Jésus, affirme Benoît XVI, est
l'étoile polaire de la liberté humaine |
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Le 17 juillet 2007 -
(E.S.M.) -
L'exhortation sur l’Eucharistie, du
pape Benoît XVI, est un document considérable par la doctrine qu’il
développe et par le rappel des différents points trop peu connus et si
nécessaire à la vie de tout baptisé.
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Le lavement
des pieds précède l’institution de l’Eucharistie -
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C'est ici
Jésus, affirme Benoît XVI, est l'étoile polaire de la liberté humaine
L'exhortation sur l’Eucharistie
"Sacramentum Caritatis"
est un document considérable par la doctrine qu’il
développe et par le rappel des différents points trop peu connus et si
nécessaire à la vie de tout baptisé. Ce document que le Saint Père Benoît
XVI a voulu dans la continuité de sa première encyclique
"Deus Caritas est"
est une référence indispensable pour consolider la
formation doctrinale des catéchumènes et des catéchistes.
Nous espérons que le commentaire que nous
vous proposons contribuera à sa compréhension qu’il vous fera mieux saisir
toute sa richesse substantielle favorisant la vie d’union avec Notre
Seigneur.
Le "Sacrement de l'Amour"
commenté
par Léonce Grattepanche
Première partie :
L'Introduction qui correspond au § 1 à 5 du
Saint-Père. Ce qui est écrit en noir appartient au texte du pape Benoît XVI,
le commentaire de Léonce Grattepanche en
violet.
Introduction :
Le lavement des pieds
précède l’institution de l’Eucharistie
: - et le pape Benoît XVI
de rappeler qu'avant de mourir pour nous sur la croix, se nouant un linge à
la ceinture, il lave les pieds de ses disciples -
Jésus se noue
un tablier, c’est la tenue ordinaire de celui qui s’apprête à servir. Il
introduit par ce geste, dans le mystère du salut, le plus servile des actes
humains qui, par amour, devient l’égal des plus grands faits dépourvus
d’amour. Rien de la geste de l’homme ne peut échapper à l’œuvre de
rédemption pour peu qu’on le veuille d’intention. C’est la clef objective
pour une vie d’union avec Jésus.
Jésus s’intitule
Serviteur des serviteurs de son Père, il est le Serviteur de ses frères
qu’il s’apprête à introduire dans l’adoption filiale à son Père céleste. A
cet instant là, quoique pleinement Dieu et homme, il signifie qu’il dépose
au creuset de son amour la totalité de son dépouillement, un dépôt qu’il
confie à la sauvegarde de l’Église naissante et jusqu’à la consommation de
toute chose, la consommation des temps.
Il est venu sur
Terre pour faire la volonté de son Père, non la sienne entant que de sa
seule nature humaine. La volonté de son Père est sa volonté propre en tant
que Fils de Dieu et Fils de l’Homme, puisque de toute éternité il veut cette
nature humaine pour servir la justice de son Père. C’est cette attitude
manifestée dans cet instant qui blesse la nature humaine de l’Église,
blessure d’amour et salvatrice, car sans elle, elle n’eut pu être la
Servante du Serviteur pour le service de ses frères et sœurs. Elle n’aurait
pas su constituer ni être le corps mystique du Christ Rédempteur.
Il ne retient
rien de lui,
« il ne retient pas sa condition divine »
qu’il dépose
aux pieds de l’homme pécheur, dans les mains d’une créature finie et peut
reconnaissante du don qu’il va accomplir, un don total. L’agonie commence
peut-être à ce moment là.
L’institution de
l’Eucharistie est la sublimation merveilleuse de l’humilité. Un Dieu humble
qui répondra définitivement à l’orgueil de Lucifer et à tous les orgueils de
l’histoire de l’homme et de la femme.
Un mystère n’est
jamais grand ; il est profond. C’est un abîme d’amour. Il ne s’agit pas d’un
mystère selon les gnoses ou toutes les autres religions à mystères. Le
mystère chrétien est une invitation active, un sacrement de vie et de
liberté.
L’Eucharistie est
un abîme d’amour parce qu’elle est un abîme d’humilité, de pauvreté…La
puissance et la richesse de Dieu se puisent dans son humilité, dans sa
pauvreté. Si vous ne comprenez pas que Dieu est le Pauvre par excellence,
vous ne savez rien de Lui :
« Apprenez de moi que je suis doux et
humble de cœur… »
La richesse de Dieu est
révélatrice de sa pauvreté ! En vérité la pauvreté de Dieu comme de l’homme
éclairent la richesse, la surabondance de son amour. C’est peut-être là le
secret d’un François d’Assise, d’un Vincent de Paul et d’une Mère Térésa.
Tous les
sacrements institués par le Christ-Jésus sont une rencontre, une rencontre
l’être humain avec la double nature du Verbe incarné. L’homme s’élève vers
Dieu poussé par l’Esprit Saint et Dieu descend vers lui pressé par son
amour. Dans cette double démarche, le premier arrivé est toujours Dieu et ce
sont deux démarches d’humilité.
-
Dans le Sacrement de l'autel, le Seigneur vient à la rencontre de
l'homme, créé à l'image et à la ressemblance de Dieu
(cf. Gn 1, 27),
-
Dans le sacrement de
l’Eucharistie nous venons nous nourrir de la Vérité, nous alimentons notre
liberté. Cette démarche de la créature vers son Créateur entièrement donné
exige qu’elle se déroule en vérité, c’est l’un des aspects du sacrement
de confession ou de réconciliation. Car en prenant totalement par son
Incarnation la condition humaine, le Verbe assume et renvoie tout de la
véritable nature de l’homme, de l’humanité, vérité à laquelle il nous faut
nous conformer. Elle est la nôtre.
- Puisque
seule la vérité peut nous rendre vraiment libres
(cf. Jn 8, 36), le Christ
se fait pour nous nourriture de Vérité. Avec Lui, la liberté se retrouve. »
(2) - La vérité
est une nécessité de vie. Le Christ-Jésus se propose d’être la lumière qui
nourrit et éclaire notre liberté : certes nous sommes libres de la refuser,
mais alors de quelle façon vivons-nous cette liberté qui est tout à la fois
un don et une charge dramatique, car de son usage dépend la forme de notre
éternité ? –
Jésus, affirme Benoît XVI, est l'étoile
polaire de la liberté humaine: sans Lui elle perd son orientation, puisque,
sans la connaissance de la vérité, la liberté se dénature, s'isole et se
réduit à un arbitraire stérile. (2) –
Ce passage est une
condamnation implicite de la proposition du libre-examen, être son propre
référent revient à exclure la Lumière que nous donne le Père céleste en la
personne de son Fils. Qu’il suffise de se pencher avec honnêteté sur
l’actualité pour comprendre l’urgence de témoigner de la Vérité d’où
d’écoulent toutes les autres vérités qui remontent à l’Unique Vérité
incarnée !
– C'est justement, nous indique Benoît XVI,
parce que le Christ s'est fait pour nous nourriture de la Vérité que
l'Église s'adresse à l'homme, l'invitant à accueillir librement le don de
Dieu. (4) –
L’Église a pour nature d’être au service de la Vérité, vérité qui est Dieu,
vérité qui dit tout de l’homme et de la création. Elle est donc le témoin
temporel par excellence de la Vérité. Elle n’a pas d’autre obligation que
d’en témoigner à temps et contre temps et en tout lieu.
La liturgie n’est
pas figée dans l’Église à moins de reproduire la faute de la Tour de
Babylone – c’est-à-dire : abandonner toute démarche pastorale et
évangélisatrice. Des courants, assez simplistes, opposent les rénovations
liturgiques de l’Église Catholique voulues par le Concile du Vatican II au
fixisme liturgique des églises orthodoxes qui, fort hâtivement, sont
montrées comme référents en opposition à la crise que traverse notre Église.
Il y a dans cette accusation quelque chose de bien sot…
- à chaque étape de l'histoire de
l'Église, la célébration eucharistique, en tant que source et sommet de la
vie et de la mission de l'Église, resplendit de toute sa richesse multiforme
dans le rite liturgique. (3) –
L’histoire de l’évolution
liturgique est dans le pas de son histoire de l’Église et dans celui de
l’histoire générale. Qu’on se souvienne ce que nous coûta le refus enfantin
d’adapter la liturgie à la culture chinoise ! D’autre part, les adaptations
liturgiques n’ont jamais été négatrices des traditions. On peut remarquer,
pour peu que l’on soit honnête, que les réformes exaltèrent le diamant des
richesses antiques. Un peu comme une bague antique qu’on modifierait pour
que, selon la nécessité du moment, le joyau soit davantage en valeur.
L’Église Catholique en Occident a toujours fait preuve d’un souci
d’adaptation pour une pastorale qui colle aux besoins du temps présent, il
est donc logique de faire suivre la liturgie qui est un corps vivant en soi.
- Les Pères
synodaux ont en particulier constaté et rappelé l'influence bénéfique que la
réforme liturgique réalisée à partir du Concile
œcuménique Vatican II a eu pour la vie de l'Église. (3) –
La crise de l’Église
Catholique en Occident est de nature complexe. Elle est étroitement liée à
la culture révolutionnaire qui concentre des intelligences déformées et
déformantes, surtout depuis le schisme de la Réforme. Les crispations
liturgiques furent les conséquences de ces facteurs multiples et de choix
idéologiques n’ayant rien à voir avec l’intérêt de la Révélation ni le souci
du salut des âmes. Elles s’affirmèrent trop souvent comme rejetant ces deux
impératifs, car leurs promoteurs ne sont plus habités par l’Espérance et, en
vérité, sont tentés de rejeter l’Église, tant la profondeur de leur orgueil
désespéré est grande. Les étranges et scandaleuses innovations liturgiques
non autorisées illustrent à –contrario - l’adaptation de celle-ci aux
aspirations culturelles ou idéologiques. La crise liturgique, si spécifique
soit-elle, est due aux courants dits progressistes ou intégristes. Ils sont
révélateurs d’une étonnante inculture, d’une psychologie raidie, fermée et
sectaire commune à ces courants, dans lesquels vient raciner un immense
orgueil pathologique.
- Les
difficultés, et aussi certains abus qui ont
été relevés, ne peuvent pas masquer, a-t-il
été affirmé, que le renouveau liturgique, qui contient encore des richesses
qui n'ont pas été pleinement explorées, est bon et valable (3). –
L’histoire
de l’Église démontre que l’application des décisions conciliaires sont les
pierres sur lesquelles une minorité de catholiques viennent achopper. Il
semble que le terreau favorisant les problématiques procède certes d’une
tentation à l’orgueil, mais d’une « non-intériorisation » de l’Église, d’une
vision utilitariste de celle-ci, comme ci elle n’était pour eux qu’un
instrument de choix dans une perspective trop humaine. La liturgie est alors
prise en otage, car elle est un corps vivant, un instrument de pouvoir.
Cette perversité est le résultat de l’éloignement d’une authentique vie
intérieure, et sans doute, du refus plus ou moins conscient d’assimiler à sa
vie spirituelle et humaine le mystère de la Passion, le mystère de la Croix.
-
Concrètement, il s'agit de lire les changements voulus
par le Concile à l'intérieur de l'unité qui caractérise le développement
historique du rite lui-même, sans introduire de ruptures artificielles.(3) –
L’Église fondée
par Notre Seigneur Jésus-Christ n’a pas sa finalité dans le monde ni dans le
temps. Elle est la proposition de Dieu aux vues des mérites de son Fils pour
accéder de la meilleure manière au salut, à la contemplation de la Sainte
Trinité. Ne pas comprendre cela, ne pas l’admettre, l’accepter, c’est vivre
sur l’Église comme une sangsue vit, indifférente, sur le corps d’un
mammifère.
Le sacrement de
l’Eucharistie est un mystère vivant qui ordonne la vie de l’Église et du
baptisé comme origine et achèvement de la vie de foi sur cette Terre et dans
le temps. Il n’est aucun événement qui lui échappe sauf à prendre le risque
d’un activisme dénué de toute charité, c’est-à-dire d’amour selon Dieu.
-
Nous devons avant tout nous reporter en pensée au Grand
Jubilé de l'an 2000, par lequel mon bien-aimé prédécesseur, le Serviteur de
Dieu Jean-Paul II, a fait entrer l'Église dans le troisième millénaire
chrétien. L'Année jubilaire a été sans aucun doute marquée par une tonalité
fortement eucharistique. […] Cette période, qui a débuté par le
Congrès eucharistique international de Guadalajara
en octobre 2004, s'est achevée le
23 octobre 2005, au terme de la XIe assemblée synodale, avec la
canonisation de cinq Bienheureux, qui se sont particulièrement distingués
par leur piété eucharistique: […] Grâce aux enseignements proposés par le
Pape Jean-Paul II dans la Lettre apostolique
Mane nobiscum Domine et aux
suggestions précieuses de la Congrégation pour le Culte divin et la
Discipline des Sacrements, nombreuses furent les initiatives prises par les
diocèses et les différentes réalités ecclésiales pour réveiller et accroître
chez les fidèles la foi eucharistique, pour améliorer la beauté des
célébrations et promouvoir l'adoration eucharistique, pour encourager une
solidarité active qui, à partir de l'Eucharistie, rejoint les plus
nécessiteux. (4) –
Comme en
témoignent ces passages, le sacrement qui est un acte rituel, donc
liturgique ne peut être désolidarisé de la vie de l’humanité en quête de
son salut ; il ne peut être déraciné de l’histoire de l’homme et de la
femme. Les options a-chrétiennes, c’est-à-dire idéologiques sont ici
renvoyées dans « le très fond des baskets » comme aime à le dire notre
jeunesse…et, pourquoi pas, renvoyées au fond des lieux d’aisance…
Nous subissons
avec délice une vague de bonheur intérieur en constatant la communion
palpable entre les épiscopes et le Successeur légitime de Pierre. Nous
rendons grâce à Dieu pour cette joie, car par elle se manifeste la présence
de l’Esprit Saint qui ne cesse d’inspirer l’Église.
-
Conscient du vaste patrimoine doctrinal et
disciplinaire amassé au cours des siècles sur ce Sacrement, et accueillant
le souhait des Pères synodaux, je désire surtout recommander dans le
présent document que le peuple chrétien approfondisse la relation entre le
Mystère eucharistique, l'action liturgique et le nouveau culte
spirituel qui vient de l'Eucharistie, en tant que sacrement de
l'amour. (5) –
Le mystère eucharistique est l’entête, le centre et l’accomplissement de
toute activité humaine du catholique sur cette Terre et en son temps. Rien
n’est plus affligeant et mortifère que de détourner les âmes de cette vérité
voulue par Jésus-Christ lui-même. Notre présent travail veut aider aux
souhaits des pères synodaux et de notre chef, le pape Benoît XVI.
L’Eucharistie est
confirmée comme étant bien le lien de charité d’excellence entre les hommes.
Rien, rien de tout de
l’homme
ne devrait d’intention échapper au rayonnement de ce mystère, se mettre en
sa présence en tout ce que l’on est et en tout ce que l’on fait transforme
l’acte le plus insignifiant en une perle dès plus précieuse :
-
Dans cette perspective, j'entends mettre la présente Exhortation en
relation avec ma première Encyclique
"Deus Caritas est", dans laquelle j'ai parlé à
plusieurs reprises du sacrement de l'Eucharistie pour souligner son rapport
à l'amour chrétien, en référence soit à Dieu soit au prochain: « Le Dieu
incarné nous attire tous à lui. –
L’Eucharistie est sacrement
d’amour de Dieu pour l’homme envers Dieu et son prochain. « Seigneur, ton
serviteur écoute. Fais grandir ton amour en moi pour Toi et mon prochain. »
-
À partir de là, on comprend maintenant comment agapè est alors
devenue aussi un nom de l'Eucharistie: dans cette dernière, l'agapè
de Dieu vient à nous corporellement pour continuer son œuvre en nous et à
travers nous ». (5)
(à suivre)
Table de tous les articles sur l'exhortation ►
Sources:
lescatholiques.free.fr
Ce document est destiné à l'information; il ne constitue pas
un document officiel
Eucharistie, sacrement de la miséricorde -
(E.S.M.) 17.07.2007 - BENOÎT XVI -
Table Sacramentum Caritatis |