Un cas de conscience. Les confesseurs
et la contraception |
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Rome, le 15 septembre 2010 -
(E.S.M.)
- Les plus récentes instructions du Vatican quant à la manière de
traiter les époux qui, de bonne foi, accomplissent des actes
contraceptifs atténuent la sévérité précédente. La doctrine reste
intacte, mais, au confessionnal, la conscience du fidèle doit être
respectée.
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Un cas de conscience. Les confesseurs et la contraception
par Sandro Magister
Le 15 septembre 2010 - Eucharistie Sacrement de la Miséricorde
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On cite souvent la formule du bienheureux John
Henry Newman, que Benoît XVI élèvera sur les autels dimanche 19 septembre à
Birmingham : "Je porterais un toast d’abord à la conscience et ensuite au
pape".
Interprétée correctement, cette formule de Newman n’a rien d’hétérodoxe. Le
concile Vatican II, au paragraphe 16 de "Gaudium
et Spes", a défini la
conscience comme "le centre le plus secret de l’homme, le sanctuaire où il
est seul avec Dieu et où la voix de celui-ci se fait entendre".
Mais c’est un fait que, dans la vie de beaucoup de fidèles, la voix de leur
conscience est parfois en opposition objective avec l'enseignement de
l’Église. Une opposition qui n’est pas nécessairement coupable.
Des cas où la conscience se trompe sans être coupable se présentent
fréquemment dans la vie conjugale, quand les époux ont recours à la
contraception sans avoir conscience de commettre un péché.
À propos de ces cas, un article de www.chiesa paru il y a quelques jours a
montré que les prêtres ayant charge d’âmes sont souvent très compréhensifs
et indulgents ►
Ego te absolvo. La voie catholique du contrôle des naissances
Comme l’a prouvé une récente étude du professeur Gianpiero Dalla Zuanna,
cette attitude a certainement été celle des prêtres de paroisses, encouragés
par la hiérarchie de l’Église, pendant la première moitié du XXe siècle dans
une des régions les plus catholiques d'Italie, la Vénétie, vis-à-vis des
époux qui accomplissaient "de bonne foi" des actes contraceptifs.
D’ailleurs beaucoup d’autres indicateurs montrent que c’était l’attitude
dominante dans toute l’Église à cette époque.
Mais, par la suite, les indications données par la hiérarchie sont devenues
plus sévères. À partir de l'encyclique "Casti
Connubii" publiée par Pie XI en 1931, on a commencé à dire aux
confesseurs de ne plus faire confiance à la "bonne foi", mais
d’instruire les pénitents de la gravité du péché qu’ils commettaient.
Cette sévérité est entrée dans les manuels de théologie morale utilisés dans
les séminaires, du Vermeersch au Merkelbach, du Noldin au Prummer, du
Cappello au Palazzini-De Jorio, comme on les appelait, d’après le nom de
leur auteur.
Dans la pratique courante, toutefois, beaucoup de prêtres ont continué à
absoudre les époux sans trop enquêter sur leurs comportements, en supposant
qu’ils étaient de "bonne foi".
Après l'encyclique "Humanæ vitæ" de Paul VI (1968) l’écart entre
l'enseignement de l’Église en matière de contraception et les comportements
d’une grande partie des époux, même catholiques pratiquants, est devenu
encore plus évident.
Les prêtres ayant charge d’âmes se sont alors trouvés dans un état
d’incertitude encore plus grande. Une incertitude accentuée par les vives
contestations dont "Humanæ vitæ" a été l’objet, y compris de la part de
membres de la hiérarchie.
Parmi les prêtres il y avait des "rigoristes" et des "laxistes", mais les
plus nombreux étaient ceux qui, en entrant dans le confessionnal, n’étaient
pas en mesure de donner une réponse sûre à la question : comment faut-il se
comporter vis-à-vis des fidèles qui recourent à des pratiques contraceptives
?
*
Et bien il y a un document du Vatican qui a redonné une certaine unité
d’orientation aux prêtres chargés d’âmes qui doivent affronter les dilemmes
de la contraception.
Ce document est daté du 12 février 1997. Il a donc été publié près de trente
ans après "Humanae
Vitae".
Il émane du conseil pontifical pour la famille, présidé à l’époque par le
cardinal Alfonso López Trujillo et aujourd’hui par le cardinal Ennio
Antonelli.
Il est intitulé : "Vade-mecum pour les confesseurs sur certains sujets de
morale liés à la vie conjugale".
Avant tout, il synthétise de la manière suivante la doctrine de l’Église en
matière de contraception :
"L'Église a toujours enseigné la malice intrinsèque de la contraception,
c'est-à-dire de chacun des actes conjugaux rendus intentionnellement
inféconds. Cet enseignement doit être considéré comme doctrine définitive et
irréformable. La contraception s'oppose de manière grave à la chasteté
matrimoniale, elle est contraire au bien de la transmission de la vie
(aspect de procréation du mariage) et contraire au don réciproque des
conjoints (aspect d'union du mariage). Elle blesse l'amour véritable et nie
le rôle souverain de Dieu dans la transmission de la vie humaine. [...]
"Le comportement des conjoints, toujours fondamentalement ouverts à la
vie, qui ne vivent leur intimité que dans les périodes infécondes, s'ils
sont guidés par des motifs sérieux de paternité et maternité responsables,
est profondément différent de toute pratique contraceptive, tant du point de
vue anthropologique que moral, parce qu'il s'enracine dans une conception
différente de la personne et de la sexualité. Le témoignage des couples qui,
depuis des années, vivent en harmonie avec le plan du Créateur et qui
utilisent d'une manière licite, lorsqu'il y a une raison proportionnellement
sérieuse, les méthodes dites « naturelles » à juste titre, confirme que les
époux peuvent vivre intégralement, d'un commun accord et dans une totale
donation, les exigences de la chasteté et de la vie conjugale".
Mais lorsque, plus loin, le document donne des indications pratiques aux
confesseurs, il les encourage explicitement à faire confiance à la "bonne
foi", tout en leur conseillant de procéder par étapes graduelles pour
réveiller dans la conscience du pénitent la conscience des fautes qu’il a
commises :
"Sur le plan de la chasteté conjugale aussi, on doit considérer le
principe toujours valable selon lequel il est préférable de laisser les
pénitents dans leur bonne foi pour les cas où l'erreur est due à une
ignorance subjectivement invincible, quand on prévoit que le pénitent, même
s'il entend vivre de sa foi, ne changerait pas de conduite et en viendrait
même à pécher formellement. Toutefois, dans ces cas aussi, le confesseur
doit encourager ces pénitents, par la prière, par l'exhortation à la
formation de la conscience, par le rappel de l'enseignement de l'Église,
pour qu'ils accueillent dans leur vie le plan de Dieu, y compris dans ces
exigences concrètes".
Une autre indication "rigoriste" que le document abandonne est celle qui
interdisait de donner l’absolution à ceux qui seraient retombés plusieurs
fois dans des pratiques contraceptives :
"On ne refusera pas l'absolution sacramentelle à celui qui, après avoir
péché gravement contre la chasteté conjugale, s'est repenti et, malgré les
rechutes, montre qu'il veut lutter pour s'abstenir de pécher de nouveau. Le
confesseur évitera toute méfiance vis-à-vis de la grâce de Dieu ou des
dispositions du pénitent : il n'exigera pas de garanties absolues d'une
conduite irrépréhensible à l'avenir que le pénitent ne peut humainement pas
donner. Ceci est établi selon la doctrine reconnue et la pratique suivie par
les Saints Docteurs et les confesseurs à propos des pénitents habituels".
Ce document n’est pas à proprement parler un acte du magistère hiérarchique,
mais c’est en tout cas la plus récente indication émanant d’un organe
consultatif du Saint-Siège quant à la manière d’aborder, au confessionnal,
la question de la contraception.
*
Présentant ce document dans "Vita Pastorale" – une revue très lue par
les prêtres en Italie – le théologien dominicain Giordano Muraro, professeur
de morale à l'Angelicum de Rome, a écrit que c’était "un document
courageux, qui a ramené la paix et la sérénité dans le cœur de beaucoup de
confesseurs mais aussi dans celui de beaucoup de fidèles".
Mais il a également objecté que le document présentait une lacune : il
introduisait des nouveautés par rapport à la ligne "rigoriste"
précédente mais n’expliquait pas la raison de ces changements.
Et cette raison fondatrice – d’après le père Muraro – était justement "une
nouvelle et grande importance donnée à la conscience du fidèle, le mot
conscience signifiant ici la capacité qu’a l’individu d’évaluer et de
déterminer le comportement qu’il doit choisir et vivre".
"La nouveauté du document – concluait le père Muraro – consiste à
admettre que la conscience puisse formuler de manière non coupable un
jugement différent de celui du magistère hiérarchique et qu’elle puisse
appliquer ce jugement à sa vie personnelle, en tenant compte des
circonstances particulières dans lesquelles elle est amenée à vivre.
"De là naît la nécessité pour le confesseur de réfléchir à deux points. Le
premier concerne la conscience et la place qu’elle occupe dans la vie morale
de l’individu. Le second concerne la possibilité d’exprimer sur la
contraception une opinion différente de celle du magistère. Le confesseur
doit reconstituer le cheminement qui conduit le fidèle à cette différence
d’opinion : parce que ce n’est qu’en connaissant ce cheminement qu’il peut
intervenir de manière respectueuse et convaincante dans la vie du fidèle
pour l’aider à dépasser son opinion erronée".
***
Le texte intégral du document du conseil pontifical pour la famille ►
Vade-mecum pour les confesseurs sur certains sujets de morale liés à la vie
conjugale
Le commentaire du père Giordano Muraro dans "Vita Pastorale" ►
Contraccezione
- un vademecum per i confessori
Traduction française par
Charles de Pechpeyrou, Paris, France.
Source: Sandro Magister
Eucharistie sacrement de la miséricorde -
(E.S.M.) 15.09.2010 -
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