Servir, indique Benoît XVI, est la vraie façon
de régner |
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Le 24 février 2008 - Dans cette page, Benoît XVI en vient au troisième
groupe de paroles sur le Fils de l'homme : celles qui prédisent la
Passion. Nous avons déjà vu que, dans l'Évangile de Marc, les trois
prédictions sur la Passion, qui rythment le texte aussi bien que le
chemin de Jésus, annoncent avec une précision croissante son destin à
venir et la nécessité inhérente à ce destin.
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En
marche vers Pâques, du désert à l'eau vive
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C'est
ici
Servir, indique Benoît XVI, est la vraie façon de régner et nous fait
pressentir quelque chose de la façon qu'a Dieu d'être Seigneur, de la «
Seigneurie de Dieu ».
Chapitre 10,
les affirmations de Jésus sur Lui-même (pages 347 à
383)
1) Les
titres attribués à Jésus
►
Benoît XVI
2) Le Fils de l'homme
►
(1er partie)
3)
Il n'y a qu'un
seul Fils de l'homme et c'est Jésus
►
Benoît XVI
4)
Le troisième groupe de paroles
sur le Fils de l'homme
Dans cette page, Benoît XVI en vient au troisième groupe de paroles sur le Fils de l'homme :
celles qui
prédisent la Passion. Nous avons déjà vu que, dans l'Évangile de Marc, les
trois prédictions sur la Passion, qui rythment le texte aussi bien que le
chemin de Jésus, annoncent avec une précision croissante son destin à venir
et la nécessité inhérente à ce destin. Elles trouvent leur centre de gravité
interne et leur apogée dans la phrase qui suit la troisième annonce de la
Passion et le discours sur les chefs et les serviteurs qui en fait partie :
« Car le Fils de l'homme n'est pas venu pour être servi, mais pour servir,
et donner sa vie en rançon pour la multitude » (Mc 10, 45).
Avec la reprise d'un mot tiré des chants du Serviteur souffrant
(cf. Is 53),
c'est un autre aspect de la tradition de l'Ancien Testament qui est intégré
ici dans l'image du Fils de l'homme. Jésus, qui s'identifie, d'un côté, avec
le juge du Jugement dernier, s'identifie ici avec le Serviteur souffrant et
mourant, que le prophète avait entrevu dans ses chants. C'est ainsi
qu'apparaît l'unité de la passion et de « l'exaltation », de l'abaissement
et de la gloire. Servir, indique Benoît XVI,
est la vraie façon de régner et nous fait pressentir
quelque chose de la façon qu'a Dieu d'être Seigneur, de la « Seigneurie de
Dieu ». Dans la passion et dans la mort, la vie du Fils de l'homme devient
pleinement « existence pour », il devient le libérateur et le sauveur pour «
la multitude », non seulement pour les enfants dispersés d'Israël, mais plus
généralement pour les enfants de Dieu dispersés (cf. Jn 11, 52), pour
l'humanité. Par sa mort « pour la multitude », il franchit les limites de
l'espace et du temps, et l'universalité de sa mission s'accomplit.
L'exégèse la plus ancienne a eu tout à fait raison de considérer la fusion
entre la vision qu'a Daniel du Fils d'homme à venir et les images que
transmet Isaïe du
Serviteur souffrant comme la nouveauté proprement dite et comme la
particularité de la conception du Fils de l'homme propre à Jésus, voire le
cœur de la conscience qu'il a de lui-même. Il nous faut néanmoins ajouter
que la synthèse des traditions de l'Ancien Testament opérée par Jésus dans
l'image du Fils de l'homme est encore plus ample et qu'elle réunit bien
d'autres veines de ces traditions.
La réponse de Jésus quand on lui demande s'il est le Messie, le fils du Dieu
béni, fusionne le chapitre 7 du Livre de Daniel et le Psaume 110
[109] :
Jésus se considère comme celui qui siège «
à la droite de Dieu », ainsi que
l'annonce le Psaume du futur Roi Prêtre. Ensuite, la troisième annonce de la
Passion par les paroles indiquant le rejet du Fils de l'homme par les
scribes, les anciens et les grands prêtres (cf. Mc 8, 31)
intègre le Psaume
117 [118] : la parole de la pierre rejetée par les bâtisseurs et devenue la
pierre d'angle (117, 22). Ainsi s'établit un rapport avec la parabole des
vignerons homicides, dans laquelle le Seigneur utilise ces mots pour prédire
son rejet et sa résurrection, de même que la future communauté nouvelle. Le
lien avec la parabole, explique Benoît XVI, fait également apparaître l'identité entre le « Fils
de l'homme » et le « Fils bien-aimé » (cf. Mc 12, 1-12). Et pour finir, le
courant de la littérature sapientielle est également présent : le chapitre 2
du Livre de la Sagesse relate l'hostilité des « impies » à l'égard du juste
: « II se vante d'avoir Dieu pour père... Si ce juste est fils de Dieu, Dieu
l'assistera... Condamnons-le à une mort infâme » (Sg 2, 16-20). Volker Hampel pense que la parole de Jésus sur la rançon ne provient pas du
chapitre 53 versets 10-12 du Livre d'Isaïe, mais du chapitre 21 verset 18
des Proverbes et du chapitre 43 verset 3 d'Isaïe, ce qui me paraît tout à
fait improbable (R. Schnackenburg, Die Person Jesu Christi...,
p. 74, voir bibliographie, p. 404). La véritable référence est et reste le chapitre 53
d'Isaïe, alors que d'autres textes montrent
simplement qu'il y a un large champ de références pour cette vision
fondamentale.
Jésus a vécu en se basant sur la Loi et les Prophètes dans leur totalité,
comme il ne cessait de le répéter à ses disciples. Il a considéré sa nature
et son activité comme l'union et l'interprétation de cet ensemble. Jean
exprimera cette idée dans son prologue : Jésus lui-même est « le Verbe ». «
Toutes les promesses de Dieu ont trouvé leur "oui" dans sa personne »,
commente Paul (2 Co 1, 20). Ce qui nous est donné dans l'expression
énigmatique de Fils de l'homme, c'est l'originalité première de la figure de
Jésus, de sa mission et de son être. Il vient de Dieu, il est Dieu. Mais
c'est ainsi, en assumant la nature humaine, qu'il apporte la véritable
humanité.
« Tu m'as fait un corps » dit-il à son Père selon la Lettre aux Hébreux (10,
5), variation sur le verset d'un Psaume dans lequel était écrit : « Tu as
ouvert mes oreilles » (Ps 39 [40], 7).
Dans le Psaume, explique Benoît XVI,
cela signifie que
c'est l'obéissance, le oui à la Parole de Dieu, qui est source de vie, non
les holocaustes et les sacrifices pour le péché. Et voici que celui qui est
le Verbe prend lui-même corps, vient de Dieu en tant qu'homme et attire à
lui toute la condition humaine, la transporte dans la Parole de Dieu, la
transforme en « oreille » pour écouter Dieu et ainsi en « obéissance », en
réconciliation entre Dieu et l'homme (cf. 2 Co 5, 20). Lui-même devient le
vrai « sacrifice » en tant qu'il s'est donné, entrant totalement dans
l'obéissance et dans l'amour, aimant « jusqu'au bout » (Jn 13, 1). Il vient
de Dieu et instaure ainsi la véritable condition d'homme. Comme le dit Paul,
par rapport au premier homme qui était et est terrestre, il est le second,
l'homme définitif (le dernier), qui vient « du ciel », « esprit vivifiant »
(cf. 1 Co 15, 45-49). Il vient, et il est en même temps le nouveau « royaume ». Il n'est pas simplement un, mais de nous tous avec
lui-même il ne fait « plus qu'un » (Ga 3, 28) : il nous transforme en une
humanité nouvelle.
Le cortège entrevu de loin par Daniel (« comme un Fils d'homme ») devient
une personne, mais étant là « pour la multitude », cette personne dépasse
les limites de l'individu, embrasse une « multitude
», et devient avec la
multitude un seul corps et « un seul esprit » (1 Co 6, 17). Telle est la «
manière de suivre » à laquelle Jésus nous appelle : se laisser attirer dans
sa nouvelle humanité et ainsi dans la communion avec Dieu. Pour citer encore
une fois Paul : « Puisque Adam est pétri de terre, comme lui les hommes
appartiennent à la terre ; puisque le Christ est venu du ciel, comme lui les
hommes appartiennent au ciel » (1 Co 15, 48).
L'expression « Fils de l'homme
» demeure réservée à Jésus lui-même, mais, souligne
Benoît XVI, la vision nouvelle de l'union
entre Dieu et l'homme qui s'y exprime traverse la totalité du Nouveau
Testament et le marque de son empreinte. C'est de cette nouvelle humanité
venant de Dieu qu'il s'agit dans la vie à la suite de Jésus Christ.
(à suivre)
5)
il ne faut
pas confondre le titre de « Fils de Dieu » et celui de « Fils »
(sans ajout)
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"Jésus de Nazareth"
Sources: www.vatican.va
-
E.S.M.
Ce document est destiné à l'information; il ne constitue pas
un document officiel
Eucharistie, sacrement de la miséricorde -
(E.S.M.) 24.02.2008 -
T/J.N. |