Benoît XVI nous livre un premier
regard sur le secret de Jésus |
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ROME, le 10 décembre 2006 -
(E.S.M.) - Le premier livre de Benoît XVI devrait paraître au printemps 2007,
probablement autour de Pâques, ou au second anniversaire de l'élection
au Pontificat
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Le pape Benoît XVI
Benoît XVI nous livre un premier regard sur le secret de Jésus
Publication au printemps 2007
Au printemps 2007, probablement autour de Pâques, ou au second
anniversaire de l'élection au Pontificat, le premier livre de Benoît XVI, "Jésus
de Nazareth, du baptême au Jourdain à la Transfiguration " sera publié aux Editions Rizzoli
- l’un des plus importants éditeurs mondiaux. Le livre de 276 pages a été
rédigé en allemand et doit être traduit en italien.
Rizzoli a
également publié le dernier livre de Jean-Paul II, " Mémoire et identité
". Titulaire des droits d’auteur du Pape, la Librairie Edition du
Vatican a cédé aux Editions Rizzoli les droits mondiaux de traduction,
diffusion et commercialisation.
Néanmoins comme l’a précisé Federico
Lombardi, SJ, Directeur de la Salle-de-Presse du Saint-Siège, le livre «
Jésus de Nazareth » n’est nullement « une encyclique sur Jésus mais une
approche personnelle du théologien Joseph Ratzinger, élu Evêque de Rome
». Aussi, les éditions Rizzoli ayant reconnu les « liens d’estime et
d’amitié » qui lient depuis plus de 50 ans le professeur puis cardinal
Ratzinger aux éditions Herder, celles-ci publieront l’œuvre en
République fédérale allemande. Le Jésuite Federico Lombardi a encore
déclaré : « Il est extraordinaire que malgré un emploi du temps très chargé
le pape Benoît XVI ait pu boucler un travail autant scientifique que spirituel.
Introduction du livre « Jésus de Nazareth » Joseph
Ratzinger - Benoît XVI
Premier aperçu sur le mystère de Jésus
Le Livre du Deutéronome recèle une promesse totalement différente de
l'espérance messianique des autres livres de l'Ancien Testament ; elle est
d'une importance décisive pour comprendre la figure de Jésus. Ce n'est pas
un roi d'Israël, ni du monde, ni un nouveau David, qui est promis, mais un
nouveau Moïse, Moïse lui-même étant alors présenté comme un prophète. Or
l'appellation de prophète tranche sur le monde religieux ambiant et elle se
définit comme quelque chose d'absolument unique et différent, qu'on ne
trouve sous cette forme qu'en Israël. La nouveauté et la différence qui la
caractérisent résultent de la spécificité de la foi en Dieu qui fut donnée à
Israël. De tout temps, l'homme s'est interrogé pour savoir d'où il venait,
mais plus encore que l'obscurité de ses origines, c'est sans doute l'opacité
de son avenir qui l'a inquiété. Il veut déchirer le rideau, il veut savoir
ce qui va se passer pour échapper au malheur et pour trouver la voie du
salut.
Les religions ne sont pas seulement soumises à l'interrogation sur
l'origine, toutes cherchent à soulever le voile de l'avenir. Leur importance
tient justement au savoir qu'elles transmettent sur ce qui va se produire,
permettant ainsi à l'homme de trouver la voie qu'il lui faut emprunter pour
ne pas échouer. C'est la raison pour laquelle pratiquement toutes les
religions ont développé des formes de prévision de l'avenir.
Le Livre du Deutéronome énumère les différentes formes d'« ouverture » sur
l'avenir pratiquées dans l'entourage d'Israël : « Lorsque tu seras entré
dans le pays que le Seigneur ton Dieu te donne, tu n'apprendras pas à
commettre les mêmes abominations que ces nations-là. On ne trouvera chez toi
personne qui fasse passer au feu son fils ou sa fille, qui pratique
divination, incantation, mantique ou magie, personne qui use de charmes, qui
interroge les spectres et les devins, qui invoque les morts. Car quiconque
fait ces choses est en abomination au Seigneur ton Dieu » (Dt 18, 9-12).
À quel point il était difficile d'y renoncer, c'est ce qu'illustre
l'histoire de la fin de Saül : lui-même avait tenté d'appliquer ce
commandement et de bannir toute forme de magie, mais confronté au danger
imminent d'une bataille contre les Philistins, il ne supporte plus le
silence de Dieu et il se rend à cheval chez une nécromancienne d'En-Dor qui
doit appeler l'esprit de Samuel pour lui ouvrir les yeux sur l'avenir :
quand le Seigneur se tait, c'est un autre qui doit déchirer le voile du
lendemain (cf. 1 S 28).
Le chapitre 18 du Deutéronome dénonce toutes ces façons d'entrer en
possession de l'avenir en les qualifiant d'« abominations » aux yeux de Dieu
et il oppose à cette industrie de la divination l'autre voie propre à Israël
— le chemin de la foi — et ce sous la forme d'une promesse : «Au milieu de
vous, parmi vos frères, le Seigneur votre Dieu fera se lever un prophète
comme moi, et vous l'écouterez » (Dt 18, 15). Au premier abord, il semble
qu'il s'agit uniquement de la promesse de l'institution du prophétisme
en Israël, le prophète se voyant confier la tâche d'interpréter le présent
et l'avenir. La critique à l'encontre des faux prophètes, que l'on retrouve
constamment dans les livres prophétiques, indique tout simplement le danger
que les prophètes assument pratiquement le rôle de devins, qu'ils se
comportent comme tels pour répondre à la demande, demande qui faisait
retomber Israël dans les errements dont les prophètes avaient justement pour
mission de l'éloigner.
La fin du Livre du Deutéronome revient une fois encore sur la Promesse et
lui donne un tour surprenant, qui va bien au-delà de l'institution du
prophétisme et qui donne ainsi son sens spécifique à la figure du prophète.
On peut en effet y lire ceci : « II ne s'est plus jamais levé en Israël un
prophète comme Moïse, lui que le Seigneur rencontrait face à face » (Dt 34,
10). Cette conclusion du cinquième livre de Moïse est dominée par une
tonalité étrangement mélancolique. La promesse d'« un prophète comme moi »
ne s'est pas encore réalisée. Il apparaît maintenant que ces mots ne
signalent pas simplement l'institution du prophétisme, puisque ce dernier
existait déjà, mais quelque chose d'autre et de bien plus important :
l'annonce d'un nouveau Moïse. Il était devenu évident que l'installation en
Palestine n'avait pas été l'entrée dans le salut, qu'Israël attendait encore
sa véritable libération, qu'un exode de nature plus radicale était
nécessaire et qu'il fallait pour ce faire un nouveau Moïse.
Puis il est également dit ce qui distinguait Moïse, ce qui constituait la
particularité et la quintessence de cette figure : il avait rencontré le
Seigneur « face à face », il avait parlé à Dieu comme un ami parle à son ami
(cf. Ex 33, 11). La caractéristique essentielle de la figure de Moïse n'est
pas les miracles dont on le crédite ; elle n'est pas non plus les
œuvres et les épreuves pendant la traversée du désert depuis l'Égypte, «
maison de servitude », jusqu'au seuil de la Terre promise. Ce qui est
décisif, c'est que Moïse a parlé à Dieu comme à un ami : c'est uniquement de
là que pouvaient venir ses œuvres, là que pouvait s'enraciner la Loi devant
indiquer à Israël la voie à suivre dans l'histoire.
Et maintenant, il devient tout à fait clair que le prophète n'est pas la
variante israélite du devin, comme on l'a de fait souvent considéré et comme
de nombreux faux prophètes se concevaient eux-mêmes, mais qu'il signifie
quelque chose de fondamentalement différent : il n'est pas là pour
communiquer des événements de demain ou d'après-demain et pour satisfaire
ainsi la curiosité ou le besoin de sécurité humains. Il nous montre le
visage de Dieu et partant la voie que nous devons suivre. L'avenir dont il
s'agit dans ses enseignements va beaucoup plus loin que ce qu'on cherche à
savoir en interrogeant les devins. Il indique le chemin qui mène au
véritable « exode », qui consiste à rechercher et à trouver dans toutes les
voies de l'histoire la voie qui mène à Dieu, car c'est la véritable
direction qu'il faut prendre. En ce sens, la prophétie correspond
strictement à la foi d'Israël en un Dieu unique, c'est sa transposition dans
la vie concrète d'une communauté devant Dieu et sur le chemin vers Dieu.
« II ne s'est plus jamais levé en Israël un prophète comme Moïse. » Ce
diagnostic donne à la promesse selon laquelle « le Seigneur votre Dieu fera
se lever un prophète comme moi » une nouvelle dimension eschatologique.
Israël peut désormais espérer un nouveau Moïse, qui n'a pas encore paru,
mais qui se lèvera quand l'heure sera venue. Et le signe particulier de ce «
prophète » sera qu'il rencontrera Dieu face à face comme le fait un ami avec
son ami. Sa
marque distinctive est une proximité avec Dieu telle qu'il peut communiquer
sans intermédiaire, et donc sans altération, la volonté et la parole de
Dieu. Et c'est l'élément salvifique qu'Israël attend, que l'humanité attend.
Nous devons rappeler ici une autre histoire étrange concernant le rapport de
Moïse à Dieu, histoire qui nous est racontée dans le Livre de l'Exode. On
nous y rapporte la prière que Moïse adresse à Dieu : « Je t'en prie,
laisse-moi contempler ta gloire » (Ex 33, 18). Cette prière n'est pas
exaucée : « Tu ne pourras pas voir mon visage » (Ex 33, 20). Moïse se voit
assigner une place à proximité de Dieu dans le creux d'un rocher devant
lequel Dieu passera avec sa gloire. Pendant qu'il passe devant lui, Dieu le
recouvre de sa propre main, qu'il retire ensuite : « Et tu me verras de dos,
mais mon visage, personne ne peut le voir » (Ex 33, 23).
Ce passage mystérieux a joué un rôle essentiel dans l'histoire de la
mystique juive et chrétienne, car c'est en partant de lui que l'on a tenté
de savoir jusqu'où peut aller le contact avec Dieu dans cette vie et de
discerner les limites de la vision mystique. Quant à ce qui nous occupe
actuellement, il n'en reste pas moins que la proximité de Moïse avec Dieu,
qui en fait le grand médiateur de la Révélation, le médiateur de l'Alliance,
rencontre là ses limites. Il ne voit pas la face de Dieu, même s'il lui est
donné de plonger dans la nuée de la proximité avec Dieu et de lui parler
comme à un ami. Ainsi la promesse d'un « prophète comme moi » recèle
implicitement une attente encore plus grande : qu'il soit donné au dernier
prophète, au nouveau Moïse, ce que le premier Moïse n'avait pu obtenir -
voir réellement et directement le visage de Dieu et ainsi pouvoir parler à
partir de cette pleine vision et non simplement parce qu'il a vu Dieu de
dos. Du coup cela implique aussi quasi naturellement l'espoir que le nouveau
Moïse sera le
médiateur d'une alliance supérieure à celle que Moïse avait pu rapporter du
Sinaï (cf. He 9, 11-24).
C'est dans ce contexte que nous trouvons la clé de lecture de la fin du
prologue de l'Évangile de Jean : « Dieu, personne ne l'a jamais vu ; le Fils
unique, qui est dans le sein du Père, c'est lui qui a conduit à le connaître
» (Jn 1, 18). C'est en Jésus que s'accomplit la promesse du nouveau
prophète. En lui se réalise pleinement ce qui était resté inachevé chez
Moïse : il vit devant la face de Dieu, non seulement en qualité d'ami, mais
en qualité de fils, il vit dans l'union la plus intime avec le Père.
C'est là le point à partir duquel il est possible de comprendre la figure de
Jésus, telle que nous la propose le Nouveau Testament ; tout ce qui est
raconté de Jésus, ses paroles, ses actes, ses souffrances et sa gloire,
trouve là son ancrage. Si l'on omet cela, qui est proprement le centre, on
passe à côté de ce qui fait la spécificité de la figure de Jésus, qui
devient contradictoire et finalement incompréhensible. La question que doit
se poser nécessairement tout lecteur du Nouveau Testament cherchant à savoir
d'où Jésus a bien pu tirer son enseignement, ce qui permettrait d'expliquer
les modalités de son comportement, cette question ne peut recevoir de vraie
réponse qu'à partir de là. La réaction des auditeurs de Jésus était claire :
cet enseignement ne provient d'aucune école. Il est radicalement autre que
l'enseignement que l'on peut recevoir dans les écoles. Il n'est pas une
explication selon la méthode de l'interprétation telle qu'elle est transmise
par les écoles. Il est tout autre. Il s'agit d'un enseignement fait « avec
autorité ». En réfléchissant aux paroles de Jésus, il faudra revenir sur ce
diagnostic de ses auditeurs et en approfondir la signification.
L'enseignement de Jésus ne vient pas d'un apprentissage humain, quelle qu'en
soit la nature. Il provient du contact direct avec le Père, du dialogue «
face à face » - de la vision de celui qui est dans « le sein du Père »
(Jn
1, 18). C'est la parole du Fils. Privée de ce fondement intérieur, elle
serait de la présomption. À l'époque de Jésus, c'était d'ailleurs l'opinion
des scribes justement parce qu'ils refusaient d'accepter ce fondement
intérieur : la vision et la connaissance face à face.
Pour comprendre Jésus, certaines notations récurrentes sont fondamentales ;
ce sont des notations qui indiquent que Jésus s'est retiré « sur la montagne
» et qu'il y a prié pendant plusieurs nuits, « seul » avec le Père. Ces
brèves indications soulèvent le voile du mystère et nous permettent
d'entrevoir l'existence de Jésus en tant que Fils, la source ultime de ses
actes, de son enseignement et de sa souffrance. Cette « prière » de Jésus
est le dialogue du Fils avec le Père, prière dans laquelle se trouvent
entraînées la conscience et la volonté humaines de Jésus, son âme humaine,
ce qui permet à la « prière » de l'homme de participer de la communion du
Fils avec le Père. Le célèbre constat du théologien Harnack, selon lequel le
message de Jésus est un message du Père, dans lequel le Fils n'aurait pas sa
place, si bien que la christologie serait extérieure au message de Jésus -
cette thèse se corrige ici d'elle-même. Si Jésus parle du Père comme il le
fait, c'est parce qu'il est le Fils et qu'il est avec le Père dans une
communion filiale. La dimension christologique, à savoir le mystère du Fils
comme étant celui qui révèle le Père, « la christologie », est présente dans
toutes les paroles et dans tous les actes de Jésus. Un autre élément
essentiel se fait jour ici : nous avons dit que, dans l'acte de prier, l'âme
humaine de Jésus se
voyait impliquée dans sa communion filiale avec le Père. Qui voit Jésus,
voit le Père (cf. Jn 14, 9). Ainsi le disciple qui accompagne Jésus se voit
impliqué dans la communion avec Dieu. Tel est l'élément proprement
rédempteur : le dépassement des limites de la condition humaine, déjà
inscrit en l'homme dès la création comme attente et comme possibilité en
vertu de sa ressemblance avec Dieu.
"Avec sa simplicité habituelle, le Pape Benoît XVI a clairement indiqué
qu'il ne s'agissait pas d'un acte du magistère mais du fruit de ses
recherches personnelles qui, comme tel, pourra être discuté et même
critiqué. Ceci souligne combien ce qu'il écrit ne saurait conditionner la
recherche des exégètes et théologiens. Il ne s'agit pas d'une encyclique sur
Jésus mais d'une approche personnelle du théologien Joseph Ratzinger, élu
Evêque de Rome" ►
Remercions Benoît XVI pour sa recherche du
Visage de Dieu
Lire la
préface
►Préface du livre « Jésus de Nazareth » de Benoît XVI
Sources:Rizzoli
libri - XyZ-
E.S.M.
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un document officiel
Eucharistie sacrement de la miséricorde -
(E.S.M.) 10.12.2006 - BENOÎT XVI |