Le baptême, le plus beau et le plus glorieux
des dons de Dieu |
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Le 03 décembre 2007 -
(E.S.M.)
- Comme le baptême fait l'unité des
baptisés par delà les frontières de l'Église catholique, il est aussi
source et promesse d'unité entre tous les chrétiens. Leur unité est
celle du manteau du Christ lui-même.
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Godfried
Cardinal Danneels -
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C'est ici
Le baptême
Un nouveau départ
Demandez à quelqu'un dans la rue ce qu'est le
baptême. Certains le sauront encore. D'autres plus. On pense à un baptême de
l'air ou du feu, à celui d'un navire... Bref : à un départ. Et il en est
bien ainsi. Le baptême est la porte d'entrée dans le christianisme.
Une abondance d’images
Pour désigner le baptême, une première série de termes s'accroche au geste
lié à l'eau : immersion, plongeon, descente. C'est sa signification
fondamentale : couler et émerger, être enterré et vivre à nouveau. La
symbolique du baptême chrétien s'enracine en ces deux termes : mourir et
ressusciter. Elle se trouve dans ce splendide texte de Paul : « Ne le
savez-vous donc pas : nous tous, qui avons été baptisés en Jésus Christ,
c'est dans sa mort que nous avons été baptisés. Si, par le baptême dans sa
mort, nous avons été mis au tombeau avec lui, c'est pour que nous menions
une vie nouvelle, nous aussi, de même que le Christ, par la toute-puissance
du Père, est ressuscité d'entre les morts. Car, si nous sommes en communion
avec lui par une mort qui ressemble à la sienne, nous le serons encore par
une résurrection qui ressemblera à la sienne »
(Ro 6, 4-5).
Une autre couche de vocabulaire se rapporte à la nouveauté. Le baptême est
une seconde création, une nouvelle naissance : « Par le bain du baptême,
il nous a fait renaître et nous a renouvelés dans l'Esprit Saint »
(Tt 3, 5). On trouve aussi l'image
de la lumière : « Souvenez-vous de ces premiers jours où vous veniez de
recevoir la lumière du Christ ; vous avez tenu bon... »
(He 10, 32).
Les Pères de l'Église abondent de termes pour dire la richesse du baptême :
il est « le plus beau et le plus glorieux des dons de Dieu (…). Nous
l’appelons don, grâce, onction, illumination, vêtement d’incorruptibilité,
bain de la nouvelle naissance, sceau, ou de tout autre terme précieux. Don
car il est donné même à qui n’en fait aucun; grâce car il est offert même au
coupable; baptême car le péché est englouti dans les eaux; onction car il
est saint et royal; illumination car il est lumière étincelante; vêtement
car il couvre notre honte; bain car il lave, sceau car il nous garde et est
signe de la royauté divine » (Grégoire
de Nazianze, Discours 40, 4). La théologie du baptême est ici en
germe.
Annoncé depuis des siècles
Les préfigurations du baptême se trouvaient éparpillées dans le champ de
l'histoire, enveloppées dans les plis de son vêtement. Mais les
préfigurations ne s’éclaircissent que lorsqu'elles éclosent. Durant la nuit
pascale, lors de la bénédiction des fonts, nous les passons presque toutes
en revue : « Par ta puissance invisible, Seigneur, tu accomplis des
merveilles dans tes sacrements, et au cours de l’histoire du salut, tu t’es
servi de l’eau, ta créature, pour nous faire connaître la grâce du baptême
» (Missel romain). Les
merveilles réalisées par Dieu grâce à l'eau défilent : l'esprit planait sur
les eaux primordiales, l'arche de Noé sauva les humains de la mort, le
passage de la Mer Rouge tira Israël de l'esclavage, l'eau que Moïse,
préfigurant le Christ, fit sortir du rocher, et encore le passage du
Jourdain. Tous les bains rituels que les Juifs pratiquaient quotidiennement
pointaient aussi vers le baptême chrétien.
Accompli dans le Christ
Cette impressionnante typologie trouve en Christ son accomplissement.
D'abord en son baptême par Jean Baptiste. Celui-ci avait déjà haussé la
signification des ablutions juives; son baptême n'était plus une auto
purification : il était accompli par un autre. Par ailleurs, il exigeait une
conversion morale. Célébré publiquement, il était offert à tous, riches,
publicains, soldats.
Mais lorsque Jésus vient au Jourdain, il se passe encore bien plus :
l'Esprit descend sur lui comme une colombe et, de la nuée, le Père le
reconnaît comme son Fils bien-aimé. L'Esprit et le Père sont présents. Les
Apôtres baptiseront au nom des trois Personnes. En parlant à Nicodème, Jésus
avait levé toute ambiguïté en parlant de la renaissance d'eau et d'Esprit.
Jésus descend dans le Jourdain; il s'abaisse et disparaît sous l'eau. Mais
son baptême par Jean n'est encore qu'une préfiguration de son vrai baptême,
celui de la croix. Car il a désigné sa mort comme un baptême : «
Pouvez-vous recevoir le baptême dans lequel je vais être plongé ? »
(Mc 10, 38), dit-il aux fils de
Zébédée.
Entrer dans la mort de Jésus pour ressusciter avec
Lui
Le baptême est le sacrement pascal, grâce auquel nous prenons part à ce que
Jésus a vécu le premier. Nous connaissons une mort mystique. En traversant
les eaux, nous passons en une mort symbolique. Celle-ci sera comme accomplie
en notre mort corporelle; là nous participerons vraiment à celle de Jésus.
Dans l'ancienne tradition monastique, lorsqu’un moine était mort, on lui
faisait revivre les rites de son baptême : il était lavé, oint, vêtu de
blanc et entouré de la lumière des cierges. Son baptême était ainsi mené à
son terme ; car la vie monastique consiste en un passage radical à travers
les exigences du baptême.
Le fait que le martyr soit baptisé dans sa mort
(c'est « le baptême du sang »)
montre également que baptême et mort sont liés dans la vie du chrétien. En
effet, le martyr suit Jésus à la lettre ; aussi tient il le premier rang
parmi les chrétiens.
Le baptême est nécessaire
Le commandement de Jésus est clair, lorsqu'il dit aux Douze: « Allez, de
toutes les nations faites des disciples, baptisez-les... apprenez-leur à
garder tous les commandements... » (Mt
28, 19-20). Mais ce sacrement peut prendre trois formes : le
baptême d'eau, le baptême du sang et le baptême de désir. Les catéchumènes
qui meurent avant d'avoir été baptisés, et dont le désir du sacrement
s'accompagne de repentance et d'amour, sont sauvés comme s'ils avaient reçu
le baptême d'eau. Le Catéchisme cite le Concile : « Comme le Christ est
mort pour tous, et que la vocation ultime de l'homme est réellement une, à
savoir divine, nous devons tenir que le Saint Esprit offre à tous, d'une
façon connue de Dieu seul, la possibilité d'être associés au mystère de
Pâques » (
Gaudium et
Spes 22; cfr
Lumen
Gentium 16;
Ad Gentes 7). « Tout homme qui, ignorant l’Évangile du
Christ et son Église, cherche la vérité et fait la volonté de Dieu selon
qu’il la connaît, peut être sauvé. On peut supposer que de telles personnes
auraient désiré explicitement le baptême si elles en avaient connu la
nécessité. » (Le
Catéchisme de l'Eglise catholique, 273s).
« Purifiés, sanctifiés, justifiés »
Saint Paul écrit ces verbes au parfait de la voix passive
(1 Co 6, 11) ; cela signifie que
les effets du baptême sont reçus gratuitement et acquis définitivement.
C'est d'abord la rémission des péchés, qui est totale. Il s’agit du péché
originel que nous n'avons pas commis personnellement mais qui fait en sorte
que, depuis notre naissance, Dieu et nous sommes devenus des étrangers;
c'est une situation dont nous héritons. Mais le baptême remet aussi les
péchés personnels et leurs conséquences, dont la séparation éternelle d'avec
Dieu. Il reste les conséquences du péché originel: la maladie et la
souffrance, la mort, notre faible résistance morale et notre inconstance. Et
surtout un penchant au péché – qui en lui-même n'est pas péché - : la
concupiscence. Il ne s’agit pas seulement du désir sexuel désordonné mais
encore du désir de posséder, de l'orgueil qui nous fait nous considérer
comme des dieux, décidant nous-mêmes du bien et du mal. C'était le péché de
nos premiers parents lorsque le serpent insinua : « Vous serez comme des
dieux » (Gn 3,5).
Le baptême est aussi une sanctification. Il fait de nous « une création
nouvelle » (2 Co 5,17), des
enfants d'adoption (1 P 1,4).
Nous devenons les membres du Christ, héritiers avec Lui, et temples du Saint
Esprit. Ces expressions traduisent le mot osé de Pierre : « vous êtes
devenus participants de la nature divine »
(2 P 1,4). Cette 'déification' ne
signifie pas que l'homme soit devenu Dieu, mais qu'il participe à sa nature.
La théologie a déployé cela en diverses catégories de grâces : en notre
intelligence, la foi; en notre volonté, l'espérance; en nos cœurs, l'amour.
Ce sont les trois « vertus théologales ». A ces 'antennes' de notre
âme, la grâce baptismale apporte une sensibilité qui nous rend capables de
vivre et d'agir sous la mouvance de l’Esprit. Ce sont les « dons du Saint
Esprit », qui informent notre agir et embellissent notre vie des vertus
morales. Ainsi le baptême confère-t-il à tout notre organisme une compétence
divine.
Membres de l'Église
Le baptême nous fait participants du Christ et « membres les uns des
autres » (Ep 4,25). De la
fontaine baptismale surgit un peuple qui transcende les frontières de race,
langue ou couleur. Les baptisés sont rassemblés par un seul Esprit. Pour
participer au ‘peuple élu’, les liens du sang ne comptent plus ; ni aucun
privilège en rapport avec la nation, la race ou la langue, avec les
capacités ou les talents, les biens ou la culture. « Baptisés en un seul
Esprit, nous formons un seul Corps »
(I Co 12,13).
Cette unité vient d'en haut
Elle ne vient pas de notre pensée, de notre action, ou de notre sentiment
psychosocial d'appartenance. C'est l'Esprit qui la crée. C’est parce que
nous sommes uns en Christ, que nous le nous sommes avec les autres. Et non
l’inverse. Notre unité a sa source dans le ciel, non sur terre, même si nous
sommes bien capables de la léser. Elle est une grâce à accueillir: lorsque «
les cieux donnent la rosée, la terre donne son fruit. »
L'unité en Christ fait de nous un peuple sacerdotal, royal et prophétique.
Car le Christ est prêtre et offre le culte véritable 'en esprit et en
vérité'; il est roi et il en a la puissance, différente de celle de la
terre; il est prophète, car il parle au nom de Dieu pour publier ses
oeuvres. Aussi sommes-nous « une race choisie, un sacerdoce royal, une
nation sainte, le peuple que Dieu s'est acquis pour annoncer ses merveilles
» (1 P 2,9).
Le baptisé n’appartient plus à lui-même, mais au Christ. Il est consacré
dans l'Église au service des autres; il y est tenu de servir et d'écouter
ses guides : « Souvenez-vous de ceux qui vous ont dirigés : ils vous ont
annoncé la parole de Dieu. Méditez sur l'aboutissement de la vie qu’ils ont
menée, et imitez leur foi » (He 13, 7).
Le baptême est source de responsabilité, de devoirs, et de droits au sein de
l'Église : le droit d'entendre la Parole de Dieu et de recevoir les
sacrements, d'être soutenu par des frères et des soeurs dans la foi, et de
puiser dans les trésors spirituels de l'Église.
Comme le baptême fait l'unité des baptisés par delà les frontières de
l'Église catholique, il est aussi source et promesse d'unité entre tous les
chrétiens. Leur unité est celle du manteau du Christ lui-même.
Godfried Cardinal Danneels,
Archevêque de Malines-Bruxelles
Repères :
Dans
l'Exhortation post Synodale "Sacramentum Caritatis"
le pape Benoît XVI rappelle que Le baptême est le
sacrement initial qui permet d’accéder à tous les autres sacrements dont
celui de l’Eucharistie :
►
Benoît XVI évoque le baptême, porte d'entrée à tous les
sacrements
En la fête du baptême du Seigneur, qui clôt le
temps de Noël, le Pape Benoît XVI a baptisé treize nouveau-nés lundi matin
en la Chapelle Sixtine :►
Homélie
Sources: Novembre
2007
Ce document est destiné à l'information; il ne constitue pas
un document officiel
Eucharistie, sacrement de la miséricorde -
(E.S.M.) 03.12.2007 - BENOÎT XVI
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