La vie, affirme Benoît XVI,
c'est rester avec le Christ |
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Cité du Vatican, le 25 novembre 2007 -
(E.S.M.)
- Le Saint Père Benoît XVI a commencé son homélie en adressant
des salutations aux personnes présentes, puis est revenu sur le sens
profond des Lectures du jour et notamment la lettre de l'apôtre Paul aux
Colossiens, véritable hymne christologique.
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Le pape Benoît XVI -
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La vie, c'est rester avec le Christ, affirme Benoît XVI, parce que là où se
trouve le Christ, se trouve la royauté
Synthèse de l'homélie du Saint
Père Benoît XVI - Texte intégral en 2ème
partie
Le Saint Père Benoît XVI a commencé son homélie en adressant des salutations
aux personnes présentes, puis est revenu sur le sens profond des
Lectures du jour et notamment la lettre de l'apôtre Paul aux Colossiens,
véritable hymne christologique.
Le Saint Père compare la liturgie de la Parole à une fresque en trois
étapes, un triptyque avec de grandes scènes : au centre, la Crucifixion
selon le récit de Saint Luc, l'onction royale de David de la part des
anciens d'Israël. L'hymne Christologique de Saint Paul contenu dans la
lettre aux Colossiens « domine la figure du Christ, l'unique Seigneur
devant lequel nous sommes tous frères. La hiérarchie toute entière de
l'Église, chaque charisme et mystère, tout et nous tous sommes au service de
sa
Seigneurie », dit le Pape. « La vie, c'est rester avec le Christ parce que
là où
se trouve le Christ, se trouve la
royauté ». Le Christ, après avoir prêché sur les chemins et sur les
places, était maintenant au Calvaire pour la crucifixion, sommet des
humiliations et en même temps libération du péché pour le monde : « La scène de la crucifixion dans les quatre Évangiles constitue le
moment de vérité dans laquelle se déchire le voile du Temple et apparaît le
Saint des Saints. En Jésus crucifié se produit la plus grande révélation de
Dieu possible dans ce monde, parce que Dieu est Amour, et la mort en Croix
est le plus grand acte amour de toute de l'histoire ».
Le Successeur de Pierre rappelle aux nouveaux Cardinaux, mais également aux
fidèles présents, que sur leur anneau est justement représenté la
crucifixion : « Une invitation, pour vous, à vous rappeler de quel Roi vous
êtes les serviteurs, sur quel Trône Il a été élevé et comment il a été
fidèle jusqu'à la mort pour vaincre le péché et la mort même avec la force
de la divine miséricorde ». Ainsi, en portant l'anneau cardinalice, ajoute
Benoît XVI en s'adressant aux cardinaux dans la Basilique Saint Pierre, «
vous êtes appelés à donner votre vie pour l'Église ». Benoît XVI compare le
Collège Cardinalice au « Sénat de l'Église » et pour cela, il est
indispensable de « renouveler notre pacte avec toi, Jésus, notre amitié,
parce que seulement dans cette relation profonde avec Toi, Jésus notre Roi,
que nous assumons la valeur et le sens de la dignité qui nous a été conférée
et la responsabilité qu'elle comporte ». « Si nous tournons le regard vers
la scène de l'onction royale de David, présentée dans la première lecture -
affirme ensuite le Pape en passant à la seconde partie du `triptyque' choisi
pour l'homélie - l'aspect important de la majesté, c'est-à-dire sa dimension
corporative nous frappe.
Les anciens d'Israël vont à Ebron, lient un
pacte d'alliance avec David, en déclarant se considérer unis à lui et
vouloir former une chose unique. Si nous rapportons cette
illustration au Christ, il semble que ce pacte d'alliance se prête très bien
à être le vôtre, chers Frères Cardinaux. Aussi vous formez ce qui
constituait le 'Sénat de l'Église'. On pourrait dire à Jésus : nous nous
considérons comme tes os et ta chair."
Le Pape analyse ensuite la lettre de Saint
Paul aux Colossiens en remarquant que d'elle jaillit « un sentiment de
joie et de gratitude » puisqu'elle représente « une synthèse de
vérité et de foi ainsi puissante que nous ne pouvons pas ne pas en rester
profondément
admiratifs ».
Texte intégral de l'homélie du Saint Père
Messieurs les Cardinaux,
Vénérés Frères dans l'Episcopat et dans le Sacerdoce,
Mesdames et Messieurs,
Chers frères et sœurs !
Cette année la solennité du Christ Roi de l'univers, couronnement de
l'année liturgique, est enrichie par l'accueil dans le Collège
cardinalice de 23 nouveaux membres que j'ai invités, selon la
tradition, à concélébrer l'Eucharistie avec moi. A chacun d'eux
j'adresse mes salutations cordiales, les étendant avec une affection
fraternelle à tous les Cardinaux présents. Par ailleurs, je suis
heureux de saluer les délégations venues de différents pays et le Corps
diplomatique près le Saint-Siège, les nombreux Evêques et prêtres, les
religieux et les religieuses, et tous les fidèles, en particulier ceux
qui proviennent des diocèses confiés à la direction pastorale de
certains des nouveaux Cardinaux.
La fête liturgique du Christ Roi offre à notre célébration un fond très
significatif, défini et illuminé par les
lectures bibliques. Nous nous trouvons comme face à une fresque
imposante composée de trois grandes scènes: au centre, la Crucifixion,
selon le récit de l'évangéliste Luc; avec d'un côté, l'onction royale
de David par les anciens d'Israël; de l'autre, l'hymne christologique
par laquelle saint Paul introduit la Lettre aux Colossiens. La figure
du Christ domine l'ensemble, l'unique Seigneur devant lequel nous
sommes tous frères. Toute la hiérarchie de l'Eglise, chaque charisme et
ministère, tout et tous, nous sommes au service de sa grandeur.
Nous devons partir de l'événement central: la Croix. Le Christ
manifeste ici sa royauté singulière. Sur le Calvaire, deux attitudes
opposées sont confrontées. Plusieurs personnages au pied de la croix,
ainsi que l'un des deux larrons, s'adressent avec mépris au Crucifié:
Si tu es le Christ, le Roi Messie - disent-ils -, sauve-toi toi-même et
descends de la potence. Jésus, en revanche, révèle sa gloire en
demeurant là, sur la Croix, comme Agneau immolé. D'une manière
inattendue, l'autre larron se range de son côté et confesse
implicitement la royauté du juste innocent et implore: "Souviens-toi de
moi lorsque tu viendras avec ton royaume"
(Lc 23, 42). Saint Cyrille
d'Alexandrie commente: "Tu le vois crucifié et tu l'appelles roi. Tu
crois que celui qui supporte les railleries et la souffrance parviendra
à la gloire divine" (Commentaire de
Luc, homélie 153). Selon l'évangéliste Jean, la gloire
divine est déjà présente, bien que cachée et défigurée par la la croix.
Mais dans le langage de Luc aussi le futur est anticipé dans le présent
quand Jésus promet au bon larron: "Aujourd'hui tu seras avec moi dans
le Paradis" (Lc 23, 43).
Saint Ambroise observe: "Celui-là priait pour que le Seigneur se
rappelât de lui, une fois entré dans son Royaume, mais le Seigneur lui
répondit: en vérité, en vérité je te le dis, aujourd'hui tu seras avec
moi dans le Paradis. La vie consiste à demeurer avec le Christ, car là
où est le Christ, là est le Royaume"
(Démonstration de l'Evangile selon Luc, 10, 121).
L'accusation: "Celui-là est le roi des Juifs", inscrite sur un écriteau
cloué au-dessus de la tête de Jésus, devient ainsi la proclamation de
la vérité. Saint Ambroise fait encore remarquer: "A juste titre
l'inscription se trouve au-dessus de la croix, car bien que le Seigneur
fût en croix, toutefois il resplendissait du haut de la croix avec une
majesté royale" (ibid., 10, 113).
Dans les quatre Evangiles, la scène de la
crucifixion constitue le moment de la vérité, lorsque le "voile
du temple" se déchire et qu'apparaît le Saint des Saints. En Jésus
crucifié advient la plus haute révélation possible de Dieu en ce monde,
car Dieu est amour et la mort sur la croix de Jésus est le plus grand
acte d'amour de toute l'histoire. Or, sur l'anneau cardinalice, que je
remettrai d'ici peu aux nouveaux membres du sacré Collège, la
crucifixion est précisément représentée. Ceci, chers Frères nouveaux
Cardinaux, sera toujours pour vous une invitation à vous souvenir de
quel Roi vous êtes les serviteurs, sur quel trône il a été élevé et de
la façon dont il a été fidèle jusqu'à la fin pour vaincre le péché et
la mort par la force de la miséricorde divine. Notre mère l'Eglise,
épouse du Christ, vous donne ce signe en mémoire de son Epoux, qui l'a
aimée et qui s'est livré lui-même pour elle
(cf. Ep 5, 25). Ainsi, en
portant l'anneau cardinalice, vous êtes constamment invités à vous
souvenir de donner votre vie pour l'Eglise.
Si nous tournons maintenant notre regard vers la
scène de l'onction royale de David, présentée par la première
lecture, nous sommes frappés par un aspect important de la royauté, à
savoir sa dimension "corporative". Les anciens d'Israël vont à Hébron,
scellent un pacte d'alliance avec David, en déclarant se considérer
unis à lui et ne vouloir former qu'un avec lui. Si nous rapportons
cette figure au Christ, il me semble que cette même profession
d'alliance se prête très bien à être faite par vous précisément, chers
Frères Cardinaux. Vous aussi, qui formez le "sénat" de l'Eglise, vous
pouvez dire à Jésus: "Nous sommes de tes os et de ta chair"
(2 S 5, 1). Nous
T'appartenons et nous ne voulons former qu'un avec Toi. Tu es le berger
du Peuple de Dieu, Tu es le chef de l'Eglise
(cf. 2 S 5, 2). Au cours de cette célébration eucharistique
solennelle, nous voulons renouveler notre pacte avec Toi, notre amitié,
car ce n'est que dans cette relation intime et profonde avec Toi, Jésus
notre Roi et Seigneur, que la dignité qui nous a été conférée et la
responsabilité qu'elle comporte prennent leur sens et leur valeur.
Il nous reste maintenant à admirer la troisième partie du "triptyque"
devant lequel nous place la Parole de Dieu:
l'hymne christologique de la Lettre aux Colossiens. Avant tout,
faisons nôtre le sentiment de joie et de gratitude d'où elle jaillit,
pour le fait que le royaume du Christ, le "sort des saints dans la
lumière", n'est pas quelque chose de simplement entrevu de loin, mais
la réalité dont nous sommes appelés à faire partie, dans laquelle nous
avons été "transférés" grâce à l'œuvre rédemptrice du Fils de Dieu
(cf. Col 1, 12-14). Cette
action de grâce ouvre l'esprit de saint Paul à la contemplation du
Christ et de son mystère dans ses deux dimensions principales: la
création de toutes les choses et leur réconciliation. Pour le premier
aspect, la grandeur du Christ consiste dans le fait que "c'est en lui
qu'ont été créées toutes choses... et pour lui.... et tout subsiste en
lui" (Col 1, 16). La
seconde dimension est centrée sur le mystère pascal: par la mort du
Fils sur la croix, Dieu s'est réconcilié toute créature, il a fait la
paix entre le ciel et la terre; en le ressuscitant d'entre les morts,
il en a fait la prémice de la nouvelle création, "plénitude" de toute
réalité et "tête du corps" mystique qu'est l'Eglise
(cf. Col 1, 18-20). Nous
sommes à nouveau devant la croix, événement central du mystère du
Christ. Dans la vision paulinienne, la croix est encadrée à l'intérieur
de l'ensemble de l'économie du salut, où la royauté de Jésus se déploie
dans toute son ampleur cosmique.
Ce texte de l'Apôtre exprime une synthèse de vérité et de foi si
puissante que nous ne pouvons pas ne pas être profondément admiratifs.
L'Eglise est dépositaire du mystère du Christ: elle l'est en toute
humilité et sans ombre d'orgueil ou d'arrogance, car il s'agit du don
le plus élevé qu'elle a reçu sans aucun mérite et qu'elle est appelée à
offrir gratuitement à l'humanité de chaque époque, comme horizon de
sens et de salut. Ce n'est pas une philosophie, ce n'est pas une gnose,
bien qu'elle comprenne aussi la sagesse et la connaissance. C'est le
mystère du Christ;
c'est le Christ lui-même, le Logos
incarné, mort et ressuscité, constitué Roi de l'univers. Comment ne pas
éprouver un élan d'enthousiasme rempli de gratitude pour avoir été
admis à contempler la splendeur de cette révélation? Comment ne pas
ressentir en même temps la joie et la responsabilité de servir ce Roi,
de témoigner de sa grandeur par la vie et par la parole? Tel est, de
façon particulière, notre devoir, vénérés Frères Cardinaux: annoncer au
monde la vérité du Christ, espérance pour chaque homme et pour la
famille humaine tout entière. Dans le sillage du Concile œcuménique
Vatican II, mes vénérés prédécesseurs, les Serviteurs de Dieu Paul VI,
Jean-Paul I et Jean-Paul II, ont été d'authentiques hérauts de la
royauté du Christ dans le monde contemporain. C'est pour moi un motif
de consolation de toujours pouvoir compter sur vous, aussi bien
collégialement qu'individuellement, pour mener à bien moi aussi cette
tâche fondamentale du ministère pétrinien.
En conclusion, étroitement lié à cette mission, se trouve un aspect que
je voudrais aborder et confier à votre prière: la paix entre tous les
disciples du Christ, comme signe de la paix que Jésus est venu
instaurer dans le monde. Nous avons écouté dans l'hymne christologique
la grande nouvelle: il a plu à Dieu de "réconcilier" l'univers par la
croix du Christ (cf. Col 1, 20)!
Eh bien, l'Eglise est cette portion d'humanité où se manifeste déjà la
royauté du Christ, dont la paix est la manifestation privilégiée. C'est
la Jérusalem nouvelle, encore imparfaite car pèlerine dans l'histoire,
mais en mesure d'anticiper, en quelque sorte, la Jérusalem céleste.
Ici, nous pouvons enfin nous référer au texte du Psaume responsorial,
le Psaume 121: il fait partie de ce qu'on appelle les "chants des
ascensions" et c'est l'hymne de joie des pèlerins qui, montant vers la
cité sainte et qui arrivés à ses portes, lui adressent le salut de
paix: shalom! Selon une étymologie populaire, Jérusalem était
interprétée comme la "cité de la paix", cette paix que le Messie, fils
de David, aurait instauré dans la plénitude des temps. En Jérusalem,
nous reconnaissons la figure de l'Eglise, sacrement du Christ et de son
Royaume.
Chers Frères Cardinaux, ce Psaume exprime bien le chant d'amour ardent
pour l'Eglise que vous portez assurément dans votre cœur. Vous avez
consacré votre vie au service de l'Eglise et vous êtes désormais
appelés à assumer en elle une tâche d'une plus haute responsabilité.
Les paroles du Psaume trouvent en vous une pleine adhésion: "Appelez la
paix sur Jérusalem" (v. 6).
Que la prière pour la paix et l'unité constitue votre première et
principale mission, afin que l'Eglise soit "ferme et compacte"
(v. 3), signe et instrument d'unité pour tout le genre
humain (cfr
Lumen
Gentium, 1).
Je place, plus encore, nous plaçons tous ensemble votre mission sous la
protection vigilante de la Mère de l'Eglise, la Très Sainte Vierge
Marie. C'est à Elle, unie à son Fils sur le Calvaire et élevée comme
Reine à sa droite dans la gloire, que nous confions les nouveaux
Cardinaux, le Collège cardinalice et la communauté catholique tout
entière qui s'efforce de semer dans les sillons de l'histoire le
Royaume du Christ, Seigneur de la vie et Prince de la paix.
Texte original du
discours du Saint Père
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Italien
2ème
Consistoire de Benoît XVI - 24 novembre 2007
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Le Christ, Roi de l'univers
(résumé des
lectures de ce jour)
Point d'orgue de l'année liturgique, la fête du Christ Roi prépare à aimer
le Christ de la crèche à la croix et de la croix à la crèche. Ces deux
commencements sont l'avènement d'une seule révélation de Dieu qui fait
Christ et Seigneur l'homme de la crèche et de la croix. Nous assistons à une
mise en valeur de la figure du Christ Sauveur. Sa force s'étend aux vivants
et aux morts, à tout l'univers et à toute l'histoire.
Or cette puissance apparaît dans son expression la plus pure sur la croix,
où « abandonné de Dieu » (selon
l'expression du théologien Moltmann), « il nous arrache au
pouvoir des ténèbres »
(deuxième lecture), de nos ténèbres intimes et de nos guerres
fratricides. Nous sommes à genoux devant la croix, demandant au Christ de se
souvenir de chacun de nous. Sa mémoire de l'humanité englobe tous ceux qui
nous ont précédés car chaque homme est de son sang
(première lecture).
Le sang, c'est la vie, et aujourd'hui, nous savons bien que le don du sang
peut sauver des vies. Par son sang, par le don de sa vie, le Christ sauve.
Et parce qu'il est Seigneur de l'univers, ce salut s'étend à tout être
humain. C'est parfois la vie d'une personne encore jeune, sabrée par la
mort, qui permet de comprendre le don total que Jésus a fait de lui-même sur
la croix.
Si la vie nous paraît le bien le plus précieux, que légitimement nous
voulons garder, le Christ sur la croix atteste qu'il est pourtant possible
de remettre sa vie entre les mains d'une autre volonté que la sienne et de
renoncer à être maître ou roi de son existence. Et qu'ainsi, même au seuil
de la mort, il y a encore un choix possible : aimer Dieu plus que notre vie,
avec cette liberté du don qui est la marque de notre humanité. La seule
manière de ne pas jouer aux petits rois est de couronner le Christ comme
Roi, de lui laisser occuper cette place, ce trône dans notre vie. Alors nous
serons comme des princes : la paix est à ce prix.
Sources:
www.vatican.va -
E.S.M.
© Copyright 2007 - Libreria Editrice Vatican
Eucharistie sacrement de la miséricorde -
(E.S.M.) 25.11.2007 - BENOÎT XVI |