Ci-dessus moteur de recherche


ACCUEIL

BENOÎT XVI

CHRIST MISERICORDIEUX

L'EVANGILE DU JOUR

LA FAMILLE

TEXTES DU VATICAN

JEAN PAUL II

FARNESE LOUIS-CHARLES

ACTUALITE DE L'EGLISE

CATECHESES

LITURGIE

LES JEUNES

FIDELES LAICS

JOUR DU SEIGNEUR

SERVANTS DE MESSE

SPIRITUALITE

THEOLOGIE

VOCATIONS

VOYAGE APOSTOLIQUE

GALERIE PHOTOS

TV VATICAN

MEDITATIONS

QUI SOMMES NOUS

NOUS CONTACTER
 
BIBLIOTHEQUE
.
STATISTIQUES
 
Ouverture du site
19 Avril 2005
 

Sexualité et Église Catholique

 

Le 27 juillet 2008 - (E.S.M.) - Le corps humain - dira Jean Paul II - n'est pas seulement le champ de réactions de caractère sexuel, mais il est en même temps le moyen pour l'homme de s'exprimer totalement, d'exprimer sa personne, qui se révèle à travers le langage des corps. (Jean Paul II, L'amour humain dans le plan divin, Cerf, Paris, 1985, p. 59).

Mariage de Ste Anne et de Joachim

POURQUOI TANT DE HAINE ? QUEL EST L'ENJEU ?

Pages précédentes :
1) Oui, Jean-Paul II l'a dit - "le temps des martyrs est revenu !" - 23.07.08
2)
La civilisation de l'amour - une exigence chrétienne au service de la solidarité universelle - 24.07.08
3)
Avec Jean Paul II, Patrick de Laubier nous invite à entrer dans l'espérance - 26.07.08

Alfred FERNANDEZ
4) SEXUALITÉ ET Église CATHOLIQUE : (1995)

S'il y a un sujet difficile à aborder, c'est bien celui-ci. J'en suis conscient. Mais je veux aborder un thème qui me paraît fondamental pour l'avenir de l'humanité. Je ne fais en cela que suivre l'exemple de Patrick de Laubier. Je voudrais ainsi le remercier du travail qu'il accomplit pour aider l'homme à retrouver son sens, sa destinée.

Rien ne devrait être plus odieux que le mensonge. Peut-être la bêtise. Dans le domaine qui nous occupe: la conception chrétienne de la sexualité, mensonge et bêtise se partagent le sceptre. Dans cet essai, j'aimerais rappeler quelques faits qui aident le chercheur sans parti pris, l'honnête homme, à voir clair.

Selon l'idéologie majoritaire dans la société occidentale de ce XXème siècle finissant, l'Église catholique est le noyau le plus réactionnaire qui soit dans le domaine de la sexualité. L'Église nie l'"évolution des mœurs", le progrès, l'humanisme. Des jeunes ont souhaité publiquement la mort de Jean Paul II. Le Parlement Européen dans une résolution récente à propos de l'action diplomatique du Saint-Siège à la Conférence du Caire a utilisé des formulations dignes du Kulturkampf. Des propos, insultants et haineux sont fréquents dans les médias. Pourquoi tant de haine ? Quel est l'enjeu ?

Avant d'oser exprimer mon point de vue, je souhaiterais faire une observation. Cette haine, cette perte de mesure collective, me semble très grave pour deux raisons de nature bien différente :

D'une part, elle instaure un climat de conflit et de division dans la société occidentale à un moment où le dialogue semble de plus en plus nécessaire. En effet, il est difficile de concevoir une vraie démocratie sans respect d'autrui, sans lui accorder le droit de s'exprimer librement. De nos jours, on utilise des méthodes sournoises pour faire taire celui qui s'oppose à l'idéologie majoritaire. On lui nie le droit à la parole dans les médias importants, ou dans les médias publics, on le ridiculise ou on ironise sur lui. Il existe une méthode alternative: le lynchage médiatique. Cela consiste en une attaque systématique qui finit par une véritable exécution morale : on vous laisse la vie, mais on vous transforme en ennemi public. Les deux méthodes ont été utilisées souvent avec l'Église catholique, et notamment avec le Pape. C'est une dérive du système démocratique prévisible certes, mais qui peut détruire le système lui-même.

D'autre part, la conception de la sexualité véhiculée par l'idéologie majoritaire agit comme un agent puissant de dépersonnalisation. Rendons-nous compte de la gravité de ce fait ? L'union sexuelle, qui devrait être une force de personnalisation et d'achèvement de l'être humain, transforme de plus en plus l'autre, et surtout la femme, en objet de jouissance. Dans le même plan anthropologique, la sexualité est un lieu privilégié où se révèlent les tensions existantes dans l'homme entre ce qu'il a d'instinctif et ce qui appartient à la rationalité. Il n'est pas exagéré de dire que la vision de la sexualité d'une société révèle ses options philosophiques fondamentales. Nous y reviendrons.

J'aimerais maintenant essayer de répondre à la question que je m'étais posée au début : pourquoi tant de haine ? Quel est l'enjeu ?

L'enjeu, je le dirais de manière simple, c'est la liberté, l'autonomie de l'être humain. La rage des idéologues qui combattent les conceptions da l'Église catholique ne peut venir, à mon sens, que de la peur de "perdre leur peau", c'est-à-dire leur indépendance. C'est un jeu de vie ou de mort. Ils sentent en face d'eux un pouvoir puissant qui peut leur ravir le leadership des idées et donc des sociétés, parce que, dans une société démocratique, le pouvoir appartient à celui qui contrôle l'opinion. Il se peut également que ces idéologues aient mauvaise conscience: ils ont manipulé l'opinion publique pour imposer leurs vues et ils craignent que d'autres puissent faire de même.

J'estime cependant - et c'est la thèse centrale de ce texte - qu'eux-mêmes sont victimes d'un mensonge qu'ils continuent à propager. Ils luttent, en réalité, contre un fantôme qui n'existe pas. Cette conception fantomatique de l'éthique chrétienne se résume en trois propositions principales:
1. L'Église méprise le corps, la vie instinctive, car l'Église est manichéenne;
2. L'Église est la plus réactionnaire des religions et l'unique tradition religieuse qui défend des normes morales exigeant - disons-le grossièrement - la maîtrise de l'instinct sexuel;
3. L'Église s'oppose à "l'évolution des mœurs", au progrès que nous sommes en train de conquérir.

J'essaierai maintenant de montrer que ces propositions ne correspondent pas à la pensée de l'Église catholique. (ndlr :Depuis cet article, l'Église s'est exprimée, comme jamais elle ne l'avait fait, par le magistère du pape Benoît XVI qui a publié sa première encyclique, "Deus Caritas est" (25 décembre 2005). Le Pape y attire notre attention sur le fait que cet enseignement est parfaitement adapté à notre époque, il constitue en effet une contribution décisive qui place l’Église à la pointe du discours actuel sur l’homme et manifeste en plénitude de son expertise en humanité.)

1. L'Église catholique et le corps
Prenons la première proposition. Un regard sommaire sur la foi chrétienne nous permet de voir que le corps joue un rôle important. La différence fondamentale entre la religion du Christ et les autres grandes religions, c'est l'Incarnation, c'est-à-dire le fait que le Dieu chrétien s'est fait homme: "Le Verbe s'est fait chair" dit Jean dans son Évangile (I, 14). Nous sommes là au centre même de la foi chrétienne, difficile de penser qu'une religion pareille puisse mépriser le corps.

Une autre vérité contenue dans le Symbole des Apôtres affirme "la résurrection de la chair", du corps de chaque être humain à la fin des temps. Cette vérité traverse également le Nouveau Testament: les Apôtres prêchent toujours cette vérité au prix de ne plus être écoutés. Emblématique est le discours de Paul à l'Aréopage (cf. Actes des Apôtres XVII, 15-32). Le christianisme défend l'appartenance de mon corps à mon moi comme une composante essentielle. En cela, la tradition chrétienne se sépare radicalement des philosophies et religions qui prônent la réincarnation. Ce sont elles qui considèrent le corps comme une prison, lieu de passage, vêtement interchangeable et donc n'appartenant pas à l'essence de l'homme.

En ce qui concerne l'instinct sexuel, le Christ a sanctifié l'amour particulier entre l'homme et la femme en le considérant comme un des sept sacrements, c'est-à-dire comme signe efficace et véhicule de la grâce, de l'aide divine.

SI le christianisme en tant que tel fait preuve d'une vénération du corps manifestée aussi par le rite de l'encensement du cadavre lors de la Messe des funérailles, le milieu philosophique où il s'est développé avait une tendance claire à ce mépris. On pourrait aller même jusqu'à dire qu'il s'agit d'une tendance "naturelle" de la philosophie une fois qu'elle découvre l'esprit, le nous. L'esprit se présente au regard des grecs comme "ce qui est tout en puissance", ouverture à l'univers. Le corps en revanche est pesanteur, limitation, clôture sur soi. Il est facile de comprendre cette "dérive" spiritualiste.

2. Les grandes religions et la sexualité
Abordons maintenant la deuxième proposition. Quel est le regard des grandes religions sur la sexualité ? Sont-elles plus "libérales" et permissives ? Un aperçu également bref sur quelques textes majeurs des grandes religions permet de voir qu'il n'en est rien. Partout la chasteté, la maîtrise de soi dans le domaine sexuel, est regardée comme une valeur morale fondamentale. Dans la plupart des grandes religions orientales, la continence absolue se trouve parmi les préceptes fondateurs. Ainsi, la voie jaïna dans l'Inde comporte cinq grands vœux:
"l'abstention de toute activité nuisible,
de tout manque de vérité,
de toute appropriation des choses non données,
d'activité sexuelle,
de tout attachement possessif
". (D. Huisman / M.-A. Malfray, Les plus grands textes de la philosophie orientale, Albin Michel, Paris, 1992, p.69)

Ce texte est paradigmatique, car il évoque les éléments/commandements fondamentaux présents dans la plupart des traditions morales qu'elles soient religieuses ou philosophiques: interdiction de faire le mal, du vol, de la sexualité, de l'attachement aux choses et du mensonge. Partout apparaît une opposition irréconciliable entre la vie des sens et la vie spirituelle. "Par sa diligence, sa vigilance, sa maîtrise de soi, l'homme éclairé doit se faire une île que les flots ne pourront jamais submerger" lit-on dans le Dhammapada, livre du canon bouddhique "pali", l'ouvrage le plus lu de la littérature bouddhique. Et un peu plus loin: "Ne vous laissez pas aller à l'insouciance ni aux plaisirs des sens. Celui qui s'est adonné à la méditation fait une ample moisson d'allégresse" (D. Huisman / M.-A. Malfray, op. cit., p. 44).

Nagarjuna, le premier dans l'histoire du bouddhisme à avoir créé un système philosophique, expose huit préceptes proches du jainisme: "S'abstenir de tuer, de voler, de commettre l'acte sexuel, de mentir, d'ingérer de l'alcool, de manger à des heures indues, de s'asseoir avec plaisir sur des sièges élevés, de chanter, de danser et d'arborer des ornements" (D. Hiilsman / M.-A Malfray, op. cit). Le rejet de l'acte sexuel est une constante dans toute la philosophie / sagesse bouddhique, car l'envie sexuelle (kâma) est "l'un des obstacles majeurs sur la voie de la spiritualité",..."l'une des trois sortes de soif, l'un des cinq obstacles, et l'une des souillures" (K. Friedrlchs, Dictionnaire de la sagesse orientale, Robert Laffont, Paris, 1986, p. 274-275).

L'attachement aux plaisirs est rejeté également par la sagesse japonaise bien représentée par Kukaï qui résume les traditions taoïste, confucéenne et bouddhique. Kukaï va plus loin encore en censurant le regard convoiteur. "Ne blessez pas les insectes là où vous posez les pieds et les mains - affirme-t-il - : ne projetez ni sperme ni humeurs hors de votre corps. Éloignez celui-ci des puanteurs et de la poussière; coupez dans votre esprit la convoitise et les désirs égoïstes...Que les regards que vous portez sur les femelles aux hanches fines soient les mêmes que ceux portés sur les démons, et celui qui s'attache aux rangs et salaires soit semblable au rat en décomposition" (D. Huisman / M.-A. Malfray, op. cil, p. 245).

Ce rapide aperçu serait incomplet sans citer Confucius, le maître indiscutable de la pensée chinoise. Selon Confucius, l'homme peut agir pour la justice (yi) ou pour le profit (li): "l'homme supérieur comprend le yi; l'homme vulgaire comprend le li" (Fong Yeou-Lan, Précis d'histoire de la philosophie chinoise, Payot-Le Mail, 1985, p. 61). C'est le choix fondamental qui se pose à l'homme. Le profit (li) rejoint la convoitise: "L'homme supérieur pense à la vertu. L'homme petit pense au confort" (D. Huisman / M.-A. Malfray, op. cit, p. 142).

A cheval entre l'Orient et l'Occident, l'Islam passe pour une religion plus "permissive" du fait qu'elle autorise la polygamie. Or, le Coran exige une purification de la convoitise sexuelle avant d'entamer la prière. La Sourate V, 3, 6 le dit ainsi: "Purifiez-vous si vous êtes en état de pollution. Si vous êtes malades ou en voyage, si vous venez de satisfaire vos besoins naturels, si vous avez caressé vos épouses et que vous ne trouviez point d'eau, purifiez-vous symboliquement en imposant vos mains sur la terre lisse et propre, et essuyez-vous la figure et les mains".

Mais plus paradigmatique encore et plus parlant pour l'homme d'aujourd'hui est la pensée de Gandhi qui rassemble les traditions orientales et occidentales. Gandhi inclut la chasteté (brahmâchârya) parmi les règles de l'Ashram, dé la communauté par lui fondée. La chasteté vient en troisième lieu après la vérité et l'amour et elle est considérée comme un préalable pour l'Amour universel (ahimsâ). Pour pouvoir développer cet amour, le célibat est indispensable. Gandhi s'exprime ainsi: "Si un homme donne son amour à une femme, ou une femme à un homme, que leur reste-t-il à donner au monde entier ?" Cela signifie tout simplement: "Nous deux d'abord, et que le diable emporte le reste"... Celui qui veut obéir à la loi de l'ahimsâ ne peut donc pas se marier - et je ne parle même pas de l'assouvissement des désirs sexuels en dehors du mariage!" (Gandhi, Lettres à l'Ashram, Albin Michel, Parls,1971, p. 42).

Cette unanimité qui peut surprendre le lecteur habitué à l'idéologie occidentale majoritaire est aisément explicable. Partons de la pensée puritaine de nos sociétés au XIXème siècle: la sexualité est considérée comme une saleté inévitable pour procréer. On ne parle pas de cela, on se plie aux exigences de la nature en regrettant que l'homme doive naître ainsi: le sexe est nécessaire mais obscène. D'où vient cette idée de saleté, d'obscénité ? Sans doute de l'acte sexuel même : dissocié de l'amour, appliquant sur lui un regard d'entomologiste, cet acte est répugnant comme le souligne Max Scheler. N'oublions pas que les organes de la sexualité sont les organes excréteurs et que l'acte s'achève par un échange d'excrétions.

Mais en dehors de cette "saleté" biologique, l'acte sexuel implique une situation de perte de rationalité qui pose problème au philosophe. Thomas d'Aquin exprime bien ce qu'il retient comme un objection possible à la dignité du mariage lorsqu'il écrit "L'excès de la passion est un manque de vertu. Mais l'acte du mariage entraîne une telle sensation de plaisir que la raison, principale qualité de l'homme, s'en trouve abolie: Aristote dit, en effet, qu'il est impossible à l'homme de comprendre quelque chose dans une telle situation" (Thomas d'Aquin, Somme Théologique, Supp. q. 41, art 3, 6). Comment trouver une quelconque valeur positive au fait de s'abandonner à l'instinct, à la "démaîtrise", à la perte de la rationalité, de cette rationalité que la plupart des philosophies estiment constitutive de l'humanité ? J'espère que maintenant nous comprenons mieux cette unanimité de la plupart des sagesses et des traditions face à la sexualité. Pour comprendre correctement la sexualité, nous avons besoin d'une anthropologie capable d'articuler convenablement le corps et l'esprit, la passion et la raison.

3. L'Église catholique et l'"évolution des mœurs"
Étudions maintenant la troisième proposition : celle selon laquelle l'Église s'oppose à l'évolution des mœurs, au progrès de la société humaine. Cette proposition demande un éclaircissement préalable : celui du mot "évolution des mœurs". Évolution des mœurs évoque un progrès vers une humanité meilleure, il ne s'agit pas d'un simple changement qui peut être positif ou négatif, ce n'est pas une mutation. On parle d'évolution pour dire qu'il existe un avant négatif et un maintenant positif. Le positif, la vérité est l'idéologie actuelle et l'Église catholique qui apparaît comme un contradicteur stupide et têtu du progrès.

"Tout est permis dans le domaine de la sexualité", voilà ce qui semble être le mot d'ordre du maintenant. Tout vaut, il n'y a plus d'interdits ni de normes. Seul l'épanouissement du désir est vrai et bon. Tout ce qui contribue à un maximum de plaisir sexuel est valable. Comme le disait si bien J. Hersch: "Il s'agit d'avoir avec le moins possible de risque, le maximum de jouissance. 'L'autre' est abstrait, ou tellement flou qu'il permet toutes les substitutions. Qui il est, importe si peu que même son sexe, dirait-on, devient de plus en plus indifférent" (J. Hersch, L'ennemi c'est le nihilisme, Georg, Genève, 1981, p. 24).

Jean Brun a montré il y a près de vingt ans dans un livre qui n'a pas vieilli: La nudité humaine, l'essence de cette idéologie qui remonte dans sa formulation actuelle à Nietzsche: "Puisque Dieu est mort, qu'il n'y a plus d'en haut ni d'en bas, au nom de quoi pourrions-nous opposer ceci à cela en prétendant que nous devons rechercher telle chose et fuir telle autre ?" . Et Brun de citer la volonté de puissance : "La mauvaise odeur - un préjugé. Toutes les sécrétions sont dégoûtantes - pourquoi ? Parce que malodorantes ? Pourquoi "mal" ? Elles ne sont pas nuisibles. La salive, les glaires, la sueur, la semence, l'urine, les excréments, les squames de la peau, la morve, etc. C'est absurde en soi. La répugnance croît avec la raffinement. Toutes les opérations qui s'y rattachent sont également dégoûtantes. Comprendre que le dégoût fait fonction d'émétique, les sécrétions excitant à éliminer (comme un poison) la nourriture non digérée. Jugement fondé sur la notion de ce qui est comestible: "Ceci n'est pas mangeable!" Fondement du jugement moral" (F. Nietzsche, La Volonté de puissance, livre III, § 398, t. II, p. 122. Cité par J. Brun, op. cit, p. 175). Exaspérez le désir charnel et on tombe dans la cochonnerie: corps est l'anagramme de porcs. La perversion devient version (cf X. Gauthier, Surréalisme et Sexualité, Paris, 1971. Cité par J. Brun, op. cit, p. 177).

" Or, cela peut-il être appelé évolution ? ou plutôt involution ? En tout cas, c'est du déjà vu dans l'histoire. Toutes les civilisations, toutes les cultures sont passées par là et sont allées au-delà. C'est une étape brève, car elle est précaire, précaire de par son indigence théorique et de par l'indigence du plaisir sexuel exaspéré. Marcuse, pourtant apôtre de cette libération des moeurs, reconnaît: "La simple anticipation de la fin inévitable, présente à chaque instant, introduit.un élément répressif  dans toutes les relations libidineuses et rend le plaisir lui même douloureux (H. Marcuse, Eros et Civilisation, Contribution a Freud, Paris, 1963, p. 200). Alors quels sens pourrait avoir le mot "évolution des mœurs" sinon celui d'occulter un mensonge qui est sur toutes les lèvres ? D'ailleurs, on observe, lorsqu'on analyse le discours, que la présentation de l'éthique chrétienne qui est faîte a comme objectif final de rendre odieux tout idéal humain qui estimerait l'hédonisme insuffisant.

Mensonge.que les fils de la révolution découvrent déjà. Les textes des chansons sont fort révélateurs, car, presque par instinct, ils dévoilent les malaises, les espoirs, les idéaux: "On nous inflige / des désirs que nous affligent", chante A. Souchon. Et il poursuit : "Ce jeu de dupes / voir sous les jupes / des filles". Les fils se révoltent déjà et vont chercher ailleurs : "On nous fait croire - conclut Souchon - que le bonheur c'est d'avoir. Foule sentimentale / a soif d'idéal / attirée par les étoiles". "Sans toit ni loi / je cherche ma route / seule avec mes doutes ... je t'attends, je t'attends" lui répond Axel Red. Quel est cet idéal près des étoiles ? Qui attend-on ?

4. L'amour humain dans le plan divin
Que propose l'Église catholique comme alternative ? Je ne me risquerais pas ici à exposer la pensée de l'Église. Nous avons mentionné quelques principes dans notre première partie. Mais il me semble qu'il convient d'ajouter quelques considérations pour conclure.

La sexualité, a dit la philosophe. J. Hersch: "est à la racine de l'amour, non à cause du plaisir qu'elle procure, mais parce que ce plaisir a pour enjeu, chez l'homme, le noeud du corps et de l'esprit. C'est par elle avant tout que l'être humain devient, comme disait Rimbaud, "une âme et un corps" - le terme essentiel étant le et" (J. Hersch, op. cit. p.24).

Excellent résumé par une philosophe de la pensée humaniste que l'Église catholique partage avec d'autres cultures et religions. La sexualité est bonne pour l'Église catholique, la passion aussi; mais une sexualité et une passion qui agissent comme ce qu'elles sont signe de la communion entre deux personnes - une masculine et une féminine - qui se donnent totalement et pour toujours. "Le corps humain - dira Jean Paul II - n'est pas seulement le champ de réactions de caractère sexuel, mais il est en même temps le moyen pour l'homme de s'exprimer totalement, d'exprimer sa personne, qui se révèle à travers le langage des corps" (Jean Paul II, L'amour humain dans le plan divin, Cerf, Paris, 1985, p. 59).

L'acte sexuel devient alors acte vertueux, dira Thomas d'Aquin (Cf Thomas d'Aquin, Somme Théologique, Supp. q. 41, art 4). Lorsque la sexualité s'exerce respectant la vérité de l'amour interpersonnel, lorsqu'elle respecte la structure intime (la nature) de l'acte conjugal qui est signe et moyen d'union et procréation à la fois, elle enrichit la personne et l'amène à son accomplissement.

Je souhaite que ces quelques idées donnent envie à l'honnête homme que j'ai interpelé au début de savoir, de s'informer avant de juger. Je ne peux que lui conseiller une lecture courte mais combien nourrissante : le recueil des discours de Jean Paul II sur Humanae Vitae publié sous le titre L'amour humain dans le plan divin.
 

Sources : spip.php-article154 - E.S.M.

Ce document est destiné à l'information; il ne constitue pas un document officiel

Eucharistie, sacrement de la miséricorde - (E.S.M.) 27.07.08 - T/Famille

 

 » Sélection des derniers articles  
page précédente haut de page page suivante