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Les caves du Vatican et la lumineuse fenêtre du pape
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Le 26 février 2013 -
(E.S.M.)
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L'Église de Rome est présentée par les médias comme un musée des horreurs.
Dans le passé ce fut même pire. Mais, il y a cinq cents ans, un pape
accomplit le miracle que le monde entier admire aujourd'hui. Une leçon pour
le conclave tout proche.
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Le pape Jules II en
prière. Détail de la fresque de Raphaël "La messe de Bolsena", Chambres du
Vatican, 1512.
Les caves du Vatican et la lumineuse fenêtre du pape
par Sandro Magister
Le 26 février 2013 - E.
S. M. -
Ces jours-ci, les médias rivalisent dans la
diffusion d’un portrait de l’Église peint des couleurs les plus sombres.
Tout n’y serait qu’intrigues, avidité, trahisons, sexualité morbide. Benoît
XVI aurait capitulé parce qu’il serait écœuré par cette abjection. Celle-ci
aurait également infecté le collège cardinalice appelé à élire son
successeur.
C’est une manière de présenter les choses qui dissimule délibérément la
véritable identité du pontificat qui est en train de s’achever ainsi que
l’enjeu du choix du nouveau pape. Elle s’y essaie, mais elle n’y parviendra
pas. Parce que ce qui est en jeu, c’est le destin de la civilisation humaine
ainsi que la vie de chaque être humain. Les discours prononcés par Benoît
XVI à Ratisbonne, à Paris, à Berlin, ses homélies, son magistère, ont ouvert
une confrontation d’une portée historique entre l’Église et le monde
moderne, à propos des questions ultimes, fondatrices, qu’il est impossible
de laisser de côté.
Il y a exactement cinq cents ans de cela, justement ces jours-ci, mourait
Jules II, le pape qui demanda à Michel-Ange de peindre à fresque le plafond
de la chapelle Sixtine, le lieu où les cardinaux vont s’enfermer très
prochainement pour élire le nouveau pape.
À cette époque-là aussi, l’Église romaine était pleine de péchés et de
pécheurs, elle était la Babylone que Martin Luther décrivait avec horreur.
Le pape qui avait régné avant Jules II était Alexandre VI, Rodrigo de Borja
à l’état-civil, dont le fils César avait inspiré "Le Prince" à Machiavel. Et
ce même Jules II était un homme de guerre qui, lorsqu’il était plus jeune,
était monté, l’épée au poing, à l'assaut de la forteresse de la Mirandole.
Et pourtant, lorsqu’il affronta la mort, le 21 février 1513, les chroniques
affirment qu’il se montra "tellement plein de dévotion et de contrition que
l’on aurait dit que c’était un saint".
Et pourtant, au-delà de ses campagnes militaires et de ses intrigues
politiques destinées à assurer à l’Église romaine autonomie et liberté par
rapport aux puissances de l’époque, le pape Giuliano della Rovere fut
porteur d’une vision grandiose en matière de théologie et de connaissances,
d’une synthèse jusqu’alors inconnue de la foi chrétienne et de la
civilisation, de la "fides" et de la "ratio", vision merveilleusement
présente dans les chefs d’œuvre artistiques que le monde entier admire
aujourd’hui avec étonnement.
C’est là ce qu’il reste du pape Jules II. C’est là sa véritable identité,
son immortel message.
"L'Osservatore Romano" a consacré à ce pape, le jour anniversaire de sa
mort, le 21 février, une page entière, qui s’ouvrait sur un captivant
portrait de lui rédigé par Antonio Paolucci, le directeur des Musées du
Vatican.
Parce que les Musées du Vatican, pour ce qui est de leur noyau initial, sont
eux aussi une géniale invention de Jules II. En raison des statues antiques
qu’il fit placer dans les jardins du Belvédère par son architecte de
confiance, Bramante. En raison des chambres de l'appartement pontifical
qu’il fit peindre à fresque par Raphaël et dont les fenêtres donnent sur ces
jardins.
Redécouvrir la conception et la naissance de ce premier noyau des Musées du
Vatican, cela revient à ouvrir les yeux sur une vision que peu de gens
connaissent en totalité, mais qui est encore aujourd’hui d’une portée
exceptionnelle. Et d’une actualité extraordinaire, étant donné qu’elle
coïncide avec les lignes directrices du pontificat de Benoît XVI.
Le samedi 23 février, dans la conclusion qu’il a donnée aux exercices
spirituels, le pape Joseph Ratzinger est justement revenu une fois encore
sur le lien, auquel il donne beaucoup d’importance, entre la raison et
l'art, entre la vérité et la beauté, même si celles-ci sont contredites "par
le mal qui existe dans ce monde, par la souffrance, par la corruption" :
"Les théologiens du Moyen Âge traduisaient le mot ‘logos’ non seulement par
le mot ‘verbum’, mais également par le mot ‘ars’ : ‘verbum’ et ‘ars’ sont
interchangeables. Ce n’est qu’en associant ces deux mots, d’après les
théologiens du Moyen Âge, que l’on voit apparaître toute la signification du
mot ‘logos’. Le ‘logos’ n’est pas uniquement une raison mathématique ; le
‘logos’ a un cœur : le ‘logos’ est également amour. La vérité est belle, et
la vérité et la beauté vont ensemble : la beauté est le sceau de la vérité".
Pour pénétrer dans cette vision de grande envergure – qui part de Jules II
et arrive à Benoît XVI – il ne reste plus qu’à lire le texte ci-dessous, qui
a lui aussi été repris par "L'Osservatore Romano" du 21 février et dont on
trouvera ici une version plus étendue.
Son auteur est historienne d’art et spécialiste de cette question. Elle a
publié aux éditions de l'Accademia dei Lincei un essai consacré à l’œuvre de
Giuliano della Rovere.
LA TRACE INDÉLÉBILE LAISSÉE PAR CE PAPE
par Sara Magister
Suivons les pas d’un voyageur d’il y a cinq cents ans. La réputation du
jardin de statues antiques créé au Vatican par le pape Jules II (1503-1513)
était parvenue jusque dans son lointain pays. Ayant parcouru l’Italie, il
avait traversé le Tibre sur le pont Milvio, qui résonnait encore du bruit de
batailles épiques. Le but de son voyage était précédé par une vaste étendue
solitaire, verte parce qu’elle était couverte de prairies. Et voici que se
profilait, en haut de la colline du Vatican, la silhouette crénelée et
austère de la villa du Belvédère.
À côté de celle-ci se trouvait, dans une tour monolithique, l’accès voulu
par le pape Jules II pour favoriser la visite de sa collection sans être
dérangé dans ses appartements pontificaux. Rien ne laissait présager les
merveilles qui se trouvaient à l’intérieur mais, une fois franchi le seuil
de la tour, on découvrait la première surprise : sa base quadrangulaire se
transformait pour prendre la forme circulaire de la rampe hélicoïdale
imaginée par Bramante, l’architecte du pape. Le classicisme harmonieux des
colonnes qui en rythmaient l’ascension et le dynamisme inédit de la
structure devaient être encore plus impressionnants. De plus on devait
vraiment éprouver, dans la loggia aménagée à son sommet, la sensation de
dominer du regard toute la ville de Rome.
On se trouvait là au niveau du jardin, mais on ne pouvait pas encore voir
celui-ci parce qu’il était caché par la porte d’entrée, au dessus de
laquelle figurait une inscription au ton sévère, tirée de l’Énéide de
Virgile (VI, 258) : "Procul este prophani", éloignez-vous, profanes ! Cette
phrase, adressée par la Sibylle à Énée lorsqu’ils se trouvaient à l’entrée
des enfers, signifiait pour le pape Jules II que seuls ceux qui écoutaient
et se déplaçaient avec respect, comme dans un lieu sacré, pouvaient franchir
cette porte.
Et voici que se révélait enfin le but auquel on avait tant rêvé et que l’on
atteignait le sommet de l’émotion. Un lumineux jardin secret apparaissait à
l’improviste, au centre duquel se dressaient des bigaradiers - ces arbres
qui donnent les oranges amères - disposés en rangs bien ordonnés le long
d’un pavage de terre cuite. En 1510, les ambassadeurs de la cour de Ferrare
avaient vu le redoutable Jules II planter ces arbres de ses propres mains et
cela pendant tout le temps qu’avait duré leur audience. Le mur qui entourait
le jardin était rythmé par des niches creusées dans son épaisseur, où
avaient été placées de splendides statues antiques. Depuis l’entrée située
au nord-est on entrevoyait tout de suite, entre les arbres, le mur sud de la
cour, au milieu duquel se dressaient les œuvres les plus belles : le
Laocoon, entre l’Apollon du Belvédère et la Vénus Felix. On pouvait voir, au
centre de la cour, l’effigie du Fleuve Tibre allongé et, dans un angle la
statue d’Ariane endormie, qui ornait une fontaine.
Sur tout cela régnait le silence, qui n’était troublé que par le murmure de
l’eau et le bruissement des feuillages, et le bouleversement des sens était
complété par le parfum enivrant des bigaradiers. La sensation de se trouver
en un lieu tout particulier, où le temps et l’espace s’écoulaient à un
rythme différent de celui de tous les jours, devait être très nette puisque,
au mois d’août 1512, le petit-fils de Pic de la Mirandole comparera ce
jardin inhabituel au “bosquet de Vénus et Cupidon”. Un philosophe
néo-platonicien de son niveau ne pouvait pas ne pas penser au jardin planté
d’orangers, peuplé d’images des dieux de l’Antiquité, du "Printemps" de
Botticelli.
Mais lorsque, à l’occasion des banquets qui y étaient donnés, les propos des
poètes remplissaient le silence et que les statues, comme si elles étaient
vivantes, révélaient le motif de leur présence, alors on prenait
véritablement conscience du fait que la grande civilisation de l’Antiquité
était ressuscitée et que ce miracle se produisait précisément et uniquement
en ce lieu : à l’endroit le plus intime et le plus sacré de l’Église de
Rome, à côté de la tombe de l’apôtre Pierre.
Rendons-nous maintenant dans l’appartement pontifical de ce temps-là. Le
bureau du pape Jules II sera par la suite appelé “Chambre de la Signature”.
C’est là que se trouvait aussi sa petite bibliothèque privée, ce qui donne à
penser qu’il considérait déjà, il y a cinq cents ans, que la science et la
foi étaient parties intégrantes l’une de l’autre et que toutes les autres
formes d’expression, telles que la poésie et la beauté, étaient des chemins
privilégiés permettant de parvenir à la connaissance de Dieu, qui nous a
donné la "mens" et la "ratio", la capacité d’intuition et celle de
raisonnement, et qui nous inspire dans toutes les formes d’art. Et c’est ce
que Raphaël, en application des instructions précises qui lui avaient été
données par Jules II, avait traduit en images dans cette pièce, avec une
formidable netteté formelle et conceptuelle.
Lorsque, assis à la table de travail de son bureau, le souverain pontife
prenait un moment de repos, il levait les yeux vers le mur qui se trouvait
en face de lui. Là, Raphaël avait peint, autour de la fenêtre, le Mont
Parnasse, royaume d’Apollon, des Muses et des poètes. Depuis cette fenêtre,
Jules II contemplait l’un de ses grands projets, que Bramante était en train
de concrétiser : le monumental jardin en terrasses du Belvédère, que le pape
appelait "Hortus", car il avait l’intention de recréer au Vatican les "Horti
Romani" de l’Antiquité, ces jardins dans lesquels les notables passaient
leurs moments de loisir, au milieu d’une nature égayée par des fontaines,
des statues antiques, des portiques et de pavillons où étaient organisés des
banquets, des récitations de poèmes et des spectacles de théâtre. Et c’était
aussi le contexte dans lequel, déjà au XVe siècle, on cherchait à faire
revivre l’antique idéal de l’"otium" littéraire, comme alternative
permettant de se reposer des fatigues quotidiennes du "negotium". Mais
personne, avant Jules II, n’était parvenu à recréer les jardins antiques de
l’"otium" à une échelle aussi grandiose, complexe, inédite et fonctionnelle.
À leur sommet se trouvait la villa du Belvédère, construite par le pape
Innocent VIII (1484-1492), dont la partie sud avait été agrandie par de
nouvelles structures, telles que la gigantesque niche formant fontaine, et
l’Antiquarium, conçu pour être le cadre de la première collection vaticane,
aujourd’hui appelé "Cour Octogonale".
Dans l’histoire de la muséographie, l’Antiquarium figure au nombre des
premiers espaces qui aient été construits "ex novo" dans le but d’y
installer une collection d’œuvres d’art antiques, dans un cadre égayé par
des arbres et des fontaines et destiné à un usage plus ou moins public.
Mais, dans l’esprit du pape Jules II, quelle était sa signification ?
Revenons dans les pièces où il vivait et asseyons-nous à sa table de
travail. Une fois encore, la réponse est là, sur le mur qui se trouve en
face de nous. Par la fenêtre ouverte, la vue sur les jardins du Belvédère
suivait leur progression en terrasses et elle s’achevait au point le plus
élevé, à l’endroit où Bramante avait créé la Cour des Statues. Et voici que
le regard du souverain pontife allait se poser sur la représentation du Mont
Parnasse qui avait été peinte sur ce mur par Raphaël. Et il fallait bien
qu’il en fût ainsi parce que, aux yeux du pape, les deux lieux, celui qui
était peint et celui qui était réel, coïncidaient.
L’Antiquarium avait été conçu comme l’écrin de la poésie et de l’art. Ce
n’est pas par hasard que la statue de l’Apollon du Belvédère, le dieu des
arts, était l’une de ses œuvres principales et ceux qui visitaient un
endroit aussi spécial devaient nécessairement manifester un profond respect.
Contrairement à ce à quoi l’on pourrait s’attendre, la collection de Jules
II comportait un très petit nombre de statues - moins de dix, semble-t-il -
alors que d’autres collections romaines de cette époque parvenaient à en
compter plus de quatre-vingt-dix. Mais la qualité de cette collection du
Vatican était incomparable, parce qu’elle avait été formée non pas en
accumulant frénétiquement par pur désir de possession personnelle, mais en
procédant à une sélection très sévère, étendue dans le temps et aussi très
favorisée par la Providence.
D’autre part Giuliano della Rovere avait déjà réussi, à l’époque où il était
cardinal, à s’approprier la statue que beaucoup de gens considéraient comme
la plus belle de l’antiquité, l’Apollon du Belvédère, qui avait été
retrouvée presque intacte, au mois de février 1489, dans une vigne située
au-dessus de la basilique Sainte-Pudentienne, à Rome.
Puis, au cours de son pontificat, le 14 janvier 1506, la découverte la plus
éclatante de la Renaissance avait eu lieu dans un terrain appartenant à des
particuliers, à proximité de Sainte-Marie-Majeure : celle du Laocoon. Les
chroniques de l’époque décrivent l’immense foule de curieux qui accourait
sur les lieux : “Tutta Roma die noctusque concorre a quella casa che lì pare
el jubileo”. Jules II y avait envoyé Giuliano da Sangallo et Michel-Ange,
qui avaient reconnu le Laocoon cité au Ier siècle après J.C. par Pline
l’Ancien comme étant la plus belle œuvre d’art de son temps. Le pape ayant
proposé un prix à faire pâlir la concurrence, le Laocoon fut la première
statue antique à franchir le seuil des nouveaux palais pontificaux, situés
de l’autre côté du Tibre. Parmi les motivations d’achat invoquées dans le
document d’acquisition de l’œuvre d’art, il est indiqué que celle-ci était
une manifestation évidente de la "majestas et gratia Romanorum", "gratia"
ayant ici le sens d’un retour humaniste de l’idéal antique qui voit dans la
beauté esthétique le reflet des qualités morales du sujet représenté. Cela
se passait au printemps de 1506, trois ans après que Jules II eut été élu
pape.
Mais cela faisait déjà longtemps que le pape préparait le terrain pour la
future arrivée de sa collection, à propos de laquelle il avait des idées
plus que claires, parce qu’il les avait déjà expérimentées, à l’époque où il
était cardinal, dans sa résidence située à proximité de l’église des
Saints-Apôtres. On sait, par exemple, que Bramante était déjà à l’œuvre en
1505 pour préparer l’installation des canalisations destinées aux
statues-fontaines de l’Antiquarium, même si ces dernières ne furent mises en
place qu’en 1512.
Mais faire un bon choix demande du temps, de la patience et de la foi. C’est
seulement au mois de mai 1507 que la deuxième œuvre d’art arrive : il s’agit
de l’Hercule et Télèphe, une statue qui a été trouvée intacte à proximité du
Campo de’ Fiori. Enfin, au mois d’octobre 1508, le pape fait apporter des
Saints-Apôtres l’Apollon du Belvédère, peut-être aussi la statue incomplète
qui représente Hercule et Antée, ainsi que la statue de Vénus et Cupidon,
dite Vénus Felix. L’Ariane endormie, en qui l’on voyait à l’époque Cléopâtre
mourante, est considérée comme la seule statue qui ait été achetée, pour un
prix considérable, dans une autre collection célèbre, celle de la famille
Maffei : dès le mois d’août 1512, elle ornait une fontaine dont l’eau
retombait dans un sarcophage antique orné de scènes avec des personnages. La
statue du Fleuve Tibre fut, elle aussi, apportée au Vatican au mois de
février 1512, peu de temps après avoir été retrouvée non loin de l’église
Sainte-Marie-sur-la-Minerve.
Voilà ce qu’il est possible de reconstituer actuellement à propos du premier
noyau de la collection du Vatican. Et ces statues sont considérées encore
aujourd’hui comme les chefs d’œuvre antiques des Musées du Vatican, en dépit
du fait qu’un million d’autres objets soient venus s’y ajouter au cours des
siècles suivants.
Qu’est-ce qui a pu inspirer un choix aussi heureux ? Les critiques d’art
sont désormais d’accord pour affirmer que ce choix a aussi été fait pour
faire raconter aux statues une histoire sous une forme poétique. La
collection de Jules II fonctionnait, en effet, comme une allégorie
mythologique sophistiquée, fondée sur la poétique de Virgile. D’autre part
il y avait l’avertissement que donnait l’inscription, tirée de l’Énéide, qui
avait été placée à l’entrée de la cour. Ses statues étaient perçues comme
des acteurs, dans un espace qui ressemblait volontairement à celui d’un
décor de théâtre, dont les significations symboliques étaient activées et
déclarées à chaque fois que les poètes les faisaient jouer.
On racontait alors l’histoire de l’appel qu’avait entendu ce pontife, à qui
avait été confiée la mission de restituer à la ville et à l’Église de Rome
leur caractère de centre du monde. De même que les dieux de l’Antiquité
avaient investi l’empereur César Auguste de la mission de faire connaître à
Rome un nouvel âge d’or, de même, après des siècles de crise, la Providence
avait fait appel à un nouveau Julius pour restituer à Rome son ancienne
gloire et pour en faire le cœur rayonnant d’une nouvelle ère de paix,
d’ordre, de prospérité et, surtout, de civilisation. Et il ne s’agissait pas
de paroles en l’air, parce que cela se produisait vraiment au point le plus
intime et le plus sacré du Saint-Siège, à côté de la tombe de Pierre, là où,
en visitant l’Antiquarium, on pouvait voir, écouter, toucher du doigt, et
même en sentir le parfum, la renaissance de l’universalité de l’"imperium"
et de la civilisation des Romains.
Jules II, un homme d’action qui avait le don d’une foi très profonde, se
sentait véritablement investi par Dieu de cette mission, depuis l’époque où
il était cardinal. Déjà vingt ans avant d’être élu pape, en effet, il avait
utilisé l’art antique comme allégorie de ses projets universels pour la
renaissance de l’Église de Rome. En effet il n’y a que dans la collection
qu’il possédait à l’époque où il était cardinal que l’on puisse reconnaître
un précédent dont les intentions et les formes d’expression soient d’une
cohérence aussi révolutionnaire et dont le message soit aussi universel.
Parce que Jules II, contrairement aux accusations injustes de mégalomanie
dont il a été l’objet, a été un homme qui a voulu mettre tous ses talents au
service du Saint-Siège, à qui justement il a voulu laisser son œuvre en
héritage.
Les messages que Jules II a formulés dans ce merveilleux écrin d’art antique
n’ont pas été pleinement compris ou acceptés par tout le monde. Mais il a
laissé sa marque et elle est tellement indélébile et d’une telle puissance
qu’elle attire encore aujourd’hui, comme en son temps, des millions de
voyageurs en provenance de toutes les parties du monde.
Le journal du Saint-Siège qui a publié
l’article
►
L'Osservatore Romano
Le texte de la méditation sur la vérité et la beauté que Benoît XVI a
prononcée, en conclusion des exercices spirituels, le samedi 23 février
►
Les paroles de Benoît XVI à l'issue des exercices spirituels - 23.02.2013
Et son dernier Angélus en tant que pape, le dimanche 24 février
►
Je vais continuer à servir l'Eglise mais d'une manière plus adaptée à mon
âge
Traduction française par
Charles de Pechpeyrou, Paris, France.
Source: Sandro Magister
Eucharistie sacrement de la miséricorde -
(E.S.M.) 26.02.2013-
T/International |