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19 Avril 2005
 

Le Christ, passion de Dieu selon Benoît XVI

 

 Christ de Corcovado a Rio de Janeiro

SAMEDI, 1er AVRIL 2006. Quatrième entretien quadragésimal. Qui ose parler ainsi de passion de Dieu, d’ «éros » chez Dieu, voire même d’histoires érotiques ? Qui peut avoir cette audace ? Le pape Benoît XVI lui-même dans sa lettre encyclique « Deus Caritas Est » et sa re-lecture de l’évangile.

 

Le Christ, passion de Dieu selon Benoît XVI  (1)

 

QUATRIÈME CONFÉRENCE - DIEU EST AMOUR
ou
« Le retournement de Dieu contre lui-même »
 

Les chiffres renvoient à la numérotation de l'Encyclique.

Pour lire ou enregistrer l'Encyclique du pape Benoît XVI: "Deus Caritas Est"


Qui ose parler ainsi de passion de Dieu, d’ «éros » chez Dieu, voire même d’histoires érotiques ? Qui peut avoir cette audace ? Le pape Benoît XVI lui-même dans sa lettre encyclique « Deus caritas est » et sa re-lecture de l’évangile. Il parle même de « retournement de Dieu contre lui-même » (12). « Dieu aime son peuple, et son amour peut être qualifié sans aucun doute d’ « éros », lequel toutefois est en même temps et totalement « agapè ». Amour de soi qui est tout aussi amour de bienveillance. Les prophètes ont décrit cette passion de Dieu avec des images érotiques audacieuses. La relation de Dieu avec Israël est illustrée par les métaphores des fiançailles et du mariage. Dieu aime l’homme avec toute la passion d’un véritable amour. » (9 et 10) Il ne faut jamais négliger et oublier le sens du terme « éros » utilisé dans la lettre pontificale. Dans la culture grecque « éros » signifiait l’amour entre homme et femme qui s’impose à l’être humain, (3) dans lequel on voyait avant tout l’ivresse, le dépassement de la raison provenant d’une folie divine.»(4)

Benoît XVI ne peut avoir inventé ou greffé de sa propre initiative ce vocabulaire conjugal à l’amour de Dieu. La Bible seul pouvait en donner l’idée, c'est-à-dire l’esprit de Dieu à travers les écrivains sacrés et leur vie humaine. Il y a sûrement là de quoi scandaliser notre contemplation de Dieu, tout au moins perturbé notre connaissance. On a tellement galvaudé l’amour et donné tant de sens totalement différents à cette réalité. Il nous faudra maintenant corriger notre notion du terme « éros » habitués que nous sommes à lui étiqueter spontanément «érotisme », si nous voulons comprendre la force, la démesure de l’amour divin. Car le terme revient à maintes reprises dans la lettre : « L’amour entre homme et femme, auquel la civilisation grecque avait donné le nom d’ « éros », dans lequel le corps et l’âme concourent inséparablement et dans lequel s’épanouit pour l’être humain une promesse de bonheur irrésistible apparaît comme l’archétype de l’amour par excellence devant lequel à première vue toutes les autres formes d’amour s’estompent. » (2) Qui ne peut comprendre dès lors qu’il n’y a rien, absolument rien de déplacé dans le langage de Benoît XVI sur Dieu. L’ « éros », appelons-le amour de concupiscence, recherche de soi, amour de soi, cet amour ne peut vraiment exister sans l’ « agapè » qui en est son épanouissement. Et si Dieu nous a aimés à ce point d’un amour de bienveillance, « agapè », c’est précisément qu’il s’aime lui-même. C’est en recherchant sa propre gloire, en s’aimant lui-même, que Dieu pense et aime l’homme, sa créature de prédilection. Ce qui explique que cet amour divin est pour chacun et pour toujours, comme l’« éros ». (6), une passion, un dépassement de la raison, une démesure. La réflexion papale peut prendre par la suite toute son envergure : « L’amour comprend toute l’existence dans toutes ses dimensions, y compris celle du temps. Il ne pourrait en être autrement, puisque sa promesse vise à faire du définitif, dans le sens d’un « pour toujours », et dans le sens d’un caractère exclusif : « cette personne seulement. » (6). Pour toujours et pour chacun. Il faudra bien en arriver à parler un jour et sans gêne d’érotisme chez Dieu sans pour autant verser dans ce que l’expression peut avoir au cours de siècles revêtu de perversité jouxtant la pornographie et la licence des moeurs.

Histoire indicible et incroyable que rappelle ici Benoît XVI. « Il existe un seul Dieu, Créateur du ciel et de la terre et qui est donc aussi le Dieu de tous les hommes. Cela signifie que sa créature lui est chère puisqu’elle a été voulue précisément par Lui-même, qu’elle a été faite par lui. Ce Dieu aime l’homme. » (9) Cette confession de foi émane de la Bible, elle mérite bien quelques moments de réflexion pour être vraiment assimilée. Nul ne peut en lire le rappel sans en être bouleversé. Benoît XVI ajoute : « La puissance divine (ce Dieu) qu’Aristote chercha à atteindre par la réflexion est vraiment pour tout être objet de désir et d’amour ; mais, précise le philosophe grec au sommet de son prestige, elle même n’a besoin de rien et elle n’aime pas ; elle est seulement aimée. » Comme on le voit, Aristote n’a jamais mis en doute l’existence de Dieu. Là où il semble errer, c’est sur la vie même de Dieu, comme on pourrait dire, sa vie affective. Dans la Bible, contrairement à l’enseignement d’Aristote, l’Unique auquel Israël croit et auquel nous croyons, Dieu aime personnellement. Ce que nous affirmons, souligne le pape Benoît XVI, n’est pas que « ce Dieu n’a besoin de rien et n’aime pas, mais le Dieu d’Israël, notre Dieu, aime personnellement. Son amour est un amour d’élection, de prédilection : parmi les peuples, il choisit Israël et il l’aime, avec cependant le dessein de guérir toute l’humanité, donc chacun de nous. Il aime et son amour peut être identifié sans aucun doute à l’ « éros » qui toutefois est en même temps « agapè ». (9) « Dieu aime avec toute la passion d’un véritable amour. Ainsi, l’« éros », amour entre l’homme et la femme « est ennobli au plus haut point, mais en même temps il est ainsi purifié jusqu’à se fondre avec l' « agapè ». (10) Remarquez bien la comparaison qui suit : « Le mariage fondé sur un amour exclusif et définitif devient l’icône de la relation de Dieu avec son peuple et réciproquement, la façon dont Dieu aime devient la mesure de l’amour humain » (11) Ces propos du saint Père Benoît XVI sont quelque peu dérangeant même s’ils nous tiennent dans une certaine immobilité de contemplation devant cette icône. Il ne manque plus que l’encens de notre vénération.

Parler de l’amour divin en utilisant le terme « éros », n’est-ce pas non moins évoquer tous les traits de cet amour que Benoît XVI soulignait dans sa lettre (4) et dont l’amour entre homme et femme peut être source d’expérience : ivresse, la folie divine, dépassement de la raison, extase.(6) Le Livre de la Genèse peut en constituer un premier témoignage : Au soir de la création de l’homme et de la femme, Dieu vit que cela était bon et même très bon. (Ge. 1,31) Tout ce que nous pouvons savoir de Dieu est à partir d’une expérience humaine et même là Saint Thomas d’Aquin enseignait que pour être dans la vérité en ce qui concerne Dieu, il vaudrait mieux tout nier de Dieu que d’affirmer, parce que rien ici-bas ne peut compte de ce qu’est Dieu en vérité. « Il est le tout autre.» La révélation biblique procède à partir de ces expériences humaines pour décrire la passion de Dieu pour sa créature d’élection plus souvent infidèle que fidèle. Il suffit de relire ici quelques extraits ou renvoyer à quelques références tirées des livres prophétiques pour ne citer que ceux-ci.

Le plus remarquable d’entre eux demeure, redisons-le une fois encore, Osée, le prophète victime des infidélités de son épouse. (9) À partir de son expérience personnelle, Osée va, huit siècles avant le Christ, décrire la passion de Dieu pour son peuple avec des images on peut plus humaines : l’infidélité de Gomer, qui personnifie Israël, et le pardon irrésistible de Dieu exprimée par la tendresse du prophète. « Quand Israël était enfant, je l’aimai ; de l’Égypte je l’appelais mon fils. Mais plus je l’appelais, plus il s’éloignait de moi, pour offrir l’encens à ses Baal. Pourtant, je lui ai appris à marcher, je le prenais dans mes bras, ils n’ont pas compris que je prenais soin d’eux ! Je les menais avec des attaches humaines, des liens d’amour ; j’étais pour eux comme ceux qui soulèvent un nourrisson tout contre leur joue ; je m’inclinais vers lui et le faisais manger. Ils ont refusé de revenir à moi. Mon peuple s’est cramponné à son infidélité. Comment t’abandonnerai-je Ephraïm. Mon cœur en moi est bouleversé, toutes mes entrailles frémissent. Je ne donnerai pas cours à l’ardeur de ma colère car je suis Dieu et non pas homme, au milieu de toi je suis le Saint et je ne viendrai pas avec fureur.» Ces lignes résument bien, avec l’aventure conjugale vécue par le prophète et son épouse infidèle, la passion de Dieu pour l’humanité : « Je vais la conduire au désert, et je parlerai à son cœur. Je te fiancerai à moi pour toujours, je te fiancerai dans la justice et le droit, dans la tendresse et la miséricorde ; je te fiancerai à moi dans la fidélité et tu connaîtras Yahvé. » (Os. 3 et 11) Tu connaîtras Yahvé : une malheureuse histoire humaine qui ouvre sur le mystère de Dieu jusque là insoupçonné. Ainsi « l’«éros» de Dieu pour l'homme est en même temps et totalement «agapè». Non seulement parce qu’il est donné absolument gratuitement, sans aucun mérite préalable, mais encore parce qu’il est un amour qui pardonne.» (10)

D’autres prophètes ont pour leur part décrit cette passion de Dieu pour son peuple avec des images érotiques audacieuses. (9) Pour soutenir cette vision inusitée de Dieu, contentons-nous de référer à quelques extraits émouvants tirés d’Isaïe dans ses Chants du Serviteur de Yahvé : (Is. 40,11 et 49, 14-16). Jérémie, dans la ligne de son maître à penser, Osée, prête à Dieu cet aveu : « Ephraïm est-il donc pour moi un fils tellement préféré, que chaque fois que j’en parle, je veuille encore me souvenir de lui, que mes entrailles s’émeuvent et que pour lui déborde ma tendresse » (Jr. 31.20). Ezéchiel pousse la lecture de cette histoire d’amour sur des terrains susceptibles de nous paraître scabreux parce qu’érotiques au sens bas du terme (Ez.16 et 23). En fait, l’histoire d’amour de Dieu avec Israël a consisté dans le fait qu’il lui a non seulement donné la Loi, mais surtout ouvert en réalité les yeux de son Peuple sur la vraie nature de l’homme et lui a indiqué la route du véritable humanisme. (9)

« Personne n’a jamais vu Dieu tel qu’il est en lui-même. Cependant Dieu n’est pas pour nous totalement invisible, il n’est pas resté pour nous simplement inaccessible. Dieu nous a aimés le premier, dit l’apôtre Jean (1 Jn.4,10) il s’est rendu visible car il a envoyé son Fils unique dans le monde pour que nous vivions par lui ( 1 Jn., 4,9). En effet Dieu se rend visible de multiples manières. Dans l’histoire d’amour que la Bible nous raconte, Il vient à notre rencontre. Il a guidé le chemin de l’église naissante et de même par la suite dans l’histoire de l’Église, le Seigneur n’a jamais été absent, il vient toujours de nouveau à notre rencontre par des hommes à travers lesquels il transparaît, ainsi que par sa parole, dans les Sacrements, spécialement dans l’Eucharistie. Enfin, dans la liturgie de l’église, dans sa prière, dans la communauté vivante des croyants, nous faisons l’expérience de l’amour de Dieu, nous percevons sa présence et nous apprenons aussi de cette façon à le reconnaître dans notre vie quotidienne. Le premier il nous a aimés et il continue à nous aimer le premier. (17)

La passion de Dieu atteindra son paroxysme avec le Christ . Dans sa lettre encyclique, Benoît XVI écrit : « La nouveauté du Nouveau testament ne consiste pas en des idées nouvelles mais dans la figure même du Christ qui donne chair et sang aux concepts, à l’amour de Dieu, un réalisme inouï. Dans l’Ancien Testament, la révélation biblique de cet amour incommensurable ne résidait pas seulement en des concepts, mais dans l’action imprévisible de Dieu. Cet agir de Dieu va maintenant acquérir sa forme dramatique dans le fait que, en Jésus Christ, Fils de Dieu, Dieu se met en quête de l’humanité souffrante et égarée par le péché d’infidélité. Quand Jésus dans ses paraboles, parle du pasteur qui va a la recherche de la brebis perdue, de la femme qui cherche la drachme, du père qui court au devant du fils prodigue et l’embrasse, il ne s’agit pas seulement de paroles, mais de l’explication de son être et de son agir divins et la révélation de son Père « Qui me voit voit le Père ». Dans sa mort sur la croix s’accomplit le retournement de Dieu contre lui-même, dans lequel il se donne pour relever l’homme et le sauver. » (12) Retournement de Dieu contre lui-même ! Il faut le lire pour le croire, l’expression est de la plume du successeur de Pierre à qui Jésus confiait un jour : « Paix mes agneaux, paix mes brebis », ce pêcheur de la mer devenu pêcheur d’hommes.

La passion de Dieu, qui va jusqu’au « retournement de Dieu contre lui-même » s’exprime par le don de son Fils. Abraham avait vécu une épreuve d’amour comparable, elle est susceptible de nous permettre de comprendre sensiblement le sacrifice de Dieu en son Fils bien-aimé : « Abraham, appela Dieu. Me voici, de répondre le patriarche. Prends ton fils, ton unique, celui que tu chéris, Isaac, et va-t-en au pays de Moryya, et là tu l’offriras en holocauste sur une montagne que je t’indiquerai. » (Ge. 22, 1-2) c’était la préfiguration du sacrifice du Christ, le Christ passion de Dieu. Relisons de saint Paul un passage de sa lettre aux Philippiens : « Lui de condition divine ne retint pas jalousement le rang qui l’égalait à Dieu. Il s’anéantit, prit la condition d’esclave, devint semblable aux hommes, se fit obéissant jusqu’à la mort sur une croix…» La véritable nouveauté du N.T. ne consiste pas en des idées nouvelles, les prophètes en avaient eu quelque intuition et inspiration ; mais dans la figure même du Christ qui donne chair et sang aux concepts – une réalité absolument inouïe. L’action imprévisible de Dieu est tout simplement incompréhensible mais non moins vécue. L’agir de Dieu a acquis toute sa mesure sans mesure dans le fait que, en Jésus Christ, Dieu lui-même part en quête de chacun de nous. Quand Jésus dans ses paraboles, parle du pasteur et la brebis perdue, de la femme à la recherche de sa drachme, du père qui va à la rencontre du fils prodigue, c’est la révélation même de l’être divin et de son agir au milieu de nous. Mais c’est par-dessus tout dans sa mort sur la croix que s’accomplit le « retournement de Dieu contre lui-même », dans lequel le Fils de Dieu se donne pour relever l’homme et le sauver. L’amour en sa forme la plus radicale.

Ainsi l’ « éros » de Dieu pour l’homme est en même temps « agapè ». Non seulement parce qu’il est donné absolument gratuitement, sans aucun mérite préalable, mais encore parce qu’il est un amour qui pardonne. L’amour passionné de Dieu pour son peuple, pour l’homme, est en même temps un amour qui pardonne . Il est si grand qu’il retourne Dieu contre lui-même, son amour contre sa justice. Le chrétien voit déjà poindre là, d’une manière voilée, le mystère de la croix ; Dieu aime tellement l’homme que, en se faisant homme lui-même. il le suit jusqu’à la mort et il réconcilie de cette manière justice et amour. (10)

Dieu n’est pas pour nous totalement invisible, il n’est pas resté pour nous simplement inaccessible. Dieu nous aimés le premier (I Jn.4,10) et cet amour de Dieu s’est manifesté. Parmi nous, il s’est rendu visible car il a « envoyé son Fils unique dans le monde pour que nous vivions par lui » (1 Jn.4,9) Dans l’histoire d’amour que la Bible nous raconte, Il vient à notre rencontre, Il cherche à nous conquérir.  De même dans la suite, dans l’histoire de l’église, le Seigneur n’a jamais été absent ; il vient toujours à notre rencontre, Il cherche à nous conquérir par des hommes à travers lesquels il transparaît, ainsi que par sa parole, dans les Sacrements, spécialement dans l’Eucharistie.

Cet amour, nous l’évoquons en chaque Eucharistie, nous l’actualisons, nous le rendons présent et efficace. « Ceci est mon corps qui est pour vous » (1 Co.11,24) Ce n’est pas sas rappeler la genèse de cette mission du Christ telle que rappelée dans la lettre aux Hébreux : « Entrant dans le monde, le Christ dit : « Tu n’as voulu ni sacrifice ni oblation ; mais tu m’as façonné un corps. Alors j’ai dit : voici je viens pour faire, ô Dieu ta volonté » (Ps.40,7-9) C’est en vertu de cette volonté que nous sommes sanctifiés par l’oblation du corps de Jésus Christ, une fois pour toutes.» (He. 10,5-10) Le grand oui de Jésus à son corps, fruit de son extase vers nous, pauvres pécheurs.

Le regard tourné vers le côté ouvert du Christ (Jn.19.37) peut comprendre ce qui a été le point de départ de cette encyclique sur « Dieu est amour », passion, ivresse, démesure, folie divine » À cet acte d’offrande sur la croix, Jésus a donné une présence durable par l’institution de l’Eucharistie. Il anticipe sa mort et sa résurrection, signe de cet amour, en se donnant déjà lui-même, au soir de la Cène, à ses disciples, dans le pain et le vin, son corps et son sang, comme nouvelle manne (Jn.6.31-33). Si le monde antique avait rêvé qu’au fond, la vraie nourriture de l’homme – ce dont il peut vivre comme homme – était la Sagesse éternelle, cette Sagesse est maintenant devenu nourriture pour nous comme amour. L’Eucharistie nous attire dans l’acte d’offrande de Jésus Nous sommes entraînés dans la dynamique de son offrande. L’image du mariage entre Dieu et Israël devient pour chacun de nous réalité d’une façon proprement inconcevable : ce qui consistait à se tenir devant Dieu dans l’adoration devient maintenant communion à travers la participation à l’offrande de Jésus, participation à son corps et à son sang et à l’offrande de son corps. La « mystique » du sacrement, qui se fonde sur l’abaissement de Dieu vers nous et non moins « le retournement de Dieu contre lui-même », l’amour passionné de Dieu, est d’une toute autre portée et entraîne bien plus haut que ce à quoi n’importe quelle élévation mystique de l’homme pourrait conduire » (13)

Dans la liturgie eucharistique de l’Église, dans la communauté des croyants, nous faisons l’expérience de l’amour de Dieu, nous percevons sa présence et nous apprenons aussi de cette façon à le reconnaître dans notre vie quotidienne. Le premier il nous a aimés et il continue à nous aimer le premier. (17) À partir de ce regard quotidien ou dominical, le chrétien trouve la route pour vivre et pour aimer. De fait, « l’union avec le Christ est en même temps union avec tous ceux auxquels il se donne. Je ne peux avoir le Christ pour moi seul ; je ne peux lui appartenir qu’en union avec tous ceux qui sont devenus ou qui deviendront siens. La communion me tire hors de moi-même vers lui et en même temps, vers l’unité de tous les chrétiens. Nous devenons un seul corps, fondus ensemble dans une unique existence. L’amour de Dieu et l’amour pour le prochain sont maintenant vraiment unis : le Dieu incarné nous attire tous à lui. À partir de là on comprend maintenant comment « agapè » de Dieu est alors devenue aussi un nom de l’Eucharistie. » (14) Et le terme « éros », point de départ de la réflexion pontificale, prend ainsi tout son sens : « amour entre homme et femme, icône de la relation de Dieu avec chacun de nous, et, réciproquement la façon dont Dieu aime devient la mesure de l’amour humain ». (11)

Comme un rayon de soleil, le Christ a fait briller sur le monde l’amour ivre de Dieu. Ainsi pouvons-nous être disposés à refléter nous-même, et chacun de nous, cet amour, soleil de l’humanité . Tel sera le sujet du prochain développement inspiré par l’encyclique de Benoît XVI : « Deus caritas est ».

Jacques Sylvestre o.p.

(1)     Première partie: Lecture de l'évangile selon Benoît XVI,

         Deuxième partie: Benoît XVI évoque l’amour humain comme « la plus belle chose de la vie »

        Troisième partie: Benoît XVI, un nouveau langage ecclésiastique !

 

Eucharistie, Sacrement de la Miséricorde. 01.04.2006 - BENOÎT XVI

 

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