Est-il difficile pour nous, demande Benoît XVI,
de reconnaître là l'esprit de notre époque ? |
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Le 29 décembre 2007 -
(E.S.M.) - Cet esprit de
rébellion contre Dieu et contre la Loi divine ? L'abandon de tout ce qui
constituait jusqu'ici nos fondements, et le choix d'une liberté sans
limites ? Le mot grec qui dans la parabole, désigne la fortune
dilapidée, indique Benoît XVI, signifie dans le langage des philosophes
grecs « substance », nature. Le fils prodigue dilapide « sa substance »,
lui-même.
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Le
Retour du fils prodigue -
(Murillo 1670) -
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Est-il difficile pour nous, demande Benoît XVI, de reconnaître là l'esprit
de notre époque ?
Chapitre 7 - Le message des paraboles
(pages 207 à 243)
1) Nature et
finalité des paraboles
► Benoît
XVI
2) Jésus
lui-même est la semence, il est le Royaume de Dieu en personne
►
Benoît XVI
3) Qu'est-ce en fait qu'une
parabole ? Et que cherche celui qui la dit ?
►
Benoît XVI
4) La parabole du bon Samaritain
►
Benoît XVI
5)
La parabole des deux frères et du père
miséricordieux :
La parabole des deux frères (le fils prodigue et le fils aîné)
et du père
miséricordieux (Lc 15, 11-32)
Cette parabole, peut-être la plus belle de Jésus, est connue sous le nom de
« parabole du fils prodigue ».
Effectivement, le fils prodigue est si impressionnant dans le portrait qui
en est dressé, son sort, dans le bien comme dans le mal, nous va tellement
droit au cœur, qu'il apparaît nécessairement comme le véritable centre du
texte. Mais en réalité, il y a trois personnages principaux dans cette
parabole. Joachim Jeremias et d'autres ont proposé de l'intituler plutôt «
parabole du père miséricordieux », arguant que c'était lui le vrai centre de
l'histoire.
De son côté, Pierre Grelot a porté son attention sur la figure du second
frère comme tout à fait essentielle, et il est d'avis — très justement me
semble-t-il — que le titre le plus exact serait « parabole des deux frères
». Cela résulte tout d'abord de la situation à laquelle la parabole répond.
Dans l'Évangile de saint Luc, la situation est introduite de la manière
suivante : « Les publicains et les pécheurs venaient tous à Jésus pour
l'écouter. Les pharisiens et les scribes récriminaient contre lui : "Cet
homme fait bon accueil aux pécheurs, et il mange avec eux !" »
(Lc 15, 1).
Nous voici face à deux groupes, à deux « frères » : publicains et pécheurs,
pharisiens et scribes. Jésus répond alors en trois paraboles : celle de la
brebis perdue et des quatre-vingt-dix-neuf brebis restées au bercail, celle
de la pièce d'argent perdue, et finalement il commence un nouveau récit en
disant : un homme avait deux fils (Lc 15, 11). Ils ont tous deux leur
importance.
Le Seigneur reprend ici une tradition très ancienne : la thématique des deux
frères traverse tout l'Ancien Testament, depuis Caïn et Abel, en passant par
Ismaël et Isaac, jusqu'à Ésaü et Jacob, et elle se reflète une fois encore
sous une forme modifiée dans le comportement des onze fils de Jacob à
l'égard de Joseph. L'histoire des élections est dominée par une étrange
dialectique entre deux frères, qui, dans l'Ancien Testament, reste une
question en suspens. Jésus a
repris cette thématique à un moment nouveau de l'agir de Dieu dans
l'histoire, et il lui a imprimé une direction nouvelle. On trouve chez
Matthieu un texte relatif à deux frères, assez proche de notre parabole :
l'un déclare vouloir exécuter la volonté du père, mais ne l'accomplit pas,
l'autre dit non à la volonté du père, puis, s'étant repenti, il exécute la
mission dont on l'avait chargé (cf. Mt 21, 28-32). Ici aussi nous avons
affaire à la relation entre pécheurs et pharisiens, ici aussi le texte
invite en définitive à donner de manière renouvelée son assentiment à
l'appel de Dieu.
La figure du fils prodigue
Mais essayons à présent de suivre pas à pas la parabole. Il y a tout d'abord
la figure du fils prodigue ; toutefois, la générosité du père est, elle
aussi, visible d'emblée. Ce dernier satisfait à la requête du fils cadet qui
demande la part d'héritage qui lui revient, et il fait le partage de ses
biens. Il donne la liberté. Il peut imaginer ce que le plus jeune fils va
faire de ses biens, mais il le laisse suivre sa route personnelle.
Le fils part « pour un pays lointain ». Les Pères de l'Église ont interprété
cela principalement comme un éloignement intérieur du monde du père, du
monde de Dieu, comme la rupture intime de la relation, le fait de partir
très loin de ce qui vous est propre et véritablement essentiel. Le fils
dilapide son héritage. Il veut simplement jouir de la vie,
thème si souvent abordé par Benoît XVI, en profiter
jusqu'à la dernière goutte et l'avoir, croit-il, « en abondance ». Il ne
veut plus être soumis à aucun commandement, à aucune autorité. Il cherche la
liberté radicale, il veut vivre seulement selon sa propre règle, sans se
soumettre à une exigence extérieure. Il jouit de la vie, il se sent tout à
fait autonome.
Est-il difficile pour nous de reconnaître là l'esprit de notre époque, cet
esprit de rébellion contre Dieu et contre
la Loi divine ? L'abandon de tout ce qui constituait jusqu'ici nos
fondements, et le choix d'une liberté sans limites ? Le mot grec qui, dans
la parabole, désigne la fortune dilapidée signifie dans le langage des
philosophes grecs « substance », nature. Le fils prodigue dilapide « sa
substance », lui-même.
À la fin, il a tout dépensé. Cet homme qui a été tout à fait libre devient
alors réellement esclave, gardien de porcs, et il s'estimerait heureux si on
lui donnait à manger ce que mangent les porcs. L'homme qui entend par
liberté l'arbitraire absolu de sa volonté propre, de son chemin personnel et
d'eux seuls, vit dans le mensonge, car, par nature, sa place est d'être dans
la réciprocité, sa liberté est une liberté à partager avec autrui. Par
nature, il porte inscrites en lui la discipline et la norme ; s'identifier
profondément avec elles, telle serait la vraie liberté. Une fausse autonomie
conduit à la servitude, l'histoire nous l'a montré entre-temps de façon
éclatante. Pour les Juifs, le porc est un animal impur ; être gardien de
porcs est donc l'expression de l'aliénation et de la paupérisation les plus
extrêmes. L'homme totalement libre est devenu un pitoyable esclave.
C'est ici qu'advient le « retournement ». Le fils prodigue comprend qu'il
est perdu, que c'est dans la maison paternelle qu'il était libre, et que les
domestiques de son père sont plus libres que lui, qui s'était cru totalement
libre. Il « rentre alors en lui-même », dit l'Évangile (Lc 15, 17) et, comme
la parole sur le pays lointain, cette formule invite les Pères à la
réflexion philosophique : cet homme qui vit loin de chez lui, coupé de son
origine, s'est aussi beaucoup éloigné de lui-même. Il vivait coupé de la
vérité de son existence.
Son retournement, sa « conversion », consiste à reconnaître cela, à
comprendre sa propre aliénation d'homme parti réellement « à l'étranger » et
devenu étranger à lui-même, et maintenant elle consiste à revenir à soi. En
lui-même, il trouve inscrit le principe qui l'oriente vers le père, vers la
vraie liberté de « fils ». Les paroles qu'il prépare pour son retour nous
montrent l'étendue du cheminement intérieur qu'il accomplit maintenant.
C'est l'expression d'une existence qui s'est mise en route et qui,
traversant tous les déserts, retourne « chez elle », pour se retrouver
elle-même et pour retrouver le père. Il se met en route vers la vérité de
son existence, une route qui le mène « chez lui ». Par cette interprétation
« existentielle » du retour au bercail, les Pères nous expliquent aussi ce
qu'est la « conversion », quelles souffrances et quelles purifications
intérieures elle implique, et nous pouvons dire sans crainte qu'en cela, ils
ont compris très justement l'essence de cette parabole et qu'ils nous aident
à en percevoir toute l'actualité.
« Comme il était encore loin, son père l'aperçut » et partit à sa rencontre.
Il écoute la confession du fils et mesure le chemin intérieur qu'il a
parcouru ; il voit qu'il a trouvé le chemin de la liberté réelle. Alors, il
ne le laisse même pas terminer, il le prend dans ses bras, il l'embrasse et
fait préparer un grand festin pour exprimer sa joie. La source de cette
joie, c'est que le fils, qui « était mort » (15, 32) lorsqu'il était parti
avec sa fortune, est maintenant revenu à la vie ; il est ressuscité. Il
était perdu et il « est retrouvé ».
Les Pères ont mis tout leur amour dans l'interprétation de cette scène. Pour
eux, le fils prodigue est l'image de l'homme par excellence, de l'« Adam »
que nous sommes tous, cet Adam à la rencontre duquel Dieu est allé et qu'il
a à nouveau accueilli dans sa maison. Dans la parabole, le père demande à
ses domestiques de vite apporter « le plus beau vêtement ». Pour les Pères,
ce « plus beau vêtement » se réfère à la grâce perdue dont l'homme était
paré à l'origine et qu'il a perdue en péchant. À présent, on lui fait à
nouveau don de ce « plus beau vêtement », le vêtement du fils. Dans la fête
que l'on prépare, les Pères voient l'image de la fête de la foi, la
célébration de l'Eucharistie qui anticipe le repas éternel. Si l'on s'en
tient à la lettre du texte grec, le fils aîné, en rentrant chez lui, entend
« une symphonie et des chœurs » : pour les Pères, c'est à nouveau une image
de la symphonie de la foi, qui fait de l'existence chrétienne une joie et
une fête.
La figure du père
Mais le point essentiel du texte ne se trouve bien sûr pas dans ces détails,
l'essentiel est maintenant clairement la figure du père. Est-elle
compréhensible ? Un père peut-il, doit-il agir ainsi ? Pierre Grelot a fait
remarquer qu'ici, la parole de Jésus est entièrement fondée sur l'Ancien
Testament : l'archétype de cette vision de Dieu, du Père, se trouve au Livre
d'Osée (11, 1-9). Il y est d'abord question de l'élection d'Israël et de sa
trahison : « Mais plus je les appelais, plus ils s'écartaient de moi ; aux Baals ils sacrifiaient, aux idoles ils brûlaient de l'encens »
(Os 11, 2).
Mais Dieu voit aussi dans quel état de désolation se trouve ce peuple, avec
quelle violence l'épée sévit dans ses villes (cf. Os 11, 6). Et il se passe
exactement ce qui est dépeint dans notre parabole : « Comment
t'abandonnerais-je, Éphraïm, te livrerais-je, Israël [...] Mon cœur se
retourne contre moi, et le regret me consume. Je n'agirai pas selon l'ardeur
de ma colère, je ne détruirai plus Israël, car je suis Dieu, et non pas
homme : au milieu de vous je suis le Dieu saint » (Os 11, 8-9). Parce que
Dieu est Dieu, le Saint, il agit comme nul homme ne saurait agir. Dieu a un
cœur,
et ce cœur se retourne pour ainsi dire contre lui-même : chez le prophète
comme dans l'Évangile, nous retrouvons ici le mot « compassion », qui
renvoie à l'image du sein maternel. Le cœur de Dieu transforme sa colère ;
au lieu de punir, il pardonne.
Le chrétien se pose alors la question suivante : où Jésus Christ a-t-il sa
place ici ? Dans la parabole, seul le Père apparaît. Est-elle dépourvue de
toute dimension christologique ? Augustin a tenté d'introduire l'aspect
christologique là où il est dit que le père prend son fils dans ses bras
(cf.
Lc 15, 20). « Le bras du Père, c'est le Fils », dit-il. Il aurait pu trouver
sa référence chez Irénée qui dit du Fils et de l'Esprit qu'ils sont les deux
mains du Père. « Le bras du Père, c'est le Fils » : quand il pose ce bras
sur notre épaule, comme « son joug facile à porter » (Mt 11, 30), ce n'est
pas d'un fardeau qu'il nous charge, il s'agit au contraire d'un geste
d'accueil affectueux. Le « joug » de ce bras n'est pas un fardeau que nous
devons porter, c'est un don d'amour, qui nous porte et qui fait de nous des
fils. C'est une interprétation très suggestive, mais cela reste une «
allégorie » qui va nettement au-delà du texte.
Pierre Grelot a trouvé une interprétation qui s'en tient au texte et qui
nous mène plus profond encore. Il fait remarquer que, dans cette parabole
comme dans les précédentes, Jésus légitime sa propre bonté à l'égard des
pécheurs, son accueil des pécheurs, par l'attitude du père. Jésus, « par sa
propre attitude, devient lui même la révélation de celui qu'il appelait son
Père ». Une « christologie implicite » apparaît d'elle-même dès lors que
l'on considère le contexte historique de la parabole. « Sa passion et sa
résurrection renforcent encore cet aspect : comment Dieu a-t-il montré aux
pécheurs son amour miséricordieux ?
Parce que "le Christ est mort pour nous alors que nous étions encore
pécheurs" (Rm 5, 8). Jésus ne peut aucunement entrer dans le cadre narratif
de sa parabole, parce qu'il vit en s'identifiant au Père des cieux, en
calquant son attitude sur celle du Père. Or, le Christ ressuscité reste
actuellement, sur ce point, dans la situation de Jésus de Nazareth durant
son ministère
(P. Grelot, Les Paroles de Jésus-Christ,
p. 228-229, voir bibliographie, p. 400). ». Effectivement, dans cette parabole, Jésus légitime son
attitude dans la mesure où il la rapporte à celle de son Père et où il
l'identifie à elle. C'est donc à travers la figure du père, en tant qu'il
réalise concrètement l'action paternelle, que le Christ est au centre de
cette parabole.
Le frère aîné
Voici qu'intervient le frère aîné. Il rentre du travail des champs ; il
entend la fête qui se donne chez lui ; il en apprend la raison et se met en
colère. Il lui est tout simplement impossible de trouver juste qu'en
l'honneur de ce bon à rien qui a dépensé toute sa fortune - les biens de son
père — avec des prostituées, on donne aussitôt une fête splendide, sans mise
à l'épreuve, sans temps de pénitence. Cela contredit son sens de la justice.
Il a passé sa vie à travailler, et cela semble sans importance en regard du
passé impur de l'autre. L'amertume monte en lui : « II y a tant d'années que
je suis à ton service sans avoir jamais désobéi à tes ordres », dit-il à son
père, « et jamais tu ne m'as donné un chevreau pour festoyer avec mes amis »
(Lc 15, 29). Le père est sorti à sa rencontre aussi, et il essaye de le
calmer. Le fils aîné ne sait rien de l'itinéraire et des mutations
intérieures de son frère, ni du fait qu'il est parti très loin, ni qu'il est
tombé très bas avant de se retrouver lui-même. Il ne voit que l'injustice.
Et cela montre sans doute que lui aussi avait secrètement rêvé d'une liberté
sans limites, qu'au fond de lui, son obéissance l'a rendu amer, et qu'il ne
sait
rien de la grâce d'être au bercail, de la liberté réelle qui est la sienne
en tant que fils. « Toi, mon enfant, tu es toujours avec moi », lui dit le
père, « et tout ce qui est à moi est à toi » (Lc 15, 31). Il lui explique
par là la grandeur d'être fils. Ce sont les mêmes mots que ceux par lesquels
Jésus, dans sa prière sacerdotale, décrit sa relation au Père : « Tout ce
qui est à moi est à toi comme tout ce qui est à toi est à moi »
(Jn 17, 10).
La parabole s'interrompt ici sans rien nous dire de la réaction du frère
aîné. Il ne peut d'ailleurs en être autrement car, à ce point, c'est la
réalité qui fait irruption : à travers ces paroles du père, Jésus s'adresse
au cœur des pharisiens et des scribes mécontents, qui s'indignaient de le
voir témoigner de la bonté à l'égard des pécheurs (Lc 15, 2). On voit à
présent très clairement que Jésus identifie sa bonté à l'égard des pécheurs
à la bonté du père dans la parabole, et toutes les paroles qui sont mises
dans la bouche du père sont celles qu'il adresse lui-même aux hommes pieux.
La parabole ne raconte pas une quelconque histoire lointaine, elle traite de
ce qui advient par lui ici et maintenant. Il veut gagner le cœur de ses
adversaires. Il les invite à entrer dans sa maison et à partager la joie de
tous en cette heure du retour au bercail et de la réconciliation. Paul
reprend cette invitation et cette demande quand il écrit : «
Au nom du
Christ, nous vous le demandons, laissez-vous réconcilier avec Dieu »
(2 Co
5, 20).
Mais à qui s'adresse-t-il à présent ?
Ainsi, la parabole s'inscrit de manière très réaliste dans le contexte
historique dans lequel le Christ l'a prononcée, mais en même temps, elle
transcende le moment historique, car Dieu continue de nous lancer des appels
afin de nous gagner à lui. Mais à qui s'adresse-t-il à présent ? En règle
générale, les Pères ont rapporté le thème des deux
frères aux relations entre Juifs et païens. Il ne leur a pas été difficile
de reconnaître, dans le fils dépravé qui s'est éloigné de Dieu et de
lui-même, le monde païen auquel Jésus a ouvert la porte qui mène à la
communion avec Dieu dans la grâce et pour lequel il donne alors la fête de
son amour. Et il n'était pas difficile non plus de voir dans le frère resté
à la maison le peuple d'Israël, qui disait à juste titre : « II y a tant
d'années que je suis à ton service sans jamais avoir transgressé un seul de
tes commandements. » C'est dans la fidélité à la Torah que se révèle la
fidélité d'Israël, ainsi que son image de Dieu.
L'interprétation qui renvoie aux Juifs n'est pas infondée tant qu'on la
prend telle qu'elle est apparue dans le texte : une délicate tentative de
Dieu de persuader Israël, tentative qui se trouve totalement entre les mains
de Dieu. Remarquons bien que, dans la parabole, le père ne remet pas en
question la fidélité du fils aîné, et aussi qu'il le confirme de manière
expresse dans son statut de fils : toi, mon enfant, tu es toujours avec moi,
et tout ce qui est à moi est à toi. Mais cette même interprétation devient
erronée dès lors qu'on en fait une condamnation des Juifs, dont il n'est
nullement question dans le texte.
Si l'on peut appliquer la parabole des deux frères à Israël et aux païens
comme étant une dimension implicite du texte, il n'en reste pas moins que
d'autres dimensions sont présentes. Dans la bouche de Jésus, le discours du
frère aîné ne vise pas simplement Israël (les pécheurs qui venaient à lui
étaient eux aussi des Juifs), mais il vise la menace spécifique qui pèse sur
les hommes pieux, sur ceux qui sont « en règle » avec Dieu, selon
l'expression de Grelot (p. 229). Grelot met en évidence la petite phrase : «
Jamais je n'ai transgressé un seul de tes commandements. » Pour les
pieux, Dieu est avant tout la Loi ; ils se conçoivent dans une relation
juridique à Dieu, et sur ce point ils sont à son égal. Mais Dieu est plus
grand ; il leur faut se convertir et passer du Dieu-Loi au Dieu plus grand,
le Dieu d'amour. Cela ne signifie pas qu'ils renoncent à l'obéissance, mais
cette obéissance procédera d'une source plus profonde et elle gagnera donc
en grandeur, en ouverture et en pureté, et surtout, elle gagnera en
humilité.
En complément, revenons à une perspective déjà abordée. L'amertume ressentie
par les hommes de bien à l'égard de Dieu révèle que l'obéissance dont ils
font preuve suscite une amertume intérieure qui fait apparaître les limites
de cette obéissance : dans leur for intérieur, ils auraient aimé, eux aussi,
partir au loin, vers la grande liberté. Ils sont secrètement envieux de ce
que l'autre a pu se permettre. Ils n'ont pas parcouru tout ce chemin qui a
permis au plus jeune de se purifier et de comprendre ce que signifie la
liberté, ce que signifie être fils. En réalité, ils portent leur liberté
comme une servitude, sans être parvenus à la maturité de la véritable
condition de fils. Eux aussi ont encore besoin de faire du chemin.
Ce
chemin, ils peuvent le trouver s'ils donnent tout simplement raison à Dieu,
s'ils acceptent que sa fête soit aussi la leur. Par cette parabole, le Père
nous parle à travers le Christ, à nous qui sommes restés au bercail, afin
que, nous aussi, nous nous convertissions vraiment et que nous nous
réjouissions de notre foi.
à suivre ...
6) La parabole du riche
et du pauvre Lazare
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"Jésus de Nazareth"
« SUB TUUM PRAESIDIUM » Prière à la divine Miséricorde
J'ai recours à votre Miséricorde, Dieu
clément, qui seul êtes bon (Mat. 19,
17). Malgré ma grande misère et mes
innombrables fautes, j'ai confiance en votre Miséricorde, parce que Vous
êtes « le Père des miséricordes et le Dieu de toute consolation » (2 Cor. 1,
3). On n'a jamais entendu dire, et ni le Ciel ni la terre ne s'en
souviennent, qu'une âme confiante en votre Miséricorde ait été abandonnée.
O Dieu de pitié, Vous seul pouvez me justifier; Vous ne me rejetterez pas,
chaque fois que je me rendrai, contrit, à votre Cœur Miséricordieux où nul
n'a connu de refus, si grand pécheur fût-il. 0 doux Sauveur, puisque
Vous-même avez promis que le Ciel et la terre retourneraient dans le néant
plutôt qu'une âme confiante ne dût éprouver votre Miséricorde, faites
qu'aucune âme qui s'approche de vous ne parte sans avoir obtenu pardon,
consolation et nouvelles grâces en abondance. Amen.
(Journal,
cah. VI, p. 39; 54.)
Sources: www.vatican.va
-
E.S.M.
Ce document est destiné à l'information; il ne constitue pas
un document officiel
Eucharistie, sacrement de la miséricorde -
(E.S.M.) 29.12.2007 - BENOÎT XVI
- T/J.N. - T/Miséricorde |