Benoît XVI célèbre les deux apôtres,
fondateurs de l'Eglise du Christ |
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ROME, le 03 juillet 2007 -
(E.S.M.) - Le pape Benoît XVI a
exhorté les chrétiens à prendre conscience que "l’action de l’Eglise est
crédible et efficace seulement dans la mesure où ceux qui en font partie
sont disposés à payer de leur personne, leur fidélité au Christ, dans
chaque situation".
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Le pape Benoît XVI -
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Le pape
Benoît XVI célèbre les deux apôtres, fondateurs de l'Eglise du Christ
Le pape Benoît XVI a célébré le 28 juin dernier dans la basilique Saint-Paul
hors-les-murs, les premières vêpres de la solennité des saints Pierre
et Paul. A cette occasion, le saint Père a souligné que, selon "l’avis
concordant des experts" et une "tradition incontestée", les ossements de
l’apôtre des Gentils se trouvaient dans le sarcophage conservé depuis vingt
siècles dans la basilique.
Benoît XVI a exhorté les chrétiens à prendre conscience que "l’action de
l’Eglise est crédible et efficace seulement dans la mesure où ceux qui en
font partie sont disposés à payer de leur personne, leur fidélité au Christ,
dans chaque situation". "Aujourd’hui encore, le Christ a besoin d’apôtres
prêts à se sacrifier", a souligné Benoît XVI, ajoutant qu’il a "besoin de
témoins et de martyrs comme saint Paul".
Texte intégral de l'homélie du pape Benoît XVI
Messieurs les Cardinaux,
Vénérés frères dans l'épiscopat et dans le sacerdoce,
Chers frères et sœurs,
Au cours de ces Premières Vêpres de la solennité des saints Pierre et Paul,
nous commémorons avec gratitude ces deux Apôtres, dont le sang, avec celui
de tant d'autres témoins de l'Evangile, a rendu féconde l'Eglise de Rome.
Dans leur souvenir, je suis heureux de vous saluer tous, chers frères et
sœurs, à commencer par Monsieur le Cardinal-Archiprêtre et par les autres
Cardinaux et Evêques présents, par le Père Abbé et par la Communauté
bénédictine à laquelle est confiée cette Basilique, jusqu'aux
ecclésiastiques, aux religieuses et aux religieux et aux fidèles laïcs
réunis ici. J'adresse un salut particulier à la délégation du Patriarcat
œcuménique de Constantinople, qui répond à la présence de la délégation du
Saint-Siège à Istanbul, à l'occasion de la fête de saint André. Comme j'ai
eu l'occasion de le dire il y a quelques jours, ces rencontres et ces
initiatives ne constituent pas simplement un échange de politesses entre
Eglises, mais elles veulent exprimer l'engagement commun à faire tout ce qui
est possible pour accélérer les temps de la pleine communion entre l'Orient
et l'Occident chrétiens. Avec ces sentiments, je me tourne avec respect vers
les Métropolites Emmanuel et Gennadios, envoyés par le cher Frère
Bartholomaios I, auquel j'adresse une pensée reconnaissante et cordiale.
Cette Basilique qui a vu des événements d'une profonde signification
œcuménique, nous rappelle combien il est important de prier ensemble pour
implorer le don de l'unité, cette unité à laquelle saint Pierre et saint
Paul ont consacré leur existence jusqu'au sacrifice suprême du sang.
Une très ancienne tradition, qui remonte aux temps apostoliques, raconte que
c'est précisément à proximité de ce lieu que se déroula leur dernière
rencontre avant le martyre: ils se seraient embrassés, bénis mutuellement.
Et sur la porte principale de cette Basilique, ils sont représentés
ensemble, avec les scènes du martyre de chacun d'eux. Dès le début, donc, la
tradition chrétienne a considéré Pierre et Paul inséparables l'un de
l'autre, même s'ils eurent chacun une mission différente à accomplir: Pierre
fut le premier à confesser la foi dans le Christ, Paul obtint le don de
pouvoir en approfondir la richesse. Pierre fonda la première communauté des
chrétiens provenant du peuple élu, Paul devint l'apôtre des païens. Avec des
charismes différents, ils œuvrèrent pour une unique cause: l'édification de
l'Eglise du Christ. Dans l'Office des Lectures, la liturgie offre à notre
méditation ce texte bien connu de saint Augustin: "Un seul jour est consacré
à la fête des deux apôtres. Mais eux aussi ne faisaient qu'un. Bien qu'ils
aient subi le martyre en des jours différents, ils ne faisaient qu'un.
Pierre précéda, Paul suivit... C'est pourquoi nous célébrons ce jour de
fête, consacré pour nous par le sang des apôtres"(Disc. 295, 7.8).
Et saint Léon le Grand commente: "De leurs mérites et de leurs vertus,
supérieurs à ce que l'on peut dire, nous ne devons rien penser qui les
oppose, rien qui les divise, parce que l'élection les a rendus des pairs, la
difficulté des semblables et la fin des égaux" (In
natali apostol., 69, 6-7).
A Rome, le lien qui rapproche Pierre et Paul dans la mission a pris, dès les
premiers siècles, une signification très spécifique. Comme le couple
mythique des frères Romulus et Rémus, auxquels l'on faisait remonter la
naissance de Rome, ainsi Pierre et Paul furent considérés comme les
fondateurs de l'Eglise de Rome. Saint Léon le Grand dit à ce propos, en
s'adressant à la ville: "Voici tes saints pères, tes vrais pasteurs qui,
pour te rendre digne du royaume des cieux, ont édifié beaucoup mieux et avec
bien plus de bonheur que ceux qui œuvrèrent à jeter les premières fondations
de tes murs" (Homélies 82, 7).
Bien qu'humainement différents l'un de l'autre, et bien que la relation
entre eux ne fût pas exempte de tensions, Pierre et Paul apparaissent donc
comme les initiateurs d'une nouvelle cité, comme la concrétisation d'une
manière nouvelle et authentique d'être frères, rendue possible par
l'Evangile de Jésus Christ. C'est pourquoi l'on pourrait dire qu'aujourd'hui
l'Eglise de Rome célèbre le jour de sa naissance, puisque les deux Apôtres
en établirent les fondations. En outre, Rome ressent aujourd'hui avec
davantage de conscience quelle est sa mission et sa grandeur. Saint Jean
Chrysostome écrit que "le ciel n'est pas aussi splendide lorsque le soleil
diffuse ses rayons, que ne l'est la ville de Rome qui rayonne de la
splendeur de ces flambeaux ardents (Pierre et Paul) à travers le monde...
Telle est la raison pour laquelle nous aimons cette ville... pour ces deux
piliers de l'Eglise" (Comm. a Rm 32).
Nous commémorerons l'Apôtre Pierre plus particulièrement demain, en
célébrant le Sacrifice divin dans la Basilique vaticane, construite sur le
lieu où il subit le martyre. Ce soir, notre regard se tourne vers saint
Paul, dont les reliques sont conservées avec une grande vénération dans
cette Basilique. Au début de la Lettre aux Romains, comme nous venons de
l'entendre, il salue la communauté de Rome en se présentant comme le
"serviteur du Christ Jésus, apôtre par vocation"
(1, 1). Il utilise le terme serviteur, en grec doulos, qui
indique une relation d'appartenance totale et inconditionnée à Jésus, le
Seigneur, et qui traduit l'hébreu 'ebed, faisant ainsi allusion aux grands
serviteurs que Dieu a choisis et appelés pour une mission importante. Paul
est conscient d'être "apôtre par vocation", c'est-à-dire non en vertu d'une
candidature spontanée ni d'une charge qui lui aurait été confiée
humainement, mais uniquement par un appel et une élection divine. Dans son
épistolier, l'Apôtre des nations répète plusieurs fois que tout dans sa vie
est le fruit de l'initiative gratuite et miséricordieuse de Dieu
(cf. 1 Co 15, 9-10; 2 Co 4, 1; Ga 1, 15).
Il fut choisi "pour annoncer l'Evangile de Dieu"
(Rm 1, 1), pour répandre l'annonce de la Grâce divine qui
réconcilie en Christ, l'homme avec Dieu, avec lui-même et avec les autres.
Par ses Lettres, nous savons que Paul fut bien plus qu'un habile orateur; il
partageait même avec Moïse et avec Jérémie le manque de talent oratoire.
"C'est un corps chétif et sa parole est nulle"
(2 Co 10, 10), disaient de lui ses
adversaires. Les résultats apostoliques extraordinaires qu'il put obtenir ne
sont donc pas à attribuer à une brillante rhétorique ou à des stratégies
apologétiques et missionnaires raffinées. Le succès de son apostolat dépend
surtout d'une implication personnelle dans l'annonce de l'Evangile avec un
dévouement total pour le Christ; un dévouement qui ne craignit pas les
risques, les difficultés et les persécutions: "Ni mort ni vie - écrivait-il
aux Romains -, ni anges ni principautés, ni présent ni avenir, ni
puissances, ni hauteur ni profondeur, ni aucune autre créature ne pourra
nous séparer de l'amour de Dieu manifesté dans le Christ Jésus notre
Seigneur" (8, 38-39). Nous
pouvons en tirer une leçon plus que jamais importante pour chaque chrétien.
L'action de l'Eglise est crédible et efficace uniquement dans la mesure où
ceux qui en font partie sont disposés à payer de leur personne leur fidélité
au Christ, dans chaque situation. Là où cette disponibilité fait défaut,
manque l'argument décisif de la vérité dont dépend l'Eglise elle-même.
Chers frères et sœurs, comme aux commencements, aujourd'hui aussi le Christ
a besoin d'apôtres prêts à se sacrifier eux-mêmes. Il a besoin de témoins et
de martyrs comme saint Paul: autrefois violent persécuteur des chrétiens,
lorsque sur le chemin de Damas il tomba à terre ébloui par la lumière
divine, il passa sans hésitation du côté du Crucifié et il le suivit sans
regret. Il vécut et travailla pour le Christ; pour Lui, il souffrit et il
mourut. Combien son exemple est aujourd'hui d'actualité!
Et c'est précisément pour cette raison que je suis heureux d'annoncer
officiellement que nous consacrerons à l'Apôtre Paul une année jubilaire
spéciale du 28 juin 2008 au 29 juin 2009, à l'occasion du bimillénaire de sa
naissance, que les historiens situe entre 7 et 10 après Jésus-Christ. Cette
"Année de saint Paul" pourra se dérouler de manière privilégiée à Rome, où
depuis vingt siècles est conservé sous l'autel pontifical de cette Basilique
le sarcophage qui, selon l'avis concordant des spécialistes et une tradition
incontestée, conserve les restes de l'apôtre Paul. Dans l'enceinte de la
Basilique pontificale et de l'Abbaye bénédictine homonyme attenante pourront
donc avoir lieu une série d'événements liturgiques, culturels et
œcuméniques, ainsi que diverses initiatives pastorales et sociales, toutes
inspirées à la spiritualité paulinienne. En outre, une attention
particulière pourra être accordée aux pèlerins qui, de différents lieux,
voudront se rendre dans un esprit de pénitence auprès de la tombe de
l'Apôtre pour y trouver un bénéfice spirituel. Des Congrès d'études et des
publications spéciales sur des textes pauliniens verront également le jour,
pour faire connaître toujours mieux l'immense richesse de l'enseignement
qu'ils renferment, véritable patrimoine de l'humanité rachetée par le
Christ. En outre, partout à travers le monde, des initiatives analogues
pourront être réalisées dans les diocèses, dans les sanctuaires, dans les
lieux de culte, par des institutions religieuses, d'étude et d'assistance,
qui portent le nom de saint Paul ou qui s'inspirent de sa figure et de son
enseignement. Il y a enfin un aspect particulier qui devra être soigné avec
une attention particulière au cours de la célébration des divers moments du
bimillénaire paulinien: je veux parler de la dimension œcuménique. L'Apôtre
des nations, particulièrement engagé dans l'annonce de la Bonne Nouvelle à
tous les peuples, s'est totalement prodigué pour l'unité et la concorde
entre tous les chrétiens. Veuille-t-il nous guider et nous protéger dans
cette célébration bimillénaire, en nous aidant à progresser dans la
recherche humble et sincère de la pleine unité de tous les membres du Corps
mystique du Christ. Amen!
Sources: www.vatican.va
-
E.S.M.
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Eucharistie sacrement de la miséricorde -
(E.S.M.) 03.07.2007 - BENOÎT XVI |