Sainte Faustine - Héléna Kolwaska
Le Petit Journal
édition numérique
Je chanterai à jamais
la Miséricorde du Seigneur
La Miséricorde de Dieu dans mon âme
S.M. Faustine
Cahier II
522. +
J.M.J. +Je chanterai la miséricorde du Seigneur à jamais,
Devant tous les peuples,
Car c’est le plus grand attribut de Dieu,
Et pour nous un incessant miracle.
Tu jaillis des Trois Personnes de la Trinité Sainte Mais d’un seul
cœur plein d’amour.
La miséricorde du Seigneur se montrera dans l’âme
Dans la plénitude, quand le voile tombera.
De la source de Votre miséricorde, ô Seigneur,
Découle tout bonheur et toute vie,
Ainsi donc, toutes les créatures et toutes les œuvres
Entonnent, émerveillées, le chant de la Miséricorde
Les entrailles de la miséricorde divine ont été ouvertes
pour nous,
Par la vie de Jésus, cloué sur la croix.
Tu ne dois pas douter, ni désespérer, pécheur,
Mais avoir confiance en la miséricorde,
Car toi aussi, tu peux devenir Saint.
Deux sources en forme de rayons ont jailli du Cœur
Par la vie de Jésus étendu sur la croix; Pécheur, ne doute pas, ne
désespère pas
Mais aie confiance en la Miséricorde, car, toi aussi Tu peux devenir
Saint.
Du cœur de Jésus Deux sources ont jailli, telles des rayons, Non pour
les Anges, les Chérubins ou les Séraphins Mais pour le Salut de l'homme
pécheur.
+
523. J.M.J.
O volonté de Dieu,
Sois mon amour.
Mon Jésus, Vous savez, que je n’aurais pas écrit pas une seule lettre de
ma propre initiative, et si j’écris, c’est seulement sur un ordre explicite de
la sainte obéissance.
Dieu et les âmes
Sœur Faustine
du Très Saint Sacrement
524. O Jésus, Dieu caché
Mon cœur Vous connaît.
Quoique les voiles Vous
cachent,
Vous savez, que je
Vous aime.
+
525. Vilnius, 24 septembre 1935
J.M.J.
Second cahier
Que Dieu soit adoré !
O Sainte Trinité, en Vous est enfermée la vie intime de Dieu le
Père, le Fils et le Saint Esprit, Joie éternelle, inconcevable profondeur
d’amour qui coule sur toutes les créatures et fait leur bonheur; honneur et
gloire à Votre Saint Nom dans les siècles des siècles. Ainsi soit-il.
Quand je considère Votre grandeur et Votre beauté, ô mon Dieu, je me
réjouis infiniment que le Seigneur que je sers soit si grand. Avec amour
et allégresse je fais Sa Sainte volonté. Et mieux je Le connais, plus ardemment
je désire L’aimer. Je suis brûlée du désir de L’aimer toujours davantage.
526. Le 14. Ce jeudi, alors que nous faisions de l’adoration
nocturne, d’abord il me fut difficile de prier. Une sécheresse s’emparait de
moi, je ne pouvais méditer la douloureuse passion de Jésus. Je me prosternai
donc à terre et j’offris la douloureuse Passion de notre Seigneur Jésus au Père
Céleste, en expiation pour les péchés du monde entier. Puis en me relevant pour
aller vers mon prie-Dieu, soudain j’aperçus Jésus près de lui. Le Seigneur Jésus
était comme au moment de la flagellation. Dans Ses mains, Il tenait une robe
blanche, dont Il m’habilla et une corde dont Il me ceignit. Il me couvrit d’un
manteau rouge, comme celui dont Il était couvert pendant Sa Passion et d’un
voile de la même couleur. Il me dit : « Tel sera ton vêtement et celui de tes
compagnes. Ma vie sera pour vous une règle depuis Ma naissance jusqu’à Mon
agonie sur la Croix. Fixe les yeux sur Moi et vis comme Moi. Je désire que tu
pénètre plus profondément dans Mon esprit et comprennes que Je suis doux et
humble de cœur. »
527. A un certain moment, je ressentis dans mon âme, une impulsion à me
mettre en état d’accomplir tout ce que Dieu exige de moi. J’entrai un instant à
la chapelle, et j’entendis cette voix dans mon âme : « Pourquoi as-tu peur ?
Penses-tu que Je manque de Toute-Puissance pour te soutenir ? » A ce
moment je sentis dans mon âme une force étrange et toutes les contrariétés qui
pourraient m’advenir dans l’accomplissement de cette volonté me semblèrent
méprisables.
528. Vendredi pendant la Sainte Messe, alors que mon âme était inondée du
bonheur de Dieu, j’entendis en elle ces paroles : « Ma miséricorde est passée
dans les âmes par le cœurhumano-divin de Jésus, comme le rayon de soleil à
travers le cristal. » Je compris ainsi que tout rapprochement avec Dieu, est
opéré par Jésus, en Lui et avec Lui.
529. Le dernier soir de la neuvaine à Ostra Brama, après le chant des
litanies, un des prêtres exposa le Saint Sacrement dans l’ostensoir et quand il
le posa sur l’autel, je vis aussitôt l’Enfant Jésus élever ses petites mains
vers Sa Mère, qui avait alors une forme vivante. Quand la Sainte Vierge me
parla, Jésus tendit Ses menottes vers les fidèles réunis. La Très Sainte Mère
m’invitait à accepter tout ce que Dieu demandait comme un enfant, sans
approfondir, autrement cela ne plairait pas à Dieu. A ce moment, l’enfant Jésus
disparut et la Sainte Vierge perdit toute apparence de vie. Le tableau demeura
tel qu’il était auparavant. Mais mon âme avait été remplie d’une grande joie et
d’allégresse. Je dis au Seigneur : « Faite de moi ce qu’il Vous plait, je suis
prête à tout. Mais Vous, ne m’abandonnez pas, même pas un seul instant.
+
530. J.M.J. A la gloire de la Sainte
Trinité !
Je priai la Mère Supérieure de me permettre de jeûner pendant quarante
jours, en ne prenant qu’un morceau de pain et un verre d’eau par jour..
Cependant la Mère Supérieure ne consentit pas à quarante jours, mais à sept
jours, suivant l’avis du confesseur, « Je ne puis, ma Sœur, vous écarter
complètement du devoir, à cause des Sœurs, qui pourraient remarquer quelque
chose. Je vous donne la permission, si vous pouvez vous y appliquer, de prier et
de prendre quelques notes. Mais il me sera bien difficile de vous protéger à
l’égard des jeûnes, ici, vraiment, je ne puis rien inventer. » Et elle
ajouta : « Allez, ma Sœur, peut-être que quelque lumière me viendra. » Le
dimanche matin, je compris intérieurement que quand la Mère Supérieure me
désignait comme tourière durant le temps du repas, elle pensait me donner
l’occasion de jeûner. Le matin, je ne participai pas au déjeuner. Mais quelques
moments après, je me rendis chez elle pour lui demander si, étant tourière, je
pouvais éviter d’attirer l’attention sur moi. Elle me répondit : « Quand je vous
ai proposé, ma sœur, c’est à quoi je pensais. » Alors je compris, que j’avais eu
la même pensée.
531. 24 novembre 1935. Dimanche, premier jour. J’allai tout de suite
devant le Saint Sacrement et m’offris au Père éternel avec Jésus présent dans
l’Eucharistie. Alors j’entendis dans mon âme ces paroles : « Ton but et celui de
tes compagnes est de vous unir à Moi le plus complètement possible par l’amour.
Tu vas unir la terre aux cieux, tu vas adoucir la juste colère de Dieu et tu vas
obtenir, par la prière la Miséricorde pour la terre. Je confie à ta protection
deux perles précieuses de Mon Cœur, ce sont les âmes des prêtres et les âmes
consacrées. Tu vas prier tout particulièrement pour elles. La force leur viendra
par tes jeûnes.
Tu vas unir tes prières, tes jeunes, tes mortifications, tes travaux et
toutes tes souffrances, à Mes prières, Mon jeûne, Mon travail, Mes souffrances
et alors elles auront de la force devant Mon Père. »
532. Après la Sainte Communion, je vis le Seigneur Jésus, qui me dit : «
Aujourd’hui pénètre dans l’esprit de Ma pauvreté et arrange tout, pour que les
plus dénués n’aies rien à M’envier. Ce n’est pas dans les grandes bâtisses, ni
dans les constructions magnifiques, mais dans un cœur pur que Je trouve plaisir.
»
533. Quand je suis restée seule, j’ai commencé à considérer l’esprit de
pauvreté. Je vois clairement que Jésus n’avait rien, quoiqu’Il soit le Seigneur
de toutes choses. Depuis la crèche empruntée, Il va vers la vie, faisant du bien
à tous, sans avoir Lui-même, où reposer la tête. Et sur la Croix je vois le
comble de son indigence, car Il n’a même pas de vêtement sur Lui. O Jésus, par
le vœu solennel de pauvreté, je veux me faire semblable à Vous, la pauvreté sera
ma mère.
Extérieurement ne rien posséder, ne disposer de rien, intérieurement ne
rien désirer. Et dans le Saint Sacrement, comme est grande Votre pauvreté ! Y
eut-il jamais une âme aussi délaissée que Vous, sur la Croix… Jésus ?
534. La pureté (ce vœu se comprend de lui-même) interdit tout
ce dont parlent les sixième et neuvième commandements : actes, pensées, paroles,
sentiments et… Je comprends que le voeu solennel diffère du vœu simple, je
comprends cela dans toute son étendue. Alors que je méditais ceci, j’entendis
dans mon âme ces paroles : « Tu es Mon épouse à jamais. Ta pureté doit être plus
qu’angélique, car je n’admets aucun ange dans une telle intimité. Le moindre
acte de mon épouse
a
une valeur infinie, une âme pure a devant Dieu une force incroyable. »
535. L’obéissance. « Je suis venu accomplir la volonté de Mon Père.
J’étais obéissant à mes parents, obéissant aux bourreaux. J’obéis aux prêtres. »
Je comprends, ô Jésus, l’esprit d’obéissance et en quoi il consiste ; il
concerne non seulement l’exécution extérieure, mais il implique la raison,
la volonté et le jugement. En obéissant à nos Supérieurs, nous obéissons à Dieu
Il est indifférent que ce soit un ange ou un homme qui, remplaçant Dieu,
me donne un ordre, je dois toujours obéir. Je n’écrirai pas grand chose sur les
vœux, car ce sont des choses claires et concrètement formulées. Ici je me
propose de noter d’une façon générale quelques pensées sur cette congrégation.
536. Résumé général
Il n’y aura jamais d’édifices somptueux, mais une petite église et auprès
d’elle une petite Congrégation, un petit groupe d’âmes, qui ne comprendra pas
plus que dix personnes.
De plus il y en aura deux qui se chargeront des rapports de la Communauté
avec l’extérieur, et s’occuperont de l’Eglise. Elles ne porteront pas l’habit,
mais des vêtements séculiers, prononceront des vœux simples et dépendront
strictement de la Supérieure qui, elle, sera cloîtrée. Elles auront part à tous
les biens spirituels de la communauté, mais il ne pourra jamais y en avoir plus
de deux, et de préférence une seule. Chaque maison sera indépendante des autres,
quoiqu’elles restent strictement unies par la règle et par l’esprit. Cependant,
dans les cas exceptionnels on pourra transférer une Sœur d’une maison à un
autre, et aussi en cas de fondation nouvelle, en cas denécessité, on pourra
prendre quelques religieuses. Chaque maison dépendra de l’évêque ordinaire du
lieu.
537. Chaque religieuse habitera une cellule séparée, mais la vie sera
commune en ce qui concerne la prière, les repas et la récréation.
Chaque religieuse professe ne verra plus jamais le monde, même à travers
une grille, car celle-ci sera couverte de drap de couleur sombre, et même ses
conversations seront strictement limitées. Elle sera comme une personne morte,
que le monde ne saurait comprendre, ni elle – le monde. Elle devra se situer
entre le ciel et la terre et suppliera sans cesse Dieu d’accorder sa
miséricorde au monde et de donner aux prêtres la force pour que leurs paroles ne
soient pas vaines et qu’ils sachent, dans leur dignité inouïe et exposée à tant
de risques, se garder de toute tache… Quoique ces âmes ne soient pas nombreuses,
ce sont des âmes héroïques. Il n’y aura pas de place pour les âmes efféminées ou
timorées.
538. Il n’y aura entre elles aucune distinction. Il n’y aura ni Mère, ni
Révérende, ni Vénérable ; toutes seront égales, même s’il y avait entre elles
une grande différence d’origine. Nous savons qui était Jésus Mais nous savons
aussi combien Il s’est humilié et quel était son entourage. Elles porteront la
robe qu’Il portait pendant Sa Passion.
Et non seulement la robe, elles doivent graver en elles l’empreinte dont Il
était marqué : la souffrance et le mépris. Chacune s’efforcera de se renier
elle-même, de goûter l’humilité, et celle qui donnera les meilleures preuves de
ces vertus sera capable de diriger les autres.
539. Dieu nous a fait des compagnes de Sa Miséricorde, plus encore ses
dispensatrices. Donc notre amour pour chaque âme doit être grand, en commençant
par les élues, et en finissant par l’âme qui ne connaît pas encore Dieu. Par la
prière et la mortification, nous parviendrons jusqu’au pays les plus sauvages,
frayant le chemin aux missionnaires. Nous devons nous souvenir que, comme au
front, le soldat ne pourrait tenir longtemps s’il n’était pas soutenu par les
forces de l’intérieur du pays, qui, sans participer directement à la lutte, lui
assurent tout ce dont il à besoin. Et c’est de la prière qu’il a le plus besoin.
Donc chacune de nous doit posséder l’esprit d’apostolat.
540. Un certain soir, alors que j’écrivais, j’entendis dans ma
cellule ces mots : « Ne quitte pas cette Congrégation. Aie pitié de toi-même, de
telles souffrances t’attendent ! » Je regardai du coté de la voix, mais je
ne vis rien et continuai à écrire. A ce moment j’ai entendu un bruit et ces mots
: « Quand tu sortirs, nous te détruirons. Ne nous tourmente pas. » Je regardai
et vis une multitude de vilains monstres. Je fis mentalement le signe de la
croix, aussitôt ils se dispersèrent. Satan est terriblement laid. Pauvres âmes
damnées qui doivent vivre dans sa société ! Sa seule vue est plus dégoûtante que
toutes les souffrances de l’enfer.
541. Un instant après, j’entendis en mon âme : « N’aie peur de rien.
Rien ne t’atteindra sans Ma volonté. » Une force étrange envahit mon âme et je
me réjouis vivement de la grande bonté de Dieu.
542. Postulat. L’âge d’admission. Toute personne peut être admise de
quinze à trente ans. En premier lieu il faut considérer la disposition que
montre la candidate et son caractère ; voir si elle a une forte volonté et le
courage de suivre les traces de Jésus avec allégresse, car Dieu aime celui qui
donne avec joie. Elle doit posséder le mépris du monde et de soi-même. Le manque
de dot ne sera jamais un obstacle à l’admission. Toutes les formalités doivent
être claires. Ne peuvent être admises les personnes mélancoliques, encline à la
tristesse, souffrant de maladies contagieuses, les caractères compliqués, les
personnes soupçonneuses, ne s’adaptant pas à la vie religieuse. Il faut choisir
très judicieusement les membres de la Communauté, car une personne mal assortie
suffit pour mettre la confusion dans tout le couvent.
443. La durée du postulat sera d’une année. Pendant ce temps, la
candidate devra étudier si ce mode de vie lui plait et lui convient. La
maîtresse, elle aussi devra soigneusement étudier si la personne en question
s’adapte à ce genre de vie ou non. Si après une année l’on constate qu’elle a
une volonté ferme et sincère de servir Dieu, il faudra la recevoir au noviciat.
544. Le noviciat. Il doit durer une année sans aucune interruption. La
novice doit être instruite des vertus se rapportant aux voeux, ainsi que des
points importants contenus dans les vœux.
La maîtresse s’efforcera avec diligence de les former à fond. Qu’elle les
exerce surtout à l’humilité car seul un cœur humble observe facilement les vœux
et éprouve les grandes joies que Dieu déverse sur l’âme fidèle. Les novices ne
doivent pas être chargées de travaux impliquant une responsabilité, pour pouvoir
s’adonner librement à leur propre perfectionnement. Elles ont le devoir
d’observer strictement les règlements et les statuts, de même que les
postulantes.
545. Après une année de noviciat, si la novice se montre fidèle, on peu
l’admettre à faire sa profession pour une année, qui peut être renouvelée trois
as de suite. On pourra alors lui confier des responsabilités, mais elle relève
encore du noviciat et une fois par semaine, elle doit avec les novices, assister
aux conférences. Quand aux six derniers mois, elle les passera entièrement pour
bien se préparer à la profession solennelle.
546. Repas. Nous ne mangerons pas de viande. Nos repas doivent être tels
que les pauvres n’aient rien à nous envier. Cependant les jours de fête peuvent
être quelque peu différents des jours ordinaires. Il y aura trois repas par
jour. Elles observeront un jeûne strict selon l’esprit primitif et surtout les
deux grands. Que la nourriture soie la même pour toutes les Sœurs, sans aucune
exception, pour que la vie commune reste pure aussi bien dans la nourriture que
dans l’habillement et dans l’arrangement des cellules. Cependant, si une des
Sœurs tombe malade, elle doit être entourée de tous les égards.
547. La Prière. Une heure de méditation, la Sainte Messe et la
Sainte Communion, les prières, deux examens de conscience, l’office, le rosaire,
la lecture spirituelle, une heure de prière pendant la nuit. Quant à l’horaire,
mieux vaut le faire quand on aura déjà commencé ce genre de vie.
548. J’entendis alors ces paroles en mon âme : « Ma fille, je
t’assurerai un revenu permanent dont tu vivras. Ton devoir t’assurera d’avoir
une complète confiance en Ma bonté. Et Mon devoir sera de te donner tout ce dont
tu auras besoin. Je me rends Moi-même dépendant de ta confiance. Si ta confiance
en Moi est grande, Ma largesse n’aura pas de mesure. »
549. Le travail. Comme personnes pauvres, elles feront elles-mêmes tous
les travaux du couvent. Chacune doit se réjouir s’il lui incombe quelque travail
humiliant ou contraire à sa nature, car ce sera une aide pour son développement
intérieur. La Supérieure changera souvent les emplois des Sœurs pour les aider
de cette manière, à ce détacher de ces détails pour lesquelles les femmes ont
une forte inclination. Souvent, cela m’amuse vraiment quand je vois de mes
propres yeux que les âmes font de grands renoncement pour s’attacher ensuite à
des bagatelles et à des riens. Chaque Sœur ira pendant un mois à la cuisine,
sans en excepter la Supérieure. Que toutes prennent part à chacun des travaux du
couvent. Que chacune ait toujours une intention pure en tout, car tout mélange
déplaît beaucoup à Dieu.
550. Quelles s’accusent elles-mêmes de tout manquement extérieur, et
prient la Supérieure de leur donner une pénitence ; qu’elles le fassent en
esprit d’humilité. Quelles s’aiment mutuellement d’un amour supérieur, d’un
amour pur, voyant en chaque Sœur l’image de Dieu. Que la qualité particulière de
cette petite Congrégation soit l’amour. Qu’elles ne referment donc pas leur
cœur, mais u’il embrasse le monde entier, témoignant à chacun la miséricorde par
la prière selon sa vocation. Si nous demeurons dans cet esprit miséricordieux,
alors, nous aussi, nous obtiendrons miséricorde.
551. L’amour que chacune de nous doit avoir pour l’Eglise doit
être aussi grand que l’amour que chaque enfant a pour sa mère, et qu’il en
témoigne par la prière. Ainsi toute âme chrétienne doit prier pour l’Eglise qui
est pour elle une mère. Que dire alors de nous, religieuses qui sommes
particulièrement vouées à la prière pour l’Eglise ? Notre apostolat, quoique
caché, est donc de grande importance. Ces petits riens quotidiens vont se
déposer aux pieds du Seigneur Jésus comme un sacrifice de supplication pour le
monde.
Mais pour que notre sacrifice soit agréable à Dieu, il doit être pur et
pour que le sacrifice doit se libérer de tout attachement naturel. Tous nos
sentiments doivent être orientés vers notre Créateur, tout en aimant en Lui
toutes les créatures selon Sa sainte volonté. Ainsi, chacune, dans un esprit de
zèle, apportera de la joie à l’Eglise.
552. En dehors des vœux, je vois un règlement très important quoique
tous soient importants, mais à celui-ci, je donne la première place : c’est le
silence. Vraiment, si cette règle était observée strictement, je serais
tranquille au sujet des autres. L’inclination des femmes à parler est forte. Le
Saint-Esprit ne s’adresse pas à l’âme dissipé et bavarde, mais Il parle par de
silencieuses inspirations à l’âme qui sait se taire. Si le silence était
strictement observé, il n’y aurait pas de murmures, d’amertumes, de médisances
et de potins. L’amour du prochain ne serait pas terni.
En un mot, beaucoup de fautes cesseraient d’exister. La bouche qui se
tait est de l’or pur et témoigne de la sainteté intérieure
553. Mais immédiatement après, je veux parler d’une deuxième règle : la
parole. Se taire quand on devrais parler, est un manque de perfection, parfois
même une faute. Que toutes les Sœurs prennent donc part à la récréation. Que la
Supérieure n’en dispense pas les Sœurs, à moins qu’il ne s’agisse d’une question
de grande importance. Les récréations doivent être joyeuses dans l’esprit du
Seigneur. Les récréations nous donnent l’occasion de nous connaître
mutuellement. Que chacune dise son avis simplement et pour l’édification des
autres, non pas dans un esprit de supériorité, ni, ce qu’à Dieu ne plaise, pour
se quereller. Ceci ne s’accorderait pas avec la perfection ni avec l’esprit de
notre vocation qui doit se faire connaître par la charité. Deux fois par jour.
Il y aura une récréation d’une demi-heure, mais chaque Sœur qui a manqué au
silence a le devoir de s’en accuser devant la Supérieure et de la prier de lui
imposer une pénitence. La Supérieure lui donnera publiquement cette pénitence
pour son infraction. S’il en était autrement elle en serait responsable devant
le Seigneur.
554. La clôture. Personne ne pourra entrer dans la clôture, sans
la permission de l’évêque ordinaire, et cela dans des circonstances
extraordinaires, comme pour administrer les sacrements aux malades, pour les
disposer à la mort et pour les cérémonies d’enterrement. Il est possible aussi
qu’il soit absolument nécessaire d’admettre un ouvrier pour faire quelques
réparations au couvent ; mais en ce cas, une permission spéciale est nécessaire.
La porte de la clôture doit toujours être fermée et seule la Supérieure peut en
avoir la clé.
555. Le parloir. Aucune Sœur n’ira au parloir sans une permission
spéciale de la Supérieure qui ne doit pas accorder facilement cette permission.
Celles qui sont mortes au monde ne doivent pas y revenir, même par la
conversation .. Mais si la Supérieure juge à propos qu’une Sœur aille au
parloir, qu’elle le fasse de cette manière : qu’elle y accompagne elle-même la
Sœur. Et si elle ne peut le faire elle-même, qu’elle désigne une remplaçante qui
à le devoir de la discrétion. Elle ne doit pas répéter ce qu’elle a entendu au
parloir, mais elle en informera la Supérieure. Les conversations doivent être
courtes, à moins que les égards dûs à la personne ne retiennent la Sœur plus
longtemps. Mais jamais on ne pourra écarter les rideaux de drap, sauf
circonstances extraordinaires, telles que les instances pressantes d’un père ou
d’une mère.
556. Les lettres. Chaque Sœur peut écrire des lettres cachetées, à
l’évêque dont la maison dépend ; pour toute autre lettre, elle doit demander la
permission et la remettre ouverte à la Supérieure qui inspirée par l’esprit de
charité et par la prudence a le droit de l’envoyer ou non, selon la plus grande
gloire de Dieu. Mais je désirerais beaucoup que ces communications aient lieu
aussi rarement que possible. Offrons notre secours aux âmes par la prière et la
mortification, mais pas par des écrits.
557. La confession. Les confesseurs de la Communauté seront nommés par
l’évêque, tant le confesseur ordinaire qu’extraordinaire. Le confesseur
ordinaire confessera toute la communauté une fois par semaine. Le
confesseur extraordinaire viendra une fois par trimestre et chaque Sœur est
obligée de le voir, même si elle ne se confesse pas. Le confesseur ordinaire et
le confesseur extraordinaire n’exerceront pas leur fonction plus de trois ans.
Au terme de ces trois ans, la Sœur Supérieure organisera un scrutin secret et
transmettra la demande des Sœurs à l’évêque. Le confesseur peut être confirmé
dans ses fonctions pour trois autres années et pour trois autres encore.
Les religieuses se confesseront devant la grille fermée recouverte d’un
drap sombre. Les conférences adressées à la Communauté se feront aussi à travers
la grille recouverte d’un drap de couleur sombre. Les Sœurs ne parleront jamais
entre elles de confession ni de confesseurs. Quelles prient plutôt pour eux afin
que Dieu leur donne la lumière nécessaire pour diriger leur âme.
558. La Sainte communion. Que les Sœurs ne discutent jamais entre elles
si l’on va à la Sainte Communion plus souvent ou plus rarement. Qu’elles se
gardent d’émettre des opinions sur un sujet qui ne les regardent pas. Toute
opinion à ce sujet appartient exclusivement à l’intéressée et au confesseur. La
Supérieure ne doit pas non plus demander à une Sœur la raison pour laquelle elle
ne communie pas, mais elle doit lui faciliter la confession. Que les Supérieures
se gardent de pénétrer dans le domaine de conscience des Sœurs.
La Supérieure peut décider que la Communauté offre ses communions à
certaines intentions. Chacune doit s’efforcer de garder son âme tellement pure
qu’elle puisse tous les jours recevoir le Divin Visiteur.
559. Un jour où j’entrai dans la chapelle, je vis les murs d’un bâtiment
démoli ; les fenêtres étaient sans vitres, inachevées, les portes sans
vantaux, avec seulement les châssis. Et j’entendis intérieurement ces
paroles : « C’est ici que sera ce Couvent. » Cependant cela m’a un peu déplu que
ce soit des ruines.
560. Jeudi. Je me sentais très pressée de me mettre le plus tôt possible
à l’œuvre selon le désir du Seigneur. Quand je suis allée à la sainte
confession, j’ai préféré une de mes opinions à celle de mon confesseur. Au
premier moment je ne m’en rendais pas compte, cependant quand je fis les
méditations de l’Heure Sainte, je vis le Seigneur Jésus tel qu’Il est représenté
sur cette image. Il me dit de répéter à mon confesseur et à mes Supérieures,
toutes les choses qu’ Il me dit et qu’Il exige de moi, et de faire seulement ce
pourquoi j’aurai obtenu la permission. Jésus me fit comprendre à quel point Lui
déplaisent les âmes autoritaires. Reconnaissant que j’en étais une, en voyant
cette ombre d’autoritarisme en moi, je me jetai dans la poussière devant Sa
Majesté et Lui en demandai pardon, le cœur brisé. Mais Jésus ne me permit pas de
rester longtemps ainsi. Son Divin regard remplit mon âme d’une joie si grande,
que je n’ai pas assez de mots pour l’exprimer.
Jésus m’invita aussi à Lui demander davantage, ainsi qu’à prendre
conseil de Lui. Vraiment, comme le regard de mon Seigneur est doux, il pénètre
mon âme jusque dans ses profondeurs les plus mystérieuses. Mon esprit communique
avec Dieu, sans prononcer une parole. Je sens qu’ Il vit en moi, et moi en Lui.
►
Paragraphes N°561- 603
►
Retour Table des matières
|