Benoît XVI : ce qui était sacré pour
les générations précédentes l'est pour nous |
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Le 22 janvier 2009 -
(E.S.M.)
- Dans le domaine de la liturgie, il arrive parfois que, de leur propre
chef, les Conférences épiscopales elles-mêmes vont plus loin qu'il ne
faut et introduisent des rites qui sont en opposition flagrante avec les
règles données par l'Église, blessant gravement la conscience des
fidèles, ce qu'a d'ailleurs rappelé le pape Benoît XVI dans la lettre
aux évêques accompagnant le Motu Proprio.
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Dans
l'hostie consacrée, il n'y a pas quelque chose, mais Quelqu'un -
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Benoît XVI : ce qui était sacré pour les
générations précédentes reste grand et sacré pour nous
Conclusion
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document)
Le 22 janvier 2009 - Eucharistie
Sacrement de la Miséricorde
- Sur cet arrière-fond, deux fois millénaire, de l'histoire
de la piété et de la tradition liturgique de l'Église universelle, en
Orient et en Occident, surtout par rapport au développement structurel
du patrimoine patristique, nous pouvons tirer les conclusions suivantes
:
1. Le développement structurel de la piété eucharistique, comme fruit de
la piété des Pères de l'Église a conduit toutes les Églises, aussi bien
d'Orient que d'Occident, déjà durant le premier millénaire, à
administrer la Sainte Communion aux fidèles directement dans la bouche.
En Occident, au début du second millénaire, on a ajouté le geste
profondément biblique de l'agenouillement. Dans les différentes
traditions liturgiques orientales, on enveloppe le moment de la
réception du Corps du Seigneur, par un rituel plein de majesté et
souvent on exige des fidèles qu'ils se prosternent auparavant à terre.
2. L'Église prescrit l'usage du plateau de Communion pour éviter que des
fragments d'hostie consacrée ne tombent à terre
(cf. Missale Romanum,
Institutio generalis, n. 118 ;
Redemptionis Sacramentum, n. 93) ; elle
prévoit aussi que l'évêque se lave les mains après la distribution de la
Communion (cf. Caeremoniale episcoporum, n. 166).
Le risque de la distribution de la Communion dans la main, même si cela
n'arrive que rarement, est la séparation de fragments d'hostie, lesquels
peuvent soit tomber à terre, soit rester collés à la paume ou aux doigts
de la main de ceux qui communient.
3. Le moment de la Sainte Communion, dans la mesure où celle-ci est la
rencontre du fidèle avec la Personne divine du Rédempteur, exige à cause
de sa nature même, des gestes sacrés typiquement extérieurs comme la
prosternation à genoux
(le matin du dimanche de la Résurrection,
les femmes ont adoré le Seigneur ressuscité en se prosternant à terre
devant Lui,
cf. Mt 28, 9 et de même
pour les Apôtres,
cf. Lc 24, 52 ;
peut-être aussi l'apôtre Thomas, lorsqu'il dit : «
Mon Seigneur et mon Dieu »,
Jn 20, 28).
4. Le fait de se laisser nourrir comme un petit enfant, en recevant la
Communion directement dans la bouche, exprime en tant que rituel, et de
la meilleure manière, le caractère de réceptivité ainsi que l'attitude
d'un enfant devant le Christ qui nous nourrit et qui nous « allaite »
spirituellement. L'adulte en revanche porte lui-même la nourriture dans
sa bouche, avec ses doigts.
5. Durant les célébrations de la sainte Messe, l'Église prescrit qu'au
moment de la consécration, tout fidèle doit se mettre à genoux. Ne
serait-il pas non plus liturgiquement plus exact, si au moment de la
Sainte Communion, quand le fidèle s'approche, dans toute sa dimension
corporelle, le plus près possible du Seigneur, le Roi des rois, qu'il Le
salue et Le reçoive à genoux ?
6. Le geste de recevoir le Corps du Seigneur dans la bouche et à genoux
pourrait être un témoignage visible de la foi de l'Église dans le
mystère eucharistique, et également un facteur régénérant et éducatif
pour notre culture moderne, pour laquelle l'agenouillement et l'enfance
spirituelle sont des phénomènes complètement étrangers.
7. Le désir de rendre, de manière visible, affection et honneur à la
majesté de la personne du Christ, même dans le moment de la Sainte
Communion, devrait s'adapter à l'esprit et à l'exemple de la tradition
deux fois millénaire de l'Église : cum amore ac timore
(adage des Pères
du premier millénaire) et quantum potes, tantum aude
(« Tant que tu
peux, oses-le », adage du second millénaire).
Pour terminer, nous voulons laisser la place à cette prière émouvante de
Maria Stang, mère et grand-mère allemande de la Volga, qui fut déportée
au Kazakhstan par le régime stalinien. Cette femme à l'âme « sacerdotale
» conservait la Sainte Communion et la portait, au milieu des
persécutions communistes, aux fidèles éparpillés dans les immenses
steppes du Kazakhstan, en priant de cette manière :
« Là où habite mon Jésus adoré, dans le tabernacle où II trône, c'est
là que je veux être, continuellement à genoux. C'est là que je veux
prier sans cesse. Jésus, je T'aime profondément. Mon Amour caché, je
T'adore. Mon Amour abandonné, je T'adore. Mon Amour bafoué, je T'adore.
Mon Amour infini, mon Amour mort pour nous sur la Croix, je T'adore. Mon
Seigneur et Sauveur adoré, fais que je sois tout amour, toute expiation
pour le Très Saint Sacrement, dans le cœur de Marie, Ta Mère très
clémente. Amen ».
Puisse Dieu faire que les Pasteurs de l'Église rénovent la maison de
Dieu qui est l'Église, en mettant Jésus-Eucharistie au centre, en Lui
donnant la première place, en faisant en sorte qu'il reçoive des gestes
qui l'honorent et des gestes qui l'adorent, particulièrement dans le
moment de la Sainte Communion. « L'Église doit être purifiée à partir de
l'Eucharistie ! »
(Ecclesia ab Eucharistia emendanda est!). Dans
l'hostie consacrée, il n'y a pas quelque chose, mais Quelqu'un. « II est
là !» : c'est ainsi que saint Jean Marie Vianney, le saint curé d'Ars,
résumait le mystère eucharistique. Car, ici, il ne s'agit de rien
d'autre ni de personne plus grand que le Seigneur lui-même : Dominas
est!
Annexes :
Les documents figurant ci-après ne font pas partie de l'édition
originale de cet ouvrage publié en italien par la Librairie Editrice
Vaticane. L'instruction
Memoriale Domini
du pape Paul VI et la réflexion
qui a entouré sa publication donnent un éclairage particulièrement
important sur la question du rite de communion.
1) Le contexte historique
a) Rapport remis au pape Paul VI par Mgr Ferdinando Antonelli,
secrétaire de la Congrégation des rites, le 15juillet 1967 à propos de
l'organe chargé de la mise en œuvre de la réforme liturgique.
« II nous semble nécessaire d'attirer l'attention sur les expériences,
dont il est question. Il est vrai que si l'on désire être certain du bon
déroulement pratique des nouveaux rites, les expériences sont
nécessaires ; toutefois, il est tout aussi indispensable qu'il y en ait
peu, qu'elles soient limitées dans le temps et réservées à des milieux
très restreints et qualifiés, comportant des personnes
responsables et
dotées d'un bon jugement.
Le fait d'avoir permis la réalisation d'expériences sur une grande
échelle a eu pour conséquence particulièrement négative que
de nombreux
prêtres, un peu partout, se croient maintenant autorisés à mettre en
pratique les idées les plus extravagantes, sous prétexte qu'elles ont
déjà été réalisées ad experimentum. Ainsi, en résumé, il convient,
certes, de faire des expériences, mais elles doivent être peu nombreuses
et limitées dans le temps; de plus, une telle autorisation ne doit être
donnée qu'à quelques personnes dotées d'un bon jugement. »
b) Allocution de Paul VI au « Consilium » de liturgie le 14 octobre
1968
« Ce que Nous avons dit fait apparaître clairement combien il est
important, pour assurer une bonne réforme, aujourd'hui particulièrement,
que chacun voie bien le caractère ecclésial et hiérarchique de la
liturgie sacrée. Ce qui veut dire que les rites et les formules
liturgiques de prière ne doivent pas être considérés comme quelque chose
de privé, qui est l'affaire de tout un chacun, de telle paroisse, de tel
diocèse ou de telle nation. En réalité, ces formules et ces rites sont
l'affaire de l'Église universelle dont ils expriment la prière vivante.
C'est pourquoi personne n'a le droit de changer ces formules, d'en
introduire de nouvelles, de leur en substituer d'autres. Cela est exclu
en raison de la dignité même de la liturgie par laquelle l'homme
s'entretient avec Dieu : cela est exclu également en raison du bien des
âmes et de l'efficacité de l'action pastorale qui serait alors
compromise. À ce propos, il est bon de se rappeler ce principe de la
Constitution sur la liturgie : "Le gouvernement de la liturgie dépend
uniquement de l'autorité de l'Église."
(Sacrosanctum
Concilium N. 22, 1 ; cf. n. 33.)
En vous parlant de ces principes qui doivent guider votre activité, Nous
ne pouvons pas passer sous silence certaines façons d'agir que l'on
constate dans différentes parties de l'Église et qui sont pour Nous un
grand motif de préoccupation et de souffrance.
Nous voulons parler en premier lieu d'un état d'esprit existant chez
beaucoup : on supporte mal tout ce qui vient de l'autorité de l'Église,
tout ce qui est prescrit par une loi. C'est ainsi que, dans le domaine
de la liturgie, il arrive parfois que, de leur propre chef, les
Conférences épiscopales elles-mêmes vont plus loin qu'il ne faut. Il
arrive souvent aussi que l'on fasse des expériences arbitraires et que
l'on introduise des rites qui sont en opposition flagrante avec les
règles données par l'Église. Il n'est personne qui ne voit que cette
façon d'agir non seulement blesse gravement la conscience des fidèles
(propos renouvelés par le pape Benoît XVI dans la
lettre aux évêques
accompagnant le Motu Proprio, en effet
Benoît XVI écrit : "j’ai constaté combien les déformations arbitraires
de la Liturgie ont profondément blessé des personnes qui étaient
totalement enracinées dans la foi de l’Église"),
mais nuit à la bonne mise en œuvre du renouveau liturgique, qui demande
que chacun fasse preuve de prudence, de vigilance, et surtout de
discipline. »
c) Interview du cardinal Benno Gut, préfet de la Congrégation pour le
Culte Divin paru dans le Linzer Kirchenblatt du 20 juillet 1969.
L. K. - II n'est guère de domaine dans l'Église où, avec ou sans
autorisation, on ne procède à autant d'expériences que celui de la
liturgie. Vous avez parlé de temps plus calmes. Quelles sont les mesures
que Rome entend prendre vis-à-vis des expériences dont vous parlez ?
Card. Gut - Nous espérons que, désormais, avec les nouvelles
dispositions contenues dans les documents, cette maladie de
l'expérimentation va prendre fin. Jusqu'à présent, il était permis aux
évêques d'autoriser des expériences, mais on a parfois franchi les
limites de cette autorisation, et beaucoup de prêtres ont simplement
fait ce qui leur plaisait. Alors, ce qui est arrivé parfois, c'est
qu'ils se sont imposés. Ces initiatives prises sans autorisation, on ne
pouvait plus, bien souvent, les arrêter, car cela s'était répandu trop
loin. Dans sa grande bonté et sa sagesse, le Saint-Père a alors cédé,
souvent contre son gré.
L. K. - Et à l'avenir ?
Card. Gut - À l'avenir, des mesures plus strictes seront prises à cet
égard, car les livres contiennent maintenant un texte définitif et
chacun sait exactement ce qu'il faut faire. Jusqu'à présent, beaucoup de
prêtres ne savaient pas exactement ce qu'il fallait faire; parmi les
fidèles non plus on ne le savait pas. Alors, tout simplement, on s'est
lancé dans des initiatives jusqu'à ce que se fasse entendre un
avertissement de tel ou tel évêque ou du Pape.
d) La consultation des évêques
Mgr Annibale Bugnini fut de 1964 à 1969 le secrétaire de l'organe chargé
par le pape Paul VI, de la mise en œuvre de la réforme liturgique, le
Consilium. Proche collaborateur de Paul VI, il expose dans ses mémoires,
La riforma litùrgica 1948-1975, le contexte historique de l'instruction
Memoriale Domini suite à la pratique non autorisée jusqu'alors de
distribuer la communion dans la main dans certains diocèses. Dans un Promemoria du 30 juillet 1968, le
Consilium faisait un rapport sur
l'exécution du mandat reçu et soumettait des propositions sur la manière
de résoudre l'affaire : « Le problème n'est pas seulement liturgique ;
il a une composante fortement pastorale et, plus encore, psychologique.
Le culte et la vénération du Très Saint Sacrement et jusqu'à la foi même
en la présence réelle en dépendaient dans une large mesure [...] », et
le Consilium concluait : « En effet, cette affaire touche au cœur même
de la liturgie, l'Eucharistie, et les conséquences en sont très
importantes » ; aussi proposait-il que le Président du Consilium
envoie,
au nom du Saint-Père, une lettre à tous les présidents des conférences
épiscopales en exposant aussi largement que possible le status
quaestionis, avec les arguments pour et contre. Chaque conférence
épiscopale devrait alors discuter ce problème et prendre une décision
par un vote libre et secret, dont les résultats seraient transmis au
Consilium; « ainsi, le Saint-Siège tiendra compte, en toute exactitude,
de la situation et disposera d'une orientation pour l'octroi de
l'induit. En l'absence d'une telle discussion préalable du problème, il
y a un risque de créer une situation difficile pour les évêques et
d'affaiblir la foi du peuple en la présence eucharistique. »
Le 2 octobre 1968 se tint une réunion des secrétaires des dicastères
impliqués. Le status quaestionis préparé par le Consilium était, en
résumé, le suivant : « Cet usage a déjà été introduit, et il est
difficile de l'interdire ; cependant, il semble préférable de le
soumettre à certaines règles ; il ne s'agit pas d'une question de dogme
mais simplement de discipline. Les dangers : coexistence de deux
manières de distribuer la communion, affaiblissement du culte de
l'Eucharistie, danger de profanations, soumission à une pression de la
base. On jugea opportune la proposition faite par le Consilium d'entendre l'avis des conférences épiscopales. » Le
Consilium prépara un
premier projet de la lettre à envoyer aux conférences épiscopales, qu'il
transmit à la Secrétairerie d'État le 18 octobre 1968. Le texte revint
le 22 octobre, corrigé et annoté personnellement par le pape. Mgr
Bugnini en publie le texte intégral et ajoute : « Les modifications
apportées par le pape montrent avec quelle attention et quelle
douloureuse participation il a suivi cette affaire »
e) Le texte envoyé à tous les évêques latins du monde
:
(Nous transcrivons ici le texte définitif tel qu'il est
publié dans le livre de Mgr Bugnini op. fit., pp. 625-629. Nous
indiquons en note le texte original, avant correction)
Sub secreto
Cité du Vatican, le 29 octobre 1968
Prot. n. 2326/68
Excellence révérendissime,
Les documents officiels publiés les quatre dernières années pour
réaliser la réforme liturgique selon les normes du IIe Concile du
Vatican ont apporté à la célébration eucharistique les premiers
aménagements de rites et de textes jugés les plus faciles et les plus
profitables. Le Consilium poursuit dans ce sens ses travaux, afin que
les nouveaux livres liturgiques puissent paraître dans le plus court
délai possible.
Cependant,
(Le brouillon primitif disait : « En attendant... »)
de nouveaux problèmes se présentent souvent, revêtant une importance et
une urgence telles qu'il n'est pas possible d'en remettre la solution à
l'achèvement de nos travaux. L'un des plus délicats et urgents
(Le brouillon primitif disait : « C'est le cas de la
distribution... ». La version française omet « urgentes »)
concerne la distribution de la communion dans la main des fidèles.
Depuis quelques années déjà, celui-ci
(Le texte original, conservé dans la version française,
disait ; « ce problème ») se pose, au moins en
divers pays ou diverses régions. Récemment, plusieurs évêques et même
quelques
(Version française: « plusieurs »)
Conférences épiscopales ont sollicité du Saint-Siège une réponse
officielle, qui les éclaire sur la ligne de conduite à adopter dans ce
domaine, lequel, parce qu'il touche au mystère et au culte
eucharistique, exige une particulière attention
(Ajouté par le pape).
Par mandat exprès du Souverain Pontife, qui ne peut s'empêcher de
considérer l'éventuelle innovation avec une évidente appréhension,
(Ajouté par le pape. Version française: «
vive
appréhension ») j'ai l'honneur de solliciter
la fraternelle collaboration de l'épiscopat que préside Votre
Excellence. Je me propose, dans cette lettre, de vous présenter le
status quaestionis
(A l'origine, en italien, « lo stato della
questione » ; le pape
l'indiqua en latin, la version française traduisit : "l'état de la
question ») les arguments pour et contre, et quelques éléments
de solution, enfin la procédure à suivre pour que la Conférence
épiscopale de votre pays fasse connaître sa pensée
(Le brouillon primitif disait : "sa position sur le
problème") au Saint-Siège.
Au sujet du mode de distribution de la communion, l'Instruction
Eucharisticum
Mysterium
(25 mai 1967) s'est bornée à indiquer l'attitude
des fidèles, qui peuvent être à genoux ou debout
(n° 34). Toutefois, en
bien des endroits, depuis deux ou trois ans au moins, des prêtres, sans
avoir l'autorisation requise,
(Ajouté par le pape) placent
l'Eucharistie dans la main des fidèles qui se
communient ensuite eux-mêmes. Il semble que cette manière
de faire se répand rapidement, surtout dans les milieux les plus
cultivés et à partir dans des petits groupes, et qu'elle rencontre un
accueil favorable parmi les laïcs,
(L'original disait : « à beaucoup de laïcs » ; le pape
a supprimé « beaucoup ») les religieux et les
religieuses.
(Une autre phrase disait ensuite : « II se peut que la pratique
toujours plus fréquente de la concélébration ait suscité également le
désir d'étendre aussi aux laïcs le rite de la communion utilisé pour la
communion des concélébrants », phrase que le pape a supprimée en
notant : « Ce rite est apparu après l'usage en question » )
(Le pape Benoît XVI a souligné récemment "que se
nourrir de l'Eucharistie est un événement spirituel, qui touche toute la
réalité humaine" :
Quelques observations historico-liturgiques sur la Sainte Communion,
à lire parfaitement)
Voici les arguments avancés par les partisans
(Version française: « par les protagonistes
» ) de la communion dans la
main des fidèles :
1. La communion dans la main ne touche pas au dogme de la présence du
Seigneur dans l'Eucharistie. C'est uniquement une question de discipline sacramentaire, que l'Autorité
ecclésiastique, pour de justes motifs, peut modifier, comme elle l'a
fait récemment pour la communion sous les deux espèces.
2. Ce nouveau mode de communion n'est pas une véritable
(Ajouté par le pape) innovation. Il
a même été le seul employé dans tout le monde chrétien, depuis les
origines jusqu'aux IXe- Xe siècles. À cette époque s'est généralisé en
Occident l'usage du pain azyme, et il semble que ce changement a
grandement favorisé le mode de communion dans la bouche.
3. On ne peut pas dire que recevoir la communion dans la main soit plus
irrespectueux envers le Seigneur que la recevoir sur la langue. D'autre
part, les fidèles, même les enfants, comprendront facilement qu'ils
reçoivent le Corps du Seigneur dans des propres mains, et doivent
traiter le Pain consacré avec le plus grand respect
(Version française: « qu'ils doivent recevoir le Corps
du Seigneur dans des mains propres, et traiter le Pain consacré avec le
plus grand respect).
4. La manière traditionnelle de recevoir l'hostie sur la langue apparaît
de plus en plus à nos contemporains comme un geste infantile; il
rappelle trop la manière de nourrir les petits enfants incapables de
manger seuls. Beaucoup d'adultes ressentent de la gêne à faire en public
un geste qui n'a aucune beauté extérieure et qui les rabaisse à la
petite enfance.
5. Plus que par le passé, nos contemporains sont sensibles à certaines
considérations d'hygiène. Certaines personnes sont nerveuses à ce point
qu'il est difficile d'éviter,
en leur donnant la communion, le contact avec leur langue ou avec leur
salive. Cela crée chez les autres une certaine répugnance à recevoir la
communion sur la langue.
6. En beaucoup de régions les fidèles communient debout, et il est
difficile aux prêtres de petite taille de déposer l'hostie dans la
bouche des personnes plus grandes. Il y a même danger que l'hostie tombe
à terre, surtout quand on est obligé de distribuer la communion
rapidement à cause d'une grande affluence.
7. En divers diocèses, la faculté de distribuer la communion a été
accordée à des laïcs. Il ne semble pas opportun qu'ils déposent l'hostie
sur la langue des communiants.
8. Dans les pays et les régions où la nouvelle pratique de la communion
dans la main a été introduite, il semble de plus en plus difficile,
voire même impossible, de l'empêcher. Les efforts de plusieurs évêques
en ce sens l'ont prouvé. L'autorité de l'épiscopat et du Saint-Siège y
est engagée. À notre époque de forte contestation, il est grandement
souhaitable que cette autorité ne soit pas battue en brèche en
maintenant une interdiction qui sera difficilement suivie en pratique.
L'autorité serait renforcée, au contraire, si la hiérarchie donnait des
normes bien précises qui réglementeraient l'usage du nouveau mode de
communion.
Voici maintenant les raisons qui militent contre la communion dans la
main :
1. C'est un changement important de la discipline ; il risque de
désorienter beaucoup de fidèles, qui n'en sentent pas le besoin, et même
ne se sont jamais posé la question. Il y a déjà eu de nombreuses
modifications dans le domaine
liturgique et sacramentaire, et toutes n'ont pas encore été bien
assimilées par tout le peuple chrétien. L'instauration d'un nouveau mode
de communion demanderait une sérieuse préparation catéchétique, qui
n'est pas réalisable partout en même temps.
2. Il semble que cette nouvelle pratique, ici ou là instaurée, soit le
fait d'un petit nombre de prêtres ou de laïcs, qui cherchent à imposer
leur jugement aux autres et même à forcer la main à l'autorité.
L'approuver serait encourager des gens qui ne sont jamais
(Le brouillon primitif disait : « pas » ; le pape l'a transformé en :
« jamais ») satisfaits
des lois de l'Église.
3. On pourrait surtout craindre une diminution du respect pour le culte
eucharistique. Communier dans la main semblera à beaucoup moins digne,
moins respectueux. Tous les communiants ont-ils les mains propres, en
particulier les enfants ?
4. On peut aussi se demander avec inquiétude si les parcelles de pain
consacré seront toujours recueillies et consommées avec tout le respect
qu'elles méritent. Si déjà maintenant où l'on utilise un plateau de
communion, il est si facile de laisser tomber et se répandre des
parcelles, qu'en sera-t-il si l'on dépose l'hostie dans la main des
fidèles, qui n'auront pas tous la délicatesse et le souci de
recueillir (Le brouillon primitif disait : « en recueillant »...) les parcelles avec empressement ?
5. Est-ce qu'il ne faut pas craindre, en outre, qu'augmentent les
profanations et les irrévérences de la part de personnes mal
intentionnées ou ayant peu de foi ? Le peuple mal préparé et peu instruit
ne finira-t-il pas, en recevant
le pain eucharistique dans la main, par l'assimiler au pain ordinaire ou
au pain simplement bénit ?
(Le brouillon primitif disait : « au simple pain ordinaire ou au pain
bénit de certains rites d'Églises chrétiennes non catholiques ». La
version actuelle est celle corrigée par le pape).
6. En cédant facilement sur ce point, très important pour le culte
eucharistique, il y a danger que l'audace des "rénovateurs" excessifs ne
s'oriente vers d'autres secteurs, qui causeraient des dommages
irréparables à la foi et au culte eucharistique.
Face à cette situation délicate, une réflexion sérieuse s'impose, que la
présente communication voudrait susciter dans tout l'épiscopat du monde.
Il est nécessaire de prévoir les conséquences d'un tel changement de
discipline :
- a) vis-à-vis des prêtres et des ministres qui donnent la communion ;
- b) vis-à-vis des fidèles ;
- c) au point de vue de la confection du pain eucharistique
(pain plus
épais pour éviter le plus possible les parcelles)
;
- d) au point de vue de l'aménagement des églises (disparition
éventuelle du banc de communion).
Puisqu'il s'agit d'une chose très grave en soi et dans ses conséquences,
le Saint-Père Paul VI désire connaître la pensée de chaque évêque et de
chaque Conférence épiscopale.
Aussi, au nom du Saint-Père et de sa part, j'ai le devoir de communiquer
[Le texte primitif disait : « il me plaît de communiquer ». Lisant
cela, le pape dit au P. Bugnini : « II me plaît ?
Mais cela ne me plaît pas du
tout ! » (« Non mi è grato per niente! »)] à Votre Excellence Révérendissime, ce qui suit :
1. À la prochaine assemblée des évêques de votre pays, vous aurez la
bonté de porter cette circulaire à la connaissance de vos collègues dans
l'épiscopat. Après un mûr examen de la question,
(Ajouté par le pape) chaque évêque fera
savoir, par bulletin secret, s'il est ou non favorable à la communion
dans la main des fidèles. Les résultats de ce vote seront communiqués au
Secrétariat du "Consilium" avant le 31 janvier 1969
(Le brouillon primitif disait : «15 décembre 1968 »).
2. Si la Conférence épiscopale de votre pays ne se réunit pas d'ici au
31 décembre,
(Le brouillon primitif disait : « 1er décembre ») vous aurez la bonté de faire connaître, dès que possible,
cette circulaire aux évêques membres ; chacun devra vous faire parvenir
son vote par correspondance. Les résultats de cette consultation devront
parvenir au Secrétariat du Consilium avant le 31 janvier 1969.
(Le brouillon primitif disait : « 15 décembre 1968 »)
C'est seulement après cette consultation que le Saint-Siège communiquera
aux évêques les éventuelles décisions avec les normes opportunes et le
mode de procéder dans cette question si délicate et si importante.
Je profite de cette occasion pour vous exprimer, Excellence
Révérendissime, mes saluts les plus cordiaux et les plus fraternels, les
étendant à tous les évêques de votre Conférence, et je vous assure de
mon entier dévouement.
Benno Card. Gut Président
A. Bugnini, CM secrétaire
Nous publierons dans
les jours qui viennent les résultats inattendus de cette consultation
qui pourraient en étonner plus d'un ainsi que les décisions prises par
le pape Paul VI.
Les pages précédentes :
La façon de distribuer la Communion (2)
Se nourrir de l'Eucharistie est un événement spirituel, qui touche toute
la réalité humaine (1)
Benoît XVI : recevoir l'Eucharistie signifie se mettre en attitude
d'adoration (préface)
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Sources : Dominus est -
(E.S.M.)
Ce document est destiné à l'information; il ne constitue pas
un document officiel
Eucharistie sacrement de la miséricorde -
(E.S.M. sur Google actualité)
22.01.2009 -
T/Liturgie
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