Rome, la conscience chrétienne qui a suivi, sur la base de leur
sépulture à tous deux dans la capitale de l'empire, les associera également
comme fondateurs de l'Eglise de Rome. C'est en effet ce qu'on lit chez
Irénée de Lyon, vers la fin du IIe siècle, à propos de la succession
apostolique dans les diverses Eglises : « Comme il serait trop long
d'énumérer les successions de toutes les Eglises, nous prendrons la très
grande et très antique Eglise connue de tous, l'Eglise fondée et établie à
Rome par les deux très glorieux apôtres Pierre et Paul »
(Adv. haer. 3, 3, 2).
Laissons cependant à présent de côté la figure de Pierre et concentrons-nous
sur celle de Paul. Son martyre est raconté pour la première fois par les
Actes de Paul, écrits vers la fin du IIe siècle. Ceux-ci rapportent que
Néron le condamna à mort par décollation, et que celle-ci fut exécutée
immédiatement après (cf. 9, 5). La date de la
mort varie déjà dans les sources antiques, qui la situent entre la
persécution lancée par Néron lui-même après l'incendie de Rome, qui eut lieu
en juillet de l'an 64, et la dernière année de son règne, c'est-à-dire 68
(cf. Gerolamo, De viris ill., 5, 8). Le calcul dépend beaucoup de
la chronologie de l'arrivée de Paul à Rome, un débat dans lequel nous ne
pouvons pas entrer ici. Des traditions successives précisèrent deux autres
éléments. L'un, le plus légendaire, est que le martyre eut lieu aux Acquae
Salviae, sur la via Laurentina, et que sa tête rebondit trois fois, ce qui à
chaque fois suscita l'écoulement d'un flot d'eau, c'est la raison pour
laquelle le lieu fut appelé jusqu'à aujourd'hui « Trois Fontaines »
(Actes de Pierre et Paul du Pseudo Marcel, du Ve siècle).
L'autre, en harmonie avec l'antique témoignage, déjà mentionné, du prêtre
Gaius, est que sa sépulture eut lieu non seulement « en dehors de la
ville... au deuxième mille sur la via Ostiense » , mais plus précisément «
dans le domaine de Lucina » , qui était une femme chrétienne
(Passion de Paul du Pseudo Abdia, du VIe siècle). C'est là que,
au IVe siècle, l'empereur Constantin érigea une première église, ensuite
largement agrandie entre le IVe et le Ve siècle par les empereurs
Valentinien II, Théodose et Arcadius. Après l'incendie de 1800, fut ici
érigée l'actuelle basilique Saint-Paul-hors-les-Murs.
Quoi qu'il en soit, la figure de saint Paul a un rayonnement qui va bien
au-delà de sa vie terrestre et de sa mort ; en effet, il a laissé un
extraordinaire héritage spirituel. Lui aussi, comme un véritable disciple de
Jésus, devint un signe de contradiction. Alors que parmi ceux qu'on appelait
les « ébionites » - un courant judéo-chrétien - il était considéré comme
apostat par la loi mosaïque, dans le livre des Actes des Apôtres apparaît
une grande vénération envers l'apôtre Paul. Je voudrais à présent faire
abstraction de la littérature apocryphe, comme les Actes de Paul et Tecla et
un recueil de lettres apocryphes entre l'Apôtre Paul et le philosophe
Sénèque. Il est surtout important de constater que, très vite, les Lettres
de saint Paul entrent dans la liturgie, où la structure
prophète-apôtre-Evangile est déterminante pour la forme de la liturgie de la
Parole. Ainsi, grâce à cette « présence » dans la liturgie de l'Eglise, la
pensée de l'Apôtre devient dès le début une nourriture spirituelle pour les
fidèles de tous les temps.
Il est évident que les Pères de l'Eglise et ensuite tous les théologiens se
sont nourris des Lettres de saint Paul et de sa spiritualité. Il est ainsi
resté au cours des siècles, jusqu'à aujourd'hui, le véritable maître et
apôtre des nations. Le premier commentaire patristique, qui nous soit
parvenu, sur un écrit du Nouveau Testament est celui du grand théologien
d'Alexandrie, Origène, qui commente la Lettre de Paul aux Romains. Ce
commentaire n'est malheureusement conservé qu'en partie. Saint Jean
Chrysostome, en plus des commentaires de ses Lettres, a écrit sur lui sept
Panégyriques mémorables. Saint Augustin lui devra le pas décisif de sa
propre conversion, et c'est à Paul qu'il fera référence tout au long de sa
vie. De ce dialogue permanent avec l'Apôtre dérive sa grande théologie
catholique et également la théologie protestante de tous les temps. Saint
Thomas d'Aquin nous a laissé un beau commentaire des Lettres pauliniennes,
qui représente le fruit le plus mûr de l'exégèse médiévale. Un véritable
tournant eut lieu au XVIe siècle avec la Réforme protestante. Le moment
décisif de la vie de Luther fut ce que l'on appelle « Turmerlebnis »,
(1517) au cours duquel il trouva en un instant une nouvelle
interprétation de la doctrine paulinienne de la justification. Une
interprétation qui le libéra des scrupules et des angoisses de sa vie
précédente et lui donna une nouvelle confiance radicale dans la bonté de
Dieu qui pardonne tout sans condition. A partir de ce moment, Luther
identifia le légalisme judéo-chrétien, condamné par l'Apôtre, avec l'ordre
de la vie de l'Eglise catholique. Et l'Eglise lui apparut donc comme
l'expression de l'esclavage de la loi, à laquelle il opposa la liberté de
l'Evangile. Le Concile de Trente, de 1545 à 1563, interpréta de manière
profonde la question de la justification et trouva dans la ligne de toute la
tradition catholique la synthèse entre la loi et l'Evangile, conformément au
message de l'Ecriture Sainte lue dans sa totalité et son unité.
Le XIXème siècle, en recueillant le meilleur héritage du siècle des Lumières
connut un renouveau du paulinisme, en particulier sur le plan du travail
scientifique développé par l'interprétation historique et critique de
l'Ecriture Sainte. Nous laisserons de côté le fait qu'à ce siècle là
également, comme ensuite au XXème siècle, apparut un véritable dénigrement
de saint Paul. Je pense en particulier à Nietzsche, qui dénigrait la
théologie de l'humilité de saint Paul, en y opposant sa théologie de l'homme
fort et puissant. Mais laissons tout cela de côté, et examinons le courant
essentiel de la nouvelle interprétation scientifique de l'Ecriture Sainte et
du nouveau paulinisme de ce siècle. On a souligné ici en particulier comme
central dans la pensée paulinienne le concept de liberté : dans ce concept a
été identifié le cœur de la pensée paulinienne, comme Luther l'avait par
ailleurs déjà pressenti. Or le concept de liberté était toutefois
réinterprété dans le contexte du libéralisme moderne. De plus, on souligne
fortement la différence entre l'annonce de saint Paul et l'annonce de Jésus.
Et saint Paul apparaît presque comme un nouveau fondateur du christianisme.
Il est vrai que chez saint Paul, le caractère central du Royaume de Dieu,
déterminant pour l'annonce de Jésus, est transformé dans le caractère
central de la christologie, dont le point déterminant est le mystère pascal.
Et du mystère pascal découlent les Sacrements du Baptême et de
l'Eucharistie, comme présence permanente de ce mystère, à partir duquel
croît le Corps du Christ et se construit l'Eglise. Mais, je dirais, sans
entrer à présent dans les détails, que c'est précisément dans le nouveau
caractère central de la christologie et du mystère pascal que se réalise le
Royaume de Dieu, et que l'annonce authentique de Jésus devient concrète,
présente et active. Nous avons vu dans les catéchèses précédentes que cette
nouveauté paulinienne est précisément la fidélité la plus profonde à
l'annonce de Jésus. Dans le progrès de l'exégèse, en particulier au cours
des deux cents dernières années, croissent également les convergences entre
exégèse catholique et exégèse protestante, réalisant ainsi un consensus
remarquable précisément sur le point qui fut à l'origine du plus grand
désaccord historique. Il s'agit donc d'une grande espérance pour la cause de
l'œcuménisme, si centrale pour le Concile Vatican II.
Je voudrais enfin brièvement évoquer une fois de plus les divers mouvements
religieux, apparus à l'époque moderne au sein de l'Eglise catholique, et qui
se réfèrent au nom de saint Paul. C'est ce qui a eu lieu au XVIème siècle
avec la « Congrégation de saint Paul », dite des barnabites, au XIXème
siècle avec les missionnaires de saint Paul, ou Paulistes, et au XXème
siècle avec la « Famille paulinienne » multiforme, fondée par le bienheureux
Giacomo Alberione, pour ne pas parler de l'Institut séculier de la «
Compagnie de saint Paul ». En résumé, la figure d'un apôtre et d'un penseur
chrétien extrêmement fécond et profond, que chacun peut étudier en en tirant
un bénéfice, demeure lumineuse devant nous. Dans l'un de ses panégyriques,
saint Jean Chrysostome fit une comparaison originale entre Paul et Noé, en
s'exprimant ainsi : Paul « n'assembla pas des planches pour fabriquer une
arche ; au contraire, au lieu d'unir des planches de bois, il composa des
lettres et ainsi arracha aux flots non pas deux, trois ou cinq membres de sa
famille mais tout l'œkoumène qui était sur le point de périr »
(Paneg. 1, 5). C'est précisément cela que peut
encore et toujours faire l'apôtre Paul. Puiser chez lui, tant dans son
exemple apostolique que dans sa doctrine, sera donc un encouragement, sinon
une garantie, pour la consolidation de l'identité chrétienne de chacun de
nous et le rajeunissement de l'Eglise tout entière.
(ZF09020406)
Le pape Benoît XVI s'adresse aux pèlerins
francophones
Chers Frères et Sœurs,
Le premier témoignage sur la fin de la vie de saint Paul se trouve dans la
Lettre de l’Évêque de Rome, Clément, à l’Église de Corinthe, vers 90. Son
martyre nous est raconté pour la première fois dans les Actes de Paul,
écrits vers la fin du deuxième siècle, qui rapportent que Néron le condamna
à être décapité, ce qui fut exécuté aussitôt, entre l’an 64 et 68. Une autre
tradition situe le lieu du martyre sur la via Laurentina, au lieu dit
aujourd’hui Tre fontane. Selon un antique témoignage, la sépulture de
l’Apôtre, se trouve sur la Via Ostiense, où l’empereur Constantin érigea une
première église qui fut agrandie par la suite. C’est l’actuelle Basilique
Saint-Paul hors-les-murs.
Saint Paul nous a laissé un héritage extraordinaire et, depuis les Pères de
l’Église, de nombreux commentaires lui ont été consacrés. Plus récemment, un
renouveau paulinien a permis des études scientifiques, présentant sa forte
personnalité d’apôtre généreux et de penseur original. Divers mouvements
religieux catholiques se réfèrent à son nom. Saint Paul demeure un apôtre et
un penseur chrétien très fécond. Revenir à lui, à son exemple et à sa
doctrine est un stimulant et une garantie pour consolider notre identité
chrétienne et pour le rajeunissement de l’Église.
Le pape Benoît XVI :
Je suis heureux de vous accueillir, chers pèlerins francophones. Je salue
particulièrement le groupe des Ukrainiens de Belgique, les séminaristes de
Liège, Tournai et Malines-Bruxelles, ainsi que les responsables et les
lecteurs de la Documentation catholique venus à Rome célébrer le
quatre-vingt dixième anniversaire de la revue. Que l’exemple de saint Paul
soit pour vous tous un stimulant pour votre amour de l’Église et pour votre
fidélité envers son enseignement. Que Dieu vous bénisse !
Texte original du
discours du Saint Père
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Benoît XVI : saint Paul, un exemple pour consolider l'identité chrétienne
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Sources : www.vatican.va
-
E.S.M.
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Eucharistie sacrement de la miséricorde -
(E.S.M.) 04.02.2009 -
T/Benoît XVI |