Entretien avec Mgr Pozzo sur
l’application du motu proprio de Benoît XVI |
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Le 18 novembre 2009 -
(E.S.M.)
- Mgr Pozzo : "De façon générale il me semble qu’à deux ans de la
publication de Summorum Pontificum la situation
est plutôt diversifiée. Généraliser ou
simplifier serait ici injuste. Peut-être en
France et dans la zone centre-nord de l’Europe
les problèmes sont-ils plus aigus, mais dans une
période transitoire, des réactions d’ordre
psychologique et des interrogations sont bien
compréhensibles".
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Mgr Guido Pozzo
Entretien avec Mgr Pozzo sur
l’application du motu proprio de Benoît XVI
Le 18 novembre 2009 - Eucharistie
Sacrement de la Miséricorde
- Comment évaluez-vous l’application du motu proprio
Summorum pontificum aujourd’hui dans le monde, en Europe et particulièrement
en France ?
De façon générale il me semble qu’à deux ans de la publication de
Summorum Pontificum la situation est plutôt diversifiée. Généraliser ou
simplifier serait ici injuste. Peut-être en France et dans la zone
centre-nord de l’Europe les problèmes sont-ils plus aigus, mais dans une
période transitoire, des réactions d’ordre psychologique et des
interrogations sont bien compréhensibles. Les difficultés de répondre aux
exigences des fidèles qui demandent la célébration de la sainte messe dans
la forme extraordinaire sont dues parfois à des attitudes d’hostilité ou à
des préjugés, d’autres fois à des obstacles d’ordre pratique, comme
l’insuffisance du clergé, la difficulté de trouver des prêtres capables de
célébrer dignement selon le rite ancien. En outre, on a peine à voir comment
harmoniser la pastorale et la catéchèse de la célébration des sacrements
dans le rite ancien avec la pastorale et la catéchèse ordinaires des
paroisses. Il est clair que les évêques et les prêtres sont exhortés à bien
accueillir les légitimes exigences des fidèles, selon les normes établies
par le motu proprio, puisqu’il ne s’agit pas d’une concession faite aux
fidèles, mais d’un droit des fidèles de pouvoir accéder à la liturgie
grégorienne.
D’autre part, il est évident qu’il faut être réalistes et opérer avec le
doigté nécessaire, parce qu’il s’agit aussi de faire œuvre de formation et
d’éducation dans la perspective introduite par le Pape Benoît XVI avec
Summorum pontificum. On est invité à considérer les deux formes (de la
liturgie) comme deux usages de l’unique rite liturgique, et donc de ne pas
les voir en opposition, mais au contraire comme expressions de l’unité
substantielle de la liturgie. Nous sommes tous appelés à recevoir la forma
mentis sur laquelle est fondé le motu proprio : étant toujours prioritaire
la continuité de l’histoire de foi de l’Église (lex
credendi et lex orandi). Le renouveau du concile Vatican II est à
comprendre en continuité avec la grande tradition doctrinale de l’Église.
Dans l’histoire de la liturgie, il y a croissance et développement
intérieurs, mais il faut repousser toute rupture ou discontinuité avec le
passé. Le patrimoine et le trésor spirituel de la richesse liturgique inclus
dans la forme antique du missel romain, rendus visibles de façon spéciale
dans l’usage antique du rite, ne doivent pas rester en marge de la vie
ecclésiale, mais doivent être justement promus et appréciés dans les
diocèses et les diverses réalités ecclésiales.
Beaucoup de demandes de messes célébrées selon la
forme extraordinaire ne semblent pas pouvoir déboucher en raison d’un refus
des curés ou des Ordinaires. Y a-t-il un recours possible auprès de votre
Commission ?
La procédure indiquée par le motu proprio doit être respectée. Les fidèles
doivent tout d’abord s’adresser au curé et, s’il y a des difficultés, à
l’évêque. C’est seulement dans le cas où surgiraient des objections ou des
empêchements de la part de l’évêque pour l’application du motu proprio, que
les fidèles pourraient se tourner vers la Commission pontificale Ecclesia
Dei ; d’ailleurs l’évêque lui-même peut s’adresser à la Commission au sujet
des difficultés qui surgiraient pour divers motifs, afin que la Commission
puisse offrir son aide et ses suggestions. Il faut cependant bien préciser
que la façon de procéder de la Commission est institutionnelle, comme pour
tout autre organisme de la Curie romaine. Les interlocuteurs de la
Commission sont les Ordinaires, évêques et supérieurs religieux. Les fidèles
qui le jugent opportun peuvent envoyer des informations et signaler
d’éventuels problèmes et difficultés à la Commission pontificale, laquelle
se réserve de son côté le soin d’examiner et de décider si et de quelle
façon il faut procéder, en contact avec l’Ordinaire du lieu.
Un document d’interprétation du motu proprio avait été
annoncé voici plusieurs mois. Paraîtra-t-il prochainement ?
À l’article 11 du motu proprio on dit entre autres que « cette Commission
a la forme, les charges et les normes que le Pontife Romain voudra lui
attribuer ». Une instruction devrait suivre opportunément pour préciser
certains aspects concernant la compétence de la Commission pontificale et
l’application de quelques dispositions normatives. Le projet est à l’étude.
D’une manière plus générale, votre travail
s’insère-t-il dans le cadre éventuel d’une « réforme de la réforme » ?
L’idée d’une « réforme de la réforme liturgique » a été suggérée à
plusieurs reprises par celui qui était alors le cardinal Ratzinger. Si je me
souviens bien, il ajoutait que cette réforme ne serait pas le résultat d’un
travail de bureau d’une Commission d’experts, mais qu’elle demanderait une
maturation dans la vie et la réalité ecclésiale tout entière.
Je pense qu’au point où on en est arrivé, il est essentiel d’agir dans la
ligne qu’indiquait le Saint-Père dans la
Lettre de présentation du motu proprio sur l’usage de la liturgie
romaine antérieure à la réforme de 1970, à savoir que « les deux formes
de l’usage du rite romain peuvent s’enrichir mutuellement » et que « ce qui
était sacré pour les générations précédentes reste grand et sacré pour nous,
et ne peut à l’improviste se retrouver totalement interdit, voire considéré
comme néfaste. Il est bon pour nous tous, de conserver les richesses qui ont
grandi dans la foi et dans la prière de l’Église, et de leur donner leur
juste place ». C’est ainsi que s’est exprimé le Saint-Père. Promouvoir
cette ligne signifie alors contribuer effectivement à cette maturation dans
la vie et dans la conscience liturgique qui pourrait porter, dans un avenir
pas trop lointain, à une « réforme de la réforme ». Ce qui est
essentiel aujourd’hui pour récupérer le sens profond de la liturgie
catholique, dans les deux usages du missel romain, c’est le caractère sacré
de l’action liturgique, le caractère central du prêtre comme médiateur entre
Dieu et le peuple chrétien, le caractère sacrificiel de la sainte messe,
comme dimension primordiale de laquelle dérive la dimension de communion.
Étrangement la Commission chargée de l’application du
motu proprio Summorum pontificum a gardé son nom dû au précédent motu
proprio. Y a-t-il une raison à cette permanence ?
Je suis d’avis que la raison se trouve dans la continuité substantielle de
cette institution, en tenant compte de l’opportunité de sa mise à jour, et
des nécessaires intégrations dues aux contingences du moment historique
ecclésial.
Philippe Maxence
Sources : Homme
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Eucharistie sacrement de la miséricorde -
(E.S.M.) 18.11.2008 -
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