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Vatican, révolte contre François
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Le 14 septembre 2015 -
(E.S.M.)
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La publication des deux Motu Proprio assouplissant les règles
d'annulation du mariage ont fait monter la tension. La Curie se
révolte contre le pape, et un document incendiaire circule au
Vatican. Article sur Die Zeit, traduit par
benoit-et-moi
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Vatican, révolte contre François
Des prélats de haut rang du Vatican se révoltent contre la récente décision
du pape sur l’annulation du mariage. Ils lui reprochent d’abandonner un
dogme essentiel.
Julius Müller-Meiningen
Die Zeit, le 10 septembre 2015
Le 14 septembre 2015 - E.
S. M. -
Pour eux, la coupe est pleine. Dans trois semaines, les évêques catholiques
du monde entier vont se réunir au Vatican, pour débattre de la marche à
suivre par l’Eglise. A Rome, les pères synodaux vont trouver un appareil qui
a définitivement déclaré la guerre au pape. Dans les enceintes sacrées de
la Curie circule un dossier, qu’on peut lire dans « Christ und Welt »,
supplément au journal Die Zeit ; on y recense systématiquement les supposés
péchés du pape. « François a laissé tomber le masque » dit un haut prélat du
Vatican.
Le dernier texte promulgué par le pape argentin, âgé aujourd’hui de 78 ans,
a mis le feu aux poudres de ce que l’on peut assurément définir comme le
prodrome d’une résistance organisée contre François. En publiant mardi
dernier un document qui permet, plus facilement et plus rapidement, une
annulation du mariage religieux, le pape a placé l’Eglise devant le fait
accompli. Mitis Iudex Dominus, ainsi s’intitule cet édit, c’est à
dire « le Seigneur, juge clément ». Mais de cette clémence, que François
veut offrir aux croyants en conflit avec les règles de l’Eglise, la curie ne
veut pas entendre parler. Beaucoup de Monsignori, qui sont
nominalement aux commandes de l’Eglise universelle, sont hors d’eux-mêmes.
On le voit dans un dossier au langage cinglant qui circule ces jours-ci dans
les bureaux les plus importants du Vatican, au nombre desquels il faut
compter aussi la Congrégation pour la Doctrine de la Foi et la Secrétairie
d’Etat. Le motu proprio sur l’allègement de la déclaration de nullité
du mariage y est épluché juridiquement, dans ses moindres détails. On y
reproche principalement au pape d’avoir contourné les congrégations
compétentes dans une matière aussi essentielle pour l’Eglise et d’avoir
de facto introduit « le divorce catholique ». Le document, qui compte
plusieurs pages, parle d’une « évolution inquiétante » où la procédure
législative régulière dans l’Eglise universelle est réduite à néant. La
plupart des fusibles dans le processus d’annulation du mariage se trouvent
délibérément « court-circuités ».
« Aucune des étapes prévues dans la procédure législative n’a été retenue »,
lit-on dans le texte. Ni les conférences épiscopales, ni les congrégations
et conseils compétents, ni la Signature apostolique n’ont été impliqués. «
Du simple point de vue formel déjà, il y a de graves lacunes ». On fait
aussi remarquer que, lors du dernier synode des évêques, il n’y a eu « aucun
accord unanime » sur la manière d’agir décidée aujourd’hui par le pape à
propos de l’annulation du mariage. « Le procédé retenu est aux antipodes de
la synodalité tant invoquée et de la discussion franche et ouverte ».
La signification du mariage, en particulier le traitement réservé aux
conjoints, divorcés et engagés dans un nouveau mariage civil, est
l’épicentre des débats sur les orientations futures de l’Eglise.
L’indissolubilité du mariage est le dogme auquel se cramponnent les
ecclésiastiques conservateurs. Le « divorce à la catholique », rendu
possible par le pape, représente la catastrophe majeure pour les gardiens de
la doctrine comme le préfet allemand de la Congrégation pour la Doctrine de
la Foi, le cardinal Gerhard Ludwig Müller. L’acte informel d’accusation
contre François se trouve aussi sur sa table. Müller et ses nombreux alliés
dans la curie craignent que tout l’édifice ne s’écroule dès lors que l’on
supprime un de ses fondements. A leurs yeux, il y va de rien moins que de la
survie de la véritable Eglise catholique.
Alors que les dispositions qui avaient cours jusqu’ici privilégiaient le
souci de maintenir le mariage catholique, différents mécanismes juridiques
qui poursuivaient ce but, ont été -- c’est la conviction des critiques du
pape -- intentionnellement supprimés. « Le nouveau texte ne dit rien sur des
moyens pastoraux ou juridiques pour sauver ou rendre valide le mariage ;
cette absence donne à penser », peut-on lire dans le document. En somme,
l’évolution serait « dangereuse ».
Et les auteurs de poursuivre : « On ne peut se défaire de l’impression
qu’il ne s’agit plus ici de constater la vérité en rapport avec un lien
matrimonial concret mais de déclarer nuls le plus grand nombre possible de
mariages ». Cela veut dire concrètement : le dogme de
l’indissolubilité, que François cite expressément, à deux reprises, dans
l’introduction du motu proprio, est en réalité, selon le rédacteur du
document, vidé de son sens. « C’est l’heure pour nous d’ouvrir la bouche
», réclame sur un ton rebelle un haut prélat de la curie.
En particulier, l’introduction d’une procédure accélérée d’une durée de 30
jours seulement, sous l’autorité de l’évêque, pour la déclaration de nullité
du mariage indispose beaucoup les critiques du pape. Dans le dossier, on
peut lire que cette procédure « recèle le danger d’ouvrir la voie au divorce
catholique ». Beaucoup parmi les 3600 évêques diocésains répartis sur le
globe seraient tout à fait dépassés par cette nouvelle tâche. « En plus, la
question se pose de savoir combien d’évêques dans le monde seront capables
de faire une évaluation qui leur permette d’arriver à la certitude morale
requise ».
D’après les critiques de François, beaucoup de problèmes théologiques
controversés ont été ignorés. Ainsi, on trouve dans le document pontifical
plusieurs raisons extrêmement confuses qui peuvent justifier le recours à
une procédure accélérée, comme « le manque de foi » ou encore d’autres
motifs qui demeurent indéterminés. Il serait « très inquiétant » que le
consentement du couple suffise pour introduire une procédure abrégée. Selon
les nouvelles normes, cette procédure est même prévue lorsque l’un des
partenaires ne réagit pas à la deuxième interpellation. « Qu’un texte
juridique laisse ouvert, par un ‘etc.’ placé en fin de phrase, un large
éventail de possibilités est vraisemblablement inédit en législation », fait
observer non sans piquant le dossier.
Si l’on devait en venir, comme le redoutent les adversaires du pape, à un
flot de déclarations de nullité, le problème de l’accès aux sacrements des
divorcés remariés, qui agite l’Eglise depuis longtemps, serait pratiquement
évacué. Ils peuvent désormais sans problème sortir de leur mariage
catholique, contracté en fait pour l’éternité. Par décret pontifical.
Le synode, qui commence ce 4 octobre, risque maintenant de se réduire à un
club de débatteurs refermé sur lui-même. Le pape, à ce qu’on dit, décide
de toute manière selon son bon plaisir. Il ne s’est pas tenu à la
manière régulière de légiférer, lit-on encore dans les sept pages du
document. Les conférences épiscopales comme toutes les administrations
curiales, et jusqu’aux services juridiques du Vatican, ont été contournées.
Une commission constituée par le pape, contrainte au silence, a rédigé un
projet de loi dans le plus grand secret. Sans cela, elle aurait sans
doute été cassée et contrée par l’appareil de la curie. Bien que, lors du
synode de l’automne dernier, de vives protestations se soient élevées contre
l’idée d’introduire une procédure éclair de constatation de la nullité d’un
mariage sous l’autorité de l’évêque, c’est maintenant d’ores et déjà une loi
d’Eglise -- avant même que le synode ait pu reprendre l’examen de ce thème.
Le pape veut-il imposer à toute force le chemin qu’il a tracé depuis
longtemps ? Dans les cénacles les plus importants de la curie, les doutes
sont depuis longtemps devenus une certitude.
Mais beaucoup de croyants jubileront.
Sources : benoit-et-moi
Ce document est destiné à l'information; il ne
constitue pas un document officiel
Eucharistie sacrement de la miséricorde -
(E.S.M.) 14.09.2015
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