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19 Avril 2005
 

Benoît XVI analyse le caractère Ecclésial du 4e Évangile

 

Le 31 juillet 2007 - (E.S.M.) - Chez Jean, relève le pape Benoît XVI, dans son dernier ouvrage, le sujet du souvenir est toujours le « nous », il se souvient dans et avec la communauté des disciples, dans et avec l'Église.

Ô très saint et divin Esprit  -  Pour agrandir l'image: C'est ici

Benoît XVI analyse le caractère Ecclésial du 4e Évangile

Chapitre 8 : Les grandes images de l'Évangile de Jean
1) Introduction : la question johannique
 (p. 245 à 249)
L'image de Jésus proposée par Jean
2) C'est le Paraclet, écrit Benoît XVI qui interprète et conduit à la vérité (p. 249 à 255) Benoît XVI
3) Le caractère Ecclésial du 4e Évangile (p.255 à 259)

Au terme de la page précédente le pape Benoît XVI posait la question suivante:  "quelle est la vérité à laquelle le Paraclet peut conduire, s'il laisse la dimension historique derrière lui, la considérant comme banale ?" Voici la réponse du Saint-Père :

Le caractère problématique d'une telle opposition ressort de façon encore plus drastique de l'analyse de l'exégète catholique Ingo Broer : « L'Évangile de Jean se présente à nous comme une œuvre littéraire, qui témoigne de la foi et qui veut fortifier la foi, et non pas comme un témoignage historique (20. I. Broer, Einleitungin das Alte Testament, p. 197, voir bibliographie, p. 401). » De quelle foi porte-t-il « témoignage », s'il laisse l'histoire, pour ainsi dire, derrière lui ? Comment fortifie-t-il la foi s'il se présente, et ceci avec insistance, comme un témoignage historique, sans faire pour autant un récit historique ? Je pense, indique Benoît XVI, que nous nous trouvons ici devant une fausse conception de la dimension historique et devant une fausse conception de la foi et du Paraclet lui-même : une foi qui abandonne ainsi la dimension historique devient réellement de la « gnose ». Elle abandonne la chair, l'incarnation - la véritable histoire justement.

Si l'on entend par « historique » que les discours rapportés de Jésus doivent, pour ainsi dire, avoir le caractère d'un procès-verbal enregistré avec un magnétophone afin de pouvoir être reconnus comme « historiquement » authentiques, alors les discours de l'Évangile de Jean ne sont pas « historiques ». Mais le fait qu'ils ne prétendent pas à ce genre de littéralité ne signifie nullement qu'ils sont pour autant des œuvres poétiques sur Jésus, qu'on aurait progressivement élaborées dans le cercle de l'école johannique, en faisant valoir par la suite qu'on aurait été guidé par le Paraclet. La véritable prétention de l'Évangile, souligne Benoît XVI, est d'avoir rendu correctement les discours de Jésus, le témoignage de Jésus lui-même dans les grandes querelles de Jérusalem, de sorte que le lecteur rencontre vraiment le contenu décisif de ce message et, en lui, la figure authentique de Jésus.

Nous nous approchons du fond du problème et nous pouvons préciser de quel genre d'historicité il s'agit dans le quatrième Évangile si nous portons notre attention sur la corrélation des différents facteurs que Hengel considère comme déterminants pour la composition du texte. Pour lui, il y a d'abord dans cet Évangile « la volonté théologique créatrice, son souvenir personnel », « la tradition ecclésiastique et ainsi en même temps la réalité historique », dont Hengel dit de façon surprenante que l'évangéliste l'aurait « modifiée, voire, disons-le, violée ». Ce n'est pas, nous l'avons déjà vu, « le souvenir d'un passé, mais le Paraclet qui interprète et conduit à la vérité »... qui aurait « le dernier mot » (M. Hengel, Die johanneische Frage, op. cit., p. 322).

La façon dont Hengel juxtapose et, à certains égards, oppose ces cinq éléments ne produit pas un ensemble doté d'une véritable cohérence. Car, se demande Benoît XVI, comment le Paraclet peut-il avoir le dernier mot, si l'évangéliste a commencé par violer la vérité historique ? Quelles sont les relations entre la volonté créatrice de l'évangéliste, sa prédication personnelle et la tradition de l'Église ? Est-ce que la volonté créatrice est plus déterminante que le souvenir, en sorte qu'on puisse violer en son nom la réalité ? Comment se légitime alors cette volonté créatrice ? Comment s'accorde-elle avec le Paraclet ?

Je pense que les cinq éléments décrits par Hengel sont effectivement les forces essentielles ayant déterminé la composition de l'Évangile, mais qu'il faut changer leur corrélation interne et modifier par conséquent le sens de chacune de ces forces.

Tout d'abord, les éléments 2 et 4, c'est-à-dire le souvenir personnel et la réalité historique, sont liés. Ils forment ce que les Pères ont qualifié defactum historicum déterminant le « sens littéral » d'un texte. C'est l'aspect extérieur de l'événement que l'évangéliste connaît en partie grâce à son souvenir personnel, en partie grâce à la tradition de l'Église — il connaissait bien sans aucun doute les Évangiles synoptiques dans une version ou dans une autre. Il veut parler en tant que « témoin » d'un événement. Personne n'a autant insisté sur cette dimension de l'événement, sur la « chair » de l'histoire, que Jean : « Ce que nous avons entendu, ce que nous avons contemplé de nos yeux, ce que nous avons vu et que nos mains ont touché, c'est le Verbe, la Parole de la vie. Oui, la vie s'est manifestée, nous l'avons contemplée, et nous portons témoignage : nous vous annonçons cette vie éternelle qui était auprès du Père et qui s'est manifestée à nous. Ce que nous avons contemplé, ce que nous avons entendu, nous vous l'annonçons à vous aussi » (1 Jn 1, 1-3).

Ces deux facteurs, la réalité historique et le souvenir, conduisent d'eux-mêmes vers le troisième et le cinquième élément que Hengel désigne ainsi : la tradition ecclésiale et le Paraclet comme guide. Car chez l'auteur de l'Évangile, le souvenir est d'une part fortement personnalisé, comme nous le montre l'expression à la fin de la scène de la Crucifixion (cf.Jn 19, 35), mais d'autre part ce n'est jamais un simple souvenir privé, mais un souvenir dans et avec le « nous » de l'Église : « Ce que nous avons entendu, ce que nous avons contemplé de nos yeux, ce que nous avons vu et que nos mains ont touché ». Chez Jean, le sujet du souvenir est toujours le « nous », il se souvient dans et avec la communauté des disciples, dans et avec l'Église. Autant l'auteur s'avance en tant qu'individu et témoin, autant le sujet du souvenir, qui prend la parole ici, est toujours le « nous » de la communauté des disciples, le « nous » de l'Église. Tout comme le souvenir qui constitue le fondement de l'Évangile se trouve purifié et approfondi par l'insertion dans la mémoire de l'Église, la mémoire purement banale des faits se trouve effectivement dépassée.

Dans trois passages importants de son Évangile, Jean a recours au mot « se rappeler », nous livrant ainsi la clé pour comprendre ce que signifie dans son texte la « mémoire ». Dans le récit où Jésus chasse les marchands du Temple, se trouve l'expression : « Ses disciples se rappelèrent cette parole de l'Écriture : "L'amour de ta maison fera mon tourment" (Ps 69 [68], 10) » (Jn2, 17). L'événement réveille le souvenir d'une parole de l'Écriture, devenant ainsi intelligible au-delà de sa facticité. La mémoire, affirme Benoît XVI, met en lumière le sens du fait, le rendant ainsi signifiant. Il se manifeste comme un fait dans lequel se trouve du logos, qui vient du logos et qui nous introduit en lui. Le lien entre l'action et la passion de Jésus d'une part, et la parole de Dieu d'autre part se manifeste, et ainsi le mystère de Jésus lui-même devient intelligible.

Dans le récit de la purification du Temple, suit alors le moment où Jésus annonce qu'il relèvera, en trois jours, le Temple détruit. L'évangéliste commente ainsi : « Aussi, quand il ressuscita d'entre les morts, ses disciples se rappelèrent-ils qu'il avait dit cela ; ils crurent aux prophéties de l'Écriture et à la parole que Jésus avait dite » (Jn 2, 22). La résurrection réveille le souvenir, et le souvenir, éclairé par la lumière de la résurrection, fait apparaître le sens du mot resté incompris en le plaçant de nouveau dans le contexte de l'Écriture dans son ensemble. L'unité du logos et du factum est le point que vise l'Évangile.

Le dimanche des Rameaux, le mot revient encore une fois. On y raconte que Jésus avait trouvé un ânon sur lequel il était monté : « II accomplissait ainsi l'Écriture : N'aie pas peur, fille de Sion. Voici ton roi qui vient, monté sur le petit d'une ânesse » (Za 9, 9) (Jn 12, 14-15). L'évangéliste remarque à ce propos : « Les disciples de Jésus ne comprirent pas sur le moment ; mais, quand il eut été glorifié, ils se rappelèrent que l'Écriture disait cela de lui, et que c'était bien ce qu'on avait fait pour lui » (Jn 12, 16). Une fois de plus, on rapporte un événement qui apparaît d'abord comme un simple fait. Et une fois de plus, l'évangéliste nous dit qu'après la résurrection, les disciples reçurent une lumière qui leur rendait le fait intelligible. Dès lors, ils se « rappellent ». Une parole de l'Écriture, auparavant sans signification pour eux, devient dès lors intelligible dans son sens prévu par Dieu, tout en donnant sa signification à l'événement extérieur.

La résurrection enseigne une nouvelle façon de voir. Elle dévoile le lien entre les paroles des prophètes et le destin de Jésus. Elle réveille le « souvenir », c'est-à-dire qu'elle permet d'entrer dans la face intérieure des événements, dans le lien entre la parole de Dieu et l'action de Dieu.

À travers ces passages, explique Benoît XVI, l'évangéliste nous fournit lui-même les indices déterminants quant à la composition de son Évangile et quant à la vision dont il est issu. Il repose sur le souvenir du disciple qui est alors un « se souvenir ensemble » dans le « nous » communautaire de l'Église. Ce souvenir est une compréhension guidée par le Saint-Esprit. En se souvenant, le croyant entre dans la dimension profonde de ce qui est advenu et il voit ce qui tout d'abord n'était pas visible de l'extérieur. Mais par là, il ne s'éloigne pas de la réalité, il la comprend plus profondément et il voit ainsi la vérité qui se cache dans le fait. Dans le souvenir de l'Église, advient ce que le Seigneur avait prédit aux siens au Cénacle : « Quand il viendra, lui, l'Esprit de vérité, il vous guidera vers la vérité tout entière » (Jn 16, 13) (à suivre)

Prochaine page : l'Évangile de Jean, en tant qu'« Évangile pneumatique »

D'autres pages du dernier livre du pape :   Benoît XVI
 

Sources:  www.vatican.va - E.S.M.

Ce document est destiné à l'information; il ne constitue pas un document officiel

Eucharistie, sacrement de la miséricorde - (E.S.M.) 31.07.2007 - BENOÎT XVI - Table Jésus

 

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