Benoît XVI réactualise le rite
liturgique préconciliaire |
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Cité du Vatican, le 14 janvier 2008 -
(E.S.M.)
- A la chapelle Sixtine, dimanche, le pape Benoît XVI a célébré
la messe "dos au peuple". Cette pratique étant devenue rare en France
alors qu'elle est strictement conforme à la liturgie restaurée à la
suite de Vatican II, le soir même, des évêques se voyaient obligés de
donner des explications.
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Le pape Benoît XVI -
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Benoît XVI réactualise le rite liturgique préconciliaire
VOUS AVEZ DIT: "DOS AU PEUPLE"?
A la chapelle Sixtine, dimanche dernier, le pape Benoît XVI a célébré la
messe "dos au peuple". Cette pratique étant devenue rare en France alors
qu'elle est strictement conforme à la liturgie restaurée à la suite de
Vatican II, le soir même, des évêques se voyaient obligés de donner des
explications sur les ondes de France-Info... alors que hors de nos
frontières, le fait est passé inaperçu ou a été interprété comme quelque
chose de normal.
"Dos tourné au peuple", "retour à des rites anciens", "main tendue aux
traditionalistes"... chacun y va de son interprétation souvent fausse ou
incomplète.
Dans "La Croix" (internet), Isabelle de Gaulmyn fait une analyse très juste
de la liturgie pratiquée par le Souverain Pontife: "Le pape entend montrer,
en utilisant des éléments de la tradition liturgique préconciliaire, que
Vatican II et le nouveau Missel ne s'inscrivent pas en rupture mais dans la
continuité de l'ancien rite.
Benoît XVI a-t-il célébré dimanche 13 janvier en rite tridentin?
Non, mais pour la première fois, dimanche, dans la chapelle Sixtine, le pape
a publiquement célébré la
messe dos au peuple, face à l'autel, suivant donc
la tradition préconciliaire. Pour cette célébration où, comme chaque année,
le pape baptise des enfants, on a donc utilisé l'ancien autel de la
chapelle, qui se trouve contre le mur, sous la fresque du jugement dernier
de Michel-Ange. Durant tout le pontificat de Jean-Paul II, et les premières
années de celui de Benoît XVI, les responsables de la célébration avaient
recours à un autel mobile en bois, placé au milieu du chœur.
Pourquoi une messe dos au peuple?
Une note rendue publique par le Bureau des célébrations liturgiques
pontificales donne une explication esthétique: il s'agit "de ne pas altérer
la beauté et l'harmonie de ce joyau architectural, en préservant sa
structure du point de vue de la célébration". Le Bureau des célébrations
précise que, pour le reste, la messe s'est déroulée "selon le Missel
ordinaire, introduit par Paul VI, après le concile Vatican II". En réalité,
depuis la
nomination du nouveau cérémoniaire, Mgr Guido Marini, les
célébrations pontificales donnent un espace de plus en plus large aux
traditions liturgiques préconciliaires. L'ancien trône pontifical a été
ressorti pour les célébrations, et se trouve sur le côté droit et non plus
au centre. D'autres éléments, chandeliers, crucifix posés sur l'autel, ont
aussi été réintroduits, tout comme les vêtements liturgiques, empruntés à
une tradition plus ancienne.
Quel est l'objectif poursuivi par Benoît XVI?
Le pape veut montrer la voie pour une évolution liturgique. Selon Benoît
XVI, en effet, Vatican II n'a pas introduit de rupture dans la liturgie. Le
Motu Proprio de juillet 2007 visait ainsi non seulement à libéraliser la
messe en rite tridentin, mais aussi à ce que l'ancien rite puisse influencer
le rite de Paul VI. Dans l'esprit du pape, cela devrait permettre de
préserver la liturgie d'innovations qu'il juge excessives. Dans la lettre
aux évêques qui accompagne le motu proprio, il estimait que "les deux formes
d'usage du rite romain peuvent s'enrichir réciproquement". "Dans la
célébration de la messe selon le Missel de Paul VI, pourra être manifestée
de façon plus forte que cela ne l'a été souvent fait jusqu'à présent cette
sacralité qui attire de nombreuses personnes vers le rite ancien." Car "il
n'y a aucune contradiction entre l'une et l'autre édition du Missale Romanum:
l'histoire de la liturgie est faite de croissance et de progrès, jamais de
rupture. Ce qui était sacré pour les générations précédentes reste grand et
sacré pour nous, et ne peut à l'improviste se retrouver totalement interdit,
voire considéré comme néfaste."
Une autre
analyse pertinente se trouve sur le site internet "beatriceweb.eu".
Extraits:
"Comme cela a été annoncé, la messe a été célébrée selon le missel de Paul
VI, mais une partie tourné vers le Seigneur. Façon, sans doute, de
"réconcilier" les deux rites, et de montrer la continuité. C'est bien dans
sa manière: le Saint-Père procède comme il en a l'habitude, tout en douceur
et en délicatesse. Evidemment, les extrémistes des deux bords sont
mécontents, ou déçus. D'un côté, il y a ceux qui attendaient peut-être que
le Pape célèbre publiquement selon le rite ancien. Pour l'autre bord, l'AFP
donne le ton: on admirera l'à-propos, qui consiste à profiter de l'occasion
pour parler une fois de plus de "la prière pour les juifs". Que vient-elle
faire là? "Le Monde", qui reproduit une dépêche de l'Agence Reuters, n'est
pas en reste, qui rappelle que Benoît XVI, [est] issu de la frange
conservatrice de l'Eglise. A ce niveau, ce n'est vraiment plus de
l'information (ce qu'on pourrait attendre de simples dépêches d'agences de
presse, ou bien suis-je trop naïve), mais de l'interprétation idéologique.
Voilà pourquoi le Pontife a réactualisé le rite liturgique préconciliaire:
- Importante mise au point du cardinal Ratzinger dans une préface du livre
du Père Uwe Michael Lang où le cardinal précise que la direction est la même
pour le prêtre et pour le peuple (vers le Seigneur: vers le Père à travers
le Christ dans l'Esprit Saint) (...) Avant de devenir Pape, dans son livre
intitulé l' "Introduction à l'esprit de la liturgie", publié en 2001, le
Cardinal Joseph Ratzinger avait souhaité revenir à la Messe célébrée avec le
prêtre et les fidèles tournés vers l'Orient - le lieu duquel reviendra le
Seigneur - comme cela avait été durant de longs siècles jusqu'à la réforme
liturgique ayant suivi le Concile Vatican II. Le cardinal Ratzinger
déplorait que dans la célébration avec l'autel tourné vers le peuple, comme
c'est le cas aujourd'hui, le prêtre "devient le véritable point de
référence", et tout semble se terminer "sur lui". Et ainsi, "l'attention est
de moins en moins tournée vers Dieu". Dans le livre, le futur Pape observait
que, "au-delà de tous les changements, une chose est restée claire pour
toute la chrétienté, jusqu'au second millénaire bien avancé: la prière
tournée vers l'Orient est une tradition qui remonte aux origines et est une
expression fondamentale de la synthèse chrétienne du cosmos et de
l'histoire". L'Orient signifiait en effet l'annonce du "retour du Seigneur".
(...) La conscience que l'autel, le prêtre et les fidèles étaient autrefois
tournés vers l'Orient s'est perdue au cours des siècles, au point que cette
orientation était étiquetée comme "célébration vers le mur" ou comme
"tournant le dos au peuple", et donc est apparue - expliquait le Cardinal -
"comme quelque chose d'absurde et de totalement inacceptable".
(...) Après avoir précisé que ce serait "une erreur de refuser en bloc les
nouvelles formes" de la liturgie, le Cardinal insistait pour dire que
l'orientation de l'autel, du prêtre et des fidèles vers l'Est, vers le
Soleil levant, "pendant la prière eucharistique" n'est pas "quelque chose de
fortuit" mais d' "essentiel". (...) "Parmi les phénomènes vraiment absurdes
des dernières décennies - concluait le futur Pape - je compte le fait que la
Croix soit placée sur un côté pour laisser libre le regard sur le prêtre.
Mais la Croix, pendant l'Eucharistie, représenterait-elle un dérangement? Le
prêtre serait-il plus important que le Seigneur? Cette erreur devrait être
corrigée le plus vite possible". (...)"
Pour être complet sur cette question de l'autel et de la direction de la
célébration, il faut rappeler que l'Eglise demande que dans le chœur des
sanctuaires il n'y ait qu'un seul autel comme il n'y a qu'un seul sacrifice:
soit l'autel ancien s'il a un valeur architecturale et fait corps avec
l'édifice, soit un autel "permettant de célébrer aussi face au peuple" là où
l'ancien maître-autel a disparu ou a pu être remplacé sans porter préjudice
à l'harmonie du sanctuaire. Cette directive - comme bien d'autres - n'a
jamais été appliquée en France où l'on trouve presque partout un autel
ancien abandonné et un autel "face au peuple" le plus souvent réduit à une
caisse ou à une table qui n'a aucune valeur symbolique et significative sur
le plan liturgique et qui, par son rapprochement vers l'assemblée, permet
aux célébrants de faire un show ou de se comporter en animateurs plus qu'en
présidents de la liturgie.
Constatons avec plaisir, pour finir, que si le Saint-Père parle souvent de
liturgie, il sait aussi prêcher par l'exemple qu'il donne, ce qui est d'une
remarquable efficacité pastorale.
Denis CROUAN docteur en théologie,
Pdt de Pro Liturgia
► Angélus
de Benoît XVI qui clôture le temps de Noël
Texte
original du discours du Saint Père
►PAROLE
DEL PAPA ALLA RECITA DELL’ANGELUS
Regarder la vidéo de l'Angélus en italien
Texte intégral
de l'Homélie du Saint Père
►
Benoît XVI a présidé la Solennité du baptême du "Fils bien-aimé"
Regarder
la vidéo de la Messe en italien
Sources:
PRO LITURGIA
Ce document est destiné à l'information; il ne constitue pas
un document officiel
Eucharistie sacrement de la miséricorde -
(E.S.M.) 14.01.2008 - BENOÎT XVI |