Ex Corde Ecclesiae, Jean-Paul II |
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Le 27 octobre 2007 -
(E.S.M.) - Un aimable lecteur nous a fait
parvenir un document du pape Jean-Paul II. Cette Constitution
apostolique sur les Universités est pratiquement introuvable en français
malgré le côté prophétique du message. Nous le publions en deux fois.
Première partie :
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Jean-Paul II
et les Universités
Ex Corde Ecclesiae - Jean-Paul II
Constitution Apostolique du Saint-Père
Jean-Paul II sur les Universités
INTRODUCTION
1. NÉE DU CŒUR de l'Église, l'Université catholique
s'insère dans le sillage de la tradition qui remonte à l'origine même de
l'Université en tant qu'institution, et qui s'est toujours révélée comme un
centre incomparable de créativité et de rayonnement du savoir pour le bien
de l'humanité. De par sa vocation, l'Universitas magistrorum et
scholarium se consacre à la recherche, à l'enseignement et à la
formation des étudiants, librement réunis autour de leurs maîtres dans le
même amour du savoir.(1) Elle partage avec toutes les autres Universités ce
gaudium de veritate, si cher à Saint Augustin, c'est-à-dire
la joie de rechercher la vérité, de la découvrir et de
la communiquer (2) dans tous les domaines de la connaissance. Sa
tâche privilégiée est d'"unifier existentiellement, dans le travail
intellectuel, deux ordres de réalités qu'on a trop souvent tendance à
opposer comme si elles étaient antithétiques, la
recherche de la vérité et la certitude de connaître déjà la source de la
vérité". (3) (JEAN-PAUL II,
Discours à l'Institut Catholique de Paris)
2. Pendant de longues années, j'ai fait moi-même
l'expérience bénéfique, qui m'a intérieurement enrichi, de ce qu'est
précisément la vie universitaire: l'ardente recherche de la vérité et sa
transmission désintéressée aux jeunes et à tous ceux qui apprennent à
raisonner avec rigueur, pour agir avec rectitude et mieux servir la
société humaine.
Je désire donc partager avec tous ma profonde estime envers l'Université
catholique et exprimer une vive satisfaction pour l'effort qui est accompli
en son sein dans les divers domaines de la connaissance. En particulier, je
désire manifester ma joie pour les multiples rencontres que le Seigneur m'a
permis d'avoir, au cours de voyages apostoliques, avec les communautés
universitaires catholiques des différents continents. Elles représentent
pour moi le signe vivant et prometteur de la fécondité de l'intelligence
chrétienne au cœur de chaque culture. Elles me procurent l'espérance fondée
d'un nouvel épanouissement de la culture chrétienne dans le contexte riche
et varié de notre époque en mutation, qui se trouve certes confrontée à de
graves défis, mais qui est également porteuse de nombreuses promesses sous
l'action de l'Esprit de vérité et d'amour.
Je désire ensuite exprimer satisfaction et gratitude aux très nombreux
professeurs catholiques engagés dans les Universités non catholiques. Leur
tâche d'académiciens et de scientifiques, vécue dans l'optique de la foi
chrétienne, doit être considérée comme très précieuse pour le bien des
Universités où ils enseignent. Leur présence, en effet, est un stimulant
permanent pour la recherche désintéressée de la vérité et de la sagesse qui
vient d'en Haut.
3. Dès le début de mon Pontificat, je me suis efforcé
de faire partager cette idée et ce sentiment à mes collaborateurs les plus
étroits, qui sont les Cardinaux, à la Congrégation pour l'Éducation
Catholique, ainsi qu'aux femmes et aux hommes de culture du monde entier. En
effet, le dialogue de l'Eglise avec les cultures de notre temps est ce
domaine vital " dont l'enjeu est le destin de l'Église et du monde en cette
fin du XXe siècle ". (4 -
JEAN-PAUL II,
Discours aux Cardinaux, 10 novembre 1979)
Il n'existe qu'une culture: celle de l'homme, à
partir de l'homme et pour l'homme. (5
Cf. JEAN-PAUL II, Discours à l'Université de Coimbra, 15 mai 1982)
Et l'Église, experte en humanité, selon le jugement formulé par mon
prédécesseur Paul VI à l'ONU,(6) explore, grâce à ses Universités
catholiques et à leur patrimoine humaniste et scientifique, les mystères de
l'homme et du monde, les éclairant à la lumière que lui procure la
Révélation.
4. L'Université catholique a l'honneur et la responsabilité de se consacrer
sans réserve à la cause de la vérité. C'est sa manière à elle de servir à la
fois la dignité de l'homme et la cause de l'Église, qui possède " l'intime
conviction que la vérité est sa véritable alliée et
que la connaissance et la raison sont de fidèles dispensatrices de la foi
".(7) Sans négliger en rien l'acquisition de connaissances utiles,
l'Université catholique se caractérise par sa libre recherche de toute la
vérité relative à la nature, à l'homme et à Dieu. Notre époque, en effet, a
un urgent besoin de cette forme de service désintéressé qui consiste à
proclamer le sens de la vérité, valeur fondamentale sans laquelle la
liberté, la justice et la dignité de l'homme sont étouffées. Par une sorte
d'humanisme universel, l'Université catholique se consacre entièrement à la
recherche de tous les aspects de la vérité dans leur lien essentiel avec la
Vérité suprême qui est Dieu. Elle
s'engage par conséquent, sans crainte et plutôt avec enthousiasme, sur
toutes les routes du savoir, avec la conscience d'être précédée par Celui
qui est " le Chemin, la Vérité et la Vie ",(8) le Logos, dont
l'Esprit d'intelligence et d'amour permet à la personne humaine de trouver,
par son intelligence, la réalité dernière qui en est la source et le terme,
seul capable de donner en plénitude cette Sagesse
sans laquelle l'avenir du monde serait en danger.
5. C'est dans le contexte de la recherche désintéressée de la vérité que le
rapport entre foi et raison devient lumineux et prend tout son sens. "
Intellege ut credas; crede ut intellegas ": cette invitation de Saint
Augustin(9) vaut également pour les Universités catholiques, appelées à
explorer avec audace les richesses de la Révélation et celles de la nature,
afin que l'effort conjoint de l'intelligence et de la foi permette aux
hommes d'atteindre la pleine mesure de leur humanité, créée à l'image et à
la ressemblance de Dieu, renouvelée d'une manière plus admirable encore,
après le péché, dans le Christ et appelée à resplendir dans la lumière de
l'Esprit.
6. L'Université catholique, par la rencontre qu'elle
établit entre l'insondable richesse du message salvifique de l'Évangile et
la pluralité et l'immensité des domaines du savoir où elle l'incarne,
permet à l'Église d'instituer un dialogue de fécondité
incomparable avec tous les hommes, de quelque culture qu'ils soient.
L'homme, en effet, vit d'une vie digne grâce à la
culture et, s'il trouve sa plénitude dans le Christ, il ne fait aucun doute
que l'Évangile, en l'atteignant et en le renouvelant dans toutes ses
dimensions, est aussi un facteur fécond pour la culture dont vit l'homme
lui-même.
7. Dans le monde d'aujourd'hui, caractérisé par une évolution si rapide dans
les secteurs de la science et de la technologie, les tâches de l'Université
catholique revêtent une importance et une urgence toujours plus grandes. De
fait, si les découvertes scientifiques et technologiques comportent d'une
part une énorme croissance économique et industrielle, elles imposent
inévitablement d'autre part une recherche nécessaire, relative à leur
signification, afin de garantir que ces nouvelles découvertes soient
utilisées pour le bien authentique des individus et de la société humaine
dans son ensemble. Si toute Université a la responsabilité de rechercher
cette signification, l'Université catholique est appelée de façon spéciale à
répondre à cette exigence: son inspiration chrétienne lui permet d'inclure
dans sa recherche la dimension morale, spirituelle et religieuse et
d'évaluer les conquêtes de la science et de la technique dans la perspective
de la totalité de la personne humaine.
Dans ce contexte, les Universités catholiques sont appelées à un
renouvellement continuel, autant parce qu'elles sont universités que parce
qu'elles sont catholiques. En effet, " le sens de la recherche scientifique
et de la technologie, de la coexistence sociale, de la culture, et encore
plus profondément, le sens même de l'homme est en jeu ". (10
Cf. JEAN-PAUL II, Allocution au Congrès International sur les Universités
catholiques) Ce renouvellement exige d'avoir clairement
conscience que son caractère catholique rend l'Université plus capable de
s'adonner à la recherche désintéressée de la vérité — recherche qui n'est
donc pas subordonnée, ni conditionnée par des intérêts particuliers de
quelque genre que ce soit.
8. Après avoir consacré aux Universités et Facultés ecclésiastiques la
Constitution Apostolique Sapientia Christiana (JEAN-PAUL
II, Constitution Apostolique Sapientia Christiana relative aux Universités
et aux Facultés ecclésiastiques, 15 avril 1979 -
Italien) il m'a semblé nécessaire de proposer aux Universités
catholiques un texte de référence similaire qui soit pour eux comme la "
magna charta ", enrichie de l'expérience si longue et si féconde de
l'Église dans le secteur universitaire, et ouverte aux réalisations
prometteuses de l'avenir, qui requiert une fidélité courageuse, créatrice et
rigoureuse.
9. Le présent Document, s'adresse spécialement aux
dirigeants des Universités catholiques, aux Communautés académiques
respectives, à tous ceux qui s'intéressent à elles, en particulier aux
Évêques, aux Congrégations religieuses et aux Institutions ecclésiales, aux
nombreux laïcs engagés dans la grande mission de l'instruction supérieure.
Son but est de faire en sorte que soit réalisée " une
présence publique, durable et universelle, de la pensée chrétienne dans tout
l'effort intellectuel vers la plus haute culture; et les étudiants de ces
instituts seront formés à devenir des hommes éminents par leur science,
prêts à assumer les plus lourdes tâches dans la société, en même temps que
témoins de la foi dans le monde ". (12,
Gravissimum educationis, n. 10)
10. En plus des Universités catholiques, je m'adresse également aux
nombreuses Institutions catholiques d'études supérieures. Selon leur nature
et leurs objectifs propres, elles ont en commun plusieurs ou toutes les
caractéristiques d'une Université et offrent leur propre contribution à
l'Église et à la société, soit par la recherche, soit par l'éducation ou la
préparation professionnelle. Même si ce Document concerne spécifiquement
l'Université catholique, il veut s'étendre à toutes les Institutions
catholiques d'enseignement supérieur qui s'efforcent de traduire le message
de l'Évangile du Christ dans les esprits et dans les cultures.
C'est donc avec une grande confiance et une grande espérance que j'invite
toutes les Universités catholiques à poursuivre leur tâche irremplaçable.
Leur mission apparaît toujours plus nécessaire pour la rencontre de l'Église
avec le développement des sciences et avec les cultures de notre temps.
Avec tous mes frères évêques qui portent avec moi la charge pastorale, je
désire vous faire part de ma profonde conviction que l'Université catholique
est sans aucun doute l'un des meilleurs instruments que l'Église offre à
notre époque, qui est en quête de certitude et de sagesse. Ayant pour
mission de porter la Bonne Nouvelle à tous les hommes, l'Église ne doit
jamais cesser de s'intéresser à cette institution. Les Universités
catholiques, en effet, par la recherche et l'enseignement, l'aident à
trouver, d'une manière adaptée aux temps modernes, les trésors anciens et
nouveaux de la culture, " nova et vetera ", selon la parole de
Jésus.(13)
11. Je m'adresse, enfin, à toute l'Église, convaincu que les Universités
catholiques sont nécessaires à la croissance et au développement de la
culture chrétienne et du progrès humain. Voilà pourquoi toute la Communauté
ecclésiale est invitée à apporter son appui aux Institutions catholiques
d'enseignement supérieur, et à les assister dans leur processus de
développement et de renouveau. Elle est invitée de façon particulière à
protéger les droits et la liberté de ces Institutions dans la société
civile, à leur offrir un soutien économique, surtout dans les pays qui en
ont le plus urgent besoin, et à apporter son assistance dans la fondation de
nouvelles Universités catholiques, là où cela s'avère nécessaire.
Je souhaite que ces dispositions, fondées sur l'enseignement du Concile
Vatican II et sur les directives du Code de Droit Canon, permettent aux
Universités catholiques et aux autres Instituts d'études supérieures de
remplir leur indispensable mission en ce nouvel Avent de grâce qui s'ouvre
sur le troisième millénaire.
PREMIÈRE PARTIE
IDENTITÉ ET MISSION
A. L'IDENTITÉ DE L'UNIVERSITÉ CATHOLIQUE
1. Nature et objectifs
12. Chaque Université catholique, en tant qu'Université, est une communauté
académique qui, de manière rigoureuse et critique, contribue à la tutelle et
au développement de la dignité humaine et de l'héritage culturel grâce à la
recherche, à l'enseignement et aux différents services offerts aux
communautés locales, nationales et internationales.(14) Elle jouit de cette
autonomie institutionnelle nécessaire à l'exercice efficace de ses fonctions
et garantit à ses membres la liberté académique tout en respectant les
droits de l'individu et de la communauté, dans les limites des exigences de
la vérité et du bien commun. (15 -
Déclaration- Gravissimum educationis, n. 10)
13. Puisque l'objectif d'une Université catholique est de garantir sous une
forme institutionnelle une présence chrétienne dans le monde universitaire
face aux grands problèmes de la société et de la culture,(16) elle doit
posséder, en tant que catholique, les caractéristiques essentielles
suivantes:
1. une inspiration chrétienne de la part non seulement des individus, mais
aussi de la Communauté universitaire en tant que telle;
2. une réflexion continuelle, à la lumière de la foi catholique, sur le
trésor croissant de la connaissance humaine, auquel elle cherche à offrir
une contribution par ses propres recherches;
3. la fidélité au message chrétien tel qu'il est
présenté par l'Église;
4. l'engagement institutionnel au service du peuple de
Dieu et de la famille humaine dans leur itinéraire vers cet objectif
transcendant qui donne son sens à la vie.(17)
14. " A la lumière de ces caractéristiques, il est clair que l'Université
Catholique, par engagement institutionnel, apporte aux tâches
d'enseignement, de recherche et autres services qui sont communs à toutes
les universités, l'inspiration et la lumière de la Révélation chrétienne.
Tout en respectant scrupuleusement la nature propre et l'autonomie des
activités académiques, elle pénètre et anime ces dernières par l'idéal, les
attitudes et les principes catholiques. En un mot, l'université catholique
veut être une communauté d'intellectuels représentant différentes branches
du savoir humain, une institution universitaire au sein de laquelle le
catholicisme est présent et actif ".(18)
15. L'Université catholique est donc le lieu où les
spécialistes examinent à fond la réalité avec leurs propres méthodes dans
les diverses disciplines académiques et contribuent de la sorte à
l'enrichissement du trésor des connaissances humaines. Chaque
discipline est étudiée de façon systématique, les différentes disciplines
étant ensuite portées au dialogue entre elles en vue d'un enrichissement
réciproque.
Cette recherche aide non seulement les hommes et les femmes à poursuivre
constamment la vérité, mais elle leur offre aussi un témoignage efficace, si
nécessaire aujourd'hui, de la confiance que l'Église place dans la valeur
intrinsèque de la science et de la recherche.
Dans une Université catholique, la recherche comprend nécessairement: a)
la poursuite d'une intégration de la connaissance;
b) le dialogue entre foi et raison; c)
une préoccupation éthique; et d)
une perspective théologique.
16. L'intégration de la connaissance est un processus qui doit toujours être
perfectionné. En outre, l'accroissement du savoir à notre époque, auquel
s'ajoute le fractionnement croissant de la connaissance au sein des diverses
disciplines académiques, rend cette tâche toujours plus difficile. Mais une
Université, et spécialement une Université catholique, " doit être 'une
unité vivante' d'organismes tournés vers la recherche de la vérité ". Voilà
pourquoi il est nécessaire de promouvoir cette synthèse supérieure qui est
la seule dans laquelle cette soif de vérité, inscrite profondément dans le
cœur de l'homme, pourra trouver son assouvissement ".(19) Guidés par les
contributions spécifiques de la philosophie et de la théologie, les
spécialistes universitaires s'efforceront constamment de déterminer la place
relative et la signification de chacune des différentes disciplines, dans le
cadre d'une vision de la personne humaine et du monde éclairée par
l'Évangile et, par conséquent, par la foi au Christ, Logos, centre de la
création et de l'histoire humaine.
17. En encourageant cette intégration, l'Université catholique doit
s'engager plus spécifiquement dans le dialogue entre foi et raison, de sorte
que l'on puisse voir plus profondément comment foi et raison se rencontrent
dans l'unique vérité. Bien que chaque discipline académique conserve sa
propre intégrité et ses propres méthodes, ce dialogue met en évidence que "
la recherche méthodique, dans tous les domaines du savoir, si elle est menée
d'une manière vraiment scientifique et si elle suit les normes de la morale,
ne sera jamais réellement opposée à la foi: les
réalités profanes et celles de la foi trouvent leur origine dans le même
Dieu ".(20
Gaudium et
Spes, n. 36: AAS 58 (1966), p. 1054. A un groupe de scientifiques, je
faisais observer que " science et foi représentent deux ordres de
connaissance différents de la réalité intégrale qui a son origine en Dieu "
(JEAN-PAUL II, Discours lors de la rencontre sur Galilée, 9 mai 1983, n. 3:
AAS 75 [1983], p. 690) L'interaction vitale des deux niveaux
distincts de connaissance de l'unique vérité conduit à un plus grand amour
envers la vérité elle-même et contribue à une plus ample compréhension du
sens de la vie humaine et de la fin de la création.
18. Puisque le savoir doit servir la personne humaine, dans une Université
catholique la recherche doit toujours être effectuée en se préoccupant des
implications éthiques et morales inhérentes à ses méthodes et à ses
découvertes. Cette préoccupation, présente dans toute recherche, est
particulièrement urgente dans le domaine de la recherche scientifique et
technologique. " II faut se convaincre de la priorité de l'éthique sur la
technique, du primat de la personne sur les choses, de la supériorité de
l'esprit sur la matière. La cause de l'homme sera
servie si la science s'allie à la conscience. L'homme de science
aidera vraiment l'humanité s'il conserve "le sens de
la transcendance de l'homme sur le monde et de Dieu sur l'homme" ".(21,
JEAN-PAUL II, Discours à l'UNESCO du 2 juin 1980)
19. La théologie remplit un rôle particulièrement important dans la
recherche d'une synthèse du savoir, ainsi que dans le dialogue entre foi et
raison. Elle apporte, en outre, une contribution à toutes les autres
disciplines dans leur recherche d'une signification, non seulement en les
aidant à examiner de quelle façon leurs découvertes exerceront une influence
sur les personnes et sur la société, mais en fournissant également une
perspective et une orientation qui ne sont pas contenues dans leurs
méthodologies. A son tour, l'interaction avec ces autres disciplines et
leurs découvertes enrichit la théologie, en lui offrant une meilleure
compréhension du monde d'aujourd'hui et en rendant la recherche théologique
plus proche des exigences présentes. Étant donné l'importance spécifique de
la théologie parmi les disciplines académiques, chaque Université catholique
devra posséder une Faculté ou, au moins, une chaire de théologie. (22
Cf.
Gravissimum educationis,, n. 10)
20. Considérant l'étroite relation entre investigation et enseignement, il
est bon que les exigences de la recherche indiquées plus haut, exercent une
influence sur l'ensemble de l'enseignement. Alors que chaque discipline est
enseignée d'une manière systématique et sur la base de ses propres méthodes,
l'interdisciplinarité, soutenue par l'apport de la philosophie et de la
théologie, aide les étudiants à acquérir une vision organique de la réalité
et à faire croître leur désir incessant de progrès intellectuel. Dans la
communication du savoir, il faut également mettre en relief la façon dont la
raison humaine dans sa réflexion s'ouvre aux interrogations toujours plus
vastes et montrer comment la réponse apportée à
celle-ci provient d'en haut, à travers la foi. En outre, les
implications morales présentes dans chaque discipline sont examinées comme
faisant partie intégrante de l'enseignement de cette même discipline, et
cela afin que l'ensemble du processus éducatif tende, en définitive, au
développement intégral de la personne. Enfin, la théologie catholique,
enseignée dans une pleine fidélité aux Écritures, à la Tradition et au
Magistère de l'Église, offrira une connaissance claire des principes de
l'Évangile, qui enrichira le sens de la vie humaine et lui conférera une
nouvelle dignité.
Que les étudiants, grâce à la recherche et à l'enseignement, soient formés
dans les diverses disciplines de façon à devenir vraiment compétents dans le
secteur spécifique auquel ils se consacreront au service de la société et de
l'Église, mais qu'on leur apprenne, en même temps,
à témoigner de leur foi devant le monde.
2. La communauté universitaire
21. L'Université catholique poursuit ses propres objectifs notamment
lorsqu'elle s'efforce de former une communauté authentiquement humaine,
animée par l'esprit du Christ. La source de son unité jaillit du dévouement
commun envers la vérité, de la conception même de la dignité humaine et, en
dernier ressort, de la personne et du message du Christ qui confère à
l'institution son caractère distinctif. Comme résultat de cette inspiration,
la communauté universitaire est animée par un esprit de liberté et de
charité; elle est caractérisée par le respect réciproque, par le dialogue
sincère, par la tutelle des droits de chacun. Elle aide tous ses membres à
atteindre la plénitude en tant que personnes humaines. Chaque membre de la
communauté, à son tour, aide à promouvoir l'unité et contribue, selon son
rôle et ses capacités propres, aux décisions qui concernent la communauté
elle-même, ainsi qu'à préserver et à renforcer le caractère catholique de
l'institution.
22. Les professeurs d'Université s'efforceront de toujours améliorer leur
compétence et de situer le contenu, les objectifs, les méthodes et les
résultats de la recherche de chaque discipline dans le contexte d'une vision
cohérente du monde. Les enseignants chrétiens sont appelés à être
des témoins et des éducateurs d'une vie chrétienne
authentique, qui manifeste l'intégration
réalisée entre foi et culture, entre compétence professionnelle et
sagesse chrétienne. Tous les professeurs seront inspirés par les idéaux
académiques et par les principes d'une vie authentiquement humaine.
23. Les étudiants sont sollicités à poursuivre une éducation qui allie
l'excellence du développement humaniste et culturel à la formation
professionnelle spécialisée. Ce développement doit être tel qu'ils se
sentent encouragés à poursuivre leur recherche de la vérité et de sa
signification durant toute leur vie, étant donné qu'" il convient de
cultiver l'esprit en vue de développer les capacités d'admiration, de
contemplation, d'aboutir à la formation d'un jugement personnel et d'élever
le sens religieux, moral et social ".
(23
Gaudium et
Spes,, n. 59) Cela les rendra aptes à acquérir ou, s'ils
l'ont déjà, à approfondir un style de vie authentiquement chrétien. Ils
doivent être conscients du sérieux de leur profession et ressentir la joie
d'être demain des " leaders " qualifiés, des témoins du Christ dans les
endroits où ils devront accomplir leur devoir.
24. Les dirigeants et le personnel administratif d'une Université catholique
doivent promouvoir la croissance constante de l'Université et de sa
communauté grâce à une gestion de service. Le dévouement et le témoignage du
personnel non académique sont indispensables à l'identité et à la vie de
l'Université.
25. De nombreuses Universités catholiques ont été fondées par des
Congrégations religieuses et continuent à dépendre de leur soutien. Il est
demandé aux Congrégations religieuses, qui se consacrent à l'apostolat de
l'instruction supérieure, d'aider ces institutions à renouveler leur
engagement et à continuer à préparer des religieux et des religieuses
capables d'apporter une contribution positive à la mission de l'Université
catholique.
En outre, les activités universitaires ont constitué, par tradition, un
moyen grâce auquel les laïcs peuvent jouer un rôle important dans l'Église.
Aujourd'hui, dans la plupart des Universités catholiques, la communauté
académique est composée en majorité de laïcs, qui assument un nombre
croissant de hautes fonctions et de responsabilités de direction. Ces laïcs
catholiques répondent à l'appel de l'Église " à être présents, guidés par le
courage et la créativité intellectuelle, dans les postes privilégiés de la
culture, comme le sont le monde de l'Ecole et de l'Université ". (24
JEAN-PAUL II, Exhortation Apostolique post-synodale
Chritifideles laici
30 décembre 1988, n. 44)
L'avenir des Universités catholiques dépend, en grande partie, de
l'engagement généreux et compétent des laïcs catholiques. L'Église considère
leur présence croissante au sein de ces institutions comme un signe de
grande espérance et comme une confirmation de l'irremplaçable vocation du
laïcat dans l'Église et dans le monde, avec la confiance que les laïcs, dans
l'exercice du rôle propre qui leur revient, " éclairent et orientent toutes
les réalités temporelles, de telle sorte qu'ils se réalisent et prospèrent
constamment et soient la louange du Créateur et Rédempteur ". (25
Concile Vatican II, Constitution dogmatique sur l'Eglise
Lumen
Gentium, n. 31)
26. La communauté universitaire de nombreuses institutions catholiques
comporte des collègues appartenant à d'autres Églises, à d'autres
Communautés ecclésiales et à d'autres religions, ainsi que des collègues qui
ne professent aucun credo religieux. Ces hommes et ces femmes contribuent,
par leur formation et leur expérience, au progrès des diverses disciplines
académiques et au déroulement d'autres tâches universitaires.
3. L'Université catholique dans l'Église
27. En s'affirmant comme Université, chaque Université catholique maintient
avec l'Eglise un rapport qui est essentiel à son identité institutionnelle.
En tant que telle, elle participe plus directement à la vie de l'Église
particulière dans laquelle elle est située mais, en même temps, en étant
insérée, comme institution académique, dans la communauté internationale du
savoir et de la recherche, elle participe et contribue à la vie de l'Église
universelle, entretenant par conséquent un lien
spécial avec le Saint-Siège en raison du service d'unité qu'elle est appelée
à accomplir pour l'Église tout entière. De ce rapport essentiel avec
l'Église dérivent plusieurs conséquences: la fidélité de l'Université, en
tant qu'institution, au message chrétien, la
reconnaissance et l'adhésion à l'Autorité magistérielle de l'Église en
matière de foi et de morale. Les membres catholiques de la communauté
universitaire, à leur tour, sont eux aussi appelés à une fidélité
personnelle à l'Église, avec tout ce que cela comporte. Des membres non
catholiques, enfin, on attend le respect du caractère catholique de
l'institution au sein de laquelle ils travaillent, alors que l'Université,
quant à elle, respectera leur liberté religieuse.(26
Cf. Concile Vatican II, Déclaration sur la liberté religieuse
Dignitatis Humanae, n. 2)
28. Les évêques ont la responsabilité particulière de promouvoir les
Universités catholiques et, spécialement, de les encourager et de les aider
à maintenir et à renforcer leur identité catholique, par rapport notamment
aux Autorités civiles. Cela se fera d'autant mieux que l'on créera et
maintiendra des rapports étroits, personnels et pastoraux, entre
l'Université et les Autorités ecclésiastiques, caractérisés par la confiance
réciproque, la collaboration cohérente et le dialogue permanent. Même s'ils
ne font pas directement partie de la direction interne de l'Université, les
évêques " ne doivent pas être considérés comme des agents extérieurs, mais
plutôt comme des participants à la vie de l'Université catholique ".(27)
29. L'Église, en acceptant " la légitime autonomie de la culture humaine et
en particulier des sciences ", reconnaît également la liberté académique de
chaque professeur dans la discipline de sa propre compétence, en accord avec
les principes et les méthodes de la science, à laquelle elle se réfère, (28
Gaudium et
Spes, n. 59). dans la limite des exigences de la vérité et
du bien commun.
La théologie aussi, en tant que science, occupe une place légitime à
l'intérieur de l'Université, à côté des autres disciplines. Elle possède,
pour ce qui est de son ressort, des principes et des méthodes qui lui sont
propres et qui font d'elle, précisément, une science. Du moment qu'ils
adhèrent à ces principes et en appliquent la méthode respective, les
théologiens jouissent eux aussi de cette même liberté académique.
Les évêques encouragent le travail créatif des théologiens. Ceux-ci servent
l'Eglise par la recherche conduite en respectant la méthode propre à la
théologie. Ils cherchent à mieux comprendre, à développer davantage et à
communiquer plus efficacement le sens de la Révélation chrétienne telle
qu'elle est transmise par les Saintes Écritures, par
la Tradition et par le Magistère de l'Église. Ils explorent aussi les
voies par lesquelles la théologie peut éclairer les questions spécifiques
posées par la culture moderne. En même temps, puisque la théologie s'efforce
de comprendre la vérité révélée, dont l'interprétation authentique est
confiée aux Évêques de l'Église,(29
Cf. Concile Vatican II, Constitution dogmatique sur la Révélation divine
Dei Verbum, nn. 8-10) les théologiens
doivent respecter l'autorité des évêques et adhérer à
la doctrine catholique selon le degré d'autorité avec laquelle
celle-ci est enseignée.(30
Cf. Lumen
Gentium, n. 25) C'est là un élément intrinsèque aux
principes et à la méthode spécifiques de la recherche et de l'enseignement
de leur discipline académique. En raison de leurs rôles respectifs dans leur
relation, le dialogue entre les évêques et les théologiens est essentiel.
Ceci est notamment vrai aujourd'hui où les résultats de la recherche sont si
rapidement et si largement diffusés à travers les moyens de communication
sociale.(31)
Ex Corde Ecclesiae (15 août 1990)
Les versions suivantes sont disponible sur le site du
Vatican :
►
[Allemand,
Anglais,
Espagnol,
Italien,
Latin,
Portugais]
Pour lire la deuxième partie de ce document :
Ex Corde Ecclesiae (2)
Les
notes qui concernent la première partie
:
1 Cf. Lettre
du Pape Alexandre IV à l'Université de Paris, 14 avril 1255, Introduction:
Bullarium Diplomatum ... t. III, Turin 1858, p. 602.
2 SAINT AUGUSTIN, Confess., X, XXIII, 33: " C'est que, vivre heureux
consiste en une joie qui a sa source dans la vérité. Telle la joie dont tu
es la source, toi qui est la Vérité, Dieu, ma lumière illuminante, mon
salut, mon Dieu à moi ": PL 32, 793-794. Cf. SAINT THOMAS D'Aquin, De Malo,
IX, 1: " II est en effet naturel pour l'homme d'aspirer à la connaissance de
la vérité ".
3 JEAN-PAUL II, Discours à l'Institut Catholique de Paris, 1er juin 1980:
Enseignements de Jean-Paul II, vol. III/1 (1980), p. 1581.
4 JEAN-PAUL II, Discours aux Cardinaux, 10 novembre 1979: Enseignements de
Jean-Paul II, vol. II/2 (1979), p. 1096; cf. Discours à l'UNESCO, Paris, 2
juin 1980: AAS (1980), pp. 735-752.
5 Cf. JEAN-PAUL II, Discours à l'Université de Coimbra, 15 mai 1982:
Enseignements de Jean-Paul II, vol. V/2 (1982), p. 1692.
6 PAUL VI, Allocution aux Représentants des Etats, 4 octobre 1965:
Enseignements de Paul VI, vol. III (1965), p. 508.
7 JOHN HENRY CARD. NEWMAN, The Idea of a University, Londres, Longmans,
Green and Company, 1931, p. XI.
8 Jn 14, 6.
9 SAINT AUGUSTIN, Serm. 43, 9: PL 38, 258. Cf. aussi SAINT ANSELME,
Proslogion, chap. I: PL 158, 227.
10 Cf. JEAN-PAUL II, Allocution au Congrès International sur les Universités
catholiques, 25 avril 1989, n. 3: AAS 18 (1989), p. 1281.
11 JEAN-PAUL II, Constitution Apostolique Sapientia Christiana relative aux
Universités et aux Facultés ecclésiastiques, 15 avril 1979: AAS 71 (1979),
pp. 469-521.
12 Concile Vatican II, Déclaration sur l'Education catholique,
Gravissimum educationis, n. 10: AAS 58 (1966), p. 737.
13 Mt 13, 52.
14 Cf. La Magna Charta des Universités européennes, Bologne, Italie, 18
septembre 1988, "Principes fondamentaux".
15 Cf. Concile Vatican II, Constitution pastorale sur l'Église dans le monde
de ce temps Gaudium et spes, n. 59: AAS 58 (1966), p. 1080;
Déclaration- Gravissimum educationis, n.
10: AAS 58 (1966), p. 737. " Autonomie institutionnelle " veut dire que le
gouvernement d'une institution académique est et demeure interne à
l'institution. La " Liberté académique " est la garantie donnée à ceux qui
s'occupent d'enseignement et de recherche, de pouvoir chercher, dans le
cadre de leur secteur spécifique de connaissance et conformément aux
méthodes propres à ce secteur, la vérité partout où l'analyse et l'évidence
les conduisent, et de pouvoir enseigner et publier les résultats de leur
recherche, en tenant compte des critères cités, c'est-à-dire en préservant
des droits de l'individu et de la communauté en vertu des exigences de la
vérité et du bien commun.
16 La notion de culture, employée dans ce document, comporte une double
dimension: une dimension humaniste et une dimension socio-historique. " Au
sens large, le mot " culture " désigne tout ce par quoi l'homme affine et
développe les multiples capacités de son esprit et de son corps; s'efforce
de soumettre l'univers par la connaissance et le travail; humanise la vie
sociale, aussi bien la vie familiale que l'ensemble de la vie civile, grâce
au progrès des mœurs et des institutions; traduit, communique et conserve
enfin dans ses œuvres, au cours des temps, les grandes expériences
spirituelles et les aspirations majeures de l'homme, afin qu'elles servent
au progrès d'un grand nombre et même de tout le genre humain. Il en résulte
que la culture humaine comporte nécessairement un aspect historique et
social et que le mot " culture " prend souvent un sens sociologique et même
ethnologique " (Gaudium et spes, n. 53: AAS 58 [1966], p. 1075).
17 L'Université catholique dans le monde moderne. Document final du 2ème
Congrès des Délégués des Universités catholiques, Rome, 20-29 novembre 1972,
§ 1.
18 Ibid.
19 JEAN-PAUL II, Allocution au Congrès International sur les Universités
catholiques, 25 avril 1989, n. 4: AAS 81 (1989), p. 1219. Cf. aussi Gaudium
et spes, n. 61: AAS 58 (1966), pp. 1081-1082. Le Cardinal Newman observe
qu'une Université " déclare assigner à toute étude qu'elle accueille sa
propre place et ses justes limites; définir les droits, établir les rapports
réciproques et réaliser l'intercommunion de chacun et de tous " (Op. cit.,
p. 457).
20 Gaudium et
Spes, n. 36: AAS 58 (1966), p. 1054. A un groupe de scientifiques, je
faisais observer que " science et foi représentent deux ordres de
connaissance différents de la réalité intégrale qui a son origine en Dieu "
(JEAN-PAUL II, Discours lors de la rencontre sur Galilée, 9 mai 1983, n. 3:
AAS 75 [1983], p. 690).
21 JEAN-PAUL II, Discours à l'UNESCO du 2 juin 1980, n. 22: AAS 72 (1980),
p. 750. La dernière partie de la citation reprend mes paroles adressées à
l'Académie Pontificale des Sciences, le 10 novembre 1979: Enseignements de
Jean-Paul II, vol. II/2 (1979), p. 1109.
22 Cf.
Gravissimum educationis,, n. 10: AAS 58 (1966), p. 737.
23 Gaudium et
Spes,, n. 59: AAS 58 (1966), p. 1080. Le Cardinal Newman décrit ainsi
l'idéal poursuivi: " Est ainsi formée une mentalité qui dure toute la vie,
et dont les attributs sont la liberté, l'équité, la tranquillité, la
modération et la sagese " (Op. cit., pp. 101-102).
24 JEAN-PAUL II, Exhortation Apostolique post-synodale
Chritifideles laici
30 décembre 1988, n. 44: AAS 81 (1989), p.
479.
25 Concile Vatican II, Constitution dogmatique sur l'Église
Lumen
Gentium, n. 31: AAS 57 (1965), pp. 37-38. Cf. Décret sur l'apostolat des
laïcs Apostolicam actuositatem, passim: AAS 58 (1966), pp. 837 suiv. Cf.
aussi
Gaudium et
Spes,
n. 43: AAS 58 (1966), pp. 1061-1064.
26 Cf. Concile Vatican II, Déclaration sur la liberté religieuse
Dignitatis Humanae, n. 2: AAS 58 (1966), pp. 930-931.
27 JEAN-PAUL II, Adresse aux Leaders de l'Education Supérieure Catholique,
Xavier University of Louisiana, U.S.A., 12 septembre 1987, n. 4: AAS 80
(1988), p. 764.
28 Gaudium et
Spes, n. 59: AAS 58 (1966), p. 1080.
29 Cf. Concile Vatican II, Constitution dogmatique sur la Révélation divine
Dei Verbum, nn. 8-10: AAS 58 (1966), pp. 820-822.
30 Cf. Lumen
Gentium, n. 25: AAS 57 (1965), pp. 29-31.
31 Cf. l'" Instruction sur la vocation ecclésiale du théologien " de la
Congrégation pour la Doctrine de la Foi, du 24 mai 1990.
Sources: www.vatican.va
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Eucharistie, sacrement de la miséricorde -
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