Le Motu Proprio de Benoît XVI est significatif |
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Le 16 décembre 2007 -
(E.S.M.) -
Les débats qui fleurissent à l'occasion du Motu proprio de Benoît XVI
semblent relever d'un symptôme: celui de planètes qui ne s'étaient pas
rencontrées depuis longtemps.
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Le choc
des cultures. -
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Le Motu Proprio de Benoît XVI est significatif
Des planètes qui
se rencontrent soudain
Les débats qui fleurissent à l'occasion du Motu proprio semblent relever
d'un symptôme: celui de planètes qui ne s'étaient pas rencontrées depuis
longtemps et qui se trouvent soudain face à face, étonnées de l'existence
des autres, tant la galaxie de l'Église en France semble comporter d'espaces
vides.
Ces planètes sont celles des « tradis » et de ceux qui ne le sont pas
(la masse du clergé français et une large part du public paroissial). Il y
en a d'autres, qui recoupent pour une part seulement la configuration
précédente : les jeunes catholiques face à la génération dite « du concile »
(les plus de 60 ans), ou encore les charismatiques et autres communautés
nouvelles face à l'Action Catholique, etc. Belle diversité,
qui manifeste la
pluralité chrétienne et le droit d'exister de tous. Comment la rencontre
a-t-elle lieu ?
Le choc des cultures. On pourrait disserter sur les différences théologiques
qui semblent séparer ces courants, que l'on cristallise habituellement
autour de la réception ou du refus du concile Vatican II. Tout cela est vrai
ou plutôt devrait l'être; car c'est trop accorder, malheureusement, à la
théologie. Plus que des théologies, ce sont des cultures et des milieux
sociaux qui s'entrechoquent soudain. Par exemple, la masse
du clergé qui correspond à la génération sexagénaire susdite est plutôt de
gauche, sociale et populaire ou se voulant telle, une partie du haut clergé
compris. Les jeunes générations de catholiques semblent relever d'une
culture davantage située à droite
(de façon plurielle d'ailleurs), culture
plus bourgeoise et urbaine, non pas seulement par retour de balancier comme
nos intelligences paresseuses le laissent dire trop souvent, mais par
effondrement numérique des classes moyennes qui devraient occuper le centre
et diversifier l'ensemble.
Tout en restant minoritaire, le monde traditionaliste se révèle
proportionnellement important pour le présent et surtout pour l'avenir de la
communauté catholique française. En fait, c'est l'ensemble des jeunes
générations, qui vont de la droite des « tradis » jusqu'à la gauche des
charismatiques, comprenant notamment les communautés nouvelles et certains
diocèses, qui prend ces années-ci un relief perçu comme unitaire, au-delà de
leurs différences mutuelles pourtant considérables. Ce relief n'est pas sans
inquiéter les générations plus anciennes. Celles-ci ne retrouvent pas dans
leurs cadettes les idéaux qui les ont fait vibrer, il y a quarante ans.
Elles se rendent compte de l'importance numérique et dynamique de ces
nouveaux courants, qu'elles se sont acharnées à minimiser pendant des années. Il y a chez les jeunes un désir de vie spirituelle et
liturgique, de fidélité à Rome, de formation intellectuelle, de références
nouvelles et de figures explicites d'apostolat. Il n'est pas rare que les
anciens se sentent jugés par les jeunes. Ceux-ci, le plus souvent, n'y
pensent même pas ; mais leur façon de vivre est ressentie comme un procès.
La crise « tradi » a donc été l'une des occasions
(comme les JMJ en fait) de
révéler l'existence non marginale de plusieurs courants catholiques que la
conscience collective occultait volontiers.
Des symptômes de fêlures. Le risque serait, pour tous, de se défendre en
excluant les autres. L'Église est assez large et maternelle pour les
contenir tous. Ce serait au contraire un signe de mauvaise santé de la
communauté chrétienne qu'une propension au communautarisme.
Les fêlures de la culture catholique française ont eu nombre d'idéologies
pour cause et rendent parfois difficile l'amalgame des âges et des
appartenances. La paroisse devrait jouer ce rôle, mais ne le réussit plus
qu'en certains endroits qui ont
pris à temps la mesure de ces phénomènes. Ce sont les cadres de l'Action
Catholique qui sont en train de craquer, trop tard malheureusement. Des
dérives ont eu lieu et il faudra du temps pour réconcilier les générations,
les sensibilités et plus encore les idées. Cela, d'autant que nous sommes
sortis de chrétienté. L'unité devrait porter sur le fond théologique plus
que sur les options pastorales, qui cumulent paradoxalement rigidités
(pédagogiques) et émiettement
(doctrinal).
Le pluralisme liturgique des deux états du rite romain est peut-être
dommageable, mais il est la conséquence d'un éclatement liturgique sauvage,
plus dommageable encore, sur lequel la lumière officielle est encore trop
timidement faite.
Progresser ensemble. Seul un renouveau spirituel, liturgique et
catéchétique de toute la communauté ecclésiale française
(qui commence par
la réception exacte de Vatican II) permettra l'intégration harmonieuse des « tradis ». Ceux-ci ont de leur côté un effort à faire pour se rendre
présentables. Ils ont aussi parfois à revoir leurs copies de théologie, de
pastorale et même de sens de la tenue liturgique.
Un effort mutuel de compréhension est à faire pour que ces planètes tournent
dans la même galaxie. Chacun est appelé à chercher la vérité plutôt qu'à
avoir raison. Un langage commun est à trouver, autour de l'enseignement
actuel et pérenne de l'Église, qui est pour tous le point de repère de tous
les débats.
Un minimum de dialogue est à cultiver, qui passe par des rencontres amicales
et un essai de compréhension du système de valeurs des autres, loin de toute
paranoïa cultivée jalousement. Nul courant chrétien n'est détenteur des
déterminations culturelles idéales du message de l'Évangile. Les approches
mutuelles se font petit à petit et il ne faut pas tarder pour les mettre en
place.
En définitive, se mêlent, de façon parfois troublante, d'une part, les
nécessités du dogme, de la morale, de la liturgie et de la vie spirituelle
du peuple chrétien et, d'autre part, les conditionnements culturels des
groupes et de personnes, légitimes, inévitables, mais par rapport auxquels
il convient de rester lucides. Tout n'a pas la même importance.
P. Thierry-Dominique Humbrecht, op
Dominicain de la province de Toulouse, responsable du Studium de Bordeaux;
dernier livre paru: Saint Thomas d'Aquin, Ellipses, 2007.
Bibliographie du pape Benoît XVI
(Cardinal RATZINGER)
Un seul corps
Le mot « corps » désigne l'essence de l'être humain, qui ne s'absorbe pas
dans le corporel, mais qui l'englobe. Le Christ nous donne sa substance
propre, lui qui, en tant que ressuscité, a conservé sa forme corporelle
d'une autre manière. L'action extérieure de la manducation symbolise la
compénétration intime de deux sujets.
Dans la communion, la barrière apparemment infranchissable de mon moi est
levée ; cela est possible car Jésus s'est préalablement rendu entièrement
accessible. Il nous a absorbés en lui et s'est livré à nous totalement. La
communion entraîne la fusion des existences. De même que le corps assimile
la nourriture, matière étrangère nécessaire à la vie, de même mon moi est «
assimilé » à celui de Jésus ; il lui devient semblable dans un échange qui
brise toujours davantage les lignes de séparation.
C'est le sort de tous les communiants; ils sont
tous assimilés à ce « pain » et, ensemble, ils forment un seul corps.
Voilà comment la communion édifie l'Église en ouvrant une brèche
dans la muraille de la subjectivité et en nous réunissant dans une profonde
communauté existentielle. Dans cette célébration de l'« assemblée »,
le Seigneur nous rend plus proches les uns des autres.
(Appelés à la communion p. 30-31)
Sources:
Humbrecht/Nef
Ce document est destiné à l'information; il ne constitue pas
un document officiel
Eucharistie, sacrement de la miséricorde -
(E.S.M.) 16.12.2007 - BENOÎT XVI
- T/M.P. |