Benoît XVI, le Pape-Théologien |
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Le 01 décembre 2007 -
(E.S.M.) - Le pape Benoît XVI embrasse dans son
encyclique toute la condition humaine, mais il le fait « par le haut »,
c’est-à-dire à travers le regard de l’espérance, qui colorie toute chose
en ce monde.
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Benoît XVI
signe sa deuxième encyclique -
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Benoît XVI, le Pape-Théologien
LETTRE ENCYCLIQUE DE BENOÎT XVI : «
SPE SALVI » (Sauvés dans l’espérance)
Présentation et commentaire :
Par le Service de presse des Évêques de Belgique
Une encyclique est un document du Pape, où celui-ci expose son enseignement
sur un point
précis avec une certaine solennité. (Il ne s’agit cependant pas d’un
enseignement infaillible).
Pour sa deuxième Encyclique, le Pape-Théologien marque une nouvelle fois ce
texte
d’enseignement de son empreinte.
D’abord, par son sujet : l’espérance chrétienne. En choisissant de traiter –
après l’amour, sujet de sa première encyclique – d’une dimension qui
articule toute la vie chrétienne, Benoît XVI se positionne avant tout comme
un pape enseignant. On cherchera en vain dans cette encyclique quelques
allusions à la situation géopolitique ou de sévères mises en gardes
disciplinaires. Il ne s’agit pas de cela. Cela ne signifie pas pour autant
que le Pape déserte l’agora des hommes pour confiner frileusement son
intervention à une sacristie peuplée de théologiens ou de séminaristes. Au
contraire,
tel saint Augustin
(354-430) –
son maître à
penser – Benoît XVI embrasse dans son encyclique toute la condition humaine,
mais il le fait
« par le haut », c’est-à-dire à travers le regard de l’espérance, qui
colorie toute chose en ce
monde.
Ensuite, cette encyclique marque le lecteur par son érudition. Outre
d’innombrables
références aux Écritures saintes, cette encyclique nous balade à travers
l’histoire de la
pensée humaine. On y croise ainsi Augustin – évidemment – mais aussi
Ambroise, Maxime
le Confesseur, Bernard de Clairvaux, Francis Bacon, Kant, Engels, Marx,
Lénine,
Horkheimer, Adorno, de Lubac,… Ce faisant, Benoît XVI fait vivre un dialogue
par-delà les
siècles entre parole de Dieu et pensée des hommes.
Enfin, cette encyclique démontre une fois de plus que le Pape est un
pédagogue. A certains
moments, il récapitule sa pensée
(ainsi au n°30), comme pour s’assurer que
le lecteur a bien
suivi son raisonnement. A d’autres endroits, il illustre son propos par
quelques histoires,
jamais banales. Ainsi, parle-t-il de l’esclave africaine Joséphine Bakhita
devenue religieuse
et puis sainte (n°3) ; des sarcophages du christianisme primitif
(n°6) ; de
la prière du Cardinal Nguyên Van Thuan ayant connu 13 années de prison (n°32) ; de la lettre du
martyr Paul Le- Bao-Tin (n°37);…
L’espérance : quand l’homme vit son avenir au présent
Quand on parle d’espérance, de quoi s’agit-il ? La caricature de l’espérance
représente
celle-ci comme une récompense promise dans l’avenir, afin de faire passer
l’amère pillule de
cette morne vie. Le Pape s’en prend à pareil cliché. L’espérance n’est pas
un appel à la
résignation. Elle met l’homme en route : « Ici apparaît comme élément
caractéristique des
chrétiens le fait qu'ils ont un avenir: ce n'est pas qu'ils sachent dans les
détails ce qui les
attend, mais ils savent de manière générale que leur vie ne finit pas dans
le néant. C'est
seulement lorsque l'avenir est assuré en tant que réalité positive que le
présent devient aussi
vivable. Ainsi, nous pouvons maintenant dire: le christianisme n'était pas
seulement une «
bonne nouvelle » – la communication d'un contenu jusqu'à présent ignoré.
Dans notre
langage, nous dirions: le message chrétien n'était pas seulement «
informatif », mais «
performatif ». Cela signifie que l'Évangile n'est pas uniquement une
communication
d'éléments que l'on peut connaître, mais une communication qui produit des
faits et qui
change la vie. La porte obscure du temps, de l'avenir, a été ouverte toute
grande. Celui qui a
l'espérance vit différemment; une vie nouvelle lui a déjà été donnée. »
(n°2)
L’espérance chrétienne transforme le monde, mais elle le fait de
l’intérieur, en changeant les
coeurs, précise Benoît XVI : « Le christianisme n'avait pas apporté un
message social
révolutionnaire comme celui de Spartacus, qui, dans des luttes sanglantes,
avait échoué.
Jésus n'était pas Spartacus, il n'était pas un combattant pour une
libération politique, comme
Barabbas ou Bar-Khoba. Ce que Jésus, personnellement mort sur la croix,
avait apporté
était quelque chose de totalement différent: la rencontre avec le Seigneur
de tous les
seigneurs, la rencontre avec le Dieu vivant, et ainsi la rencontre avec
l'espérance qui était
plus forte que les souffrances de l'esclavage et qui, de ce fait,
transformait de l'intérieur la vie
et le monde. ». (n°4)
L’espérance chrétienne fait percevoir que l’éternité n’est pas un temps qui
dure, mais une
intensité d’amour qui ne passe pas. Benoît XVI enseigne : « Que signifie
véritablement «
éternité »? Il y a des moments où nous le percevons tout à coup: oui, ce
serait précisément
cela – la vraie « vie » – ainsi devrait-elle être. Par comparaison, ce que,
dans la vie
quotidienne, nous appelons « vie », en vérité ne l'est pas. (...) dans le
fond, nous voulons
une seule chose – « la vie bienheureuse », la vie qui est simplement vie,
simplement «
bonheur ». En fin de compte, nous ne demandons rien d'autre dans la prière
». (n°11)
L’espérance chrétienne n’est pas individualiste. Il ne s’agit pas uniquement
de “faire son
salut” dans une recherche égoïste qui se refuse au service des autres. Cette
perversion du
mot espérance s’est installée chez beaucoup, parallèlement au progrès des
sciences. Le
salut semblait réservé au progrès scientifique. Ne restait à l’espérance que
de s’occuper des
âmes quand “la science ne pouvait plus rien pour elles”. On peut dès lors
comprendre la
réaction marxiste, qui tenta d’apporter un salut matérialiste pour aider
tous les laissez pourcompte
du progrès. « Sa véritable erreur est le matérialisme: en effet, l'homme
n'est pas
seulement le produit de conditions économiques, et il n'est pas possible de
le guérir
uniquement de l'extérieur, créant des conditions économiques favorables. »
(n°21)
Bref, si utile soit le progrès, ce n’est pas lui qui sauve l’homme. « Ce
n'est pas la science qui
rachète l'homme. L'homme est racheté par l'amour. Cela vaut déjà dans le
domaine
purement humain. Lorsque quelqu'un, dans sa vie, fait l'expérience d'un
grand amour, il
s'agit d'un moment de « rédemption » qui donne un sens nouveau à sa vie.
Mais, très
rapidement, il se rendra compte que l'amour qui lui a été donné ne résout
pas, par lui seul, le
problème de sa vie. Il s'agit d'un amour qui demeure fragile. Il peut être
détruit par la mort.
(...) Si cet amour absolu existe, avec une certitude absolue, alors – et
seulement alors –
l'homme est « racheté », quel que soit ce qui lui arrive dans un cas
particulier. C'est ce que
l'on entend lorsque l'on dit: Jésus Christ nous a « rachetés ». Par lui nous
sommes devenus
certains de Dieu – d'un Dieu qui ne constitue pas une lointaine « cause
première » du monde
– parce que son Fils unique s'est fait homme et de lui chacun peut dire: «
Ma vie aujourd'hui
dans la condition humaine, je la vis dans la foi au Fils de Dieu qui m'a
aimé et qui s'est livré
pour moi » (Ga 2, 20). »
(n°26)
Trois lieux où s’apprend et s’exerce l’espérance: la prière, l’action et le
jugement
Benoît XVI cite tout d’abord la prière, que saint Augustin définit comme un
“exercice du
désir” (n°33). « Prier ne signifie pas sortir de l'histoire et se retirer
dans l'espace privé de son
propre bonheur. La façon juste de prier est un processus de purification
intérieure qui nous
rend capables de Dieu et de la sorte capable aussi des hommes.
(n°33)
Vient ensuite l’action digne de l’homme, qui est signe d’espérance, parfois
contre toute
espérance : « Tout agir sérieux et droit de l'homme est espérance en acte.
(…) Il est
important de savoir ceci: je peux toujours encore espérer, même si
apparemment pour ma
vie ou pour le moment historique que je suis en train de vivre, je n'ai plus
rien à espérer.
Seule la grande espérance-certitude que, malgré tous les échecs, ma vie
personnelle et
l'histoire dans son ensemble sont gardées dans le pouvoir indestructible de
l'Amour et qui,
grâce à lui, ont pour lui un sens et une importance, seule une telle
espérance peut dans ce
cas donner encore le courage d'agir et de poursuivre. » (n°35)
Vient enfin le “jugement” comme lieu d'apprentissage et d'exercice de
l'espérance.
L’athéisme reproche à Dieu les injustices du monde. La vision chrétienne du
“jugement” est
celle d’une justice plus forte que les injustices subies. « L'image du
Jugement final est en
premier lieu non pas une image terrifiante, mais une image d'espérance; pour
nous peut-être
même l'image décisive de l'espérance. Mais n'est-ce pas peut-être aussi une
image de crainte ? Je dirais: c'est une image qui appelle à la responsabilité. »
(n°44) « Avec la mort, le
choix de vie fait par l'homme devient définitif – sa vie est devant le Juge.
Son choix, qui au
cours de toute sa vie a pris forme, peut avoir diverses caractéristiques. Il
peut y avoir des
personnes qui ont détruit totalement en elles le désir de la vérité et la
disponibilité à l'amour.
Des personnes en qui tout est devenu mensonge; des personnes qui ont vécu
pour la haine
et qui en elles-mêmes ont piétiné l'amour. C'est une perspective terrible,
mais certains
personnages de notre histoire laissent distinguer de façon effroyable des
profils de ce genre.
Dans de semblables individus, il n'y aurait plus rien de remédiable et la
destruction du bien
serait irrévocable: c'est cela qu'on indique par le mot « enfer ». D'autre
part, il peut y avoir
des personnes très pures, qui se sont laissées entièrement pénétrer par Dieu
et qui, par
conséquent, sont totalement ouvertes au prochain – personnes dont la
communion avec
Dieu oriente déjà dès maintenant l'être tout entier et dont le fait d'aller
vers Dieu conduit
seulement à l'accomplissement de ce qu'elles sont désormais. »
(n°45) « Chez
la plupart des
hommes – comme nous pouvons le penser – demeure présente au plus profond de
leur être
une ultime ouverture intérieure pour la vérité, pour l'amour, pour Dieu.
Cependant, dans les
choix concrets de vie, elle est recouverte depuis toujours de nouveaux
compromis avec le
mal – beaucoup de saleté recouvre la pureté, dont cependant la soif demeure
et qui, malgré
cela, émerge toujours de nouveau de toute la bassesse et demeure présente
dans l'âme ».
(n°46) Ceux-là on besoin de purification de la rencontre avec le Christ. «
La rencontre avec
Lui est l'acte décisif du Jugement. Devant son regard s'évanouit toute
fausseté. C'est la
rencontre avec Lui qui, nous brûlant, nous transforme et nous libère pour
nous faire devenir
vraiment nous-mêmes. Les choses édifiées durant la vie peuvent alors se
révéler paille
sèche, vantardise vide et s'écrouler. Mais dans la souffrance de cette
rencontre, où l'impur et
le malsain de notre être nous apparaissent évidents, se trouve le salut. Le
regard du Christ,
le battement de son coeur nous guérissent grâce à une transformation
certainement
douloureuse, comme « par le feu ». Cependant, c'est une heureuse souffrance,
dans
laquelle le saint pouvoir de son amour nous pénètre comme une flamme, nous
permettant à
la fin d'être totalement nous- mêmes et avec cela totalement de Dieu. (…) Il
est clair que la «
durée » de cette brûlure qui transforme, nous ne pouvons la calculer avec
les mesures
chronométriques de ce monde. Le « moment » transformant de cette rencontre
échappe au
chronométrage terrestre – c'est le temps du coeur, le temps du « passage » à
la communion
avec Dieu dans le Corps du Christ. »
(n°47)
L'Encyclique
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Sources: Service de presse des Évêques de Belgique
Ce document est destiné à l'information; il ne constitue pas
un document officiel
Eucharistie, sacrement de la miséricorde -
(E.S.M.) 01.12.2007 - BENOÎT XVI
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