Le Motu Proprio du pape Benoît XVI
est un texte d'étape |
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Le 24 juillet 2007 -
(E.S.M.) - Au-delà du rétablissement du droit
du missel de Saint Pie V, le Motu Proprio Summorum Pontificum pourrait
alors annoncer quelque chose comme un missel de Benoît XVI
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Notre
Saint-Père le pape Benoît XVI -
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Le Motu Proprio du pape Benoît XVI est un texte d'étape
LE MOTU PROPRIO EST UN TEXTE D'ÉTAPE
Ce texte sur la libéralisation de la messe traditionnelle, annonçant en
filigrane d’autres mesures (renforcement en pouvoirs et en personnel de la
Commission pontificale Ecclesia Dei), immédiatement suivi de la publication
d’un document de la Congrégation pour la Doctrine de la foi qui voudrait
encadrer l’interprétation de l’une des expressions les plus floues du
dernier Concile, le susbistit in, paraît confirmer le développement
d’un véritable tournant ecclésiologique (Réponses
à des interrogations concernant certains aspects de la doctrine sur l'Église).
Ses adversaires ne s’y sont pas trompés : sur la forme, le pape Benoît XVI,
passe par-dessus une certaine "collégialité", pour s’appuyer sur les curés
de paroisse dont un certain nombre sont notoirement acquis à la
libéralisation liturgique, contribuant par le fait même, paradoxalement, à
désenchaîner l’autorité personnelle des évêques de bonne volonté.
Sur le fond, il rétablit la plénitude de principe du droit d’un rite
liturgique anté-conciliaire et, par voie de conséquence, volens nolens, il
minimise la légitimité du rite qui s’est voulu l’expression de la réforme de
Vatican II. Cet acte est posé pratiquement quarante ans après la réforme
liturgique : la "messe normative" selon le nouvel Ordo avait, en effet, été
présentée aux évêques réunis en synode, en octobre 1967. Quarante ans… La
durée de la Captivité de Babylone, ou celle du Grand Schisme, diront avec
humour les amateurs de lecture "spirituelle" de l’histoire. Quarante ans
d’un inintelligible cauchemar et 25 ans de préparation !
Mais la parution de ce Motu Proprio a été elle-même fort longue. On
l’annonçait depuis le début du pontificat : le nombre de bruits,
d’informations vraies mais prématurées, de désinformations, d’indiscrétions
sur sa date, sur ses modalités, pourraient faire l’objet d’un livre, qui
montrerait à quel point le principe de sa publication a soulevé
d’oppositions, provoqué de démarches, entraîné d’hésitations depuis deux
ans. Et même avant : on savait que dans les dernières années du pontificat
de Jean-Paul II plusieurs cardinaux, dont Joseph Ratzinger, notre pape
Benoît XVI, lui avaient demandé
une mesure semblable à celle qui vient d’être prise. Auparavant, le cardinal Stickler avait révélé que le cardinal Ratzinger avait organisé une
consultation de cardinaux pour leur demander si, à leur avis, la messe
tridentine avait été ou non juridiquement abrogée. Plus anciennement encore,
pratiquement dès l’entrée du même cardinal Ratzinger au Palais du
Saint-Office, comme l’ont récemment révélé divers organes de presse, une
réunion qu’il présidait s’était tenue à la Congrégation pour la Doctrine de
la foi, le 16 novembre 1982, avec les cardinaux Baum, Casaroli (Secrétaire
d’État), Oddi (Clergé), Baggio (Evêques), et Mgr Casoria (Culte divin), au
cours de laquelle avaient été approuvées à l’unanimité la non-abrogation de
la messe traditionnelle et des mesures quasi identiques à celles qui
viennent d’être publiées. En 1982 ! L’émergence de ce texte explosif n’a
donc pas pris six mois ni deux ans, mais vingt-cinq ans !
Je me limiterai ici à quelques réflexions sur la portée ecclésiologique de
l’article 1 de cette Lettre apostolique en forme de motu proprio de Benoît
XVI. Il contient cette
affirmation paradoxale – certains diront surréaliste – pour qui a vécu
quarante années d’exclusions, pressions, marginalisations, voire de
véritables persécutions : le missel traditionnel, en sa dernière édition
"typique" (1962), n’avait jamais été abrogé ! Nombreux sont ceux, prêtres et
fidèles, qui en ont ressenti une poignante émotion : en quelques mots, c’est
toute une tranche d’histoire de leur vie, en son cœur – les conditions de la
célébration de l’eucharistie – qui est déclarée n’avoir été qu’un
inintelligible cauchemar. Durant quarante ans !
Inversement (du moins apparemment, car ce n’est pas vraiment
contradictoire), l’article 1 déclare que l’un et l’autre missel, celui de
Paul VI et celui de Saint Pie V, sont "deux expressions de la lex orandi
de l’Église [qui] n’induisent aucune division de la lex credendi".
Une situation totalement atypique est ainsi créée. Certes, il a toujours
existé dans l’Église des rites liturgiques distincts correspondant à des
aires géographiques, ethniques ou culturelles diverses, mais on avait jamais
vu, non seulement une coexistence de fait, mais une consécration de droit du
parallélisme de deux états successifs du même rite.
Lex orandi lex credendi ?
En effet, il y a normalement une osmose entre la croissance continue, sans
rupture ni involution, de la loi de la foi (le dogme) et de la loi de la
prière (la liturgie). L'histoire du dogme est depuis toujours
inextricablement liée à celle du culte, ou plutôt c'est une même histoire de
croissance, d’amélioration, de précision. Bien entendu, il ne s'agit pas
d'absolutiser l'évolution historique des formes rituelles en tant que
telles. A strictement parler, l'impossibilité d'une involution ne concerne,
à l’intérieur du culte divin, que l'expression de la foi et des moeurs. Mais
lorsqu’une liturgie est totalement revue et corrigée, dans l’ensemble comme
dans le détail, ce qui fut le cas de la liturgie romaine après Vatican II,
le nouvel état ne peut que représenter un progrès dans l’expression de la
foi.
Or, la Lettre apostolique
"Motu Proprio Summorum Pontificum" de Benoît XVI, nous dit que
dans ce cas, il n’en est rien : au minimum, la réforme de Paul VI n’a pas
accompli de progrès, au pire – et le minimum n’est-il pas déjà le pire ? –
elle a représentée une involution. En réalité, la nouvelle liturgie est
congénitalement multiforme : les prières eucharistiques officiellement
utilisables en France sont au nombre de dix, les variantes possibles sont
innombrables, les interprétations personnelles infinies, tout cela induit
par un anti-ritualisme de principe. De sorte qu’elle est bien, en effet,
l’expression d’une "loi de la prière" floue, qui s’accorde à une "loi de la
foi" non moins floue, celle du Concile dans ses parties qui soulèvent le
plus de difficultés. Le cardinal Ratzinger ne disait-il pas dans La
célébration de la foi, que la multiplication des prières eucharistiques
"révèle une situation préoccupante, d’autant plus que leur qualité et leur
convenance théologique sont parfois à la limite du supportable" ? De même
donc, que la multiplicité des lectures possibles du Concile, pratiquement
contradictoires, découle de son caractère "pastoral", toutes choses égales,
la nouvelle liturgie, qui n’a plus l’armature rituelle correspondant dans le
culte à l’armature dogmatique dans le magistère, ne prétend pas être une
borne infrangible de la foi.
Le pape veut procéder à la "réforme de la réforme"
Il serait bien risqué de prévoir l’aboutissement des grandes évolutions
ecclésiologiques qui semblent s’être ébranlées, lentement d’abord (Le
Catéchisme de l’Église Catholique), plus nettement ensuite (Dominus
Jesus - Vatican 6 août 2000), assez précisément aujourd’hui (Summorum
Pontificum). On peut cependant imaginer, dans le domaine strictement
liturgique, un double mouvement. Le missel traditionnel contient dans son
canon l’expression tout à fait unique de l’actio eucharistique (le
sacrifice de la messe, sacrifice non sanglant, renouvelant le sacrifice du
Golgotha, accompli sur l’autel pour la diffusion et l’application des fruits
salutaires de la Croix), expression redoublée – comme d’ailleurs dans toutes
les liturgies traditionnelles – par l’explicitation que constituent les
prières de l’offertoire, la ritualisation des gestes, l’orientation de la
prière. La "forme extraordinaire" du rite romain, de l’Église Mère et
Maîtresse, dont la Lettre apostolique dit qu’il doit être "honoré en raison
de son usage antique et vénérable", pourrait donc se voir à nouveau
reconnaître, spécialement dans son canon unique – une des spécificité
majeures de la liturgie de Rome – son rôle cultuel de regula fidei.
D’autre part, il semble clair, dans la pensée de Benoît XVI, que la
célébration publique du rite tridentin en de nombreux lieux ne peut qu’aider
puissamment à mettre en œuvre sa conviction profonde : la réforme de Paul
VI, après quarante ans d’usage n’ayant pas donné les fruits que l’on en
espérait, il faut en douceur, avec patience, beaucoup plus dans la pratique
que dans les textes, procéder à une "réforme de la réforme", qui la
rapprochera progressivement de l’usage "antique et vénérable". Au-delà du
rétablissement du droit du missel de Saint Pie V, le Motu Proprio Summorum
Pontificum pourrait alors annoncer quelque chose comme un missel de Benoît
XVI.
abbé Claude Barthe
« Nous avons besoin d’un nouveau mouvement
liturgique, qui donne le jour au véritable héritage de Vatican II.
»
Cardinal Ratzinger, Ma Vie, souvenirs.
Fayard 1998.
Le Motu Proprio
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Doctrine catholique sur l'Église
La Messe du pape Benoît XVI :
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Sources:
Monde et Vie -
E.S.M.
Ce document est destiné à l'information; il ne constitue pas
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Eucharistie, sacrement de la miséricorde -
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