Benoît XVI un des plus grands papes
théologiens de l'histoire de l'Église |
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Le 30 septembre 2008 - (E.S.M.) -
En découvrant La pensée de Benoît XVI, le lecteur et l'auditeur
du pape actuel ne pourra qu'être frappé de constater combien celui-ci
pointe sous Joseph Ratzinger, et donc saisi par les divines préparations
qui nous octroient aujourd'hui un des plus grands papes théologiens de
l'histoire de l'Église.
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Le pape
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Benoît XVI un des plus grands papes théologiens de l'histoire de l'Église
La première partie de l'interview de Mgr Ide
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Le 30 septembre 2008 - Eucharistie
Sacrement de la Miséricorde
-
Quant au contenu, Ratzinger n'a pas réalisé, comme tant de ses collègues
allemands, une dogmatique couvrant l'intégralité de la théologie, au moins
systématique pour les raisons évidentes relevées plus haut. Il présente une
affinité singulière avec un certain nombre de domaines de la théologie,
notamment l'ecclésiologie
(chap. 2; chap. 5; chap. 7; chap. 12, § i),
la
théologie fondamentale (chap. 6, § i ; chap. 11, § i ; chap. 12, § i),
la
liturgie
(chap. 10 ; chap. 13, § 8),
l'eschatologie
(cf. chap. 8),
la
théologie politique
(cf. chap. 12, § 2). Pour autant, quelle que soit son
inclination pour ces thèmes et d'autres, il demeure toujours attentif à
l'unité de la théologie. Il ne s'agit pas seulement de dire que ses
compétences lui permettent d'embrasser l'entièreté du champ théologique,
mais de souligner sa préoccupation constante de tenir ensemble des parties
qu'une présentation trop analytique a sectionnées ou qu'un pluralisme
désespère de penser dans l'unité. L'avant-propos de ce livre s'ouvre sur une
parole de Ratzinger que l'on pourrait qualifier
de programmatique : « La vérité, c'est le tout
»
(p. 15). Toujours le
théologien bavarois cherche à montrer ce principe holographique selon lequel
le tout est présent en chaque fragment et, réciproquement, celui-ci
s'éclaire à partir de la totalité.
Nous avons anticipé le second fil rouge, concernant la méthodologie.
L'ouvrage d'Aidan Nichols en relève notamment quatre traits
caractéristiques. Très tôt, Joseph Ratzinger a opté pour une méthode qui
intègre l'histoire (chap. 3), sans pour autant tomber dans les ornières
d'une reductio theologiœ in historiam
(chap. 11, § I).
(8) Dès l'origine, sa
théologie est historique, non seulement parce que son objet est le Dieu
biblique qui entre dans l'histoire, mais parce que l'histoire elle-même est
un lieu du sens, de sorte qu'il va jusqu'à affirmer qu'une dogmatique ne
peut être séparée d'une histoire du dogme.
(9) Par ailleurs, sous l'influence
de saint Bonaventure mais aussi du concile dont il fut non seulement un
témoin mais un artisan, le professeur Ratzinger, adopte une vision clairement
christocentrique.
(10) De plus, outre un intérêt spécifique pour l'éthique
(cf.
chap. 11, S 2 ; chap. 12, § 2), Ratzinger ne manque jamais l'occasion, après
avoir proposé un développement historique ou dogmatique, d'en montrer les
prolongements parénétiques et, plus globalement, pastoraux. Enfin, selon
notre théologien qui atteste son intérêt en faveur de l'eschatologie dès ses
deux thèses, sur saint Augustin puis sur saint Bonaventure, ce thème ne
constitue pas seulement ni d'abord l'objet d'un
traité spécialisé des fins dernières mais doit doubler toute la discipline
sacrée comme son ombre, surtout dans une époque menacée par la « dés-eschatologisation ».
(11) Comment ne pas lire
ici les quatre sens de l'Écriture que, à l'école des Pères, Ratzinger n'a
jamais cessé de mettre en œuvre.
(12) Cette symphonia
(cf.
p. 338) constitue pour lui l'une des clés capables d'unifier la riche
diversité du discours théologique autant que la parole, voire la vie du
prêtre enseignant. En ce sens, le professeur n'a pas eu de difficulté à se
glisser dans la peau de l'archevêque, ainsi que le montre le beau chapitre 9
sur la prédication - qui pourrait inspirer bien des pasteurs.
Enfin, mais ce point n'est évoqué par Aidan Nichols qu'en passant,
l'écriture de Joseph Ratzinger a su, depuis l'origine, conjuguer la rigueur
et la clarté, l'analyse conceptuelle et le sens de l'image heureuse.
En découvrant La pensée de Benoît XVI, le lecteur et l'auditeur du pape actuel ne
pourra qu'être frappé de constater combien celui-ci pointe sous Joseph
Ratzinger, et donc saisi par les divines préparations qui nous octroient
aujourd'hui un des plus grands papes théologiens de l'histoire de l'Église.
L'on ne manquera pas de retrouver chez Benoît XVI les mêmes centres
d'intérêt, la même manière d'entrelacer les divers sens de l'Écriture, la
même parole concrète et imagée. Autant de traits dont la convergence dessine
la personnalité du pape actuel. Joseph Ratzinger nous a néanmoins trop
habitués à une pensée en constant renouvellement pour que l'on se contente
d'enregistrer les continuités entre sa théologie et celle de Benoît XVI,
d'autant qu'il bénéficie de l'assistance singulière de l'Esprit
Saint qui « fait toutes choses nouvelles ». D'une part, le préfet de la
Congrégation pour la doctrine de la foi a rappelé à temps et à contretemps,
en une époque menacée par « la dictature du relativisme »
(cf. chap. 13, § 6),
l'importance de la vérité; d'autre part, l'actuel évêque de Rome centre sa
prédication et sa catéchèse sur l'amour de Dieu (13) ou plutôt sur la
Vérité
divine qui est l'amour. Fort de ce double constat, ne pourrait-on trouver
chez Ratzinger devenu Successeur de Pierre un analogue de l'évolution de la
pensée de son maître saint Augustin dont Aidan Nichols dit : « C'est un
changement d'accentuation - pas plus, mais certainement pas moins -, qui, de
la vérité de Dieu, passe à l'amour de Dieu »
(p. 62)
? Il serait tout aussi
erroné d'imaginer un Joseph Ratzinger traitant exclusivement de la vérité de
la foi que d'estimer le pape actuel n'ayant plus que le mot « amour» à la
bouche. Le texte parle d'un « changement d'accentuation - pas plus, mais
certainement pas moins ». Délié du service d'enseigner telle ou telle
matière ou de rappeler tel ou tel point de doctrine, plus encore, appelé à «
affermir la foi de ses frères », Benoît XVI nous reconduit au centre - selon
le mot d'ordre de son grand théologien et ami Hans Urs von Balthasar - :
Deus Caritas.
Je terminerai en émettant un vœu. Nous savons combien Joseph Ratzinger
devenu pape pâtit chez un certain nombre de personnes, même catholiques,
d'une image négative. On ne prouve jamais mieux le mouvement qu'en marchant.
Il ne s'agit pas de défendre Benoît XVI mais de le faire connaître, et
notamment de se laisser nourrir par son propos tout imprégné de l'Évangile
bimillénaire et pourtant inédit. Tous ses textes sont accessibles, presque
aussitôt prononcés, en français, sur le site du Saint-Siège.
(14) Ne
pourrait-on imaginer que, dans chaque paroisse, se réunisse, régulièrement,
un groupe de lecture et de méditation (par exemple des admirables
catéchèses du mercredi, des
angélus du dimanche et des
homélies prononcées aux fêtes liturgiques) ?
Et, pour ceux qui souhaitent approfondir, ne pourrait-on proposer en
parallèle l'étude, là encore en petit groupe et en Église, de tel ou tel
ouvrage de Joseph Ratzinger - tel le commentaire du Credo qu'est Foi
chrétienne hier et aujourd'hui qui montre combien, à rebours de bien des
préjugés, son auteur conjugue enracinement traditionnel et ouverture -,
profitant de l'aide pédagogique considérable que constitue l'ouvrage d'Aidan
Nichols ?
Mgr Pascal Ide
Notes :
(8) « En une telle reductio theologiœ in historiam
réside une cause, sinon la cause unique, de "la crise du fait chrétien" »
(p. 288).
(9) « La dogmatique n'est pas concevable si ce n'est comme histoire
du dogme » (Joseph RATZINGER, Storia e dogma, Milan, 1971, p. 29. Cité p.
276).
(10) « À travers l'œuvre de saint Bonaventure, Joseph Ratzinger
rencontre, et adopte, le christocentrisme que redécouvrent les dogmaticiens
catholiques dans les années 50 » (p. 84). Dans sa présentation du discours
de Paul VI du 29 septembre 1963, ouvrant la deuxième session, «Tout en
admettant qu'on puisse mettre en avant d'autres lignes de force, J.
Ratzinger en privilégia le christocentrisme » (p. 114). Cf. Joseph
RATZINGER, « Christozentrik in der Verkündigung », in
Trierer Theologische Zeitschrift, 70 (1961), p. 1-14.
(11) « La tradition de l'Église est marquée par
une constante « dés-eschatologisation», par une décadence liée à la
négligence des expectations chrétiennes originelles » (p. 196).
(12) Cette doctrine, qui remonte au cinquième siècle, distingue
quatre sens au texte biblique : le sens littéral (historique), le sens
allégorique (typologique), le sens tropologique (moral) et le sens
anagogique (eschatologique) (cf. la brève explication de la p. 76).
(13) À ce sujet, je me permets de renvoyer à Pascal
IDE, «
Le Christ donne tout ». Benoît XVI, une théologie de l'amour,
L'Emmanuel, Paris, 2007.
(14)
http://www.vatican.va/holy_father/benedict_xvi/index.fr.htm.
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Sources : Introduction à la théologie de Joseph Ratzinger
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Eucharistie sacrement de la miséricorde -
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30.09.2008 -
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