Le cardinal Etchegaray : Mon entrée
dans l'histoire en tombant avec le Pape |
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Le 03 février 2010 -
(E.S.M.)
- Le cardinal Etchegaray :
"J'ai vraiment admiré le Pape. Pour lui, cela a quand même été un choc, une
expérience traumatisante, mais il a réussi à se relever immédiatement, à
continuer la procession vers l'autel et il a célébré la messe de Noël. Il
est comme ça, Benoît XVI, un homme gentil et courageux".
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Le card. Etchegaray et
le pape Benoît XVI -
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Le cardinal Etchegaray : Mon entrée
dans l'histoire en tombant avec le Pape
Roberto Zuccolini
Le 03 février 2010 - Eucharistie
Sacrement de la Miséricorde
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"Certes, je n'oublierai jamais la dernière nuit de Noël, une nuit à bien des
égards, exceptionnelle ...
Mais ne parlons pas de moi, parlons plutôt du Pape... Je n'ai aucun mérite.
Disons les choses ainsi: en tombant, je suis entré dans l'histoire".
En fait, dans l'histoire, Roger Etchegaray y était déjà entré. Il suffit de
regarder le cv respectable de ce cardinal tenace, basque français
d'Espelette, pas encore à la retraite malgré ses 87 ans, l'envoyé
pontifical des "missions impossibles", depuis la tentative d'arrêter
la guerre contre Saddam Hussein jusqu'au génocide au Rwanda .
Mais le fait demeure que depuis Noël, il est devenu « célèbre » pour
avoir été la victime unique et illustre de ce contact très rapproché filmé
par les chaînes de télévision à travers le monde, de la jeune
italo-suissesse Susanna Maiolo et de Benoît XVI: le bond au-dessus des
barrières dans la Basilique Saint-Pierre, les gardes du Vatican qui se
précipitent pour servir de bouclier, un remue-ménage jamais vu et,
finalement, tout le monde par terre, y compris le Pape, mais tout le monde
sain et sauf, à part lui. Qui s'en sort avec une fracture du fémur.
Maintenant, après presque un mois d'hospitalisation à Gemelli, il est de
retour chez lui, dans le palais de San Callisto, dans le Trastevere,
et parle pour la première fois de cette nuit.
Mais pas seulement, il fait aussi des plans pour l'avenir "parce que le
chrétien vit le présent dans le présent et regarde toujours vers l'avenir";
il ne renonce pas à l'idée de nouveaux voyages et ne renie pas sa passion de
toujours, quand il était archevêque de Marseille, quand il travaillait pour
la Curie comme responsable du Conseil pontifical Justice et Paix.
C'est-à-dire travailler pour le dialogue et pour la paix.
Le rétablissement est déjà bien avancé ("Les médecins ont
été formidables"), au point qu'il marche de long en large dans
les longs couloirs de sa maison avec l'aide du déambulateur, ne s'arrêtant
que dans le salon où il aime recevoir des visiteurs. Derrière lui, son
portrait avec Fidel Castro, résultat d'une de ses mille missions étrangères,
une peinture de Salvador Dali et une œuvre de l'artisanat africain, donnée
par un collègue Basque, l'archevêque de Niamey au Niger.
- Mais alors, comment les choses se sont-elles passées
ce soir-là à Saint-Pierre?
"La première pensée fut pour le Pape: j'ai eu peur pour lui. Il y
avait une grande confusion, je suis tombé, entraîné par des gardes qui
s'étaient rassemblés pour protéger le Pape Benoît XVI et tous les
célébrants, j'ai juste eu le temps de voir cette jeune fille qui tentait de
s'éloigner en rampant dans l'allée, puis j'ai senti une grande douleur. ..
Mais parlons d'autre chose".
Il s'arrête un moment et reprend dans un souffle:
"J'ai vraiment admiré le Pape. Pour lui, cela a quand même été un choc, une
expérience traumatisante, mais il a réussi à se relever immédiatement, à
continuer la procession vers l'autel et il a célébré la messe de Noël. Il
est comme ça, Benoît XVI, un homme gentil et courageux".
On a parlé immédiatement après l'accident, d'un renforcement des mesures de
sécurité et certains ont invité le pape à avoir un contact moins étroit avec
la foule. le card. Etchegaray a eu un premier coup de fil du Saint-Père, dès qu'il a
été hospitalisé, puis les demandes de nouvelles quotidiennes de Georg
Gänswein et enfin une
visite à Gemelli, quelques jours après l'opération.
Ils ont parlé pendant une demi-heure, pas seulement de ce qui s'est passé
cette nuit-là.
- Y-a-t-il quelque chose de changé?
"Non, le pape ne renoncera jamais à la relation étroite qu'il a avec
les gens. Il suffit de penser qui aurait pu rester tranquille et annuler les
engagements publics, au moins pour un certain temps. Au lieu de cela, deux
jours seulement après, le 27 Décembre, il était assis à la soupe populaire
de la Communauté de
Sant'Egidio, pour manger avec les étrangers et les
sans-abri. C'était un geste hautement symbolique. Un signe de sa grande
sollicitude et de sa proximité avec les pauvres".
- Et Susanna Maiolo?
"Je ne lui ai jamais parlé, du reste ce n'est pas moi qu'elle
cherchait. Le pardon du pape, qui a voulu la rencontrer, était suffisant.
J'ai pardonné avec lui et maintenant, excusez-moi, je préfère parler de
l'avenir. "
Oui, parce que pour le cardinal des "missions impossibles", il y a
encore, "si Dieu le veut", une vie devant lui: "Des amis et
connaissances viennent me voir chaque jour. Nous avons beaucoup de choses à
nous dire".
Et il raconte les rencontres historiques. Quand il est allé à Bagdad:
"C'était en Février 2003, la guerre allait éclater quelques jours plus tard,
cela semblait désormais évident, mais Jean-Paul II voulait à tout prix
tenter l'impossible. Et moi, obéissant, je suis parti pour Bagdad, même si
j'avais déjà atteint mes 80 ans. Ce ne fut pas un échec, dans la vie, cela
vaut toujours la peine d'essayer, surtout si la paix est en jeu".
Comme quand il est allé au Rwanda en 1994, le génocide déjà commencé, pour
essayer d'arrêter la violence entre les Hutus et les Tutsis qui causa en un
peu plus d'un mois, près d'un million de morts: "C'est le voyage qui m'a le
plus marqué: j'ai réalisé que je pouvais faire peu, mais j'ai parlé avec
tout le monde, et je vous assure, les mots d'un homme d'Église peuvent faire
des miracles, même si, peut-être, les effets ne sont pas perçus
immédiatement".
Les « missions impossibles » ne se comptent plus. Etchegaray s'est rendu à
plusieurs reprises au Vietnam, un pays qu'il connaît bien, à Sarajevo, la
ville dévastée par la guerre dans les Balkans, dans de nombreux pays
africains; il a été en pourparlers avec le communiste Fidel Castro: "C'est
important de parler avec tout le monde, favoriser un rapprochement avec ceux
qui sont loin. C'est la mission de l'Église".
Et maintenant, ses pensées se tournent vers Haïti. Il a bien connu
l'ex-prêtre et ex-président Aristide, qui a suscité beaucoup d'enthousiasme
au moment de son élection après la brutale dictature de Duvalier: "Je l'ai
rencontré pour la première fois quand il était séminariste, il jouait au
ballon dans la cour d'une église. Il a eu une histoire difficile que j'ai
suivie de près. Aujourd'hui, face à la tragédie du tremblement de terre,
nous devons faire quelque chose, ne pas laisser ce peuple seul ... Et il y a
beaucoup de choses à faire dans d'autres pays malheureux de ce monde".
Ne pense-t-il pas déjà à un prochain voyage? "Si Dieu veut... ".
Sources : Benoit-et-moi
Ce document est destiné à l'information; il ne constitue pas
un document officiel
Eucharistie sacrement de la miséricorde -
(E.S.M.) 03.02.2010 -
T/Brèves
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