L'unité de vie est avant tout une
qualité humaine |
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Le 21 septembre 2008 -
(E.S.M.)
- Prisonnier de la privatisation
généralisée des valeurs, de la religion et de la foi, qui va de pair
avec une publicisation croissante de l'intimité, le chrétien se doit de
retrouver la clef, et déborder sur le monde, dans tous les aspects de sa
vie.
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Dieu
avec un visage humain en Jésus-Christ -
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L'unité de vie est avant tout une qualité humaine
Le 21 septembre 2008 - Eucharistie
Sacrement de la Miséricorde
- « Que votre oui soit oui, que votre non soit non »
(Mt 5, 37). L'un des grands
défis de l'Évangile, c'est l'exigence d'aller jusqu'au bout, de vivre un
christianisme authentique. Le Fils de Dieu s'est fait homme, depuis
l'embryon jusqu'à la Croix; II a affronté toute sa vie les pharisiens qui «
disent et ne font pas »
(Mt 23, 3) ; et il attend des
chrétiens, qui sont « son Corps »
(Col 1, 24) sur cette terre,
cette profonde cohérence.
Une unité en profondeur.
L'unité de vie est avant tout une qualité humaine :
c'est l'unité entre mes pensées, ma parole et mon action. Tout homme
se doit d'être cohérent avec lui-même; c'est une affaire de respect,
d'estime de soi, d'honneur. Mais c'est difficile, cela demande
beaucoup de force d'âme. Il est tellement plus commode de se laisser
entraîner par les vents dominants. Prenez Salomon : Dieu lui avait octroyé
la sagesse; cela ne l'empêcha pas d'honorer, dans sa vieillesse, les idoles
de ses femmes étrangères (cf. 1 Rois, 11).
L'unité doit se faire de l'intérieur vers l'extérieur : des principes vers
l'agir. Sinon, elle risque de se constituer dans l'autre sens; ce sera
l'agir qui influencera les principes. Comme le disait Paul Bourget, « il
faut vivre comme l'on pense, autrement l'on finit par penser comme l'on vit.
»
Pour un chrétien, le Christ est au cœur de cette unité de vie, Lui qui est «
interior intimo meo et superior summo meo »
(plus intime à moi que moi-même et supérieur à ce que j'ai
de plus haut : saint Augustin, Confessions, III, 6, 11).
De manière fondamentale, chaque baptisé est le Christ, par le caractère
indélébile du sacrement. Ce qui n'implique pas, au contraire, que le fidèle
perde sa personnalité : de même que les saints, très différents par leurs
tempéraments, sont, chacun à leur manière, un reflet
du visage du Christ.
Pourquoi vivre cette unité ?
On peut se demander pourquoi tant tenir à cette unité. Dans le monde moderne
où tout est compartimenté, nous pourrions être comme ces marins du proverbe
qui avaient « une épouse dans chaque port ». Sur Internet, on gère
bien ses pseudonymes, sans que quiconque y trouve à redire.
Plus concrètement, nous pourrions suivre l'exemple de tel candidat à la
présidentielle, pratiquant dominical assidu, qui affirmait que sa foi
n'avait aucune incidence sur son action politique. Prétendue laïcité à la
française, qui suscite des dialogues de sourds de ce genre : « Êtes-vous
catholique ? — Je suis fonctionnaire! »
(entendu en juillet 2008)... Dans l'entreprise, on
peut parler de tout, mais pas de religion, car « cela contreviendrait à la
laïcité »: qu'y a-t-il de fondé là-dedans ? Pas grand-chose.
La réponse est à chercher dans l'unité de la personne. Corps et âme; pensée,
paroles et actions... on ne peut « dépouiller sa qualité de catholique,
en entrant à l'université ou dans un groupement professionnel, à l'académie
ou au parlement, comme on laisse un pardessus au vestiaire »
(saint Josémaria, Chemin, 353).
C'est une question de logique et de cohérence. Il serait malsain de
proclamer des principes pour les autres, sans chercher, à tout le moins, à
les vivre pour soi-même. C'est le péché pharisaïque : « Ils lient de
pesants fardeaux et en chargent les épaules des gens; mais eux-mêmes ne
veulent pas les remuer du doigt » (Mt 23, 4).
La condamnation des pharisiens ne concerne pas une population particulière,
mais une manière d'être qui menace, finalement, en permanence les chrétiens.
Les paroles de l'Évangile sont avant tout écrites « pour nous ».
Revêtir le Christ.
« Cœur, instinct, principes », écrivit énigmatiquement Pascal
(Pensées, Br. 281). Il semble
qu'il ait voulu exprimer ainsi l'ordre naturel de la sensibilité humaine :
ce qui touche le cœur imprègne ensuite l'instinct, puis se spiritualise dans
les principes. Il faut donc en passer par le cœur. On peut le redouter, car
il est le siège de cet émotionnel tant sollicité par notre civilisation
mercantile. Mais le cœur est aussi un moteur, d'une puissance et d'une
solidité éprouvée; un moteur nécessaire à cette recherche ardue de la
sainteté.
Tout commence par l'amitié avec Jésus. Une
amitié profonde, une rencontre que doit faire tout un chacun. Le pape Benoît
XVI répondant aux journalistes qui l'amenait en France disait, " il est
important de vivre avec joie la liberté de notre foi, de vivre la beauté de
la foi et de rendre visible dans le monde d’aujourd’hui qu’il est beau
d’être croyant, qu’il est beau de connaître Dieu, Dieu
avec un visage humain en Jésus-Christ" (Conférence de presse de Benoît XVI dans l'avion)
La prière ne doit pas être une simple répétition de mots,
mais un face-à-face, une mise à nu de tout l'être. Seul à seul avec Dieu,
sans faux-semblants. Lui parler, comme on parle à un ami. « Je L'avise,
et II m'avise », disait un paysan au Curé d'Ars. Cette amitié est
dominante, sans pour autant être exclusive. Terriblement exigeante, elle
implique un don de soi en profondeur. À sa lumière, la vie prend un nouveau
sens.
L'amitié avec Jésus ne saurait se limiter à une relation intime. Elle se
manifeste extérieurement par un signe : le baptême. Ce sacrement fait de
nous « une création nouvelle »
(2 Co 5, 17), « un fils
adoptif de Dieu » (Catéchisme
de l'Église catholique, 1265). La filiation
divine, plus forte que toute amitié, imprègne toute action du chrétien d'un
sentiment d'incomparable dignité: « Agnosce, christiane, dignitatem tuam
»
(Reconnais, chrétien, ta dignité; saint Léon le Grand,
Homilia in Nativitate Domini, 21, 3).
Les autres sacrements suivent. La première cohérence est celle de la Messe
dominicale. « Nous ne pouvions pas ne pas nous réunir parce que nous,
disciples de Jésus, nous ne pouvons pas vivre sans célébrer l'Eucharistie du
dimanche, » disait en 304, à Abitène, un chrétien nommé Eméritus qui
avait assisté à la Messe contre l'édit de Dioclétien. Sine domi-nico
vivere non possumus ! (ndlr : "Participer à l'assemblée liturgique
dominicale, avec tous nos frères et sœurs qui forment une unique corps dans
le Christ Jésus, précise Benoît XVI, est requis par la conscience
chrétienne et, en même temps, forme la conscience chrétienne."
(Benoît
XVI rappelle l'importance pour tous les fidèles du précepte dominical)
Cela doit rayonner dans notre agir : « Comme j'aimerais que ton
comportement et ta conversation fussent tels que l'on pût dire en te voyant
ou en t'écoutant: voilà quelqu'un qui lit la vie du Christ! »
(saint Josémaria, Chemin, 2). Le
fondateur de l'Opus Dei donne également ce conseil au point 271 de Chemin: «
Vœux d'une âme de prière: que Jésus soit dans nos intentions, notre but;
dans nos affections, notre Amour — dans nos propos, notre thème; dans nos
actes, notre modèle. »
Vivre les vertus humaines.
Le Christ est vrai Dieu, mais aussi vrai homme. Celui qui veut atteindre
l'unité de vie doit s'efforcer de pratiquer les vertus humaines : justice,
sincérité, droiture, tempérance, courage...
- Courage de défendre l'Église, comme un fils défend sa mère, à chaque fois
que nous la voyons attaquée.
- Soif de justice, pour en finir avec de pseudo lois qui bafouent les droits
de la personne: avortement, contraception, euthanasie. Les droits de la vie
sont à la fois des droits de Dieu et de l'homme.
- Le chrétien défend aussi la liberté religieuse, pour lui comme pour tout
autre croyant; la famille, qui porte sur ses épaules l'avenir de la société;
la liberté scolaire, qui se trouve au carrefour de tant d'autres libertés.
- Cohérence avec la pensée de l'Église sur les thèmes qui relèvent du dogme
ou de la morale: l'ordination des femmes, l'homosexualité, le mariage à
l'essai, la prétendue libération sexuelle, l'autorité du pape, le divorce...
- Soif de vérité, pour se former sur les points controversés de l'Histoire
de l'Église, où nos contemporains ne rencontrent que propagande
antichrétienne: l'Inquisition, les Croisades, Pie XII et les Juifs, la femme
dans l'Église, les rapports avec le pouvoir politique...
[(lire à ce sujet le Discours du pape Benoît XVI devant les corps
constitués, c'était il y a une semaine, le 09.09.08)
(Elysée)].
Dire sincèrement ce qui est, au risque de sortir de l'historiquement
correct.
- Loyauté et respect des autres : ne pas mal parler d'une personne derrière
son dos; éviter, dans la conversation, les thèmes scabreux ou les allusions
salaces; refuser toute forme d'exclusivisme, de racisme; chercher ce qui
unit, et non ce qui sépare. Finalement, être un exemple pour les autres,
sans chercher à se mettre en avant.
- Tempérance face aux boissons, aux soirées, à la « teuf » proposée
aujourd'hui immodérément aux jeunes.
- Détachement des gadgets de l'homme moderne : portable, jeux vidéo, lecteur
audio...
Aimer le pluralisme.
Maritain distinguait le fait de réagir « en chrétien » et « en
tant que chrétien ». La seconde posture impliquait, selon lui, une forme
d'obéissance purement externe où la conviction n'entrait pas pleinement.
Reprenons cette distinction pour mieux comprendre ce qui sépare le
christianisme authentique d'une tendance à la pensée unique.
Si l'on réagit « en chrétien », on acceptera toutes les options politiques
qui relèvent de la saine liberté chrétienne, et qui sont ouvertes au libre
débat des chrétiens. On cherchera les partis qui respectent le mieux
l'Évangile, sans tomber dans la présomption de croire son propre choix
infaillible.
Si, en revanche, on réagit « en tant que chrétien », on risquera d'être
prisonnier d'un parti, d'un système, en reliant indûment ce qui est
intangible
(la foi, la morale du Christ)
à l'éphémère : une idéologie, des hommes. Le vrai
christianisme est ami de la légitime liberté humaine: cette liberté « par
laquelle le Christ nous a libérés » (Gal 4,
31).
Respect de la légitime liberté d'autrui, affabilité, humilité, douceur : ces
qualités, couronnant toutes les autres, permettent de comprendre ce qui
harmonise l'unité de vie à la vertu suprême: la charité. Et cet ensemble de
vertus fera de ceux qui les pratiquent des chrétiens à 100 %, exemplaires :
des saints.
par Silvestre Baudrillart,
professeur de latin
Du même auteur
:
►
La sainteté, une vocation pour tous
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Sources : Site du Centre culturel
Garnelles
Ce document est destiné à l'information; il ne constitue pas
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Eucharistie sacrement de la miséricorde -
(E.S.M. sur Google actualité)
21.09.2008 -
T/Méditations
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