Le pape Benoît XVI répète le rite du
lavement des pieds |
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Cité du Vatican, le 21 mars 2008 -
(E.S.M.)
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Hier après-midi, à 17h30, le pape Benoît XVI a célébré dans la
Basilique Saint Jean de Latran la Messe In Cena Domini. Pendant le rite
le Saint-Père, en refaisant le geste de Jésus, a lavé les pieds à 12
prêtres du diocèse de Rome, « un geste qui enlève la saleté et la
fausseté », a-t-il dit.
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Le pape Benoît XVI dans
la basilique saint Jean de Latran
Le pape Benoît XVI répète le rite du lavement des pieds
Synthèse de la cérémonie - Texte intégral en
2e partie
Hier après-midi, à 17h30, le pape Benoît XVI a célébré dans la
Basilique Saint Jean de Latran la Messe In Cena Domini qui ouvre
le Triduum Pascal. Pendant le rite Benoît XVI, en proposant le geste de
Jésus, a lavé les pieds à 12 prêtres du diocèse de Rome.
La Messe du Jeudi Saint, In Cena Domini, met particulièrement en
évidence une partie de l'institution de l'Eucharistie et donc du sacerdoce,
précise Mgr Marini, maître des cérémonies, et ensuite l''aspect de la
charité et du don de lui jusqu'au don de la vie. En ce sens, le
passage de l'évangile qui a été proclamé aujourd’hui, est particulièrement
significatif, celui du lavement des pieds. Ce geste d'une part, révèle le
mystère de Dieu qui s'offre complètement Lui-même pour le salut de l'Homme
et d'autre part, devient aussi un geste exemplaire que nous tous sommes
appelés à proposer dans notre vie personnelle. C'est aussi pour cette raison
que, au cours de cette célébration, il est coutume que la collecte de
l'offrande, soit destinée pour venir en aide à une situation qui est dans le
besoin. Cette année, un orphelinat, celui de l'« l'âge d'or », présent à la
Havane à Cuba, a été choisi.
Ensuite, comme toujours, le Très saint Sacrement est placé dans le reposoir.
Et c'est ainsi qu'après la célébration de la Cène du Seigneur s'en suit un
temps d'adoration, prolongée et silencieuse, devant l'Eucharistie.
(les lectures)
Jeudi saint, 20 mars 2008
FAIRE MÉMOIRE, FAIRE CORPS
(synthèse des lectures)
Les images de la Cène nous montrent toujours Jésus à table, entouré de ses
Apôtres. Le groupe est parfois installé à l'antique, chacun étant allongé
autour d'une table ronde. Ceux qui partagent ce repas fondateur de toutes
nos eucharisties ne forment qu'un seul corps soudé par le pain et le vin au
centre de la composition. Jésus préside, apparaissant clairement comme la
tête de ce corps, donnant corps et sens, lui-même, aux aliments donnés en
nourriture. Depuis ce jour dont Paul fait mémoire dans l'un des textes les
plus anciens des Écritures chrétiennes (deuxième
lecture), Jésus désormais fait corps avec nous, étant l'un de
nous, les hommes, et nous faisons corps avec lui, étant invités à partager
sa table et à donner corps à la lumière divine qu'il reste pour nous. En lui
la mort est vaincue pour une humanité rassemblée, partageant le pain en
mémoire de lui. L'action de grâce s'élève vers Dieu qui se révèle comme
notre Père en son Fils.
« Faites cela en mémoire de moi. » La mémoire de lui qu'il nous laisse comme
un commandement à réaliser n'est pas un repli nostalgique sur un passé
enfui. Elle n'est pas figée dans des rites séculaires réactivés par la magie
des formules reçues. Elle est mémoire en acte, puisque l'action et l'ordre
de « faire » dans la bouche de Jésus sont au présent. Notre rassemblement
autour d'une même table, notre action de grâce commune, le partage du pain
et du vin donnés par le Seigneur comme son corps et son sang constituent la
mémoire vive de notre foi au Christ, de notre identité de baptisés. La
communion fraternelle se réalise aussi, en mémoire de lui, dans le service
des hommes et des femmes qui nous entourent, dont Jésus, en lavant les pieds
des Apôtres, nous montre comment il faut les aimer (évangile).
Ainsi s'actualise l'Alliance que Dieu a scellée avec nous dans le sang de
l'Agneau (première
lecture).
***
Le pape Benoît XVI répète le rite du lavement des
pieds, « un geste qui enlève la poussière et la fausseté »
Après l'évangile chanté en grec et en latin comme le veut la tradition, et
qui relate le moment où Jésus lave les pieds de ses disciples, Benoît XVI
est revenu au cours de son homélie sur le sens de cet épisode. Un moment,
comme l'a rappelé le pape, où Jésus endosse l'étoffe de l'humanité et se
fait esclave. Mieux qu'un simple lavement, ce geste, dit le pape, est un
véritable acte de purification, ainsi par sa parole et son amour, le Christ
purifie le chrétien.
"Jour après jour nous sommes recouverts de différentes formes de poussière,
de paroles vides, de préjugés, d'une sagesse réduite et altérée. Tout cela
blesse et contamine notre âme, tout cela nous menace d'incapacité de voir la
vérité et le bien. Si nous accueillons les paroles de Jésus avec un cœur
attentif, elles se révèlent véritablement une purification de l'âme, de
l'homme intérieur".
Un acte suprême d'amour que Jésus conclut en offrant un nouveau
commandement: " Aimez-vous les uns les autres, comme je vous ai aimés".
Dans le climat culturel d'une
''sagesse réduite et altérée'', il y a le danger qu' ''une fausseté ouverte
s'infiltre au plus profond de nous''. C'est ce qu'a dénoncé le pape Benoît
XVI dans l'Homélie de la Messe ''in Coena Domini'' qu'il a célébrée
dans la Basilique de Saint Jean de Latran.
Cette distorsion, explique Benoît
XVI, ''offusque et contamine l'âme et nous menace d'une incapacité pour la
vérité et le bien''. Le rite du lavement des pieds, a expliqué le
Saint-Père, est un ''don qui nous introduit dans la mentalité du Christ''
qui révèle comment ''la grandeur de Dieu est différente de notre idée de
grandeur, parce que nous désirons systématiquement un Dieu du succès et non
de la Passion''. ''Le Jeudi Saint - a souligné le pape - nous exhorte à ne
pas laisser que la rancune envers l'autre devienne un empoisonnement de
l'âme, à purifier sans cesse notre mémoire, nous pardonner mutuellement avec
le cœur''. Le Saint-Père a également réaffirmé que le ''christianisme en
rapport avec le moralisme est de plus, une chose différente. Le
christianisme est avant tout un don''.
Moment fort de la cérémonie, celui où le pape a répété le geste du Christ en
lavant lui-même les pieds de douze prêtres de Rome, respectant par là le
mandat de Jésus qui avait demandé à ses disciples de répéter sans cesse ce
geste de purification, un geste indispensable pour participer au banquet du
Seigneur.
Texte intégral de l'homélie du Saint-Père
Chers frères et sœurs,
Saint Jean débute son récit sur la manière dont Jésus lava les pieds de ses
disciples avec un langage particulièrement solennel, presque liturgique. «
Avant la fête de la Pâque, Jésus, sachant que son heure était venue de
passer de ce monde vers le Père, ayant aimé les siens qui étaient dans le
monde, les aima jusqu'à la fin » (Jn 13, 1).
L'« heure » de Jésus est arrivée, vers laquelle toute son œuvre était
dirigée depuis le début. Jean décrit ce qui constitue le contenu de cette
heure, avec deux mots : passage (metabainein, metabasis) et agape - amour.
Ces deux mots s'expliquent l'un l'autre ; tous deux décrivent la Pâque de
Jésus : la croix et la résurrection, la crucifixion entendue comme
élévation, comme « passage » vers la gloire de Dieu, comme « passage » du
monde vers le Père. Ce n'est pas comme si Jésus, après une brève visite dans
le monde, repartait désormais et retournait au Père. Ce passage est une
transformation. Il emporte avec lui sa chair et l'homme qu'il est. Sur la
Croix, dans le don de soi-même, il se fond et se transforme en une nouvelle
manière d'être, dans laquelle il est maintenant toujours avec le Père et en
même temps avec les hommes. Il transforme la Croix, l'acte de mise à mort,
en un acte de don, d'amour jusqu'au bout. Avec cette expression « jusqu'à la
fin » Jean renvoie par anticipation à la dernière parole du Christ sur la
Croix : tout est porté à son terme, « c'est achevé » (Jn
19,30). Par son amour, la Croix devient metabasis
transformation de l'être homme en être participant à la gloire de Dieu. Par
cette transformation il nous implique tous, en nous entraînant dans la force
transformatrice de son amour au point que, dans notre être avec Lui, notre
vie devient « passage », transformation. Nous recevons ainsi la rédemption,
nous prenons part à l'amour éternel, une condition à laquelle nous tendons
tout au long de notre existence.
Ce processus essentiel de l'heure de Jésus est représenté par le lavement
des pieds dans une sorte d'acte symbolique prophétique. Dans le lavement des
pieds, Jésus met en évidence à travers un geste concret ce que le grand
hymne christologique de l'Epître aux Philippiens décrit comme le contenu du
mystère du Christ. Jésus dépose les vêtements de sa gloire, endosse l'«
étoffe » de l'humanité et se fait esclave. Il lave les pieds sales des
disciples et les rend ainsi capables de partager le banquet divin auquel Il
les invite. Aux purifications cultuelles et externes, qui purifient l'homme
rituellement, tout en le laissant inchangé, succède le bain nouveau : Il
nous rend purs par sa parole et son amour, par le don de soi. « Déjà vous
êtes purs grâce à la parole que je vous ai fait entendre », dira-t-il aux
disciples dans son discours sur la vigne (Jn 15,3). Toujours et encore, Il
nous lave par sa parole. Oui, si nous accueillons les paroles de Jésus dans
une attitude de méditation, de prière et de foi, elles développent en nous
la force purificatrice. Jour après jour, nous sommes comme recouverts de
salissures diverses, de paroles vides, de préjugés, d'une sagesse réduite et
altérée ; une multitude de fausses vérités ou de mensonges s'infiltrent sans
cesse dans notre être intérieur. Tout cela blesse et contamine notre âme,
tout cela menace de nous rendre incapables de voir la vérité et le bien. Si
nous accueillons les paroles de Jésus avec un cœur attentif, elles se
révèlent de véritables bains, des purifications de l'âme, de l'homme
intérieur. C'est à cela que nous invite l'Evangile du lavement des pieds :
toujours nous laisser laver par cette eau pure, nous laisser nous rendre
capables de la communion conviviale avec Dieu et nos frères. Cependant, il
n'y a pas que de l'eau qui s'écoule du flanc de Jésus après le coup de lance
du soldat, mais aussi du sang (Jn 19,34 ; cf. 1 Jn 5, 6.8).
Jésus n'a pas seulement parlé, il ne nous a pas laissé que des mots. Il
s'est offert. Il nous lave par la puissance sacrée de son sang autrement dit
par le don de soi « jusqu'à la fin », jusqu'à la Croix. Sa parole est plus
qu'une simple déclaration ; elle est la chair et le sang pour « la vie du
monde » (Jn 6, 51). Dans le Saint Sacrement, le Seigneur s'agenouille
toujours à nouveau à nos pieds et nous purifie. Prions-le afin que par le
bain sacré de son amour nous soyons toujours plus profondément pénétrés et
ainsi véritablement purifiés !
Si nous écoutons attentivement l'Evangile, nous relevons deux aspects
différents dans l'évènement du lavement des pieds. En lavant les pieds de
ses disciples, Jésus accomplit avant tout un acte simple, le don de la
pureté, de la « capacité pour Dieu » qui leur est offert. Mais ce don
devient ensuite un modèle, le devoir de refaire ce geste les uns pour les
autres. Les Pères ont qualifié ce double aspect du lavement des pieds de
sacramentum et exemplum. Sacramentum ne signifie pas dans
ce contexte l'un des sept sacrements, mais le mystère du Christ dans son
ensemble, de l'incarnation jusqu'à la croix et la résurrection : cet
ensemble devient la force qui soigne et sanctifie, la force de
transformation pour les hommes, il devient notre metabasis, notre
transformation en une nouvelle forme d'être, dans notre ouverture à Dieu et
dans notre communion avec Lui. Mais cet être nouveau qu'il nous donne
simplement, sans que nous le méritions, doit ensuite se transformer en nous
dans la dynamique d'une vie nouvelle. L'ensemble du don et de l'exemple que
nous trouvons dans la péricope du lavement des pieds est caractéristique de
la nature du christianisme en général. Le christianisme n'est pas une sorte
de moralisme, un simple système éthique. Il n'y a, à l'origine, ni notre
action ni notre capacité morale. Le christianisme est avant tout un don :
Dieu se donne à nous, il ne donne pas quelque chose, mais Il se donne
lui-même. Et cela n'arrive pas seulement au début, au moment de notre
conversion. Il reste en permanence celui qui donne. Il nous offre en
permanence ses dons. Il nous précède en permanence. De ce fait l'acte
central de l'être chrétien est l'Eucharistie : la gratitude d'avoir été
gratifié, la joie pour la vie nouvelle qu'Il nous donne.
Toutefois nous ne restons pas des destinataires passifs de la bonté divine.
Dieu nous gratifie comme partenaires personnels et vivants. L'amour donné
est la dynamique de l'« amour partagé » ; il veut être en nous une vie
nouvelle à partir de Dieu. Ainsi, nous comprenons la parole, que Jésus dit à
ses disciples et à nous tous, au terme du récit du lavement des pieds : « Je
vous donne un commandement nouveau : vous aimer les uns les autres ; comme
je vous ai aimés, aimez-vous les uns les autres »
(Jn13,34). Le « commandement nouveau » ne consiste pas en une
nouvelle et difficile norme qui n'existait pas jusqu'alors. La nouveauté,
c'est le don qui nous introduit dans l'esprit du Christ. Si nous considérons
cela, nous percevons alors combien nos vies sont souvent éloignées de cette
nouveauté du Nouveau Testament ; que nous donnons si peu à l'humanité
l'exemple d'aimer en communion avec son amour. Nous restons donc débiteurs à
son égard de la preuve de crédibilité de la vérité chrétienne qui se
démontre dans l'amour. C'est précisément pour cela que nous devons toujours
prier davantage le Seigneur afin que par sa purification, il nous rende mûrs
pour le nouveau commandement.
Dans l'Evangile du lavement des pieds la conversation entre Jésus et Pierre
nous offre encore un autre détail de la pratique de la vie chrétienne,
auquel nous voulons enfin accorder notre attention. Dans un premier temps,
Pierre ne voulait pas se laisser laver les pieds par le Seigneur : ce
renversement de situation, autrement dit que le maître, Jésus, lave les
pieds, que le maître s'abaisse au travail de l'esclave, s'opposait
totalement au respect révérencieux de Pierre pour Jésus, avec sa conception
du rapport entre le maître et le disciple. « Non, tu ne me laveras pas les
pieds, jamais ! » dit-il à Jésus avec toute la passion dont il était capable
(Jn 13, 8). Sa conception du Messie comportait
une image de majesté, de grandeur divine. Il devait apprendre toujours à
nouveau que la grandeur de Dieu est différente de notre idée de grandeur ;
qu'elle consiste précisément en une descente, dans l'humilité du service,
dans l'amour radical jusqu'au dénuement total. Nous aussi nous devons
l'apprendre encore et toujours parce que systématiquement nous désirons un
Dieu de succès et non de passion, parce que nous ne sommes pas en mesure de
nous rendre compte que le pasteur est venu comme un Agneau qui se donne et
nous conduit ainsi vers le juste pâturage.
Lorsque le Seigneur dit à Pierre que, sans le lavement des pieds, il
n'aurait plus pu le suivre, Pierre demande spontanément qu'on lui lave aussi
la tête et les mains. Puis vient la parole mystérieuse de Jésus « Qui s'est
baigné, n'a pas besoin de se laver, sinon les pieds » (Jn
13, 10). Jésus fait allusion au bain que ses disciples, selon les
prescriptions rituelles avaient déjà pris ; et pour participer a la cène il
suffisait de se laver les pieds. Il faut voir naturellement ici une
signification plus profonde. A quoi fait-on allusion ? Nous ne le savons pas
avec certitude. Dans tous les cas, n'oublions pas que le lavement des pieds,
selon le sens de tout le chapitre, n'indique pas seulement un sacrement
spécifique, mais le sacramentum Christi dans son ensemble, son
service de salut, sa descente jusqu'à la croix, son amour jusqu'à la fin qui
nous purifie et nous rend capables de Dieu. Par la distinction introduite
ici entre le bain et le lavement des pieds, on perçoit toutefois une
allusion à la vie dans la communauté des disciples, à la vie de l'Eglise. Il
apparaît clairement que le bain qui nous purifie définitivement et qui ne
doit pas être répété est le Baptême, l'immersion dans la mort et la
résurrection du Christ, un évènement qui change notre vie profondément en
nous donnant comme une nouvelle identité qui demeure, si nous ne la jetons
pas comme le fit Judas. Cependant, même avec cette nouvelle identité
permanente donnée par le Baptême, nous avons besoin du « lavement des pieds
» pour la communion conviviale avec Jésus. De quoi s'agit-il ? Il me semble
que la première Lettre de saint Jean nous donne la clef de lecture. On y lit
: « Si nous disons : "Nous n'avons pas de péché", nous nous abusons, la
vérité n'est pas en nous. Si nous reconnaissons, si nous confessons nos
péchés, lui, fidèle et juste, pardonnera nos péchés et nous purifiera de
toute iniquité » (1, 8sq.). Nous avons besoin
de ce « lavement des pieds », de ce lavement des péchés quotidiens et pour
cela nous avons besoin de la confession des péchés dont parle saint Jean
dans cette Lettre. Nous devons reconnaître que dans notre nouvelle identité
de baptisés nous péchons également. Nous avons besoin de la confession sous
la forme du sacrement de la réconciliation. Par ce sacrement le Seigneur
lave toujours à nouveau nos pieds sales afin que nous puissions nous asseoir
à table avec Lui.
La parole revêt ainsi une nouvelle signification par laquelle le Seigneur
élargit le sacramentum en en faisant l'exemplum, un don, un service
envers les frères : « Si donc je vous ai lavé les pieds, moi le Seigneur et
le Maître, vous aussi vous devez vous laver les pieds les uns aux autres »
(Jn 13, 14). Nous devons nous laver les pieds
les uns les autres dans le service quotidien et réciproque de l'amour. Nous
devons nous laver les pieds dans le sens où nous devons aussi nous pardonner
les uns les autres. La dette que le Seigneur nous a remise est toujours
infiniment plus grande que toutes les dettes que les autres peuvent avoir
envers nous (cf. Mt 18, 21-35). C'est à cela
que nous exhorte le Jeudi Saint : ne pas laisser la rancœur envers l'autre
empoisonner notre âme. Il nous exhorte à purifier continuellement notre
mémoire, en nous pardonnant réciproquement du fond du cœur, en nous lavant
les pieds les uns les autres, afin de pouvoir nous rendre ensemble au
banquet du Seigneur.
Le Jeudi Saint est un jour de gratitude et de joie pour le grand don de
l'amour jusqu'à la fin que nous a fait le Seigneur. En cette heure prions le
Seigneur afin que cette joie et cette gratitude deviennent en nous la force
d'aimer ensemble avec son amour. Amen.
© Copyright du texte
original en italien : Librairie Editrice du Vatican
Traduction réalisée par Zenit
Laver les pieds et se laisser laver les pieds sont les deux faces d'une même
réalité spirituelle : Jésus, humble serviteur, montre l'exemple d'une vie au
service des pèlerins ou des piétons de la vie que nous sommes. C'est cette
humanité-là qu'il honore et respecte amoureusement en lavant les pieds de
ses disciples comme Marie Madeleine lui a lavé les pieds.
À nous de savoir accepter cet abandon de nous-mêmes en laissant laver
nos pieds salis par la poussière de nos chemins, dans cet acte où nous
reconnaissons notre faiblesse, pour mieux rejoindre le Christ. Le
lavement des pieds paraît quelquefois un peu difficile à mettre en
œuvre. Pourtant il est porteur d'un tel message qu'il ne faudrait pas le
manquer. |
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C'est la seule fois de l'année où le président de l'assemblée se met à
genoux devant ceux dont il est toujours la tête. Déjà le pape faisait ce
geste au VIe siècle, lavant les pieds de ceux qui étaient à son service.
Et c'est
précisément parce qu'il est ministre (c'est-à-dire
serviteur) que, comme le Christ, Seigneur et Maître, il se montre
serviteur de ses frères.
Le deuxième geste important en ce jour est la fraction du pain avec le chant
de l'Agneau de Dieu. C'est lui qui donne le sens complet de l'eucharistie :
« Puisqu'il y a un seul pain, nous sommes tous un seul corps ; car nous
tous participons à cet unique pain » (1 Co 10, 17).
On partage le corps eucharistique du Christ pour que chaque fidèle, en en
recevant une part, participe au corps mystique du Christ. La fraction du
pain fait passer l'assemblée de l'unique pain à l'unique corps. Une grande
hostie un peu épaisse signifiera mieux la densité de l'acte du partage. On
peut aussi mettre en valeur le geste de la répartition des hosties dans
différents ciboires ou coupelles à partir d'un seul récipient, à condition
qu'ils ne soient déposés sur l'autel qu'au moment de la fraction du pain.
Le Jeudi saint est enfin le jour par excellence, prévu dans la Présentation
générale du Missel romain, pour proposer la communion sous l'espèce du vin.
Là aussi, il est bon que le vin consacré soit partagé juste avant la
distribution de la communion, réparti entre différentes coupes à partir d'un
plus grand calice.
La célébration se termine par la procession au reposoir. Celle-ci gagnera en
densité si on y met du silence. Pour créer une atmosphère de recueillement
et servir de transition avec la fin de la messe, pendant que les lumières
s'éteignent progressivement, on peut lire le début de la Passion selon Marc
(Mc 14, 28.32-38) : « Après le chant des
psaumes, ils partirent pour le Mont des Oliviers. Ils parvinrent à un
domaine appelé Gethsémani... "Veillez et priez pour ne pas entrer en
tentation." » Au reposoir, on pourra lire des passages du discours de Jésus
lors de son dernier repas (Jn 13-17).
Texte original de
l'homélie du Saint Père
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Sources : www.vatican.va
-
E.S.M.
Ce document est destiné à l'information; il ne constitue pas
un document officiel
Eucharistie sacrement de la miséricorde -
(E.S.M.) 21.03.2008 -
T/Semaine Sainte |