La Parole de Dieu : Prier les Écritures |
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Le 22 janvier 2009 -
(E.S.M.)
- La Bible pour le chrétien ne relève pas de l’ésotérisme. Elle est
parole de vie pour tous. Son langage direct peut toucher les simples.
Mais son mystère dépassera toujours les savants. Il y a une diversité
d’approche des Écritures, mais toutes les méthodes ne sont que des
étapes diverses d’un même destin.
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Le
président Obama prêtant serment sur la Bible (20.01.09) -
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La Parole de Dieu : Prier les Écritures
Frédéric Manns, ofm
Le 22 janvier 2009 - Eucharistie
Sacrement de la Miséricorde
- Grégoire le Grand, dans ses Morales sur Job 20,1 écrivait :
« L’Écriture exerce une influence sur les forts par ses paroles
obscures, elle comble les simples par son langage
concret. Elle est compréhensible aux lecteurs sans culture et les
gens instruits la redécouvrent sans cesse. Pourtant elle surpasse tout
savoir et toute doctrine par sa façon même de s’exprimer, car, par un
seul langage à travers tous ses récits, elle révèle le mystère ».
Il y a dans l’Écriture un aspect d’incarnation. Dieu s’est fait lettres
tout d’abord. Il a épousé une culture et un peuple. L’incarnation de la
parole achève de transformer en eucharistie la lecture. Le divin est uni
à l’humain dans la personne du Verbe. Or la Bible tout entière est le
premier moment de l’incarnation. Les Écritures doivent donc être
comprises comme le corps du Christ.
(Le pape Benoît XVI, lors du
Synode sur la Parole de
Dieu, a improvisé une méditation remarquable où il nous rappelle que la
Parole de Dieu est le fondement de tout, qu'elle est la véritable
réalité :
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Réflexion du Saint-Père)
St Grégoire le Grand, dans ses Homélies sur les Évangiles 2,53,3 affirme
: « Dans les deux anges apparus au tombeau du Christ nous pouvons
reconnaître les deux testaments. Ils sont réunis là où se trouve le
corps du Seigneur. En annonçant de manière convergente que le Seigneur
s’est incarné, est mort, est ressuscité, les deux testaments sont en
quelque sorte assis, l’Ancien à sa tête et le Nouveau à ses pieds. C’est
pourquoi les deux chérubins qui protègent le propitiatoire se regardent
l’un l’autre. Et que signifient les deux Chérubins sinon les deux
testaments ? Que signifie le propitiatoire sinon le Seigneur incarné
dont Jean dit qu’il s’est fait propitiation pour nos péchés ? »
Origène dans son commentaire de l’Évangile de Jean 13,60 reprend cette
belle comparaison : « Avant la venue de Jésus l’Écriture était de
l’eau, mais depuis Jésus, elle est devenue pour nous ce vin en lequel il
l’a changée ». Le miracle de Cana se reproduit pour le lecteur
croyant. Et dans sa neuvième Homélie sur les Nombres 7 Origène compare
l’Écriture à une amende. L’écorce amère, c’est la lettre qu’il faut
rejeter. La coque protectrice, c’est l’enseignement moral qui suscite
une ascèse de purification et d’attention. Après cela on parvient au
noyau mystique qui nourrit l’âme des croyants.
A la suite des rabbins, Origène précise les différents sens de
l’Écriture. Le sens moral se dédouble désignant parfois la vie du Verbe
de Die dans l’âme. A côté du sens littéral ou historique on distinguera
le sens allégorique, le sens moral, et le sens mystique. La lecture
contemplative de la Bible nourrira la théologie spirituelle.
Il arrive parfois qu’en lisant la parole un mot touche le cœur et
l’embrase. Il faut alors s’arrêter et laisser ce feu rayonner doucement.
Origène le dit dans son commentaire du Psaume 104,19 : « Lorsqu’un
mot du Seigneur embrase un auditeur de la parole et fait de lui un
passionné de la sagesse qu’enflamme la vue de toute beauté, alors le feu
du Seigneur est descendu sur lui ».
Telle fut l’expérience des disciples d’Emmaüs : «
Notre cœur n’était-il pas brûlant tandis qu’il nous expliquait les
Écritures ? » La parole est capable de réchauffer le cœur du
lecteur. Certes, il faut chercher et frapper pour comprendre les
Écritures et déchiffrer leur sens historique. Cela justifie la tache de
l’exégète et le travail herméneutique. Mais la science ne peut pas
donner le sens. Ce dernier ne se révèle qu’à la prière humble : « Toi
donc, mets tout ton zèle à la lecture des Écritures avec foi et avec
bonne volonté. Il ne te suffit pas de frapper et de chercher, mais ce
qu’il faut avant tout pour obtenir l’intelligence des choses divines,
c’est la prière », écrit Origène dans sa lettre à Grégoire le
thaumaturge.
Pénétrer jusqu’au cœur les paroles divines et en contempler les mystères
cachés, cela ni la science humaine ni la culture profane ne peut
l’obtenir, mais seulement la pureté de l’âme par l’illumination de
l’Esprit Saint. L’humilité conduit l’exégète non pas à la science qui
enfle, mais à la science qui illumine par la plénitude de l’amour. De
fait l’amour de Dieu et du prochain est élevé à la dimension de
catégorie herméneutique. Seul celui qui aime peut comprendre les
Écritures. La prière inspirée par l’amour est la clé qui ouvre les
Écritures.
La Bible est un océan que les exégètes scrutent depuis plus de deux
mille ans et qu’ils n’ont pas fin d’explorer. La rencontre avec la
parole est toujours nouvelle. Il faut savoir mettre parfois une
difficulté entre parenthèses et prier. Le sens vient de l’enracinement
dans la tradition, de l’ouverture au fleuve de vie de la communion des
saints, parmi lesquels se trouvent les prophètes et les Évangélistes.
L’eucharistie, où s’accomplit la rencontre avec le Christ, éclaire les
Écritures. Les fiançailles de l’Écriture trouvent alors leur sens
plénier dans la nuptialité eucharistique lorsque la parole entre dans le
silence de l’amour.
Dans une même parole de l’Écriture l’un se nourrit de la seule histoire,
un autre cherche le sens typologique, la figure du Christ, un autre tend
à l’intelligence contemplative. C’est ainsi que «
les paroles de Dieu
progressent avec celui qui les lit », comme l’affirmait Grégoire le
Grand dans ses homélies sur Ezéchiel 1,7,8.
Seuls ceux qui sont humbles seront instruits par Dieu aux mystères
célestes. L’Écriture n’oppose pas les hommes et les femmes. Myriam, la
sœur de Moïse, est considérée comme une prophétesse dans la tradition
juive. Et les prières les plus belles de la Bible sont des prières de
femmes. Déborah, Esther, Anne et Judith en ont laissé des témoignages
merveilleux. « La divine Écriture n’oppose pas hommes et femmes selon
le sexe. Le sexe ne constitue aucune différence devant Dieu »,
affirme Origène dans sa neuvième Homélie sur Josué 9. Après la
résurrection du Christ « il n’y a plus ni homme ni femme »,
s’écriait Paul de Tarse.
St Basile dans sa préface aux Ascetica montre que le symbolisme
guerrier que Paul applique à la vie chrétienne vaut pleinement pour la
femme et rappelle le rôle important des femmes dans l’entourage de
Jésus. L’une d’elles a mérité le titre « d’apôtre
des apôtres ».
« Les femmes appartiennent à la milice du Christ par leur force
d’âme. Beaucoup de femmes ne se sont pas moins distinguées que les
hommes dans la guerre spirituelle », écrit Basile dans son
Instruction ascétique 3. L’antiquité chrétienne a connu des « mères
spirituelles » pratiquant comme les « pères » le discernement des
esprits et la lecture spirituelle des Écritures. L’Église ne cesse de
répéter que l’humain s’accomplit dans une femme, Marie, qui méditait les
paroles de son fils et les conservait dans son cœur. Il existe une
correspondance entre la féminité et les dons de l’Esprit. Comme l’Esprit
vivifie, la femme sait vivifier. « Vous honorerez les diaconesses car
elles tiennent la place de l’Esprit », recommande la Didascalie. Il
est urgent de rappeler la place des femmes dans l’Écriture.
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Synode 2008 : "la Parole de Dieu dans la vie et la mission de l'Église"
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Sources : Custodia
Terre Sainte
-
(E.S.M.)
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Eucharistie sacrement de la miséricorde -
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22.01.2009 -
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