Motu Proprio de Benoît XVI, contribution de Mgr
Cattenoz |
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Le 12 décembre 2007 -
(E.S.M.)
- Tout était prêt pour se lancer dans cette
aventure dans la lumière du Motu proprio qui venait de sortir. Après
avoir présenté mon projet à plusieurs évêques français et au cardinal Castrillon Hoyos, le 16 octobre dernier, date anniversaire de l’élection
de Jean-Paul II, j’érigeais officiellement l’Association « Totus tuus »
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Mgr
Jean-Pierre Cattenoz, archevêque d’Avignon
Motu Proprio de Benoît XVI, contribution de Mgr Cattenoz
Si certains évêques renâclent face au Motu proprio Summorum Pontificum au point que Rome devrait prochainement publier une «
explication » de ce texte, Mgr Jean-Pierre Cattenoz, archevêque d’Avignon,
érige dans son diocèse l’association sacerdotale
Totus tuus destinée aux prêtres diocésains qui célèbrent selon la
forme extraordinaire du rite romain. Entretien avec le modérateur, notre
collaborateur l’abbé Christian Gouyaud, curé de la paroisse personnelle de
la Croix glorieuse à Strasbourg, et avec le secrétaire, l’abbé Tancrède
Leroux, recteur de l’église Saint-Georges à Lyon. Mais avant, le message de
Mgr Jean-Pierre Cattenoz, archevêque d'Avignon.
L’association Totus tuus
Depuis plusieurs années, j’étais en contact avec des prêtres venant
régulièrement dans mon diocèse pour célébrer la messe dans la forme
tridentine. L’an dernier, nous étions tous dans l’attente d’un « Motu
proprio » annoncé. Je me demandais comment nous pourrions répondre au désir
du Saint-Père à travers ce Motu proprio. Je portais tout cela dans ma
prière, demandant à l’Esprit Saint de m’éclairer. Puis, à la demande de
plusieurs de ces prêtres, j’ai accepté de passer une journée avec eux.
Ensemble nous nous sommes retrempés dans les premiers chapitres des Actes
des Apôtres et dans la naissance de la première communauté au souffle de
l’Esprit. Je leur ai proposé alors de rédiger une charte à la lumière des
quatre piliers de la vie de la première communauté chrétienne : « Ils
étaient fidèles à l’enseignement des apôtres, à la communion fraternelle, à
la fraction du pain et aux prières ».
Dans la confiance nous nous sommes revus de nouveau une journée au début de
l’été. En fin d’été, nous avons passé ensemble quelques jours dans les Alpes
pour finaliser la charte. Tout était prêt pour se lancer dans cette aventure
dans la lumière du Motu proprio qui venait de sortir. Après avoir présenté
mon projet à plusieurs évêques français et au cardinal Castrillon Hoyos, le
16 octobre dernier, date anniversaire de l’élection de Jean-Paul II,
j’érigeais officiellement l’Association « Totus tuus ».
Le but de cette Association est d’apporter aux prêtres qui en feront partie
un soutien spirituel et fraternel, mais aussi de leur permettre de
s’intégrer de nouveau et pleinement dans la vie du presbyterium de nos
diocèses. Attachés, sans exclusive, à la forme extraordinaire de la liturgie
de l’Église, ils veulent vivre pleinement dans la lumière du Motu proprio
selon lequel : « les deux expressions de la lex orandi de l’Église
n’induisent aucune division de la lex credendi de l’Église ; ce sont
en effet deux mises en œuvres de l’unique rite romain ». Ils veulent vivre
pleinement leur sacerdoce au cœur de nos diocèses sous la conduite de leurs
évêques.
L’Association devrait à terme permettre de dépasser les tensions et les
incompréhensions au cœur même de l’Église entre des gens qui tous se savent
membres de l’unique Corps du Christ. Les prêtres membres de l’Association
veulent vraiment être dans la charité des artisans de paix et d’unité au
cœur de l’Église. À la lumière de la lettre de Jean-Paul II à l’aube du
troisième millénaire, ils veulent que nos communautés chrétiennes deviennent
d’authentiques écoles de la communion dans la charité.
Le Motu Proprio ne dessaisit aucunement les évêques de leur triple charge
d’enseigner, de sanctifier et de conduire le Peuple de Dieu, il les invite
au contraire à œuvrer pour que nous retrouvions par-delà deux expressions,
l’une extraordinaire et l’autre ordinaire de la lex orandi de
l’Église une unité toujours plus profonde et plus vraie au cœur de l’Église
pour un meilleur service missionnaire au cœur de notre monde d’aujourd’hui.
Lors de notre Assemblée plénière des Évêques de France à Lourdes, nous avons
partagé sur la mise en œuvre du Motu proprio dans nos diocèses. Il se met en
place progressivement et paisiblement. Il faudra encore du temps pour que
nous apprenions tous, de part et d’autre, à vivre dans la confiance
réciproque et nous avons tous à nous convertir pour nous laisser toujours
davantage conduire par l’Esprit Saint.
Mgr Jean-Pierre
Cattenoz
archevêque d’Avignon
La Nef – Pourquoi avoir créé l’association de
prêtres Totus tuus ?
Abbé Christian Gouyaud – Encouragées par l’Église, les associations
sacerdotales « proposent une règle de vie adaptée et dûment approuvée, et un
soutien fraternel qui aident les prêtres à se sanctifier dans l’exercice du
ministère ». L’association Totus tuus offre cette règle et ce soutien aux
prêtres diocésains « attachés à la “forme extraordinaire de l’unique rite
romain” » et engagés dans l’application du Motu proprio Summorum pontificum.
Cependant, la Charte de l’Association dépasse ce cadre liturgique. Comme l’a
souligné Mgr Cattenoz, l’option d’une forme liturgique ne suffit pas à
fonder une spiritualité sacerdotale. Nous sommes plusieurs à en avoir fait
l’expérience.
Abbé Tancrède Leroux – Les prêtres à l’origine de l’association
appartiennent à la « génération Jean-Paul II ». De là sa devise épiscopale –
Totus tuus – comme nom de l’association et surtout sa piété mariale comme
l’un des fondements de notre spiritualité.
Pourriez-vous nous expliquer quel sera le
cheminement pour un jeune garçon ayant une vocation et qui serait intéressé
de rejoindre l’association ?
T.L. – L’association n’incardine pas de prêtres. Se former en vue du
sacerdoce et rejoindre l’association sont donc deux questions différentes.
Cependant nous portons le souci des vocations et des candidats au sacerdoce
sont en lien avec l’association. Est-il vraiment utile de multiplier les
séminaires ? Pourvu que la formation prenne en compte le critère
indispensable d’une « herméneutique de la réforme dans la continuité de
l’unique sujet-Eglise », concernant l’enseignement depuis Vatican II, des
séminaristes peuvent être intégrés dans un séminaire diocésain où
l’expression liturgique traditionnelle serait prise en compte et respectée.
Aujourd’hui de telles possibilités existent et se mettent en place pour les
jeunes attachés à cette liturgie.
Cette association est-elle un fruit du Motu proprio
?
C.G. – Cette association était déjà en chantier avant la promulgation du
Motu proprio. Érigée après la publication de ce texte, elle constitue, de la
part de Mgr Cattenoz, une réponse positive et originale à ce que souhaite
Benoît XVI. Contrairement à ce qui a pu être parfois dit, les évêques n’ont
pas perdu la main dans ce dossier : la solution apparente d’un diocèse
personnel ou d’une administration apostolique a été écartée, pour ne pas
soustraire ce type de ministère à leur juridiction. Il est donc
particulièrement heureux que des évêques prennent des initiatives dans ce
sens. Deux écueils doivent être évités : l’opposition d’une fin de
non-recevoir à une telle demande des fidèles ; l’octroi d’un statut « à part
» qui marginalise ce type de célébration. Comme je l’ai déjà écrit dans La
Nef, en s’adressant principalement aux curés qui accueillent le tout-venant
sans sectorisation a priori de leur sollicitude pastorale, Benoît XVI
normalise cette forme liturgique par sa dévolution au niveau le plus
élémentaire qu’est la paroisse.
Ne craignez-vous pas de faire concurrence aux
instituts Ecclesia Dei ?
T.L. – Le premier impact du Motu proprio devrait être de désenclaver la
forme liturgique traditionnelle. À partir de là, il y aura du travail pour
tous ceux qui veulent exercer un ministère pastoral en vertu d’une mission
reçue par l’évêque du lieu. Nous souhaitons surtout mettre l’accent sur
cette cohérence demandée par le pape de ne pas exclure en pratique de
célébrer aussi selon la forme ordinaire dès lors qu’on lui reconnaît d’être
valide et sanctifiante, notamment par la concélébration qui est un signe de
l’unité du presbyterium autour de l’évêque. L’association sacerdotale, de
droit diocésain, n’est pas un institut de droit pontifical. En ce qui nous
concerne, nous ne sommes pas du tout dans une logique d’exemption.
Comment voyez-vous l’avenir liturgique depuis la
publication du Motu proprio ?
C.G. – Benoît XVI entend « parvenir à une réconciliation interne au sein de
l’Église ». Les deux formes rituelles peuvent s’enrichir et, à terme,
l’avenir est dans la fameuse « réforme de la réforme » qui réunirait les
aspects positifs de l’une et de l’autre. Les principes essentiels de la
Constitution conciliaire sur la liturgie doivent d’ailleurs guider la
célébration selon l’ancien missel, comme le recommandait le cardinal
Ratzinger lors des 10 ans du Motu proprio
Ecclesia Dei. Si, dans la
situation présente, il faut mettre un terme aux abus liturgiques, il
convient aussi d’éviter « les exagérations [qui] ne manquent pas, ni parfois
des aspects sociaux indûment liés à l’attitude de certains fidèles attachés
à l’ancienne tradition liturgique latine ». Heureusement, bien des fidèles
souhaitent répondre au vœu d’unité ecclésiale et de pacification liturgique
du Saint-Père.
Sauf quelques exceptions, les évêques français ne
semblent pour le moment pas vouloir profiter du Motu proprio pour établir
une véritable paix liturgique et faciliter les souhaits des fidèles attachés
aux anciennes formes liturgiques : comment analysez-vous cela ?
T.L. – Des initiatives sont prises ici ou là. Mais, après seulement trois
mois, un bilan n’est-il pas prématuré ? Certains comportements revendicatifs
ne sont peut-être pas les plus à même d’accréditer des demandes
d’application du Motu proprio. De part et d’autre, comme le souligne Benoît
XVI dans sa lettre, c’est surtout l’ouverture de cœur qui permettra
d’avancer. Collaborateurs de l’évêque et pleinement attachés à la forme
extraordinaire du rite romain, les prêtres de l’association Totus tuus
souhaitent contribuer à dégager cette forme liturgique de certaines
problématiques qui, à juste titre, inquiètent les pasteurs. Ils sont
reconnaissants aux évêques qui, parfois depuis plusieurs années, à la suite
de Jean-Paul II puis de Benoît XVI, ont eu une attitude vraiment paternelle
pour les fidèles attachés à la forme extraordinaire.
propos recueillis par Christophe Geffroy
Le Motu Proprio
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Le texte officiel et tous les commentaires
Sources: La Nef -
diocèse d’Avignon
Ce document est destiné à l'information; il ne constitue pas
un document officiel
Eucharistie, sacrement de la miséricorde -
(E.S.M.) 12.12.2007 - BENOÎT XVI
- T/M.P. |