Le sens de la
participation active dans la liturgie
Le 01 septembre 2008 -
(E.S.M.)- Jean-Paul II nous invite à redécouvrir le sens du
Mystère et ajoute qu'il est impératif que soit retrouvé le sens
authentique de la liturgie dans l'Église. Ces paroles retrouvent un
résonance dans Sacramentum Caritatis, où le pape Benoît XVI évoque une
certaine incompréhension, précisément sur le sens de la participation
active.
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Le sens de la participation active dans la liturgie
Le 01 septembre 2008 - Eucharistie Sacrement de la Miséricorde - Jean-Paul II, dans Ecclesia in Europa, invite à redécouvrir le sens du Mystère et
ajoute qu'il est impératif que soit retrouvé le sens authentique de la
liturgie dans l'Église. Ces paroles retrouvent un résonance dans Sacramentum
Caritatis, où le pape Benoît XVI évoque une certaine incompréhension,
précisément sur le sens de la participation active.
La Participation à la Liturgie comme exercice du Sensus Fidei et du
Sensus Ecclesiae
par Mgr Marc AILLET Vicaire général du
diocèse de Frejus et Toulon. A l'occasion de l'anniversaire de
l'Association "Pro Liturgia", en ces vingt ans d'existence.
1. Une approche par l'histoire du "mouvement
liturgique".
Mais s'agit-il d'une participation extérieure ou intérieure ? Force est de
constater que dans les faits, on a surtout insisté sur la participation
extérieure, jusqu'à des réduction fâcheuses que le Cardinal Ratzinger avait à
maintes reprises relevées. Dans son livre "L'esprit de la liturgie", il
écrit "Le terme participatio actuosa a très vite été pris dans
le
sens extérieur et superficiel d'une activité nécessaire, généralisée,
comme s'il fallait que le plus grand nombre de personnes, et le plus
souvent possible, soit manifestement actives" (p. 137).
Et dans l'Exhortation apostolique
Sacramentum Caritatis, publiée
quelques mois avant le Motu proprio, Benoît XVI écrit: "Nous ne devons pas
cependant nous cacher qu'une certaine incompréhension, précisément
sur le
sens de cette participation, s'est parfois manifestée. Il convient par
conséquent de dire clairement que, par ce mot, on n'entend pas faire
référence à une simple attitude extérieure durant la célébration"
(n°52). Là encore, une lecture trop superficielle
du texte conciliaire pouvait induire en erreur, en insistant surtout sur le
rôle des fidèles comme sur l'aspect le plus nouveau de la réforme: "Pour
promouvoir la participation active, on favorisera les acclamations du
peuple, les réponses, le chants des psaumes, les antiennes, les cantiques et
aussi les actions ou gestes et les attitudes corporelles", peut-on lire au
n°30. Et au n°31, le pape stipule : "Dans la révision des livres liturgiques, on veillera
attentivement à ce que les rubriques prévoient aussi le rôle des fidèles".
L'étude de ce concept dans l'histoire du renouveau liturgique montre
cependant que la "participation active" n'est pas une idée nouvelle, mais
vient canoniser, si l'on peut dire, une ligne de fond du Mouvement
liturgique qui a largement précédé le Concile. Un retour rapide sur
l'histoire de cette notion permettra en effet de mieux comprendre quelle est
l'acception du Concile. On le retrouve au XIXème siècle dans la
préoccupation du "premier mouvement liturgique", d'associer les fidèles aux
rites sacrés par le chant de toute l'assemblée.
Mais c'est surtout le Motu proprio de S. Pie X, en 1903, Tra le
sollecitudini, qui fait accéder la participation active au rang de concept
opératoire du renouveau liturgique: "Notre plus vif désir étant que le
véritable esprit chrétien refleurisse de multiples façons et se maintienne
chez tous les fidèles, il est nécessaire de pourvoir avant tout à la
sainteté et à la dignité du temple où les fidèles se réunissent, précisément
pour puiser cet esprit à la source première et indispensable: la
participation active aux mystères sacro-saints et à la prière publique et
solennelle de l'Église". Il est remarquable que ce texte de S. Pie X est
repris quasi à la lettre (toutefois sans référence explicite) au n°14 de
Sacrosanctum Concilium : "Cette participation pleine et active de tout le
peuple est ce qu'on doit viser de toutes ses forces dans la restauration et
la mise en valeur de la liturgie. Elle est en effet la source première et
indispensable à laquelle les fidèles doivent puiser un esprit vraiment
chrétien". Dans l'esprit de S. Pie X, on voit bien qu'il s'agit en premier
lieu de la participation au Mystère de l'Eucharistie, rendue accessible
par
la communion fréquente, et en second lieu par l'attention portée au chant
des fidèles dont certaines formes lyriques ne devraient plus les détourner
de l'essence du Mystère. Dans le même sens, la Constitution
Sacrosanctum Concilium ne recommande-t-elle pas la communion sacramentelle comme la
uperfectior Missaeparticipatio" (n°55)
et n'insiste-t-elle pas sur le chant
des fidèles comme expression par excellence de cette participation active (cf.
nn°30,113) ?
Dans la ligne tracée par S. Pie X, le mouvement liturgique, en partant de la
communion eucharistique, dans son double aspect intérieur, comme "contact
avec le Mystère", et rituel, comme réception du sacrement, va se poursuivre
dans le sens d'une "extériorisation" du concept de "participation active" en
insistant sur la nécessaire intelligence des textes liturgiques, puis en
inspirant des initiatives affectant la forme extérieure du culte, par
l'engagement choral et gestuel des fidèles.
2. Une participation à la fois intérieure et extérieure.
Pour autant, le voeu du Concile demeure clair: il s'agit, peut-on lire au
n°19 de Sacrosanctum Concilium, de former les fidèles à la "participation
intérieure et extérieure". Et en effet, comment ces deux aspects de la
participation pourraient-ils être dissociés puisqu'ils caractérisent les
deux faces d'une même et unique réalité ?
Tout dépend de la nature de l'action liturgique à laquelle on est invité à
participer de manière active: en effet, cette participation, lit-on au n°14,
"est demandée par la nature de la liturgie elle-même". En cela,
l'enseignement du Concile est résumé dans le
Le Compendium du Catéchisme de
l'Église
catholique de la manière suivante: "La liturgie est la célébration du
Mystère du Christ, en particulier du Mystère pascal" (n°218). Ainsi
l'actio à
laquelle on est appelé à participer, c'est l'actio même du Christ continuée
par son Corps qui est l'Église, et elle est divine avant de devenir nôtre;
c'est l'oeuvre même de notre rédemption qui s'accomplit, précisément à
travers le Mystère pascal du Christ rendu présent dans la liturgie de
l'Église.
On comprend alors la requête si souvent formulée par le Magistère
post-conciliaire, en particulier devant les dérives auxquelles la mise en
oeuvre de la réforme liturgique a souvent conduit, de "redécouvrir le sens
du Mystère". Dans l'Exhortation post-synodale
Ecclesia in Europa, Jean-Paul
II écrivait : "A toi, Église qui vit en Europe, j'adresse un appel pressant :
sois une Église qui prie, qui loue Dieu, qui en reconnaît la primauté
absolue et qui l'exalte avec une foi joyeuse. Redécouvre le sens du Mystère
(...) Célèbre le Salut du Christ: accueille-le comme un don qui fait de toi
son sacrement; fais de ta vie le vrai culte spirituel qui plaît à Dieu(cf.
Rm 12, 1)" (n°69). Et d'ajouter: "Certains symptômes révèlent un
affaiblissement du sens du mystère dans les célébrations liturgiques
elles-mêmes, qui devraient au contraire y introduire. Il est donc urgent que
dans
l'Église soit retrouvé le sens authentique de la liturgie"
(n°70).
Parce que l'homme appelé à participer à la liturgie, comme célébration du
Mystère de notre Rédemption, a une nature corporelle et sociale, la
participation active s'accomplira nécessairement dans une activité
extérieure. Mais, selon l'adage, "agere sequitur esse", l'activité
extérieure, fut-elle sacrée, s'enracine dans un acte qui est de l'ordre de
l'être, à la manière d'une puissance active, et qui n'est autre que la
participation à la nature divine, sans laquelle l'action liturgique ne
serait pas proportionnée à son objet. C'est ce que le pape Jean-Paul II
concluait dans le texte déjà cité: "Comme le souligne bien aussi la
tradition des vénérables Églises d'Orient, par la liturgie, les fidèles
entrent en communion avec la Sainte Trinité, faisant l'expérience de leur
participation à la nature divine, en tant que don de la grâce" (Ecclesia in
Europa, n°70).
Il n'y a donc pas de contradiction entre la participation extérieure et la
participation intérieure à la liturgie. Tout acte proprement humain, nous
dit S. Thomas, est composé d'un acte intérieur et d'un acte extérieur (Cf.
la-IIae, q.18; a.6): ils sont intérieurs l'un à l'autre et constituent une
seule et même réalité, comme le corps et l'âme ne font qu'une seule
personne, comme la matière et la forme concourent à l'unité de toute réalité
créée, selon le principe de l'hylémorphisme. Et c'est manifestement dans ce
sens qu'il faut comprendre la visée du Concile.
D'ailleurs, le n°ll de Sacrosanctum Concilium introduit l'insistance sur la
participation consciente, active et fructueuse par ces termes: "Mais pour
obtenir sa pleine efficacité, il est nécessaire que les fidèles accèdent à
la liturgie avec les dispositions d'une âme droite, qu'ils harmonisent leur
âme avec leur voix, qu'ils coopèrent avec la grâce d'en-haut pour ne pas
recevoir celle-ci en vain".
(à suivre) : III. LE FONDEMENT
THÉOLOGIQUE DE LA PARTICIPATION ACTIVE.
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Sources : PRO LITURGIA
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