Le Pape Benoît XVI rappelle que la
foi est la clé de la vie éternelle |
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Le 27 octobre 2008 -
(E.S.M.)
- Le bienheureux Pierre To Rot a été choisi
pour figurer parmi les patrons des
JMJ de 2008 à Sydney, en Australie.
Lors de sa béatification, en 1995, le Pape Jean-Paul II s'adressait
ainsi aux jeunes : "Le bienheureux Pierre est un modèle pour vous
aussi. Il vous enseigne à ne pas vous préoccuper seulement de
vous-mêmes, mais à vous mettre généreusement au service des autres..."
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Le
bienheureux Pierre To Rot
Le Pape Benoît XVI rappelle que la foi est la clé de la vie éternelle
Le 27 octobre 2008 - Eucharistie
Sacrement de la Miséricorde
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S'il n'y a plus de prêtre, c'est le catéchiste qui sera le bon pasteur des
brebis de JÉSUS-CHRIST ! » disait, en 1942, le bienheureux Pierre To Rot,
catéchiste, lors de l'arrestation d'un missionnaire ; lui-même devait mourir
martyr : en 1945, à l'âge de 29 ans, pour avoir refusé la polygamie ; le Pape
Jean-Paul II l'a béatifié le 16 janvier 1995.
Pierre To Rot est né en 1916 à Rakunai dans l'actuelle
Papouasie-Nouvelle-Guinée (Océanie). île plus grande que la France, la
Nouvelle-Guinée est entourée de nombreux archipels ; plus de mille tribus
parlant sept cents dialectes différents y habitent. Cette région a été
évangélisée par des missionnaires français et allemands à partir de 1890 ;
le père de Pierre To Rot, To Puia, est le chef d'un village ; catholique
très estimé, il enseigne lui-même à son fils les éléments fondamentaux du
catéchisme, tandis que sa mère lui apprend à prier. L'école du village est
tenue par les missionnaires ; l'enfant s'y montre travailleur, et rempli
d'intérêt pour la religion. Il est connu pour sa promptitude à rendre
service ; très agile à grimper sur les cocotiers, il va volontiers faire la
cueillette des noix de coco pour le compte des villageois âgés. Cette
gentillesse étonne de la part d'un fils de chef, qui pourrait réclamer qu'on
le serve. Mais la parole de Notre-Seigneur : II y a plus de joie à donner
qu'à recevoir
( Ac 20, 35 ), a frappé son cœur.
À l'école, le jeune Papou se montre espiègle, mais sa
franchise
(vertu rare chez les Tolai, ethnie à laquelle il appartient) est
totale. En 1930, le Père Laufer, qui a en charge la paroisse de Rakunai,
demande au père de l'enfant s'il ne pourrait pas le faire étudier en vue du
sacerdoce. L'élévation d'un Papou à la prêtrise était alors rarissime. À
cette proposition flatteuse, To Puia répond avec sagesse : « Je pense que
les temps ne sont pas mûrs pour que l'un de mes fils, ou un autre homme
d'ici devienne prêtre. Mais si tu veux l'envoyer à l'école de catéchistes de Taliligap, je suis d'accord
». L'adolescent part donc pour cette école où
des jeunes gens choisis étudient en vue de seconder les missionnaires, peu
nombreux dans cet immense champ d'apostolat. Actif et optimiste, Pierre se
rend avec un égal entrain aux Offices religieux, aux cours ou aux travaux
manuels
( l'école doit en grande partie sa subsistance au travail agricole
des élèves). Il stimule ses camarades souvent portés à l'indolence sous le
brûlant climat équatorial. La communion quotidienne, la confession
fréquente, la récitation du chapelet sont sa force contre les tentations.
Peu à peu, il corrige son tempérament facétieux dont sont victimes ses professeurs. Mais il demeure un joyeux
compagnon, n'ayant pas son pareil pour désarmer les querelleurs par ses
plaisanteries.
En 1934, ayant donné toute satisfaction, Pierre To Rot
reçoit de son évêque la croix de catéchiste, puis est renvoyé dans son
village natal pour aider le Père Laufer. Il exerce sur les chrétiens une
surveillance discrète, encourage les tièdes à participer à la Messe du
dimanche, prépare les pécheurs à une sérieuse confession, ramène les brebis
égarées à la bergerie du Bon Pasteur. Il aime avant tout faire la
connaissance des gens. Son zèle le porte à combattre les pratiques de
sorcellerie encore vivaces, même chez les Chrétiens.
Des témoins directs
« Chers catéchistes, disait le Pape Jean-Paul II lors de
la béatification de Pierre To Rot, soyez des témoins directs, des
évangélisateurs irremplaçables, la force et le fondement des communautés
chrétiennes. Dès le début, l'œuvre des catéchistes laïcs en
Papouasie-Nouvelle-Guinée a apporté une contribution singulière et
irremplaçable à la propagation de la foi et de l'Église. Au nom de toute
l'Église, je vous remercie pour l'œuvre sainte que vous accomplissez ».
Pour guider la catéchèse actuelle, le Pape Jean-Paul II a
publié, en 1992, le Catéchisme de l'Église Catholique (CEC).
Celui-ci
était adressé en tout premier lieu à l'épiscopat « comme texte de référence
sûr et authentique pour l'enseignement de la doctrine catholique, et en
particulier pour l'élaboration des catéchismes locaux ». En 2005, Benoît XVI
a fait paraître un résumé de ce Catéchisme : «
Le
Compendium
que je présente aujourd'hui à l'Église universelle est une synthèse fidèle
et sûre du Catéchisme de l'Église Catholique. Il contient, de façon
concise, tous les éléments essentiels et fondamentaux de la foi de l'Église,
de manière à constituer, comme le souhaitait mon Prédécesseur, une sorte de
"vade-mecum" »
(Benoît XVI, 28 juin 2005).
[Le " vade-mecum " est un livre
qu'on porte ordinairement et commodément sur soi, destiné à rappeler en peu
de mots les notions principales d'une science ou d'un art.]
La catéchèse est d'abord une éducation de la foi. Que signifie
concrètement, pour l'homme, de croire en Dieu ? « Cela signifie, répond le Compendium, adhérer à Dieu Lui-même, en se confiant à Lui et en
donnant son assentiment à toutes les vérités qu'il a révélées » ( n. 27 ). «
Le Concile Vatican II déclare qu' "à Dieu qui révèle il faut apporter
l'obéissance de la foi" (
Dei Verbum, n. 5 ). Par cette affirmation
brève mais dense, est exprimée une vérité fondamentale du christianisme »
(Jean-Paul II, Encyclique
Fides et ratio, 14 septembre 1998, n. 13).
« Soutenu par la grâce divine, l'homme répond à Dieu par l'obéissance de la
foi, qui consiste à se confier pleinement à Dieu et à accueillir sa vérité,
en tant qu'elle est garantie par Dieu, qui est la Vérité elle-même »
(
Compendium, n. 25 ).
Une clé précieuse
Dans l'encyclique
Spe Salvi, du 30 novembre 2007, le Pape Benoît
XVI rappelle que la foi est la clé de la vie éternelle. Il évoque à ce sujet
le rituel du Baptême : « Je voudrais partir de la forme classique du
dialogue par lequel le rite du Baptême exprimait l'accueil du nouveau-né
dans la communauté des croyants et sa renaissance dans le Christ. Le prêtre
demandait d'abord quel nom les parents avaient choisi pour l'enfant, et il
poursuivait ensuite par la question : " Que demandez-vous à l'Église ? "
Réponse : " La foi. - Et que donne la foi ? - La vie éternelle". Dans le
dialogue, les parents cherchaient pour leur enfant l'accès à la foi, la
communion avec les croyants, parce qu'ils voyaient dans la foi la clé de "
la vie éternelle ". En fait, aujourd'hui comme hier, c'est de cela qu'il
s'agit dans le Baptême, quand on devient Chrétien : non pas seulement d'un
acte de socialisation dans la communauté, non pas simplement d'un accueil
dans l'Église » ( n. 10 ).
Clé de la vie éternelle, la foi est «
nécessaire pour être sauvé »
(Compendium, n. 28). Mais lorsqu'elle est authentique, la foi guide la
manière de vivre. Au jeune homme qui L'interroge sur la vie éternelle, JÉSUS
répond : Si tu veux entrer dans la vie, observe les commandements,
puis II ajoute : Viens et suis-moi
(Mt 19, 16-21 ). «
Suivre JÉSUS
implique d'observer les commandements. La Loi n'est pas abolie ; mais
l'homme est invité à la retrouver dans la personne du Divin Maître, qui la
réalise parfaitement en lui-même, en révèle la pleine signification et en
atteste la pérennité » (Compendium, n. 434). C'est grâce aux
sacrements qu'il devient possible de vivre selon la foi : « Ce que professe
le Symbole de la foi, les sacrements le communiquent. Par eux, en effet, les
fidèles reçoivent la grâce du Christ et les dons de l'Esprit-Saint, qui les
rendent capables de vivre la vie nouvelle de fils de Dieu dans le Christ
accueilli avec la foi » (Compendium, n. 357).
En 1942, le Japon, en guerre contre les puissances occidentales, envahit
la Nouvelle-Guinée ; les Japonais, à peine débarqués à Rabaul, emprisonnent
prêtres, religieux et religieuses. Le Père Laufer est bientôt arrêté ;
Pierre To Rot s'efforce dès lors de suppléer autant que possible à l'absence
du prêtre, baptise les nouveaux-nés, assiste avec des témoins aux mariages,
préside les enterrements. Chaque dimanche, il dirige à l'église une réunion
de prière où il exhorte les fidèles à la persévérance. Pour qu'ils puissent
recevoir les sacrements, il les conduit, en secret, auprès d'un missionnaire
qui a évité l'arrestation et vit dans la forêt. Bientôt, les soldats
japonais se livrent au pillage et à la destruction des églises, et To Rot
doit construire dans la brousse une chapelle de bois ainsi que des cachettes
souterraines pour le mobilier et les vases sacrés. À cause des nombreux
espions, il effectue habituellement de nuit ses visites aux Chrétiens. Il va
souvent à Vunapopé, ville éloignée où un prêtre lui donne le
Saint-Sacrement, qu'il peut alors distribuer aux mourants et aux malades, en
vertu d'une permission spéciale de l'évêque.
Pour le Règne de
Dieu
Pierre a toujours conçu un grand respect pour la sainteté du mariage.
Marié depuis 1936 avec Paula la Varpit, jeune fille d'un village voisin, il
est un modèle pour les autres foyers, et sauve beaucoup de ménages menacés
par les querelles ou l'inconduite d'un des conjoints. Les Japonais
encouragent le retour à la polygamie, pratiquée dans le pays avant
l'évangélisation. Ils espèrent, par cette mesure, éloigner la population de
l'influence "occidentale". Par entraînement sensuel ou par crainte des
représailles, beaucoup d'hommes prennent une seconde femme. Devant ce
scandale, Pierre To Rot ne peut se taire : sa foi et ses responsabilités de
catéchiste lui imposent de parler, quelles qu'en puissent être les
conséquences : « Je n'en dirai jamais trop aux Chrétiens sur la dignité et
la haute signification du sacrement du Mariage », déclare-t-il. À son épouse
qui craint que cette détermination n'attire le malheur sur son foyer, To Rot
répond : « Si je dois mourir, cela est bon, car je mourrai pour le Règne de
Dieu sur notre peuple ».
L'enseignement de Pierre sur le Mariage est celui de l'Église, rappelé de
nos jours par le Compendium : « Dieu, qui est amour et qui a créé
l'homme par amour, l'a appelé à aimer. En créant l'homme et la femme, il les
a appelés, dans le Mariage, à une intime communion de vie et d'amour entre
eux, à cause de cela, ils ne
sont plus deux, mais un seul
(Mt 19, 6)
»
(n. 337). L'unité que forment
les époux est exclusive durant leur vie : « Le sacrement de Mariage crée
entre les époux un lien perpétuel et exclusif. Dieu lui-même ratifie le
consentement des époux. Ainsi, le mariage conclu et consommé entre baptisés
ne peut jamais être dissous » (n. 346). C'est pourquoi, « selon le plan
originel de Dieu, l'union matrimoniale est indissoluble, comme JÉSUS-CHRIST Ta affirmé : Ce que
Dieu a uni, que l'homme ne le sépare
pas
( Mc 10, 9 )
» ( n. 338 ). De plus, JÉSUS-CHRIST « donne la grâce
pour vivre le Mariage dans sa dignité nouvelle de sacrement, qui est le
signe de Son amour sponsal pour l'Église : Vous, les hommes, aimez votre
femme à l'exemple du
Christ : il a aimé l'Église
(
Ep 5, 25 ) » ( n. 341 ).
« Sans lui... »
To Metepa, un catholique, policier au service des Japonais, convoite,
bien qu'il soit déjà marié, la Mentil, la femme d'un protestant. Le père de
cette femme, ainsi que To Rot, l'empêchent de la prendre. Furieux, le
policier dénonce To Rot à son supérieur Kueka, qui convoque le catéchiste et
lui interdit toute activité pastorale. To Metepa, aidé par un autre
polygame, s'empare de la Mentil et moleste son mari, l'attachant finalement
à un arbre où il reste deux jours. Mais le chef du village, bon chrétien,
appelle To Rot et ils réussissent à mettre la Mentil en sécurité à Rakunai.
De nombreux catholiques sont sur le point de céder à la tentation de la
polygamie, mais Pierre, par ses vigoureuses exhortations, les remet sur le
droit chemin. L'un d'eux témoignera plus tard : « Sans lui, j'aurais pris
une seconde femme. To Rot était un saint, préoccupé uniquement du salut des
âmes. Il n'avait aucune crainte des riches et des puissants ». « Par leur
vie conforme au Seigneur JÉSUS, affirme le Compendium, les Chrétiens
attirent les hommes à la foi au vrai Dieu ; ils édifient l'Église ; ils
pénètrent le monde de l'esprit de l'Évangile et préparent la venue du
Royaume de Dieu » ( n. 433 ). Le propre frère de Pierre, Tatamai, a quitté
sa femme pour en "épouser" une autre. Refusant d'écouter les reproches de
To Rot, il le dénonce aux Japonais. Peu après cependant, touché de repentir,
il vient lui demander pardon. Après la guerre, il reconstruira de ses
propres deniers l'église de Rakunai, en signe de pénitence pour sa trahison.
Personne ne parvient à dissuader le catéchiste de poursuivre son
apostolat. Aussi reçoit-il des menaces de plus en plus directes de la part
de certains Japonais qui haïssent le christianisme, jugé responsable de
l'échec militaire du Japon. Interrogé par la police japonaise sur ses
sentiments vis-à-vis de l'occupant, To Rot répond : « L'Église catholique
désire la paix ; mais ce n'est pas sa faute, si vous n'êtes pas victorieux.
- Silence ! crie le policier, nous interdisons tous les rassemblements
religieux. - JÉSUS, répond calmement Pierre, a enseigné à ses disciples
qu'il valait mieux obéir
à Dieu qu'aux hommes
(Ac 5, 29) ». Et il continue à rassembler les
Catholiques chaque dimanche. Il est dès lors espionné par des traîtres
cherchant à le prendre en flagrant délit de prière. Un jour qu'il assiste,
au nom de l'Église, à deux mariages, l'étourderie d'un des couples le fait
dénoncer. La maison du catéchiste est d'abord fouillée. Les policiers y
découvrent plusieurs objets du culte et vont arrêter Pierre qui est en train de planter des légumes pour le
compte de soldats japonais. Celui-ci racontera plus tard son interrogatoire
au quartier général de Vunaiara : « Le chef de la police, Meshida, me
demanda : " As-tu tenu hier une réunion de prière ? — Oui ". Il m'a alors
frappé violemment au visage et à la nuque. " Est-il vrai que tu es contre la
bigamie
(mariage d'un homme avec deux femmes) ?" Quand j'ai répondu " oui ",
j'ai été emprisonné. C'était, pour Meshida, ma principale faute ».
Pierre sait que la polygamie est opposée à la communion des époux dans le
mariage. « La polygamie nie de façon directe le dessein de Dieu tel qu'il
nous a été révélé au commencement, elle est contraire à l'égale dignité
personnelle de la femme et de l'homme, lesquels dans le mariage se donnent
dans un amour total qui, de ce fait même, est unique et exclusif »
(Jean-Paul
II, Exhortation apostolique
Familiaris Consortio du 22 novembre
1981, n. 19). « Quand les autorités légalisèrent et encouragèrent la
polygamie, disait le Pape Jean-Paul II, le bienheureux Pierre, sachant que
cela allait contre les principes chrétiens, dénonça fermement cette
pratique. Grâce à l'Esprit de Dieu qui demeurait en lui, il proclama
courageusement la vérité sur la sainteté du mariage. Il refusa de prendre "
le chemin plus facile " ( cf. Mt 7, 13 ) du compromis moral. " Je dois
accomplir mon devoir comme témoin dans l'Église de JÉSUS-CHRIST "y
expliqua-t-il. La crainte de la souffrance et de la mort ne l'arrêta pas ».
La vraie joie
« Je le sais, confie Pierre à sa mère, ils me tueront. Mais ne vous faites
pas de souci ; je suis prêt à offrir ma vie pour JÉSUS-CHRIST ». « Oui,
affirmait le Pape Jean-Paul II, la sagesse de l'Évangile nous dit que la vie
éternelle s'acquiert par la mort, et la vraie joie par la souffrance. Pour
le comprendre, nous devons juger selon les critères divins, et non pas selon
les critères humains !... Aux yeux de Dieu, ceux qui ont été persécutés à
cause de leur fidélité à l'Évangile sont réellement bienheureux, car
grande sera leur récompense
dans les cieux
(Mt 5, 12)... Dans le plan salvifique de Dieu, la
souffrance, plus que toute autre chose, rend présentes dans l'histoire de
l'humanité les forces de la Rédemption. C'est parce que le Seigneur JÉSUS a
sauvé son peuple en l'aimant jusqu 'au bout
(Jn 13, 1 ),
jusqu'à
la mon, et la mort sur la Croix
(Ph 2, 8), qu'il continue à appeler
chacun de ses disciples à souffrir pour le Royaume de Dieu. Quand elle est
unie à la Passion rédemptrice du Christ, la souffrance humaine devient un
instrument de maturité spirituelle et une magnifique école d'amour
évangélique »
( Homélie de béatification ).
Emprisonné dans une minuscule cellule sans fenêtre, Pierre n'en sort que
pour s'occuper des porcs. Sa mère et son épouse lui apportent sa nourriture. Un jour, en présence de leurs
deux enfants, sa femme supplie Pierre de dire aux Japonais qu'il renonce à
son métier de catéchiste et veut vivre désormais comme un homme ordinaire
dans son village. Elle pense ainsi pouvoir le faire libérer, moyennant
l'intervention des notables du village. To Rot lui répond gravement : « Ce
n'est pas ton affaire. Il faut, ajoute-t-il en faisant le signe de la Croix,
que je glorifie le Nom de Dieu, Père, Fils et Saint-Esprit, et qu'ainsi
j'aide mon peuple ». Et il demande à sa femme de lui apporter sa croix de
catéchiste, qui l'accompagnera jusqu'au bout. Le même jour - c'est en juin
1945 -, il confie à sa mère : « Les policiers m'ont dit que, ce soir, un
médecin japonais viendra me donner un médicament. Cela m'étonne, je ne suis
pas malade ! Rentre vite à la maison et prie pour moi ». Le lendemain, un
policier arrive à Rakunai et annonce : « Votre catéchiste est mort ».
Dominant son émotion, le chef du village demande : « Que lui avez-vous fait
? Il était pourtant en bonne santé. - II est tombé malade et il est mort ».
La fécondité d'une mort
Bientôt, Tarua, l'oncle de To Rot, est envoyé à la prison, accompagné du
commandant Meshida, pour reconnaître et emporter le corps. Le martyr gît,
recroquevillé, le corps encore chaud, le visage vers le ciel. Il a du coton,
par endroits rougi de sang, dans le nez, les yeux et les oreilles. Un
foulard rouge enserre son cou, sa nuque est enflée et porte des plaies. La
trace d'une piqûre au bras droit est bien visible. On lui a injecté du
manioc
(produit contenant du cyanure), à en juger par l'odeur ambiante.
Voyant que le poison tardait à faire son œuvre, les soldats ont étranglé
leur victime et l'ont frappée à la nuque avec une poutre. Pierre To Rot est
enterré dans le cimetière de Rakunai, où sa tombe devient un lieu de
pèlerinage. Loin de décourager et d'intimider les Chrétiens, la mort de To
Rot fut pour tous un puissant stimulant. Le village de Rakunai, depuis 1945, n'a pas donné à l'Église
moins de douze prêtres et religieuses. Cette fécondité spirituelle a été
soulignée par le Pape Jean-Paul II : « Dans les périodes de persécution, la
foi des personnes et des communautés est éprouvée par le feu
(1 P 1,7).
Mais le Christ nous dit qu'il n'y a aucune raison d'avoir peur. Ceux qui
sont persécutés pour leur foi seront plus éloquents que jamais : Car ce n
'est pas vous qui parlerez, c'est l'Esprit de votre Père
qui parlera en vous
(Mt 10, 20). Il en a été ainsi pour le bienheureux
Pierre To Rot... Il fut lui aussi conduit comme un agneau à la boucherie
(Is 53, 1). Et pourtant, ce petit grain de blé qui est tombé silencieusement en
terre
(cf. Jn-i2, 24) a produit une moisson de bénédictions pour l'Église de
Papouasie-Nouvelle-Guinée ! »
Le bienheureux
Pierre To Rot a été choisi pour figurer parmi les patrons des
JMJ de 2008 à Sydney, en Australie. Lors de sa béatification, en 1995,
le Pape Jean-Paul II s'adressait ainsi aux jeunes : « Le bienheureux Pierre
est un modèle pour vous aussi. Il vous enseigne à ne pas vous préoccuper
seulement de vous-mêmes, mais à vous mettre généreusement au service des
autres... N'ayez pas peur de vous engager dans la tâche de faire connaître
et aimer le Christ ». « L'exemple du bienheureux martyr Pierre To Rot parle
aux couples mariés, affirmait aussi le Pape. Il avait une très haute estime
du mariage ; malgré les grands risques qu'il encourait et l'opposition
ambiante, il défendit la position de l'Église concernant l'unité du mariage
et la nécessité de la fidélité réciproque. Il manifesta un très grand
respect à sa femme Paula ; il priait avec elle chaque matin et chaque soir.
Il nourrissait une très grande affection pour ses enfants et passait avec
eux le plus de temps possible. Si les familles sont bonnes, vos contrées
resteront pacifiques et bonnes. Restez fidèles aux traditions qui défendent
et renforcent la vie familiale ».
L'exemple du bienheureux
catéchiste Pierre To Rot nous encourage à approfondir notre foi et à vivre
en parfaite cohérence avec elle, conformément aux demandes du Pape Benoît
XVI aux Chrétiens,
le 18 mai 2008
(Homélie du pape) :
« Ayez soin de la formation spirituelle et catéchétique, une formation
substantielle, plus que jamais nécessaire pour bien vivre la vocation
chrétienne dans le monde d'aujourd'hui. Je le dis aux adultes et aux jeunes
: cultivez une foi pensée, capable de dialoguer en profondeur avec tous,
avec nos frères non catholiques, avec les non-chrétiens et les non-croyants
».
Dom Antoine Marie o.s.b.
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Sources : Lettre de l'Abbaye Saint-Joseph de
Clairval
-
(E.S.M.)
Ce document est destiné à l'information; il ne constitue pas
un document officiel
Eucharistie sacrement de la miséricorde -
(E.S.M. sur Google actualité)
27.10.2008 -
T/Laïcs
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