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Les deux non du pape
Benoît XVI. Aux prophètes de malheur et aux faux optimistes
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Le 11 février 2013 -
(E.S.M.)
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La "lectio divina" prononcée par Benoît XVI devant les candidats au
sacerdoce de Rome. "Si, ici ou là, l'Église meurt à cause des péchés des
hommes, en même temps elle naît de nouveau et porte en elle l'éternité.
L'avenir est à nous".
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Le pape Benoît XVI
Les deux "non" du pape
Benoît XVI. Aux prophètes de malheur et aux faux optimistes
par Sandro Magister
Le 11 février 2013 - E.
S. M. -
Comme d’autres années à l’occasion de la fête de
Notre-Dame de la Confiance, Benoît XVI s’est rendu, cette fois-ci aussi, au
grand séminaire de Rome et il y a prononcé une "lectio divina" devant les
candidats au sacerdoce.
Le pape Joseph Ratzinger a improvisé, n’ayant devant lui qu’une feuille de
papier comportant quelques notes, ainsi que le texte biblique qu’il avait
choisi.
Et, lorsqu’il improvise, il dévoile sa pensée de la manière la plus
transparente et la plus sincère, comme le démontre bien la transcription
littérale de ses propos, qui est habituellement diffusée un ou deux jours
plus tard, revue et autorisée par l’auteur.
Cette fois-ci, Benoît XVI a choisi de commenter la première lettre de Pierre
– dont il a dit que c’était "presque une première encyclique, dans laquelle
le premier apôtre, vicaire du Christ, parle à l’Église de tous les temps" –
et plus précisément les versets 3-5 du chapitre 1 :
"Béni soit Dieu, le Père de Jésus-Christ notre Seigneur : dans sa grande
miséricorde, il nous a fait renaître grâce à la résurrection de Jésus-Christ
pour une vivante espérance, pour l'héritage qui ne connaîtra ni destruction,
ni souillure, ni vieillissement. Cet héritage vous est réservé dans les
cieux, à vous que la puissance de Dieu garde par la foi, en vue du salut qui
est prêt à se manifester à la fin des temps".
Mais le pape a commencé par parler de l’auteur de la lettre, du lieu d’où
elle était envoyée et de ses destinataires.
- L’auteur, c’est l'apôtre Pierre, non pas comme individu – a-t-il expliqué
– mais bien plutôt comme quelqu’un qui parle "ex persona Ecclesiæ" et avec
l’aide d’amis, pas seulement les siens mais également ceux de Paul :
"Ainsi les mondes de saint Pierre et de saint Paul vont ensemble : ce n’est
pas une théologie exclusivement pétrinienne contre une théologie
paulinienne, mais c’est une théologie de l’Église, de la foi de l’Église,
dans laquelle il y a entre Paul et Pierre – certainement – une différence de
tempérament, de pensée, de style dans la façon de s’exprimer. C’est une
bonne chose qu’il y ait ces différences, y compris aujourd’hui, dans les
charismes, dans les tempéraments, mais elles ne sont cependant pas en
opposition et elles s’unissent dans la foi commune".
- Le lieu d’où la lettre est envoyée, c’est Rome, désignée dans la lettre
sous le nom de Babylone et qui est la capitale de l'empire, dans laquelle
l’apôtre s’était rendu à la fin de sa vie et où il fut crucifié :
"Je pense que, en se rendant à Rome, saint Pierre […] s’était également
souvenu des dernières phrases que Jésus lui avait adressées et qui sont
rapportées par saint Jean : 'Quand tu seras vieux, tu iras là où tu ne
voudrais pas aller. Tu étendras les mains et un autre te nouera ta ceinture'
(cf. Jn. 21, 18). C’est une prophétie de la crucifixion. Les philologues
nous montrent que cet 'étendre les mains' est une expression précise,
technique, pour désigner la crucifixion. Saint Pierre savait que sa vie se
terminerait par le martyre, par la croix. De la sorte, il aurait totalement
suivi les traces du Christ. Par conséquent, en se rendant à Rome, il a
certainement été également vers son martyre : le martyre l’attendait à
Babylone. Donc, sa primauté a ce contenu de l’universalité, mais également
un contenu martyrologique. Depuis le début, Rome est aussi le lieu du
martyre. En se rendant à Rome, Pierre accepte de nouveau cette parole du
Seigneur : il va vers la Croix et il nous invite à accepter, nous aussi,
l’aspect martyrologique du christianisme, qui peut prendre des formes très
diverses. La croix peut prendre des formes très diverses, mais personne ne
peut être chrétien sans suivre le Crucifié, sans accepter aussi le moment
martyrologique".
- Les destinataires, ce sont "les élus qui sont des étrangers, dispersés" :
"Élus : c’était là le titre de gloire d’Israël : nous sommes les élus, Dieu
a choisi ce petit peuple non pas parce que nous sommes grands - dit le
Deutéronome – mais parce que Lui nous aime (cf. 7, 7-8). Nous sommes des
élus : cette caractéristique, maintenant, saint Pierre la transfère à tous
les baptisés et le contenu propre des premiers chapitres de sa première
lettre est que les baptisés entrent dans les privilèges d’Israël, qu’ils
sont le nouvel Israël. […] Peut-être, aujourd’hui, sommes-nous tentés de
dire : nous ne voulons pas être joyeux d’être des élus, ce serait du
triomphalisme. Ce qui serait du triomphalisme, ce serait si nous pensions :
Dieu m’a choisi parce que je suis tellement grand. Ce serait vraiment du
triomphalisme erroné. Mais être joyeux parce que Dieu m’a choisi, ce n’est
pas du triomphalisme, c’est de la gratitude et je pense que nous devons
réapprendre cette joie : […] être joyeux parce qu’il m’a choisi pour être
catholique, pour être dans cette Église qui est la sienne, où 'subsistit
Ecclesia unica'. […]
"Mais le mot 'élus' est accompagné du mot 'parapidemois', dispersés,
étrangers. En tant que chrétiens, nous sommes dispersés et nous sommes des
étrangers : nous constatons qu’aujourd’hui, dans le monde, les chrétiens
sont le groupe le plus persécuté parce qu’il n’est pas conforme, parce qu’il
est un stimulant, parce qu’il s’oppose aux tendances à l’égoïsme, au
matérialisme, à toutes ces choses. […] Sur les lieux de travail les
chrétiens constituent une minorité, ils se trouvent en position d’étrangers
; il est étonnant qu’aujourd’hui quelqu’un puisse encore croire et vivre de
cette façon. Cela fait aussi partie de notre vie : c’est la façon d’être
avec le Christ crucifié ; le fait d’être des étrangers, en ne vivant pas
comme tout le monde, mais en vivant – ou en essayant tout au moins de vivre
– selon sa Parole, d’une manière très différente de ce que dit tout le
monde. Et c’est vraiment là une caractéristique des chrétiens. Tout le monde
dit : 'Mais tout le monde agit de cette façon, pourquoi pas moi ?' Non, pas
moi, parce que je veux vivre selon la volonté de Dieu. Saint Augustin disait
un jour : 'Les chrétiens sont ceux dont les racines ne sont pas en bas comme
celles des arbres, mais en haut et qui vivent cette gravitation-là, et non
pas la gravitation naturelle vers le bas. Prions le Seigneur pour qu’il nous
aide à accepter cette mission de vivre comme des dispersés, comme une
minorité, en un certain sens ; de vivre comme des étrangers et pourtant
d’être responsables des autres et, justement comme cela, en donnant de la
force au bien dans notre monde".
Après cette vaste introduction, Benoît XVI est "enfin" arrivé au passage
qu’il avait choisi et il s’est arrêté sur trois mots-clés : régénérés,
héritage, gardés dans la foi.
Et, à propos du deuxième, il a déclaré :
"Héritage est un mot très important dans l’Ancien Testament, où il est dit à
Abraham que sa postérité sera héritière de la terre, et la promesse qui a
été faite aux siens a toujours été ceci : Vous posséderez la terre, vous
serez héritiers de la terre. Dans le Nouveau Testament, ce mot devient un
mot qui nous est destiné : nous sommes les héritiers, non pas d’un pays
déterminé, mais de la terre de Dieu, de l’avenir de Dieu. L’héritage est
quelque chose pour l’avenir et donc ce mot dit surtout que, en tant que
chrétiens, nous avons l’avenir : l’avenir est à nous, l’avenir est à Dieu.
C’est pourquoi, étant chrétiens, nous savons que l’avenir est à nous et que
l’arbre de l’Église n’est pas un arbre qui meurt, mais un arbre qui grandit
sans cesse à nouveau. Donc, nous avons des raisons de ne pas nous laisser
impressionner - comme l’a dit le pape Jean XXIII – par les prophètes de
malheur qui affirment : l’Église est un arbre venu d’une graine de sénevé,
qui a poussé pendant deux millénaires, maintenant il a le temps derrière
lui, maintenant est venu le moment de sa mort. Non. L’Église se renouvelle
constamment, elle renaît sans cesse. L’avenir est à nous.
"Bien évidemment, il y a un faux optimisme et un faux pessimisme. Un faux
pessimisme qui affirme : le temps du christianisme est fini. Non : il
recommence ! Le faux optimisme était celui d’après le concile, quand les
couvents fermaient, lorsque les séminaires fermaient et que des gens
disaient : mais ce n’est rien, tout va bien… Non ! Tout ne va pas bien. Il y
a aussi des chutes graves, dangereuses, et nous devons reconnaître avec un
sain réalisme que cela ne va pas ainsi, que cela ne va pas là où l’on fait
des choses erronées. Mais nous devons aussi être certains, en même temps,
que si, ici ou là, l’Église meurt à cause des péchés des hommes, à cause de
leur absence de foi, en même temps, elle naît de nouveau. L’avenir
appartient vraiment à Dieu : c’est là la grande certitude de notre vie, le
grand, le véritable optimisme que nous connaissons. L’Église est l’arbre de
Dieu qui vit éternellement et qui porte en lui-même l’éternité et le
véritable héritage : la vie éternelle".
La transcription intégrale de la "lectio divina" de Benoît XVI au grand
séminaire de Rome, le vendredi 8 février au soir
►Italien
Traduction française par
Charles de Pechpeyrou, Paris, France.
►Le pape Benoît XVI renonce à poursuivre son Pontificat - 11.02.2013
Source: Sandro Magister
Eucharistie sacrement de la miséricorde -
(E.S.M.) 11.02.2013-
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