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19 Avril 2005
 

C'est le Paraclet, écrit Benoît XVI qui interprète et conduit à la vérité

 

Rome, le 24 juillet 2007 - (E.S.M.) - Je peux adhérer avec conviction, écrit Benoît XVI, à la conclusion que Peter Stuhlmacher a tirée des éléments que je viens d'exposer. Il estime que « le contenu de l'Évangile remonte au disciple que Jésus aimait (particulièrement). Le prêtre s'est considéré comme son relais et son porte-parole.

« Es-tu le Messie, le Fils du Dieu béni ? » (Mc 14, 61)

2) C'est le Paraclet, écrit Benoît XVI qui interprète et conduit à la vérité  (p. 249 à 255)

Le Livre de Benoît XVI

Chapitre 8 : Les grandes images de l'Évangile de Jean
1) Introduction : la question johannique
 (p. 245 à 249)
L'image de Jésus proposée par Jean  (lien précédent)

Essayons d'aborder la première question, exprime Benoît XVI. Dans le récit de la Passion, l'Évangile lui-même se prononce clairement là-dessus. Il est dit qu'un des soldats frappa Jésus au côté avec sa lance « et aussitôt il en sortit du sang et de l'eau ». Les paroles qui suivent ont un poids particulier : « Celui qui a vu rend témoignage, afin que vous croyiez vous aussi. Son témoignage est véridique et le Seigneur sait qu'il dit vrai » (Jn 19, 35). L'Évangile affirme se fonder sur un témoin oculaire, et il est évident que ce témoin est justement le disciple dont il est dit auparavant qu'il se tenait près de la croix et qu'il était le disciple que Jésus aimait (cf. Jn 19, 26). En Jean 21, 24, ce disciple est encore nommé comme l'auteur de l'Évangile. Par ailleurs, nous le rencontrons en Jean 13, 23 ; 20, 2-10 ; 21, 7 et sans doute aussi en Jean 1, 35.40 et 18, 15-16.

Dans le récit du lavement des pieds, ces énoncés concernant l'origine extérieure de l'Évangile s'approfondissent pour fournir une indication sur sa source interne. Il y est dit de ce disciple que lors de la Cène, il avait sa place à côté de Jésus et que lors de l'interrogation sur l'identité de celui qui trahira, il « se penche donc sur la poitrine de Jésus » précise Benoît XVI (13, 25). Cette expression est formulée comme un parallèle voulu avec la fin du prologue de Jean où il est dit à propos de Jésus : « Dieu, personne ne l'a jamais vu ; le Fils unique, qui est dans le sein du Père, c'est lui qui a conduit à le connaître» (1, 18). Tout comme Jésus, le Fils, connaît le mystère du Père en étant dans son sein, l'évangéliste, du fait de se pencher sur sa poitrine, a pu tirer sa connaissance en quelque sorte du cœur de Jésus.

Mais qui est donc ce disciple ? L'Évangile ne l'identifie jamais directement par son nom. En liaison avec Pierre et avec d'autres vocations de disciples, le texte nous oriente vers la personne de Jean, fils de Zébédée, sans pour autant expliciter cette identification. Manifestement, il laisse consciemment planer un mystère. L'Apocalypse (cf. 1, 1-4), il est vrai, indique clairement Jean comme auteur, mais malgré la relation étroite entre l'Apocalypse, l'Évangile et les Lettres, il n'est pas sûr qu'il s'agisse d'un seul et même auteur.

Dans sa vaste théologie du Nouveau Testament, l'exégète évangélique Ulrich Wilckens a récemment encore défendu la thèse qu'il ne fallait pas considérer le « disciple bien-aimé » comme une figure historique, mais comme représentant fondamentalement une structure de la foi : « "L'Écriture seule" n'existe pas sans la "voix vivante" de l'Évangile, et celui-ci n'existe pas sans le témoignage individuel d'un chrétien doté de la fonction et de l'autorité du "disciple bien-aimé", en qui le ministère et l'esprit se conjuguent et se conditionnent mutuellement (U. Wilckens, Théologie des Neuen Testaments, I, 4, p. 158, voir bibliographie, p. 401). » Cette affirmation portant sur la structure a beau être juste, elle n'en reste pas moins insuffisante. Si, dans l'Évangile, le disciple bien-aimé prend expressément la fonction de témoin de la vérité - ce qui s'est produit -, il se présente comme une personne vivante, affirme Benoît XVI. En tant que témoin, il veut se faire le garant d'événements historiques et il prétend ainsi lui-même au rang de personnage historique, car sinon, ces phrases qui déterminent l'objectif et la qualité de l'Évangile tout entier se vident de leur sens.

Depuis Irénée de Lyon (f 202), la tradition de l'Église considère unanimement Jean, le fils de Zébédée, comme le disciple bien-aimé et comme l'auteur de l'Évangile. Cela est conforme aux éléments d'identification contenus dans l'Évangile, qui, de toute façon, nous renvoient à un apôtre et compagnon de Jésus, du Baptême dans le Jourdain (ndlr, comme nous l'avons écrit hier en note) à la dernière Cène, de la Croix à la Résurrection.

Il est vrai qu'à l'époque moderne, on a mis de plus en plus en doute cette identification. Est-il possible que lui, le pêcheur du lac de Génésareth, ait pu rédiger ce sublime Évangile qui, par ses visions, plonge au plus profond du mystère de Dieu ? Lui, ce pêcheur de Galilée, a-t-il pu être lié à l'aristocratie sacerdotale de Jérusalem, à sa langue et à sa façon de penser, comme le fut, en effet, l'évangéliste ? A-t-il pu être apparenté à la famille du grand prêtre, comme le suggère le texte (cf. Jn 18, 15) ?

Après les recherches de Jean Colson, de Jacques Winandy et de Marie-Emile Boismard, l'exégète français Henri Gazelles, en étudiant la sociologie du sacerdoce du Temple avant sa destruction, a montré qu'une telle identification était tout à fait plausible. Les classes sacerdotales officiaient par roulement deux fois par an, à raison d'une semaine chacune. Après avoir terminé son service, le prêtre retournait dans son pays : de manière courante, il exerçait aussi une profession lui permettant de gagner sa vie. D'ailleurs, il ressort de l'Évangile que Zébédée n'était pas un simple pêcheur, mais qu'il faisait travailler plusieurs journaliers. C'est pourquoi ses fils avaient la possibilité de s'en aller. « Zébédée peut tout à fait avoir été prêtre, tout en ayant son domaine en Galilée, où la pêche dans le lac l'aide à gagner sa subsistance. Il avait sans doute seulement un pied-à-terre à côté ou dans le quartier de Jérusalem habité par les esséniens ( IkaZ Communio 31 (2002), p. 481). » « Ce repas justement, pendant lequel un des disciples était penché sur la poitrine de Jésus, se produisit dans un lieu qui se trouvait, selon toute vraisemblance, dans un quartier de la ville habité par des esséniens » — dans le « pied-à-terre » du prêtre Zébédée, qui laissa « la pièce supérieure à Jésus et aux Douze » ( Ibid., p. 480-481). Dans la contribution de Gazelles, une autre remarque nous intéresse : selon la coutume juive, le maître de maison ou comme ici, en son absence, son fils aîné, « était assis à la droite de l'invité, la tête penchée contre la poitrine de celui-ci (Ibid., p. 480) ».

Si l'état actuel de la recherche nous permet tout à fait de voir en Jean, le fils de Zébédée, ce témoin qui répond solennellement de son témoignage oculaire (cf. 19, 35) en s'identifiant ainsi comme le véritable auteur de l'Évangile, il n'en reste pas moins que la complexité de la rédaction du texte soulève d'autres questions.

Dans ce contexte, nous devons considérer une information de l'historien de l'Église Eusèbe de Césarée (mort vers 338). Eusèbe nous parle d'un ouvrage en cinq volumes de l'évêque Papias d'Hiérapolis, mort vers 220, qui y aurait écrit que lui-même n'avait pas connu ou vu personnellement les saints apôtres, mais qu'il avait reçu la doctrine de la foi de personnes proches des apôtres. Il y mentionne d'autres personnes qui auraient également été des disciples du Seigneur, citant les noms d'Aristion et d'un prêtre Jean. Ce qui est important c'est qu'il distingue entre l'apôtre et l'évangéliste Jean d'une part, et le prêtre Jean d'autre part. Alors qu'il n'aurait pas connu personnellement le premier, il aurait personnellement rencontré le second (Eusèbe, Histoire ecclésiastique, III, 39 in SCh, n. 31, p. 153-157).

Cette information est digne d'attention, formule Benoît XVI ; d'elle et d'autres indices proches, il ressort qu'il existait, à Éphèse, une sorte d'école johannique qui se réclamait du disciple bien-aimé de Jésus, mais où cependant un certain « prêtre Jean » était l'autorité déterminante. Ce « prêtre » Jean apparaît dans la deuxième (1, 1) et la troisième Lettre (1, 1) de saint Jean comme expéditeur et auteur de la Lettre, mais simplement sous le titre « le prêtre » (l'Ancien), sans indiquer le nom de Jean. Manifestement, il n'est pas identique à l'apôtre, et ainsi nous rencontrons ici, expressément dans le texte canonique, la figure mystérieuse du prêtre. Il a dû être très proche de l'apôtre et il a peut-être même connu Jésus lui-même. Après la mort de l'apôtre, il passait tout à fait pour le porteur de son héritage. Dans la mémoire, les deux figures ont fini par se confondre. En tout cas, nous pouvons attribuer au « prêtre Jean » une fonction essentielle dans la rédaction définitive de l'Évangile, lors de laquelle il se savait toujours le dépositaire fidèle de la tradition transmise par le fils de Zébédée.

Je peux adhérer avec conviction, écrit Benoît XVI, à la conclusion que Peter Stuhlmacher a tirée des éléments que je viens d'exposer. Il estime que « le contenu de l'Évangile remonte au disciple que Jésus aimait (particulièrement). Le prêtre s'est considéré comme son relais et son porte-parole (Peter Stuhlmacher, Biblische Théologie des Neuen Testaments, vol. II, p. 206, voir bibliographie, p. 401) ». Dans une perspective similaire, Eugen Ruckstuhl et Peter Dschullnig disent : « L'auteur de l'Évangile selon Jean est en quelque sorte le légataire du disciple bien-aimé (Ibid., p. 207). »

Constatant cela, nous avons déjà fait un pas décisif dans la question de la véracité historique du quatrième Évangile. Derrière lui, il y a finalement un témoin oculaire, et la rédaction concrète a été faite dans le cercle vivant de ses disciples, et de façon déterminante par un disciple qui lui était proche.

Toujours dans cette perspective, Stuhlmacher écrit que « dans l'école johannique on a continué à cultiver le style de pensée et d'enseignement qui, avant Pâques, a été déterminant pour les entretiens didactiques de Jésus avec Pierre, Jacques et Jean (ainsi qu'avec le groupe des Douze dans son ensemble). La tradition synoptique fait entrevoir comment les apôtres et leurs disciples ont parlé de Jésus dans l'enseignement missionnaire et communautaire de l'Église, alors que dans le cercle de Jean, sur la base et dans le cadre de cet enseignement, on a poussé la réflexion "en s'expliquant" le mystère de la révélation du dévoilement de Dieu lui-même "dans le fils" ( Ibid) ». Ici, il faudrait tout de même remarquer que, selon le texte de l'Évangile lui-même, nous avons moins affaire à des entretiens didactiques internes de Jésus, qu'à son conflit avec l'aristocratie du Temple, dans lequel se déroule, d'avance, son procès. Sous des formes diverses, la question « Es-tu le Messie, le Fils du Dieu béni ? » (Mc 14, 61) occupe alors progressivement et nécessairement le centre de tout ce conflit, dans lequel se manifeste et ne cesse de se manifester, de façon toujours plus dramatique, la revendication de Jésus à être le Fils.

Il est surprenant que Hengel, qui nous a tant appris sur l'enracinement historique de l'Évangile dans l'aristocratie sacerdotale de Jérusalem et donc sur le contexte réel de la vie de Jésus, reste étonnamment négatif ou — pour ne pas dire plus — extrêmement prudent en ce qui concerne le diagnostic qu'il porte sur le caractère historique du texte. Il dit : « Le quatrième Évangile est largement, mais pas entièrement, une "œuvre poétique de Jésus" [...] Ici, le scepticisme radical nous induit autant en erreur que la confiance naïve. D'une part, tout ce qui n'est pas avéré historiquement n'est pas forcément de la fiction. D'autre part, pour l'évangéliste (et son école), le dernier mot n'appartient pas au souvenir "historique" banal d'un passé, mais au Paraclet, qui interprète et conduit à la vérité (M. Hengel, Die johanneische Frage, op. cit., p. 322). » Apparaît alors cette question : que signifie cette opposition ? Qu'est-ce qui rend le souvenir historique banal ? Est-ce que la vérité du souvenir importe ou non ? Et quelle est la vérité à laquelle le Paraclet peut conduire, s'il laisse la dimension historique derrière lui, la considérant comme banale ?

C'est la question que pose le pape Benoît XVI et à laquelle il va répondre en détail dans la prochaine page. (à suivre)

D'autres pages du dernier livre du pape :   Benoît XVI
 

Source:  E.S.M.

Ce document est destiné à l'information; il ne constitue pas un document officiel

Eucharistie, sacrement de la miséricorde - (E.S.M.) 24.07.2007 - BENOÎT XVI - Table Jesus

 

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