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19 Avril 2005
 

Discours de François Fillon au dîner du CRIF, condamnation des déclarations de Mgr Williamson

 

Le 03 mars 2009  - (E.S.M.) - Au traditionnel dîner du Crif, le chef du gouvernement, François Fillon, a sévèrement condamné, au nom de la France, les déclarations de l’évêque intégriste Richard Williamson « niant la réalité de la Shoah ». Le pape Benoît XVI a récemment levé l'excommunication qui pesait sur Mgr Williamson.

Le premier ministre François Fillon

Discours de François Fillon au dîner du CRIF, condamnation des déclarations de Mgr Williamson

Le 03 mars 2009  - Eucharistie Sacrement de la Miséricorde - Lundi 2 mars, au traditionnel dîner du Crif, le chef du gouvernement, François Fillon, a sévèrement condamné, au nom de la France, les déclarations de l’évêque intégriste Richard Williamson « niant la réalité de la Shoah »

Discours du Premier ministre lors du dîner du Conseil Représentatif des Institutions Juives de France (CRIF)

Monsieur le Président,
Mesdames et Messieurs,

Le dîner annuel du CRIF constitue un événement exceptionnel parce qu’il existe entre la République et la communauté juive de France un lien indissociable.

Il y a un fait qui m’a toujours personnellement ému. Tous nos concitoyens connaissent tous le colonel Alfred Dreyfus, victime de la fureur antisémite. Mais bien peu connaissent son fils Pierre et ses neveux Emile, Maurice et Charles.
Moins de dix ans après la réhabilitation de Dreyfus, ces jeunes gens étaient engagés dans l’armée française - celle-là même qui avait accablé et proscrit leur parent. Fidèles à la nation, ils gagnèrent le front. Trois des quatre y moururent.

Leur jeunesse brisée mais si courageuse éclaire, à mes yeux, la force du pacte qui nous rassemble.
L’an dernier, le président de la République, a tenu à reconnaître l’importance de l’engagement et de la réflexion collective qui se manifestent ici par un discours ambitieux, dont vous avez salué la force. Vous comprendrez que je sois honoré de m’exprimer à mon tour devant vous.

Je le suis d’autant plus que la crise mondiale accroît l’inquiétude diplomatique, excite l’agressivité de groupes extrémistes, rend à l’exclusion et au repli sur soi un attrait dangereux.

L’histoire nous l’enseigne : toute crise économique ravive des pulsions violentes contre lesquelles la République doit nous prémunir.
Cette crise ne doit pas éveiller en nous la violence, l’égoïsme le populisme.
Je viens devant votre assemblée avec une question simple en tête : quelles doivent être les valeurs d’un pays en crise ?
Quelles sont les vertus qui, au plus dur de l’épreuve, restent capables de nous souder contre la peur, contre la haine contre la division ?
J’ai entendu Richard Prasquier apporter plusieurs réponses dans son discours.
Vous me permettrez d’y ajouter les miennes.

Ma première certitude, c’est qu’aux côtés des mesures prises pour soutenir l’emploi, pour défendre nos entreprises, pour relancer l’investissement, pour sécuriser notre système bancaire, nous devons être animés par un véritable esprit de civisme !
Le civisme, c’est le courage de donner à son pays autant que l’on reçoit de lui.
Le civisme, c’est avoir la capacité à ne pas aiguiser inutilement nos légitimes différences politiques ou intellectuelles.
C’est, en somme, l’aptitude à se rassembler autour des enjeux essentiels.

Si chacun joue contre l’autre, si chacun se met en quête d’un coupable, si chacun se replie sur ses intérêts catégoriels, si chacun réclame toujours plus alors que l’Etat est à la limite de ses moyens, si chacun cède à la peur des adaptations au lieu de s’en saisir, alors la France affrontera de grands périls.
Dans l’épreuve, nous sommes tous comptables de l’intérêt national.
Dans cet esprit, j’invite la majorité et l’opposition à débattre de façon constructive.
J’invite l’Etat et les collectivités locales à joindre leurs efforts.

J’invite patronat et les syndicats à trouver les voies du consensus partout où cela est possible, parce que, plus que jamais, nous devons trouver des compromis entre l’efficacité économique et la solidarité sociale.
Je sais naturellement les doutes et les inquiétudes des Français.
Je sais que leur vie quotidienne est rendue plus difficile par la crise, et ce n’est donc pas sans gravité et sans humilité que j’appelle au courage et au sang froid de tous.
Ma deuxième conviction porte sur la nécessité absolue d’être lucides face au brouillage des idées et des principes.
La réalité de la crise est trop sévère pour laisser tout faire et tout dire !

Je pense ici aux revendications irréalistes qui semblent ignorer totalement la crise ; je pense à ces déclarations intempestives où l’on voit poindre la recherche de boucs émissaires ; je pense aux appels, parfaitement anachroniques, au repli national ; mais je pense aussi aux manœuvres d’une extrême gauche à qui la démagogie ne coûte rien.
Face à une société en proie au doute, le devoir du gouvernement est de tenir sur des principes. Il est aussi de repousser les surenchères qui risquent de gâcher les conditions du redressement de notre pays.
Nous avons le devoir de tenir le discours de la raison et de la vérité.

Nous avons le devoir de faire preuve du courage de l’intelligence, dont je sais que la communauté juive est familière.
L’action du CRIF - né de la guerre, et marqué par elle - est un des meilleurs arguments pour montrer qu’en temps d’épreuve, les leçons de l’histoire sont indispensables. Si je parle des leçons de l’histoire, c’est parce que j’ai vu l’effort nécessaire pour que la crise de 2009 ne reproduise pas la crise de 1929, et pour que les mêmes dérives financières ne produisent pas les mêmes désastres politiques et moraux.
Mais c’est aussi parce que j’ai entendu les mises en garde du président du Crif et les préoccupations grandissantes que la situation internationale vous inspire.

Il y a d’abord les événements de Gaza qui ont brutalement miné les espoirs de paix entre Israël et la Palestine. Pendant des semaines, des innocents ont été victimes des tirs de roquettes du Hamas, comme des bombardements qui leur ont répondu.
Hier et avant-hier, onze roquettes se sont encore abattues sur Israël et c’est un miracle si aucune victime n’est à déplorer.
Ceux qui se plaisent à donner des leçons de conduite à Israël ne doivent pas oublier la violence haineuse qui anime les extrémistes !
Israël, un État libre un Etat démocratique, a vu la moitié de son territoire paralysée, ses écoles fermées, ses transports interrompus, ses entreprises arrêtées par la proximité de la menace.

Nous ne pouvions pas nous résoudre à cette situation. Et nous ne pouvons pas nous résoudre à une instabilité qui alimente la propagande des extrémistes, qui fragilise les pays arabes modérés, qui remet en cause les négociations en cours et qui éloigne la perspective d’un accord de paix fondé sur la coexistence pacifique de deux États.
Dès le début de la crise à Gaza, nous avons condamné les tirs de roquettes, et dénoncé la responsabilité du Hamas - et je dirais même sa culpabilité ! - dans l’interruption de la trêve.
Nous avons redit que la communauté internationale ne dialoguerait pas avec le Hamas, tant qu’il ne se serait pas engagé lui-même sur la voie de la paix, de la négociation et de la reconnaissance d’Israël.

Mais nous nous sommes aussi autorisés de notre amitié avec l’État hébreu pour lui dire nos doutes et nos désaccords.
Cette amitié qui est renforcée par la visite qu’a effectuée le Président de la République en Israël et par son discours historique devant la Knesset nous autorise à parler avec franchise avec les autorités israéliennes.
La France ne peut accepter et n’acceptera jamais que l’existence d’Israël soit menacée !
Mais elle ne peut approuver l’intensité d’une opération militaire qui conduit à une situation humanitaire catastrophique, sans pour autant garantir la sécurité du pays.

Au premier jour de la crise, le président de la République s’est engagé à chercher une issue au conflit, dans un esprit d’équilibre et de justice.

Il a pris la décision - et le risque - si l’on en juge par les commentaires qui ont suivis ce déplacement, de se rendre dans la région.
Il s’est mobilisé pour obtenir l’arrêt des violences dans le cadre de l’initiative franco-égyptienne d’abord, puis ensuite pour consolider l’actuel cessez-le-feu.
Les paramètres de cette consolidation sont connus : l’action humanitaire, l’arrêt total des trafics d’armes, la réouverture permanente de Gaza, la reconstruction et la réconciliation inter palestinienne.

Aujourd’hui même, Nicolas Sarkozy a animé avec le Président Moubarak, la conférence internationale pour la reconstruction de Gaza.
Depuis le premier jour, il a agi pour obtenir la libération de notre compatriote, Gilad Shalit. Je le cite ce matin à Charm el-Cheikh, nous n’accepterons pas que sa vie soit mise en danger, sa libération en échange de celles des prisonniers palestiniens est pour la France une priorité.

J’ai parlé tout à l’heure du devoir d’être lucide. Le conflit de Gaza, et son bilan dramatique, montrent une fois de plus qu’il n’y aura pas de solution militaire au conflit israélo-palestinien.
Le peuple israélien a le droit de vivre en sécurité dans des frontières reconnues et garanties. Ce droit si légitime n’est pas négociable !
Pour sa part, le peuple palestinien a droit à un État indépendant, à un Etat viable, à un Etat souverain et à un Etat démocratique. Seule l’installation d’un État palestinien modéré pourra étouffer le brasier de l’extrémisme. C’est la condition de la sécurité d’Israël. Et c’est la condition de la prospérité du peuple palestinien.
Aujourd’hui, monsieur le président, mesdames et messieurs, de nouvelles circonstances peuvent contribuer à un règlement définitif et elles doivent être saisies.

Il y a l’engagement du Président Obama.
Il y a l’effort renforcé de l’ensemble des pays européens, et vous savez que la France elle-même a indiqué qu’elle était prête si un accord était dessiné, à mettre en œuvre tous les moyens y compris ses forces pour en garantir la mise en oeuvre et la réussite. Il y a l’arrivée prochaine d’un nouveau Premier ministre en Israël qui a le devoir de trouver avec l’autorité palestinienne les voies d’un compromis juste.
Et puis, il y a l’Union pour la Méditerranée qui offre à moyen terme une perspective de développement partagé que nous avons le devoir de porter avec résolution. Pour plaider le dossier de la paix, le président de la République a proposé de tenir dès le printemps un sommet d’impulsion.
Son objectif est de relancer le processus de paix israélo-arabe et de rassurer les parties sur les garanties internationales qui seront apportées à leurs efforts, en cas de concessions.

Bien sûr tout doit se formuler ici avec prudence. Vous savez que 2009 peut être également l’année de la paix entre Israël, la Syrie et le Liban. Nous avons pris le risque réfléchi de dialoguer avec Damas, dont la contribution à l’équilibre de la région peut s’avérer décisive.
Des négociations indirectes se sont engagées entre Israël et la Syrie.

Au Liban, ce dernier pays a fourni les premiers gages d’une évolution positive, en ouvrant la voie à une sortie de crise tracée par l’accord de Doha.

Il y a ensuite la question iranienne.
Depuis six ans la communauté internationale cherche à résoudre par la négociation le grave problème de prolifération posé par l’Iran.
Six ans de négociations sans complaisance.

Parce que l’acquisition d’une capacité nucléaire militaire par l’Iran reste purement et simplement inacceptable.
Parce que les missiles iraniens, dont la portée progresse régulièrement, constitueraient une menace directe pour Israël, pour le Moyen-Orient, mais aussi pour l’Europe. Parce que nous n’imaginons pas de laisser accéder à l’armement nucléaire un pays dont le président appelle à la destruction d’Israël et met en cause la Shoah !
Aujourd’hui, l’Iran continue d’accélérer sa production d’uranium enrichi, sans aucune justification civile. L’Agence Internationale de l’Energie Atomique, puis le Conseil de sécurité, ont demandé à l’Iran de suspendre ces activités, de coopérer sans réserve avec les inspecteurs de jouer cartes sur table pour rétablir la confiance dans son programme nucléaire. Des propositions constructives ont été faites. Les Iraniens ne les ont pas saisies. Ils ne nous ont pas laissé d’autre choix que d’accentuer notre pression sur Téhéran.

L’an dernier, le Conseil de sécurité de l’ONU a voté une troisième résolution de sanctions. La France fait tout pour que la cohésion reste entière, au sein de l’Union Européenne, et entre les pays déterminés à refuser une politique du fait accompli. Les entreprises n’ont d’ailleurs pas besoin de sanctions pour comprendre qu’il va contre leur intérêt de travailler en Iran, c’est-à-dire de voir leurs noms associés à la prolifération nucléaire, et aux menaces contre Israël.

Une perspective s’ouvre dans ce dossier, avec l’arrivée à Washington d’une nouvelle administration, qui s’est dit prête au dialogue direct avec l’Iran.

A Téhéran même, la crise internationale, la baisse du prix du pétrole, l’accumulation des sanctions doivent pouvoir peser sur la politique iranienne. Une partie de la société civile est lasse de l’isolement auquel ce régime la condamne.
Nous comptons que les autorités iraniennes consentent enfin au dialogue et respectent enfin les résolutions du Conseil de sécurité. Notre offre de coopération est toujours sur la table. Il incombe à l’Iran d’y souscrire.

Un mot, enfin, sur une échéance proche.

En 2001, la Conférence internationale sur le racisme de Durban a été l’occasion d’attaques honteuses et inacceptables contre l’État d’Israël.

En avril prochain, se tiendra à Genève la conférence de suivi.

Je sais que l’événement vous inspire des inquiétudes légitimes.
Je peux vous assurer que si la France participe à ses préparatifs, elle le fait aussi dans l’esprit le plus exigeant.
Notre détermination à combattre l’antisémitisme en France se double d’une extrême vigilance, vis-à-vis de ses manifestations à l’étranger. Si la lutte contre le racisme est impérative, elle ne saurait être le prétexte aux mêmes amalgames et aux mêmes hypocrisies qu’en 2001.
Nous n’accepterons pas que l’État d’Israël soit stigmatisé, nous n’accepterons pas que sa politique soit calomniée, ni que la communauté juive, dans son ensemble, soit flétrie.

Nous n’hésiterons pas, dans le cas contraire, en lien avec nos partenaires européens, à en tirer toutes les conséquences, et si nécessaire à nous retirer de cet exercice.
Il est hors de question d’être spectateurs à Genève des dérives que nous combattons obstinément à Paris.

Mesdames et Messieurs,
Le président de la République l’a dit, "ceux qui veulent importer en France des tensions communautaires trouveront l’État républicain sur sa route."

Nous n’acceptons pas que des manifestations prétendument pacifistes dégénèrent en débordements de violence, cautionnés par la complaisance de certains responsables politiques.

Nous n’acceptons pas que des lieux de culte fassent l’objet de dégradations ou de tentatives de destruction. Nous n’acceptons pas - et je l’ai dit moi-même à Herrlisheim, en 2004, je l’ai redit à Drancy en 2005, je l’ai répété sur l’emplacement du Vélodrome d’Hiver, en 2008... - que des cimetières soient profanés, des tombes saccagées, des stèles souillées d’inscriptions haineuses.

Nous n’acceptons pas que des enfants et des adolescents juifs deviennent les cibles de factions endoctrinées. Vous connaissez, Monsieur le Président, la détermination du Gouvernement à lutter contre l’antisémitisme et contre toutes les formes de racisme.
J’ai réuni ce 15 janvier le comité interministériel qui s’y consacre.

Des instructions d’extrême vigilance ont été données aux préfets et aux forces de police et de gendarmerie, pour faire en sorte que la liberté de culte soit entière ; que la sécurité des synagogues et de leurs abords soit totale ; que tout soit fait contre ceux qui veulent s’en prendre à des citoyens français, sous le motif intolérable qu’ils portent une kippa ou un nom à consonance juive.

La première manière de lutter contre cet antisémitisme dont vous avez eu raison de souligner la résurgence, c’est de durcir la répression des actes racistes et antisémites ; et une fois les condamnations prononcées, d’informer largement l’opinion publique de leur sévérité. Le 8 janvier dernier, les parquets ont reçu des instructions face à la recrudescence des actes à caractère antisémite.

Elles prévoient :
de privilégier les réponses pénales rapides et fermes ;
de retenir la qualification pénale, avec la circonstance aggravante du mobile raciste, antisémite ou xénophobe, dès que les conditions pénales sont remplies ;
et enfin, de mieux associer les victimes au processus judiciaire, par un renforcement des échanges entre les magistrats des parquets généraux compétents et les représentants des associations culturelles et religieuses.

Aujourd’hui, si le nombre d’affaires à caractère raciste, antisémite ou antireligieux tend effectivement à augmenter, le taux de réponse pénale progresse régulièrement : il est passé de 70 % en 2006 à 78 % en 2008, au vu des derniers chiffres disponibles.
Les trois auteurs de la profanation du cimetière d’Herrlisheim ont été condamnés à des peines d’emprisonnement de 6 mois à 30 mois.
L’agression antisémite de juillet 2007 commise dans le XIXe arrondissement de Paris, qui avait suscité une légitime émotion, a été sanctionnée de 9 mois d’emprisonnement.

Dans l’affaire Vincent Raynouard pour contestation de crime contre l’humanité, la condamnation est tombée en juin : un an d’emprisonnement et de 20.000 euros d’amende.
Ceci pour dire, monsieur le Président, que la République ne transige pas.

Parmi les condamnations prononcées, plusieurs dizaines concernent des provocations à la discrimination par voie électronique. Nous devons veiller à ce que les nouvelles technologies ne deviennent pas, à leur tour, le canal de la haine.

Dans cet esprit, j’ai confié à Isabelle Falque-Pierrotin, déléguée générale du Forum des droits sur Internet, une mission sur l’antisémitisme et le racisme dans les réseaux numériques. Il s’agit de nous doter des instruments et des moyens d’imposer sur l’internet les règles légales et les principes éthiques qui prévalent dans tous les autres médias.

Au-delà de la réponse pénale, qui doit être intransigeante, nous avons la responsabilité d’expliquer et de défendre inlassablement les règles de notre vie commune.

Le 15 avril dernier, au cours des cérémonies historiques qui ont célébré, dans la grande synagogue de la rue de la Victoire, le bicentenaire du consistoire, j’ai rappelé la part précieuse que la communauté juive avait prise, depuis la Révolution, dans la définition de notre modèle républicain.

J’ai salué la manière dont cette participation avait été vécue, sans réserves, dans l’honneur, dans la fidélité, et souvent jusqu’au sacrifice de soi, par l’ensemble des juifs français.
J’ai honoré la hauteur de vues avec laquelle les figures les plus nobles - Crémieux, Léon Blum, Bernard Lazare, le grand rabbin Kaplan - l’avaient illustrée.

J’ai reconnu l’attachement indéfectible de votre communauté à notre patrie, à notre devise, à nos valeurs morales et citoyennes.
Voilà pourquoi, monsieur le Président, je veux que la laïcité républicaine reste le cadre de notre dialogue.
Voilà pourquoi je veux que le Gouvernement continue de travailler avec les institutions juives à l’avancement pragmatique de nos dossiers communs.

Voilà pourquoi je sollicite régulièrement les acteurs de la puissance publique pour que les questions du calendrier universitaire, de l’abattage rituel ou des carrés confessionnels dans les cimetières n’apparaissent plus comme des motifs de division, mais comme des terrains de progrès et d’entente entre nous.
J’ai écrit récemment au Président Klarsfeld pour lui indiquer qu’à compter du 1er janvier 2009, les rentes servies aux orphelins de la déportation seraient réévaluées tous les ans. Il en ira ainsi de même pour les orphelins de la déportation juive que pour les orphelins de la Résistance.

J’ai aussi demandé qu’au sein de l’Éducation nationale se poursuive une pédagogie de la mémoire, indispensable aux efforts les plus actuels pour cimenter la cohésion de la société française.
A Aix-en-Provence, les travaux permettant la sauvegarde, l’aménagement et l’accès du camp des Milles ont pu débuter l’an dernier. Ils permettent d’envisager une ouverture au public dès 2010.
Avec Drancy (où la Fondation pour la mémoire de la Shoah et le Mémorial de la Shoah sont en train d’édifier un bâtiment moderne, à la fois musée et centre de documentation), les Milles sont le seul camp d’internement, de transit et de déportation conservé dans son intégrité en France.

Il porte les traces visibles de son passé. Il doit devenir un lieu de mémoire pour le pays tout entier, un lieu de référence pour raviver la conscience individuelle, la vigilance et la responsabilité des visiteurs, et notamment des plus jeunes.
A l’école, nous avons fait en sorte que la réflexion sur la transmission de la mémoire historique se poursuive ; et en particulier, que la disparition progressive des témoins de la Shoah ne rompe pas le fil du souvenir.
L’an dernier, au cours de ce même dîner, le président de la République a proposé que la mémoire des 11 400 enfants juifs déportés de France soit confiée aux élèves de CM2. Il ne fait aucun doute qu’une pédagogie particulière doit être mise au point pour les enfants les plus jeunes ; et que le massacre des enfants juifs, ce paroxysme effroyable de la violence, doit y trouver sa place.
Depuis, l’Éducation nationale travaille, avec des personnalités comme Simone Veil, Claude Lanzman et Serge Klarsfeld, aux modalités concrètes de mise en œuvre de cet enseignement.
Un livret intitulé Mémoire et Histoire de la Shoah, coordonné par Hélène Waysbord, a été distribué dans les écoles.

Xavier Darcos s’est engagé à mettre à la disposition des enseignants des ressources nouvelles, plus pertinentes.

Un portail Internet a été ouvert, pour diffuser vers eux les bibliographies, les filmographies, les références numériques utiles. Un lien y renvoie vers la base de données des 11 400 enfants déportés de France, mise en place par le Mémorial de la Shoah à partir des archives rassemblées par l’Association des Fils et Filles de Déportés Juifs de France, auxquels je tiens à rendre hommage.

Pour chaque enfant, cette base de données reprend son nom, son âge, son état-civil, mais aussi l’adresse précise où il fut arrêté. Tout est fait pour que les enfants de nos écoles puissent effectivement garder le souvenir d’enfants qui ont vécu comme eux, dans les mêmes rues, dans les mêmes immeubles, et des circonstances abominables qui les ont conduits à la mort.
Ces écoliers sauront aussi qu’en France, 60 000 enfants juifs ont échappé à la déportation grâce à la population, aux réseaux de résistance, et grâce aux organisations juives dont le CRIF est issu.

Hélène Waysbord m’a remis en juin un rapport qui recommande que l’étude d’un parcours individuel puisse servir d’introduction à celle de la période historique ; et que cet enseignement fasse place à la vie des enfants juifs, à leurs espoirs, à leur courage, à l’action glorieuse des Justes, autant qu’à la souffrance et à la mort.
Vous voyez que sur ces deux points ses recommandations ont été scrupuleusement suivies.

Monsieur le Président, Mesdames et Messieurs,
Voila quelques jours, les déclarations abjectes de Monseigneur Williamson ont ravivé dans le monde entier la lutte qui ne peut cesser d’opposer le respect au mépris, et la vérité historique au mensonge.

En niant la réalité de la Shoah, Monseigneur Williamson a dressé contre lui, au-delà de toutes les frontières, la condamnation catégorique des opinions, des églises, et des États démocratiques, dont plusieurs ont clairement rappelé que son égarement tombait sous le coup de leurs lois. [Ndlr : le pape Benoît XVI a récemment levé l'excommunication. qui pesait sur Mgr Williamson]
A l’émotion universelle, je joins la voix, l’autorité et l’engagement de la France.

Monsieur le président, La France s’honore d’accueillir aujourd’hui, avec plus de 600 000 personnes, la première communauté juive d’Europe.

Celle-ci se reconnaît pleinement dans la République qui est notre bien commun. La République, qui sans nier les origines et les confessions, nous rassemble autour d’un idéal partagé qui s’appelle la France. La France que nous aimons, la France fidèle au pacte sacré de la liberté et de la dignité humaine, cette France là nous oblige.
Elle nous oblige à ne jamais sacrifier nos idéaux.
Elle nous oblige à combattre sans faiblesse les adversaires de la République, ceux-là même qui se drapent dans notre liberté pour déployer leur intolérance.
Elle nous oblige à ne jamais choisir les chemins de complaisance qui, de compromis en compromission, conduisent à la déroute morale.

Paris, le mardi 3 mars 2009

Mgr Williamson exprime ses regrets et demande pardon à Dieu
 

Sources : www.premier-ministre.gouv.fr

Ce document est destiné à l'information; il ne constitue pas un document officiel
Eucharistie sacrement de la miséricorde - (E.S.M.) 03.03.2009 - T/Benoît XVI

 

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