Motu Proprio de Benoît XVI, lettre de
trois évêques de France |
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Le 12 juillet 2007 -
(E.S.M.) -
Nous publions ci-dessous trois lettres d'évêques français. Mgr Centène
du Diocèse de Vannes, Mgr Michel Dubost, évêque d’Evry-Corbeil-Essonnes
et Mgr Roland Minnerath, archevêque du Diocèse de Dijon. Ces trois
lettres commentent le Motu Proprio "Summorum pontificum" du
Saint-Père Benoît XVI
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Le
Saint-Père Benoît XVI -
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Motu Proprio de Benoît XVI, lettre de trois évêques de France
1) Lettre de Mgr Centène aux prêtres et aux fidèles du
Diocèse de Vannes
à propos du Motu Proprio « Summorum pontificum »
Chers amis,
Depuis près d'un an la presse annonce la publication d'un
« Motu Proprio » visant à libéraliser la célébration de la messe
selon le rite en vigueur avant le Concile Vatican II.
« Des nouvelles et des jugements formulés sans
informations suffisantes ont suscité beaucoup de confusion. »
[1]
Personnellement, lors de la session du Conseil
presbytéral, je me suis refusé à prendre parti sur un document que je
n'avais pas encore lu puisqu'il n'était pas encore publié.
Depuis le 7 juillet, nous sommes en possession du texte
définitif accompagné d'une lettre de Benoît XVI aux évêques. Vous trouverez
ces deux textes ci-joints.
Ce « Motu Proprio » « Summorum pontificum
» entrera en vigueur le 14 septembre, en la fête de l'Exaltation de la
Sainte Croix.
D'ici là je voudrais vous donner quelques clés de lecture
pour accueillir dans un esprit filial la volonté que le Pape exprime dans
ces deux documents.
Essayons d'analyser les motifs de l'intervention du Saint
Père (I) les règles qu'il édicte (II) et les moyens concrets de les mettre
en œuvre sans bouleversement pour la vie diocésaine (III).
I) Les motifs de l'intervention de
Benoît XVI
Dans la lettre aux évêques, le Pape exprime la raison
profonde qui l'a conduit à publier ce « Motu Proprio ».
Il est entièrement dicté par le double souci de retrouver
l'unité de l'Église et de signifier que son histoire n'est pas faite de
ruptures mais de croissances et de progrès dans un développement organique.
« Ce qui était sacré pour les générations précédentes reste grand et
sacré pour nous et ne peut à l'improviste se trouver totalement interdit,
voire considéré comme néfaste. »
[2]
L'Eucharistie est le lien de l'unité et le bien de la
charité. Comment pourrait-elle devenir source de divisions et motif de
discordes ?
Le Concile Vatican II nous invite à promouvoir l'unité
avec les Églises sœurs par le dialogue œcuménique. Paul VI et Jean-Paul II
ont manifesté par des gestes concrets et des attitudes de repentance leur
désir de réconciliation.
Benoît XVI constate que « aux moments critiques où
les divisions commençaient à naître les responsables de l'Église n'ont pas
fait suffisamment pour conserver ou conquérir la réconciliation et l'unité ;
on a l'impression que les omissions dans l'Église ont eu leur part de
culpabilité dans le fait que ces divisions aient réussi à se consolider.
»
[3]
C'est ce processus qu'il veut éviter à l'égard de tous
ceux que leur attachement aux anciennes formes liturgiques a pu pousser vers
des attitudes de scission depuis la fin du dernier Concile, et plus encore,
depuis les consécrations épiscopales illicites de Mgr Lefebvre, en 1988.
Ce serait donc aller à l'encontre de cette intention du
Pape Benoît XVI que d'utiliser le « Motu Proprio » pour rallumer une sorte
de guerre liturgique qui ferait de l'Eucharistie un moyen d'opposition et de
division.
Par ailleurs, le Pape veut reconnaître qu'en beaucoup
d'endroits, la manière dont la réforme liturgique de Vatican II a été
appliquée, n'est pas exempte de critiques : « on ne célébrait pas
fidèlement selon les prescriptions du nouveau missel, au contraire, celui-ci
finissait même par être interprété comme une autorisation, voire même une
obligation de créativité ; cette créativité a souvent porté à des
déformations de la liturgie à la limite du supportable. »
[4]
La foi de l'Église n'a pas changé. Les divers rites qui
expriment cette foi ne peuvent pas s'exclure ni être mis en concurrence.
C'est pourquoi Benoît XVI souligne qu'il n'y a aucune
contradiction entre l'une et l'autre forme du rite romain. «
Il est bon pour nous tous de conserver les richesses qui
ont grandi dans la foi et dans la prière de l'Eglise et de leur donner leur
juste place. »
[5]
Loin de s'opposer, « les deux formes d'usage du
rite romain peuvent s'enrichir réciproquement »
[6] dans le processus de
réforme et de croissance qui marque la vie de l'Église.
II) Les règles édictées par le «
Motu Proprio »
a) Notons tout d'abord qu'il n'y a pas de retour en
arrière. Il ne s'agit ni de généraliser ni de promouvoir des pratiques
liturgiques préconciliaires.
Le missel de Paul VI reste donc la forme
ordinaire, c'est-à-dire habituelle du rite romain.
Les textes du Concile Vatican II et la liturgie qui en
est issue continueront à inspirer l'action et la prière des prêtres et des
chrétiens qui sont invités à en approfondir toujours mieux l'enseignement
authentique.
Personnellement, je veux redire ma gratitude et ma
reconnaissance à tous les acteurs qui chaque dimanche préparent et animent
des célébrations de qualité.
Qu'elles continuent à être belles, priantes, qu'elles
favorisent l'intériorité et puissent donner le goût de Dieu.
b) Le missel publié en 1962 par Jean XXIII
(dernière édition du missel de Saint Pie V) est désigné comme la forme
extraordinaire du même rite romain.
Il peut être utilisé sans autorisation préalable par tout
prêtre, tant séculier que régulier, pour des célébrations « sine
populo » toutefois, les fidèles qui en manifesteront le désir spontané
pourront assister à ces célébrations.
c) Jusqu'à présent, on considérait que les célébrations
publiques selon le missel de 1962, parfois demandées pour des mariages, des
sépultures ou des pèlerinages, devaient être autorisées par l'évêque du
Diocèse. Désormais, cette autorisation relèvera du curé de chaque
paroisse.
Il se déterminera dans le souci du bien des âmes et la
volonté de les maintenir dans l'unité de l'Église.
d) Dans les paroisses où il existe un groupe stable de
fidèles attachés à la Tradition liturgique antérieure au Concile Vatican II
le curé accueillera volontiers leur demande de célébration selon le missel
de 1962.
e) La même attitude peut prévaloir pour la célébration de
tous les autres sacrements.
III) Moyens de mise en œuvre
Le Pape est conscient des difficultés pratiques que la
mise en application de ces dispositions peut faire naître.
« L'usage de l'ancien missel présuppose un minimum
de formation liturgique et un accès à la langue latine ; ni l'un ni l'autre
ne sont tellement fréquents. »
[7]
Comme le soulignait récemment le Cardinal Ricard dans une
interview « les jeunes prêtres n'ont pas été formés à cet exercice et
les plus anciens l'ont souvent oublié. »
[8] C'est pourquoi,
la Commission pontificale Ecclesia Dei pourra fournir aide et
conseils aux évêques qui seraient empêchés pratiquement de satisfaire à la
demande des fidèles.
Cette aide proposée entraînerait probablement
l'installation dans les diocèses de communautés de prêtres pratiquant
l'ancien rite et relevant de cette Commission.
Concrètement, dans notre Diocèse, la messe selon le
missel de 1962 est déjà célébrée, depuis plusieurs années, à Vannes, à la
paroisse Saint Patern et à Berné à la chapelle de l'Institut des
Dominicaines du Saint-Esprit de Pontcallec.
Ces célébrations sont assurées par des prêtres
diocésains. Si d'autres demandes devaient nous parvenir, cette
solution me semblerait préférable pour que, dans la diversité des rites,
l'unité du presbyterium soit mieux assurée .
Au début du mois de septembre, nous ferons le point avec
le Conseil épiscopal sur les demandes qui nous auront été faites. Nous
prendrons les dispositions nécessaires pour les satisfaire.
Le défi qui nous est lancé est celui de l'unité et de la
communion indispensables à la fécondité de la mission.
Sachons le relever dans l'esprit qui animait Saint
Vincent de Lérins : « dans ce qui est nécessaire : l'unité ; dans ce
qui est secondaire : la diversité ; en toutes choses : la charité. »
Soyez assurés, Chers amis, de ma confiance et de mon
union dans la prière au service de la mission qui nous est confiée.
Fait à Banyuls sur Mer
Le 9 juillet 2007
[1]
Lettre adressée par
Benoît XVI aux évêques le 7 juillet 2007
[2] idem
[3] idem
[4] idem
[5] idem
[6] idem
[7] idem
[8]
Conférence de presse du Cardinal Ricard,
Archevêque de Bordeaux, Président de la Conférence des Évêques de France
Raymond CENTENE Evêque de Vannes
2) A propos du motu proprio
Diocèse d'Évry
Evry, le 06 juillet 2007
A tous les prêtres du diocèse
Le texte du « Motu proprio » sur la messe dite de St Pie V vient de
paraître.
Il nous faut maintenant en assurer « la réception ».
Nous y travaillerons au Conseil Presbytéral de la rentrée.
En attendant il me semble important de situer ce texte pour notre diocèse.
* Le Pape explique que ce texte a pour but de construire la paix entre
chrétiens. Il convient de garder cet objectif.
* Il n’y a qu’une forme « ordinaire » et « normale » de célébrer la messe,
celle du missel de Paul VI. La forme prescrite par le missel de 1962
demeure une forme « extraordinaire ». Cela dit, tous les prêtres, peuvent
s’ils le désirent, lorsqu’il n’y a pas de participation de fidèles,
célébrer avec le rituel « tridentin » et ils peuvent aussi célébrer ainsi
s’il existe une demande stable de paroissiens suffisamment nombreux. Il en
va de même pour la célébration des sacrements. Les mesures prendront effet
le 14 septembre 2007.
* Seuls les prêtres et les fidèles qui reconnaissent la légitimité et la
valeur de la messe de Paul VI peuvent être autorisés à utiliser le missel
de 1962. A fortiori, ils doivent accepter le Concile Vatican II.
* Dans notre diocèse, une messe est célébrée chaque dimanche à Athis Mons
avec le missel de 1962.
Il est évident que la demande du Pape nous invite à continuer les efforts
déployés dans le diocèse pour améliorer la qualité de nos célébrations.
Les équipes liturgiques doivent être soutenues et invitées à respecter les
demandes de la présentation générale du missel de Paul VI.
Je sais que vous ferez pour le mieux… et je vous souhaite de bonnes
vacances.
+ Michel Dubost
Évêque d’Evry-Corbeil-Essonnes
3) Dijon, le 7 juillet 2007
Chers frères prêtres, Chers fidèles du
Diocèse de Dijon,
Par décision du pape Benoît XVI, à partir du 14 septembre 2007, sera
autorisé, tant pour les prêtres, que pour les communautés religieuses et
les fidèles, le libre usage du Missel antérieur au Concile Vatican II,
selon l’édition typique de 1962, pour la célébration de la messe et
d’autres sacrements.
Cette initiative, motivée par le désir de favoriser la réconciliation avec
les fidèles de la mouvance de Mgr Lefebvre, a été présentée par les médias
comme une libéralisation de la messe en latin. En fait, il ne s’agit pas
de la langue latine, qui n’a jamais été interdite, mais de la possibilité
élargie de revenir à la liturgie antérieure, désormais appelée « forme
extraordinaire de l’unique rite romain ».
Dans notre diocèse, la lettre papale ne devrait pas entraîner de
bouleversement. Les fidèles qui sont attachés à la liturgie d’avant
Vatican II bénéficient déjà des services d’un prêtre qui célèbre selon
l’ancien rituel à la Maison natale de S. Bernard à Fontaine-lès-Dijon.
Je souhaite de tout coeur que les frères prêtres, qui se dépensent
généreusement pour mettre en oeuvre la réforme liturgique et les
enseignements du Concile, n’aient pas le sentiment d’être désavoués et ne
se découragent pas. Ensemble, nous ferons tout pour que les nouvelles
mesures soient accueillies avec sérénité et ne conduisent pas à de
nouvelles incompréhensions ou divisions.
J’ai pu constater la qualité de notre Pastorale Liturgique et
Sacramentelle, la motivation et la compétence des équipes liturgiques qui
se dévouent pour que nos célébrations expriment pleinement la foi
catholique et la communion ecclésiale. Que tous soient remerciés de leur
engagement, dont nous avons besoin plus que jamais. L’immense majorité des
fidèles restera attachée à la liturgie que nous pratiquons depuis le
concile.
Nous avons appris à respecter les sensibilités de chacun. Qu’entre le plus
grand nombre qui continuera à célébrer selon la liturgie rénovée d’après
le Concile et ceux qui célèbreront d’après la forme antérieure, règnent
l’acceptation mutuelle, l’unité et « par-dessus tout la charité » (cf. 1
Co 13,13).
Votre archevêque
† Roland Minnerath
Table :
►
Motu Proprio
Texte intégral du Motu
Proprio: ►
Publication du "Motu Proprio Summorum Pontificum"
Motu
Proprio Summorum Pontificum
(doc. word)
Lettre explicative: ►
Lettre du pape Benoît XVI aux évêques
Lettre du pape Benoît XVI accompagnant le motu proprio
(doc. word)
Sources:
E.S.M.
Ce document est destiné à l'information; il ne constitue pas
un document officiel
Eucharistie, sacrement de la miséricorde -
(E.S.M.) 12.07.2007 - BENOÎT XVI - Table
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