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19 Avril 2005
 

 Benoît XVI retrace la tragédie des démêlés entre Constantinople et Rome

 

Le 11 juillet 2008 - (E.S.M.) - Il existe une distinction entre deux formes de succession apostolique, l'une directe, l'autre indirecte. La seconde a besoin de demeurer en relation communautaire avec la première afin d'être « catholique », donc apostolique au sens plénier du terme (suite)

Constantinople et Rome 

Benoît XVI retrace la tragédie des démêlés entre Constantinople et Rome

LA PAROLE DE DIEU
Rubrique : Théologie

Primauté, épiscopat et succession apostolique
1ère partie   ► Le papisme
2ème partie "Tradition" et "succession", furent originellement très proches
3ème partie La succession apostolique et le Verbe - 18.06.08

(suite)
La théologie antignostique de la succession conduit bien au-delà de ce qui a été analysé pour l'instant et pénètre loin dans le véritable champ du problème soulevé par la question du « primat et de l'épiscopat ». Car, pour démontrer leur erreur, on n'oppose pas simplement aux gnostiques la dignité épiscopale de l'Église en général, mais on les renvoie aux sedes apostolicae, autrement dit (répétons-le) à ces sièges qui étaient ceux des apôtres ou ceux des destinataires des lettres apostoliques. En d'autres termes, précise Benoît XVI, tout siège épiscopal n'est pas un « sedes apostolica »; il n'y en a qu'un nombre limité, et chacun d'eux entretient un rapport unique - dans les deux acceptions du terme -, avec les apôtres. Ces sièges épiscopaux-là sont les centres du témoignage apostolique, vers lesquels tous les autres sièges doivent converger. Tertullien, par exemple, l'exprime très clairement lorsqu'il renvoie les diverses provinces à leurs sedes apostolicae respectifs en ces termes: « Proxima est tibi Achaia, habes Corinthum. Si non longe es a Macedonia, habes Philippos ; si potes inAsiam tendere, habes Ephesum; si autem Italiae adiaces, habes Romam, unde nobis quoque (= aux Africains) auctoritas praesto est ( Êtes-vous tout proche de l'Achaïe : vous avez Corinthe. N'êtes-vous pas loin de la Macédoine : vous avez Philippes ; si vous pouvez aller du côté de l'Asie, vous avez Éphèse ; si vous êtes sur les confins de l'Italie, vous avez Rome, dont l'autorité nous apporte aussi son appui). » Tertullien explique dans la phrase suivante que le siège de Rome occupe un rang particulièrement élevé parmi les sedes apostolicae, pour avoir accueilli trois apôtres à lui seul - saint Pierre, saint Paul et saint Jean. Le même point de vue se retrouve dans la célèbre expression de saint Irénée parlant de la potentior principalitas de Rome à laquelle toutes les Églises devaient s'accorder : Irénée, lui aussi, voit l'Église comme recouverte d'un réseau de sedes apostolicae, au sein desquels le siège de saint Pierre et de saint Paul occupe indiscutablement la position de préséance en tant que critère de la successio-traditio. De cela, nous pouvons dès lors déduire une série de constatations significatives :

1) Dans le cadre de la question de la succession, la théologie chrétienne des premiers temps utilisait le terme d'« apostolique » dans un sens très précis et restreint. Elle qualifiait uniquement ainsi le nombre nettement limité de sièges qui entretiennent un rapport particulier et historiquement vérifiable avec les apôtres, rapport historique que ne possèdent pas les autres sièges (Ce fait me semble déterminant pour la résolution de la question, abondamment discutée, de l'appartenance réelle dudit édit de Calliste traité dans De pudicita, dont Posdimann surtout a tenté de prouver l'origine non romaine (en particulier dans Paenitentia secunda, Bonn, 1940, p. 349-367. Lorsque l'auteur de l'édit est appelé « apostolice » en 21, 5 (CChL II 1326), il faut dire que cela renvoie sans équivoque à Rome. Le terme « apostolicus » ne pouvait pas être employé arbitrairement comme hyperbole ironique; il possédait, s'agissant d'un évêque, un sens nettement défini et compréhensible par tous : il indiquait le titulaire d'un sedes apostolica, c'est-à-dire, en Occident, Rome. Il reste que Tertullien utilise tout au long de ce passage ce mot avec une ironie mordante. Par ailleurs, H. Bacht remarque, art. « Apostolique », dans LThK I 758, à la suite de L.-M. Dewailly et à raison, que l'histoire du mot « apostolique » restait encore à écrire).

2) La succession apostolique de tous les évêques n'est absolument pas contestée pour autant, mais, affirme Benoît XVI, elle ne revient aux évêques qui ne siègent pas sur un sedes apostolica - soit la majorité d'entre eux -, qu'après un détour par un siège apostolique. Ils ne sont donc pas « directement » apostoliques, mais seulement indirectement ; ils ne reçoivent de légitimation apostolique qu'en entretenant un rapport communautaire avec un sedes apostolique. La pratique de la communion propre à l'Église primitive, qui doit être considérée comme la forme d'accomplissement alors en vigueur de l'unité ecclésiastique, partait de ce principe. Les sedes apostolicae ont valeur de critères de la communia juste, parce que catholique; quiconque communie avec eux fait partie de l'Église catholique, en dehors de laquelle ces sièges ne peuvent ontologiquement pas exister (L. HERTLING, "Communia et primat"). On ne mesure donc pas la catholicité simplement en fonction du nombre, mais en fonction du poids des sièges: un poids qui dépend toutefois de l'apostolicité.

3) Aussi peut-on dire qu'au sein de cette théologie, il existe une distinction entre deux formes de succession apostolique, l'une directe, l'autre indirecte. La seconde a besoin de demeurer en relation communautaire avec la première afin d'être « catholique », donc apostolique au sens plénier du terme.

4) Parmi les sedes aposzolicae se distingue le sedes apostolica de Rome, qui semble entretenir avec les autres sedes apostoliccae une relation à peu près équivalente à celle qu'entretiennent ces derniers avec les sièges non directement apostoliques. En cela il forme le critère ultime, véritable et suffisant en soi de la catholicité (Cette conscience se reflète par exemple nettement chez Tertullien, Adv. Praxean 1, 5 CChL II 1159 : « Nam idem tune episcopum Romanum, agnoscentem iam prophetias Montant, Priscae, Maximillae et ex ea agnitione pacem ecdesiis Asiae et Phrygiae linferentem, falsa de ipsis prophe-tis... adseverando et praecessorum eius aucrtoritates defendo coegit et litteras pacis revocare iam emissas et a proposito recnpiendorum charismatum conces-sare. » Le fait que le comportement du pape Victor au cours de la querelle de la fête de Pâques ne puisse s'expliquer qu'en fonction d'une telle conscience a déjà souvent été remarqué. Cf. L. HERTLING, op. cit. ; M.-J. LE GUILLOU, op. cit. (voir note 17), en particulier p. 39).

En additionnant tout cela, nous constatons que la théologie de la successio apostolica, à l'instant où elle est formulée pour la première fois en tant que telle, et où par là même l'Église entreprend pour la première fois de déterminer de façon réfléchie le « canon » de son être, n'est ni théologie épiscopale, ni à vrai dire théologie papale, mais qu'elle est binaire en ce qu'elle fait une différence entre « épiscopat » et sedes apostolicae (dont le niveau supérieur est l'unique sedes de Rome). Si la successio est la forme concrète du Verbe, alors cette concrétude la plus haute - facteur de scandale peut-être -, inhérente à l'attachement ultime à l'ordre de succession romain en fait partie dès le début. Ici, tout anonymat est supprimé ; le nom concret exige inévitablement une prise de position; il est la forme la plus achevée de ce caractère concret extrême, explique Benoît XVI, au travers duquel Dieu s'est donné en n'acceptant pas seulement de prendre un nom pour les hommes, mais aussi de s'incarner dans la chair des hommes - la chair de l'Église. N'est-ce pas également la forme la plus achevée de scandale que provoque cette « folle » action de Dieu ?

Revenons à notre sujet : il est clair, poursuit Benoît XVI, que le caractère binaire de la théologie de la succession la plus ancienne, tel qu'il résulte de la mise en relief des sedes apostolicae, n'a rien à voir avec la constitution patriarcale plus tardive, à laquelle il peut certes avoir fourni un point de départ. La confusion entre la revendication originelle du sedes apostolica et la revendication administrative de la cité patriarcale caractérise la tragédie des démêlés qui commencent alors entre Constantinople et Rome. La constitution du patriarcat, qui, du moins depuis le concile de Chalcédoine, est opposée à la revendication romaine et tente de limiter la portée de celle-ci au cadre de la représentation du patriarcat, méconnaît le caractère le plus profond de cette revendication, qui repose sur un principe fondamentalement différent. Le principe du patriarcat est post-constantinien; son esprit est administratif; son exercice est donc étroitement lié aux contingences politiques et géographiques; au contraire, la revendication romaine se conçoit elle-même comme issue du motif théologique originel du sedes apostolica. De même que la véa (qui ne pouvait songer à se qualifier d'« apostolique ») a brouillé l'ancienne idée du sedes apostolica au profit du concept de patriarcat, la Rome antique a renforcé la référence à son origine et à sa nature, toutes différentes de son autorité. Cette dernière représente en effet bien autre chose qu'une préséance honorifique entre patriarches; elle se place sur un tout autre plan, absolument indépendant de ce genre de concept administratif. La substitution de l'idée des cinq patriarcats à l'ancienne idée théologique du sedes apostolica, qui fait dès l'origine partie de la perception que l'Église a d'elle-même, doit être comprise comme le mal véritable dans le conflit entre Orient et Occident - un mal qui a aussi contaminé l'Occident dans la mesure où s'est formée, en dépit du maintien du concept d'auctoritas apostolica, une conception largement administrativo-patriarcale de l'importance du siège romain, ce qui rendait difficile, pour une personne extérieure, la perception claire de l'objet authentique de la revendication romaine, dans la mesure où celle-ci se distingue elle-même des autres revendications.

à suivre : Le siège de saint Pierre et saint Paul, norme par excellence de toute succession apostolique
 

Sources :  La Parole de Dieu, cardinal Ratzinger/Benoît XVI

Ce document est destiné à l'information; il ne constitue pas un document officiel

Eucharistie, sacrement de la miséricorde - (E.S.M.) 11.07.08 - T/Théologie

 

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