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Le 14 juillet 2009 -
(E.S.M.)
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L'encyclique revient sur le thème ancien du rapport entre éthique et
économie, qui demeura étroit sur une période allant d'Aristote - pour qui
l'économie se reliait naturellement à l'étude de l'éthique - jusqu'à Adam
Smith, qui estimait que, pour libérer les vertus du marché, était
indispensable un "code de moralité mercantile" fondé sur
l'honnêteté, la confiance et l'empathie.
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Mario Draghi
Ethique et développement
Mario Draghi, Gouverneur de la "Banca d'Italia"
Le 14 juillet 2009 - Eucharistie Sacrement de la Miséricorde
- La crise qui a frappé l'économie mondiale est, pour la première fois,
globale; celle du passé qui lui ressemble le plus - la grande dépression des
années trente qui, elle aussi, vit le jour aux Etats-Unis - toucha des
régions moins vastes du monde et elle se propagea plus lentement, même si
elle frappa les structures productives plus en profondeur. La dimension
mondialisée, l'interdépendance, la question sociale "qui se mondialise" sont
au centre de
Caritas in Veritate, comme elles l'avaient été il y a plus de
quarante ans dans
Populorum Progressio de Paul VI, qui constitue le point de référence de
cette encyclique de Benoît XVI: l'Eglise défend le développement intégral de
l'homme; s'il n'est pas de tout l'homme, de chaque homme, le développement
n'est pas un véritable développement.
La crise actuelle confirme la nécessité d'un rapport entre éthique et
économie, montre la fragilité d'un modèle enclin à des excès qui ont
provoqué son échec. Un modèle où les opérateurs considèrent toute action
comme licite, où l'on croit aveuglément à la capacité du marché à
s'autoréguler, où de graves malversations deviennent communes, où les
régulateurs des marchés sont faibles ou sont la proie des instances qu'ils
régulent, où les revenus des grands dirigeants d'entreprise sont
intolérables au plus grand nombre d'un point de vue éthique, ne peut pas
être un modèle pour la croissance du monde.
L'encyclique revient sur le thème ancien du rapport entre éthique et
économie, qui demeura étroit sur une période allant d'Aristote - pour qui
l'économie se reliait naturellement à l'étude de l'éthique - jusqu'à Adam
Smith, qui estimait que, pour libérer les vertus du marché, était
indispensable un "code de moralité mercantile" fondé sur l'honnêteté,
la confiance et l'empathie. La redéfinition explicite de l'économie comme
discipline autonome est relativement récente, elle date de la seconde moitié
du XIXe siècle. Elle entraîna la résiliation du lien avec les sciences
morales, considérée comme nécessaire par les "économistes purs" si
l'on voulait donner naissance à une science visant à déterminer les
principes du comportement de l'homo oeconomicus, fondés sur l'axiome de la
rationalité et de la maximalisation du bien-être individuel.
Dans les dernières décennies, la disparition de l'éthique du champ d'enquête
de la science économique a été remise en question, parce qu'elle a engendré
un modèle incapable de rendre compte de manière complète des actions
humaines dans le domaine économique et d'expliquer l'existence des
institutions importantes pour le marché uniquement comme résultat de la pure
interaction d'agents rationnels et égoïstes. C'est une critique avancée
entre autres par Amartya Sen, qui analyse les effets des considérations de
nature éthique sur les comportements économiques, et par Akerlof, qui
souligne l'importance des évaluations d'équité dans la détermination des
salaires. Il s'agit d'une branche de la théorie économique privée de la
netteté logico-formelle de l'école néo-classique, mais qui permet de saisir
des aspects qui sont autrement négligés de l'action individuelle et de ses
conséquences sur le développement macroéconomique. Il est clair qu'à
l'avenir, les économistes qui voudraient expliquer le fonctionnement des
systèmes économiques devront intégrer ces critiques et d'autres semblables
dans un paradigme plus complexe, mais bien plus complet que celui qui a
dominé la pensée du dernier siècle.
Selon la
Doctrine sociale de l'Église, si l'autonomie de la discipline économique
implique l'indifférence à l'égard de l'éthique, on pousse l'homme à abuser
de l'outil économique; s'il n'est plus un moyen pour atteindre le but ultime
- le bien commun - le profit risque d'engendrer la pauvreté. Le
développement n'est pas en soi garanti par des forces impersonnelles et
automatiques, (le marché peut tout) mais nécessite des personnes qui le
soutiennent en vivant dans leurs consciences le rappel du bien commun. Toute
décision économique a des conséquences de caractère moral. Cela est encore
plus vrai à l'époque de la mondialisation, qui affaiblit l'action nationale
des gouvernements sur l'économie et, ainsi, remet également en question
l'utilité de la distinction d'école entre production de la richesse et
redistribution de celle-ci opérée par la sphère publique pour des raisons de
justice. Il est possible d'"internaliser" la dimension éthique dès la
phase de production, comme le montre le large spectre d'activités
économiques qui échappent à une classification mécanique en
lucratif/non-lucratif et qui se proposent également des objectifs de nature
éthique et d'utilité sociale.
Le Pape voit dans le principe de subsidiarité - défini en 1931 par Pie XI
dans Quadragesimo anno - un instrument important pour répondre en
perspective à la crise actuelle. La proposition est de confier le
gouvernement de la mondialisation à une autorité polycentrique
(polyarchique) constituée par plusieurs niveaux et
par des plans différents et coordonnés entre eux, qui ne soit pas fondée
exclusivement sur des pouvoirs publics, mais aussi sur des éléments de la
société civile (les corps intermédiaires entre l'Etat et
le marché, selon le projet originel de Pie XI).
L'actualité de cette proposition consiste surtout à indiquer une autorité de
gouvernement placée au-dessus d'une réalité économique complexe qui ne se
laisse plus réduire à un petit nombre d'intérêts contradictoires, qui
s'opposent parfois avec une certaine violence; qui ait donc une nature "à
plusieurs niveaux", c'est-à-dire qui fasse un large usage du principe de
subsidiarité au sens aujourd'hui familier des économistes, selon lequel le
pouvoir décisionnel doit être attribué au niveau sur lequel se reflètent
principalement les effets des décisions qui sont prises.
Dans ce contexte, le Pape rappelle la nécessité d'une autorité politique
mondiale, déjà évoquée par Jean XXIII, ainsi que, en termes différents, par
Kant, il y a plus de deux siècles. C'est une indication cohérente avec la
conscience selon laquelle la mondialisation entraîne une multiplication des
externalisations à un rythme encore impensable il y seulement quelques
décennies - pensons au cas emblématique du climat - et que celles-ci
imposent la perspective d'un horizon planétaire de gouvernement.
Sur un plan plus immédiat, l'interdépendance mondiale exige de manière
urgente une réforme de l'architecture financière internationale, finalisée à
un meilleur fonctionnement des marchés. C'est dans ce sens que vont les
propositions visant à garantir une plus grande transparence des bilans des
sociétés, à induire les opérateurs à une plus grande sobriété dans
l'accumulation de la dette, à une plus grande conscience des risques liés à
la poursuite du profit et plus en général de l'acceptabilité sociale de
certains comportements. Mais, dans le même temps, ce sont des objectifs
indissolublement liés à la dimension éthique car visant, en dernière
analyse, à la protection des plus faibles.
Un développement de longue période n'est pas possible sans éthique. C'est,
pour l'économiste, une implication fondamentale de cet "amour dans la
vérité" (Caritas in Veritate)
dont parle le Pape dans son encyclique. Pour retrouver le chemin du
développement, il faut créer les conditions pour que les attentes de tous,
que Keynes appelait de longue période, redeviennent favorables. Il est
nécessaire de reconstituer la confiance des entreprises, des familles, des
citoyens, des personnes, dans la capacité de croissance stable des
économies. Sur le long terme, cette confiance ne peut pas être séparée d'une
dimension morale, de l'espérance profonde, selon les paroles de Jean-Paul ii
dans la bulle d'indiction (1998) pour le jubilé, de "créer un modèle
d'économie au service de chaque personne".
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Caritas in Veritate, l'encyclique sociale du pape Benoît XVI
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Introduction et Ier chapitre : Le
message de Populorum Progressio
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IIème chapitre : Le développement humain
aujourd'hui
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IIIème chapitre : Fraternité,
développement économique et société civile
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IVème chapitre : Développement des
peuples, droits et devoirs, environnement
►
Vème chapitre : La collaboration de la
famille humaine
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VIème chapitre et conclusion : Le développement des peuples et
la technique
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Sources : www.vatican.va
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E.S.M.
(©L'Osservatore Romano - 14 juillet 2009)
Eucharistie sacrement de la miséricorde -
(E.S.M.) 14.07.09 -
T/Benoît XVI |