Malveillance a priori à l’égard du
pape Benoît XVI |
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ROME, le 23 Avril 2007 -
(E.S.M.) - Nous avons été heureux de prendre
connaissance d'une riposte de l'évêque de Nancy et de Toul aux
réflexions "malhonnêtes" données par les médias suite à l’Exhortation apostolique
post-synodale Sacramentum Caritatis du pape Benoît XVI.
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La cathédrale de nancy
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cathédrale saint Etienne
Malveillance a priori à l’égard du pape Benoît XVI
Réactions de Mgr Papin aux échos donnés par les
médias de l’Exhortation apostolique post-synodale
Sacramentum Caritatis
Anne Déloy : Nous allons découvrir avec vous,
Monseigneur, le nouveau document pontifical, appelé “Exhortation
apostolique” sur l’Eucharistie, rendu public par Benoît XVI le 13 mars.
Aujourd’hui, vos réactions aux échos qui sont parus dans les médias et une
explication sur ce qu’est une Exhortation apostolique (on reviendra dans un
autre entretien sur le contenu de ce document).
Monseigneur Papin : C’est un document important en volume : 44 pages
21x29.7, en caractères serrés, auxquels s’ajoutent une quinzaine de pages de
notes.
De fait, les médias se sont fait l’écho de ce document dès sa parution, mais
de manière pour le moins étonnante ! Qu’est-ce que les journalistes sont
allés chercher dans ce document important ? Deux ou
trois lignes, ici ou là, à propos de ce qui était dit du célibat
sacerdotal, de l’admission des divorcés-remariés à la communion, de l’usage
du latin, de la position que devraient prendre les hommes politiques
chrétiens, etc.
Or, ces questions n’étaient pas du tout l’objet de ce
document car elles n’étaient pas l’objet du synode sur l’Eucharistie
qui s’est tenu en octobre 2005. Il aurait été tout à fait étonnant que le
pape Benoît XVI, dans un texte traitant de l’Eucharistie, au détour d’une
phrase, change la discipline de l’Église concernant le célibat des prêtres
ou l’accès à la communion des divorcés-remariés, comme en passant ! On peut
avoir des opinions sur ces questions, on peut ne pas être d’accord avec la
position actuelle tenue par l’Église, mais un changement sur ces questions -
si changement il doit y avoir - ne pourra se faire que dans le cadre d’une
réflexion menée au sein d’un synode ou d’un concile.
Il est donc malhonnête, comme l’ont fait beaucoup de journaux - je
suis au regret de le dire - de ne retenir de ce long
texte de Benoît XVI que ce qui est dit rapidement sur quelques questions qui
ne sont pas l’objet du texte, et de ne rien dire du sujet lui-même qui était
“L’Eucharistie, sacrement de la charité”.
De plus, lorsqu’on lit dans les journaux que le pape conseille le latin pour
la célébration de la messe, c’est une contre-vérité ! Il dit que l’usage du
latin est utile pour les grands rassemblements internationaux, à part les
lectures et la prière universelle qui doivent demeurer dans la langue du
pays où l’on se trouve. Quand il dit cela, ce n’est pas une nouveauté ! Un
exemple : l’an dernier, j’étais au pèlerinage diocésain à Lourdes. Les
responsables des sanctuaires m’ont demandé de présider la messe
internationale qui a lieu deux fois par semaine, le mercredi et le dimanche,
à la basilique souterraine. La prière eucharistique et le Notre Père étaient
en latin. J’ai donc dit la messe en latin ce jour-là devant 20 à 25 000
personnes de nombreux pays ; ce qui permettait aux gens de s’unir davantage
et de chanter ensemble le Sanctus, l’Agnus Dei, etc. Quoi
d’étonnant à cela ? Quoi de scandaleux et surtout quoi de neuf ? Que le pape
benoît XVI demande ensuite que les séminaristes soient formés un peu au
latin pour pouvoir justement concélébrer dans ces grandes Eucharisties
internationales, qu’y a-t-il là d’étonnant ? J’ai été pendant vingt ans
professeur et supérieur de séminaire, on y a toujours fait cela ! On a
toujours initié les séminaristes à un minimum de latin et on leur a appris
un certain nombre de chants grégoriens importants, comme le Salve Regina
et le Veni Creator, une messe grégorienne pour qu’ils puissent
chanter le Kyrie, le Gloria ou le Credo. Je ne vois pas
là ce qui est étonnant et ce qui est rétrograde.
Autre point : le pape demande aux hommes politiques chrétiens une certaine
cohérence entre les positions qu’ils ont à prendre, les votes qu’ils ont à
effectuer comme législateurs au sein de l’Assemblée nationale, et leurs
convictions chrétiennes. Quoi d’étonnant à ce qu’il appelle à cette
cohérence ? Après cela, chaque homme politique, en conscience, vote dans un
sens ou dans un autre ! Le pape n’est pas un naïf, il sait bien que la
législation d’un pays n’est pas l’établissement du Règne de Dieu sur Terre,
n’est pas la perfection, et qu’il faut toujours établir des compromis. Ce
qu’il demande au moins, c’est que les hommes politiques chrétiens n’oublient
pas leurs références chrétiennes, mais que dans leur réflexion qui va les
conduire au vote, ils intègrent cette dimension ; après quoi, ils agiront en
conscience et au mieux. Qu’y a-t-il là d’étonnant ?
À la lecture de tous ces journaux, je me suis dit que les journalistes
n’avaient pas vraiment lu l’Exhortation, mais qu’ils s’étaient contentés de
reproduire, en la mettant un peu à leur sauce, la
dépêche rédigée par la correspondante de l’Agence France-Presse à Rome,
dépêche qui a donné le ton à tout ce qui s’est écrit dans les journaux en
France. J’ai eu en main cette dépêche. Les articles
parus dans les journaux en France sont pratiquement, à quelques détails
près, la reproduction de cette dépêche. Cela pose un certain nombre
de questions d’honnêteté et montre, dans certains journaux, une malveillance
a priori à l’égard du pape Benoît XVI. Parce que justement, on met le pape
en cause dans cette affaire : on a écrit qu’il
révélait son vrai visage de conservateur,… On n’a rien compris à ce
qu’est une Exhortation apostolique !
Qu’est-ce qu’une Exhortation apostolique
? Ce n’est pas une encyclique ! Une encyclique est totalement de la main
du pape même si elle a été préparée par des experts. C’est ainsi que Benoît
XVI nous a donné une belle encyclique, il y a un an, intitulée "Dieu
est amour" : un beau texte, parfois un peu difficile, mais on
voit bien que c’est un texte de sa main. Ce n’est pas le cas d’une
Exhortation apostolique après un synode. Le synode qui s’est tenu en octobre
2005 sur l’Eucharistie a réuni 260 évêques à Rome, lesquels étaient pour la
majorité des élus de tous les évêques du monde. Ainsi, la Conférence des
Evêques de France a élu quatre évêques pour être ses délégués à ce synode.
Ce synode a duré trois bonnes semaines. Au terme du synode, les évêques ont
élaboré et voté une soixantaine de propositions. Il s’agit bien de
propositions, c’est-à-dire que les pères synodaux ont remis ces souhaits au
pape. À lui de décider de les reprendre ou non à son compte. A ce synode sur
l’Eucharistie, il s’est passé quelque chose qui ne s’était jamais produit.
Pour les synodes précédents, les propositions étaient remises au pape, mais
elles n’étaient pas rendues publiques. Or, Benoît XVI a voulu que, dès la
fin du synode, elles soient rendues publiques. Je trouve cela intéressant !
Quand on lit l’Exhortation apostolique que vient de publier Benoît XVI et la
soixantaine de propositions, on voit qu’il les a reprises pratiquement
textuellement et en quasi-totalité. Simplement, une commission les a
organisées, les a argumentées pour que ce soit construit, présentable, et
entre les propositions, il y a un certain nombre de réflexions propres à
Benoît XVI, des citations d’interventions qu’il a faites en d’autres
occasions, ou du Catéchisme de l’Église catholique, ou des notes tirées du
Missel romain. Quand on lit l’Exhortation, on voit bien qu’elle n’est pas
tout à fait de la même main que l’encyclique ; bien sûr, le pape l’a signée,
l’a approuvée, a certainement apporté ici ou là des corrections, peut-être
rédigé tel paragraphe. Alors, quand on dit que, à travers cette Exhortation,
Benoît XVI montre son vrai visage, on n’a rien compris à ce qu’est l’Exhortation
parce que, en fait, il nous redonne de façon construite et approfondie les
propositions que lui ont faites 260 évêques du synode, délégués des évêques
du monde entier.
Une dernière chose : cette Exhortation s’inscrit en totale continuité avec
l’encyclique de Jean Paul II : “L'Eglise
vit de l'Eucharistie” écrite en 2003, et avec son dernier grand
écrit officiel d’octobre 2004, la belle lettre apostolique qu’il nous avait
adressée : “Reste
avec nous Seigneur”. Et surtout, et qui est le plus
important, cette Exhortation se situe pleinement dans l’esprit de la
liturgie telle que l’a établie la réforme du concile Vatican II. Le pape
l’écrit dès le début de l’Exhortation : « Les pères synodaux ont en
particulier constaté et rappelé l’influence bénéfique que la réforme
liturgique réalisée à partir du concile Vatican II a eu pour la vie de l’Église.
Le synode des évêques a eu la possibilité d’évaluer la réception de cette
réforme. Les appréciations ont été nombreuses. Les difficultés et aussi
certains abus qui ont été relevés ne peuvent pas masquer que le renouveau
liturgique, qui contient encore des richesses qui n’ont pas été pleinement
explorées, est bon et valable. Concrètement, il s’agit de lire les
changements voulus par le concile à l’intérieur de l’unité qui caractérise
le développement historique du rite eucharistique lui-même, sans introduire
de ruptures artificielles. » Et lorsque Benoît XVI développe la structure de
la messe, ce n’est pas le rituel ancien qu’il présente mais le déroulement
de la messe tel que la réforme instaurée par Paul VI l’a voulu. C’est
évidemment dans cette même perspective que nous nous situons résolument.
Diocèse de Nancy et de Toul
Pour en savoir plus,
beaucoup de commentaires sur l'Exhortation
►
Sacramentum Caritatis
Sources: extrait de
l’émission Parole d’évêque, RCF Jérico-
E.S.M.
Ce document est destiné à l'information; il ne constitue pas
un document officiel
Eucharistie, sacrement de la miséricorde -
(E.S.M.) 23.04.2007 - BENOÎT XVI |