Discours du Pape Benoît XVI à
l'assemblée générale de l'Académie pontificale pour la vie |
|
Le 23 février 2010 -
(E.S.M.)
-
Dans la matinée du samedi 13 février 2010, le Pape Benoît XVI a reçu en
audience les participants à l'assemblée générale de l'Académie pontificale
pour la vie. Au cours de la rencontre, le Saint-Père leur a adressé le
discours suivant:
|
Le pape Benoît XVI -
Pour agrandir l'image
►
Cliquer
Discours du Pape Benoît XVI à
l'assemblée générale de l'Académie pontificale pour la vie
La vie, sujet de droit
et non objet de l'arbitraire
Le 23 février 2010 - Eucharistie
Sacrement de la Miséricorde
-
Dans la matinée du samedi 13 février 2010, le Pape Benoît XVI a reçu en
audience les participants à l'assemblée générale de l'Académie pontificale
pour la vie. Au cours de la rencontre, le Saint-Père leur a adressé le
discours suivant:
Chers frères dans l'épiscopat
et dans le sacerdoce,
Illustres membres
de l'Académie pontificale pour la vie,
Mesdames et messieurs,
Je suis heureux de vous accueillir et de vous saluer cordialement à
l'occasion de l'Assemblée générale de l'Académie pontificale pour la vie,
appelée à réfléchir sur des thèmes concernant le rapport entre bioéthique et
loi naturelle, qui apparaissent toujours plus importants dans le contexte
actuel du fait des constants développements dans ce domaine scientifique.
J'adresse une salutation particulière à Mgr Rino Fisichella, président de
cette académie, et je le remercie pour les aimables paroles qu'il m'a
adressée au nom de tous. Je désire également étendre mes remerciements
personnels à chacun de vous pour votre engagement précieux et irremplaçable
en faveur de la vie, dans les différents milieux d'où vous venez.
Les problématiques qui tournent autour du thème de la bioéthique permettent
de vérifier à quel point les questions sous-jacentes mettent au premier plan
la question anthropologique. Comme je l'affirme dans ma dernière lettre
encyclique,
Caritas in Veritate : "Un domaine primordial et crucial de
l'affrontement culturel entre la technique considérée comme un absolu et la
responsabilité morale de l'homme est aujourd'hui celui de la bioéthique, où
se joue de manière radicale la possibilité même d'un développement humain
intégral. Il s'agit d'un domaine particulièrement délicat et décisif, où
émerge avec une force dramatique la question fondamentale de savoir si
l'homme s'est produit lui-même ou s'il dépend de Dieu. Les découvertes
scientifiques en ce domaine et les possibilités d'intervention technique
semblent tellement avancées qu'elles imposent de choisir entre deux types de
rationalité, celle de la raison ouverte à la transcendance et celle d'une
raison close dans l'immanence technologique" (n. 74).
Face à de telles questions, qui touchent de façon si décisive la vie humaine
dans sa tension permanente entre immanence et transcendance, et qui ont une
grande importance pour la culture des générations à venir, il est nécessaire
de mettre en oeuvre un projet pédagogique intégral, qui permette d'affronter
de telles thématiques dans une vision positive, équilibrée et constructive,
surtout dans le rapport entre la foi et la raison.
Les questions de bioéthique mettent souvent au premier plan le rappel de la
dignité de la personne, un principe fondamental que la foi en Jésus Christ
crucifié et ressuscité a toujours défendu, surtout lorsqu'il est négligé
quand il s'agit de sujets plus simples et sans défense: Dieu aime chaque
être humain de façon unique et profonde. Comme toute discipline, la
bioéthique aussi a besoin d'un rappel capable de garantir une lecture
cohérente des questions éthiques, qui, inévitablement, sont soulevées par
les conflits d'interprétation possibles. C'est dans cet espace que s'ouvre
le rappel normatif à la loi morale naturelle. La reconnaissance de la
dignité humaine, en effet, en tant que droit inaliénable, trouve son premier
fondement dans cette loi - qui n'est pas écrite par la main de l'homme, mais
est inscrite par le Dieu Créateur dans le coeur de l'homme -, que toutes les
législations sont appelées à reconnaître comme inviolable et que toute
personne est tenue de respecter et de promouvoir (cf.
Catéchisme de l'Église catholique, nn. 1954-1960). Sans le
principe fondamental de la dignité humaine, il serait très difficile de
trouver une source des droits de la personne, et impossible d'arriver à un
jugement éthique face aux conquêtes de la science qui interviennent
directement dans la vie humaine. Il est par conséquent nécessaire de répéter
avec fermeté qu'il n'existe pas de compréhension de la dignité humaine liée
seulement à des éléments extérieurs comme le progrès de la science, les
étapes de la formation de la vie humaine, ou une piété facile devant des
situations limites. Lorsque l'on invoque le respect de la dignité de la
personne, il est fondamental qu'il soit complet, total, et sans contraintes,
sauf celle de reconnaître que l'on se trouve toujours devant une vie
humaine. Certes, la vie humaine connaît un développement propre, et
l'horizon des recherches scientifiques et de la bioéthique est ouvert, mais
il faut répéter que lorsqu'il s'agit de domaines relatifs à l'être humain,
les scientifiques ne peuvent jamais penser qu'ils ont entre les mains
seulement de la matière inanimée, et manipulable. En effet, dès le premier
instant, la vie de l'homme est caractérisée par le fait d'être vie humaine,
et pour cette raison, elle est toujours, partout et malgré tout, porteuse
d'une dignité propre (cf. Congr. pour la doctrine de la
foi, Instruction
Dignitas Personae sur certaines questions de bioéthique, n. 5).
Sinon, nous nous trouverions toujours devant le danger d'une utilisation
instrumentale de la science, avec cette inévitable conséquence de tomber
facilement dans l'arbitraire, dans la discrimination, et dans l'intérêt
économique du plus fort.
Conjuguer bioéthique et loi morale naturelle permet de vérifier au mieux le
rappel nécessaire et incontournable à la dignité que possède la vie humaine
de façon intrinsèque, dès son premier instant jusqu'à sa fin naturelle. Au
contraire, dans le contexte d'aujourd'hui, bien que le juste rappel des
droits qui garantissent les droits de la personne émerge avec plus
d'insistance, on remarque que de tels droits ne sont pas toujours reconnus à
la vie humaine dans son développement naturel et au cours des étapes où elle
est la plus faible. Une telle contradiction fait apparaître avec évidence
l'engagement à assumer dans les différents milieux de la société et de la
culture afin que la vie humaine soit toujours reconnue comme un sujet
inaliénable de droit et jamais comme un objet soumis à l'arbitraire du plus
fort. L'histoire a montré combien dangereux et délétère peut être un État
qui légifère sur des questions qui touchent la personne et la société en
prétendant être lui-même la source et le principe de l'éthique. Sans des
principes universels qui permettent de vérifier un dénominateur commun pour
toute l'humanité, le risque d'une dérive relativiste au niveau législatif ne
doit absolument pas être sous-évalué (cf. Catéchisme de
l'Église catholique, n. 1959). La loi morale naturelle, forte de
son caractère universel, permet de conjurer ce danger et surtout elle offre
au législateur la garantie d'un respect authentique de la personne et de
tout l'ordre de la création. Elle se pose en force catalysante du consensus
entre des personnes de cultures et de religions différentes et elle permet
de dépasser les différences parce qu'elle affirme l'existence d'un ordre
imprimé dans la nature par le Créateur et reconnu comme une instance de vrai
jugement éthique rationnel pour chercher le bien et éviter le mal. La loi
morale naturelle "appartient au grand patrimoine de la sagesse humaine que
la Révélation, par sa lumière, a contribué à purifier et à développer
davantage" (cf. Jean-Paul II, Discours à l'assemblée
plénière de la Congrégation pour la doctrine de la foi, 6 février 2004).
Illustres membres de l'Académie pontificale pour la vie, dans le contexte
actuel, votre engagement apparaît toujours plus délicat et difficile, mais
la sensibilité croissante à l'égard de la vie humaine encourage à poursuivre
avec un élan toujours plus grand et avec courage cet important service de la
vie et de l'éducation aux valeurs évangéliques des générations futures. Je
vous souhaite à tous de poursuivre l'étude et la recherche afin que l'oeuvre
de promotion et de défense de la vie soit toujours plus efficace et féconde.
Que vous accompagne ma Bénédiction apostolique, que j'étends avec plaisir à
ceux qui partagent avec vous cet engagement quotidien.
Texte original du
discours du Saint Père
►
Italien
Regarder
la vidéo en
Italien ou en
Français
Sources : www.vatican.va
-
E.S.M.
(©L'Osservatore Romano - 23 février 2010)
Eucharistie sacrement de la miséricorde -
(E.S.M.) 23.02.2010 -
T/Benoît XVI
|