Le pape Benoît XVI explique que la vie est en
vérité toujours un choix |
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Rome, le 03 octobre 2007 -
(E.S.M.) - Homélie du Saint-Père Benoît XVI
lors de la célébration Eucharistique sur le parvis de la cathédrale de
Velletri-Segni. C'est une réflexion sur les dangers d'un attachement
excessif à l'argent, aux biens matériels et à tout ce qui nous empêche
de vivre en plénitude notre vocation à aimer Dieu et nos frères.
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Le
pape devant la colonne de bronze -
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Le pape Benoît XVI explique que la vie est en vérité toujours un choix
HOMÉLIE DU PAPE BENOÎT XVI
Chers frères et sœurs!
C'est avec plaisir que je reviens parmi vous pour présider cette Célébration
eucharistique solennelle, répondant à votre invitation répétée. Je suis
revenu avec joie pour rencontrer votre communauté diocésaine qui, pendant
plusieurs années, a rappelé le pape Benoît XVI, a été de manière
particulière la mienne également, et qui demeure toujours chère à mon cœur
(le pape Benoît XVI a été nommé par Paul VI évêque titulaire du siège suburbicaire
[1]
de Velletri-Segni). Je vous
salue tous avec affection. Je salue en premier lieu Monsieur le Cardinal
Francis Arinze, qui m'a succédé comme Cardinal titulaire de ce diocèse; je
salue votre pasteur, le cher Mgr Vincenzo Apicella, que je remercie de ses
paroles de bienvenue par lesquelles il a voulu m'accueillir en votre nom. Je
salue les autres Évêques, les prêtres, les religieux et les religieuses, les
agents de la pastorale, les jeunes et tous ceux qui sont activement engagés
dans les paroisses, dans les mouvements, dans les associations et dans les
diverses activités diocésaines. Je salue le "Commissaire préfectoral" de
Velletri, les maires des communes du diocèse de Velletri-Segni et les autres
Autorités civiles et militaires, qui nous honorent de leur présence. Je
salue tous ceux qui sont venus d'autres lieux, en particulier d'Allemagne,
de Bavière, pour s'unir à nous en ce jour de fête. Des liens d'amitié
unissent ma terre natale à la vôtre: en témoigne la colonne de bronze qui
m'a été offerte à Marktl am Inn en septembre de l'année dernière, à
l'occasion du Voyage apostolique en Allemagne. Récemment, m'a été offerte,
comme je l'ai déjà dit, par cent communes de Bavière, presque une jumelle de
cette colonne qui sera placée ici à Velletri, comme signe supplémentaire de
mon affection et de ma bienveillance. Elle sera le signe de ma présence
spirituelle parmi vous. A cet égard, je souhaite remercier les donateurs, le
sculpteur et les maires que je vois ici présents avec de nombreux amis.
Merci à vous tous!
Chers frères et sœurs, je sais que vous vous êtes préparés à ma visite
d'aujourd'hui à travers un intense chemin spirituel, en adoptant comme
devise un verset très significatif de la Première Lettre de Jean: "Nous
avons reconnu l'amour que Dieu a pour nous et nous y avons cru"
(4, 16).
"Deus Caritas est"
Dieu est amour
: c'est par ces mots que commence ma
première Encyclique, qui touche au cœur de notre foi: l'image chrétienne de
Dieu et l'image de l'homme et de son chemin qui en découle. Je me réjouis
que vous ayez choisi comme orientation de l'itinéraire spirituel et pastoral
du diocèse précisément cette expression: "Nous avons reconnu l'amour que
Dieu a pour nous et nous y avons cru". Nous avons cru à l'amour: telle
est l'essence du christianisme. Notre assemblée liturgique d'aujourd'hui ne
peut donc pas manquer de se focaliser sur cette vérité essentielle, sur
l'amour de Dieu, capable d'imprimer à l'existence humaine une orientation et
une valeur absolument neuves. L'amour est l'essence du christianisme, qui fait
du croyant et de la communauté chrétienne un ferment d'espérance et de paix
dans tous les milieux, attentifs en particulier aux nécessités des pauvres
et des personnes dans le besoin. Et telle est notre mission commune: être un
ferment d'espérance et de paix parce que nous croyons en l'amour. L'amour
fait vivre l'Eglise, et puisque celui-ci est éternel, il la fait vivre
toujours jusqu'à la fin des temps.
Lors des dimanches précédents, saint Luc, l'évangéliste qui, plus que les
autres, se préoccupe de montrer l'amour que Jésus a pour les pauvres, nous a
offert différents éléments de réflexion sur les dangers d'un attachement
excessif à l'argent, aux biens matériels et à tout ce qui nous empêche de
vivre en plénitude notre vocation à aimer Dieu et nos frères. C'est aussi le
cas aujourd'hui, à travers une parabole qui suscite en nous un certain
étonnement, parce que l'on parle d'un intendant malhonnête dont il est fait
la louange (cf. Lc 16, 1-13); à bien y regarder le Seigneur nous réserve
un
enseignement sérieux et plus que jamais salutaire. Comme toujours, le
Seigneur part d'un fait divers quotidien: il raconte l'histoire d'un
intendant qui est sur le point d'être licencié à cause de la gestion
malhonnête des affaires de son patron et, pour s'assurer un avenir, il tente
avec ruse de se mettre d'accord avec les débiteurs. Il est assurément
malhonnête, mais malin: l'Évangile ne nous le présente pas comme un modèle à
suivre dans la malhonnêteté, mais comme un exemple à imiter pour sa capacité
à agir de manière avisée. La brève parabole se conclut en effet par ces
mots: "Le patron loua cet intendant malhonnête d'avoir agi de façon avisée"
(Lc 16, 8).
Mais que veut nous dire Jésus avec cette parabole ? Avec cette conclusion
surprenante ? Après la parabole de l'intendant infidèle, l'évangéliste
présente une brève série de dictons et d'avertissements sur la relation que
nous devons avoir avec l'argent et les biens de cette terre.
Ce sont de
petites phrases qui invitent à un choix qui présuppose une décision
radicale, une constante tension intérieure. La vie est en vérité toujours un
choix: entre honnêteté et malhonnêteté, entre fidélité et infidélité, entre
égoïsme et altruisme, entre bien et mal. La conclusion du passage
évangélique est incisive et péremptoire: "Nul serviteur ne peut servir deux
maîtres: ou il haïra l'un et aimera l'autre, ou il s'attachera à l'un et
méprisera l'autre". En définitive, dit Jésus, il faut se décider: "Vous ne
pouvez servir Dieu et Mammon" (Lc 16, 13). Mammon est un terme d'origine
phénicienne qui évoque la sécurité économique et le succès dans les
affaires; nous pourrions dire que dans la richesse est indiquée l'idole à
laquelle on sacrifie toute chose pour atteindre sa propre réussite
matérielle et ainsi cette réussite économique devient le vrai dieu d'une
personne. Une décision fondamentale est donc nécessaire entre Dieu et
Mammon, il faut choisir entre la logique du profit comme ultime critère de
notre action et la logique du partage et de la solidarité. La logique du
profit, si elle prévaut,
augmente les inégalités entre les pauvres et les
riches, ainsi qu'une exploitation ruineuse de la planète. Lorsqu'en revanche
prévaut la logique du partage et de la solidarité, il est possible de
corriger la route et de l'orienter vers un développement équitable, pour le
bien commun de tous. Au fond, il s'agit de la décision entre l'égoïsme et
l'amour, entre la justice et la malhonnêteté, en définitive entre Dieu et
Satan. Si aimer le Christ et nos frères ne doit pas être considéré comme
quelque chose d'accessoire et de superficiel, mais plutôt comme le vrai et
ultime but de toute notre existence, il faut savoir opérer des choix
fondamentaux, être disponibles à des renoncements radicaux, si nécessaire
jusqu'au martyre. Aujourd'hui comme hier, la vie du chrétien exige le courage
d'aller à contre-courant, d'aimer comme Jésus, qui est allé jusqu'au
sacrifice sur la croix.
Nous pourrions dire alors, en paraphrasant une observation de saint
Augustin, que grâce aux richesses terrestres, nous devons nous procurer
celles qui sont véritables et éternelles: si l'on trouve en effet des gens
prêts à tout type de malhonnêtetés à condition de s'assurer un bien-être
matériel toujours aléatoire, nous chrétiens devrions d'autant plus nous
soucier de nous occuper de notre bonheur éternel avec les biens de cette
terre (cf. Discours 359, 10). Or l'unique manière de faire fructifier pour
l'éternité nos dons et nos capacités personnelles tout comme les richesses
que nous possédons est de les partager avec nos frères, en nous montrant de
cette manière de bons intendants de ce que Dieu nous confie. Jésus dit: "Qui
est fidèle en très peu de choses est fidèle aussi en beaucoup, et qui est
malhonnête en très peu est malhonnête aussi en beaucoup"
(Lc 16, 10-11).
Le prophète Amos nous parle aujourd'hui dans la première lecture de ce même
choix fondamental, à accomplir jour après jour. Avec des paroles fortes, il
stigmatise un style de vie typique de celui qui se laisse absorber par une
recherche égoïste du profit de toutes les manières possibles et qui se
traduit en une soif de gain, en un mépris pour les pauvres et en une
exploitation de leur situation à leur avantage
(cf. Am 4, 5).
Le chrétien
doit repousser énergiquement tout cela, en ouvrant au contraire son cœur à
des sentiments d'authentique générosité. Une générosité qui, comme y exhorte
l'apôtre Paul dans la deuxième Lecture, s'exprime en un amour sincère pour
tous et se manifeste dans la prière. En réalité, prier pour les autres est
un grand geste de charité. L'Apôtre invite en premier lieu à prier pour ceux
qui ont des responsabilités dans la communauté civile, parce que -
explique-t-il - de leurs décisions, si elles visent à réaliser le bien,
découlent des conséquences positives, en assurant la paix et "une vie calme
et paisible en toute piété et dignité"
(1 Tm 2, 2).
Que ne manque donc
jamais notre prière, contribution spirituelle à l'édification d'une
communauté ecclésiale fidèle au Christ et à la construction d'une société
plus juste et solidaire.
Chers frères et sœurs, prions, en particulier, pour que votre communauté
diocésaine, qui est en train de connaître une série de transformations, dues
à l'installation de nombreuses jeunes familles provenant de Rome, au
développement du "secteur tertiaire" et à l'installation dans les centres
historiques de nombreux immigrés, conduise une action pastorale toujours
plus organique et partagée, en suivant les indications que votre Évêque
offre avec une grande sensibilité pastorale. A cet égard, sa Lettre
pastorale de décembre dernier s'est révélée plus que jamais opportune, en
invitant à se mettre à l'écoute attentive et persévérante de la Parole de
Dieu, des enseignements du Concile Vatican II et du Magistère de l'Eglise.
Nous déposons entre les mains de la Vierge des Grâces, dont l'image est
conservée et vénérée dans votre belle cathédrale, chacune de vos intentions
et chacun de vos projets pastoraux. Que la protection maternelle de Marie
accompagne votre chemin, tout comme celui de ceux qui n'ont pas pu
participer à notre célébration eucharistique d'aujourd'hui. En particulier,
a conclu le pape Benoît XVI, que la Sainte Vierge veille sur les malades, sur les personnes âgées, sur
les enfants, sur tous ceux qui se sentent seuls et abandonnés ou se trouvent
dans des difficultés particulières. Que Marie nous libère de la cupidité des
richesses, et fasse en sorte que se lèvent au ciel des mains libres et
pures; rendons gloire à Dieu par toute notre vie (cf. Collecte). Amen!
Notes:
[1] suburbicaire : Sept diocèses qui entourent Rome et dont les titulaires
ont le rang de cardinaux- évêques: Ostie (siège du doyen du Sacré Collège),
Albano, Velletri, Palestrina, Frascati, Porto et Santa Rufina, Sabina et
Poggio Mirteto.
Visite pastorale du Saint Père Benoît XVI à
Velletri-Segni : ►
Choisir entre Dieu et satan !
Partage et profit - Synthèse de l'homélie :
►
Benoît XVI à Velletri commente la parabole du mauvais administrateur
►
BENOÎT XVI GALERIE PHOTOS à Velletri-Signi
Sources:
www.vatican.va
© Copyright 2007 - Libreria Editrice Vaticana - V/230907
Eucharistie, sacrement de la miséricorde -
(E.S.M.) 03.10.2007 - BENOÎT XVI |