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19 Avril 2005
 

La stratégie pastorale de Jean-Paul II

 

Le 10 août 2008  - (E.S.M.) - N'en doutons pas : Jean-Paul II, comme Paul VI, sait bien que la promotion de la civilisation de l'amour est une interpellation évangélique, démesurée, à première vue, comme l'Évangile lui-même. On se réjouira de ce que l'Église contemporaine ait l'audace de proposer une telle civilisation, en s'y engageant elle-même profondément.

Le Père René COSTE

La stratégie pastorale de Jean-Paul II

Le thème de la civilisation de l'amour, préconisé par Paul VI, est à juste titre cher à Patrick de Laubier.

Pages précédentes :
1) Oui, Jean-Paul II l'a dit - "le temps des martyrs est revenu !" - 23.07.08
2)
La civilisation de l'amour - une exigence chrétienne au service de la solidarité universelle - 24.07.08
3)
Avec Jean Paul II, Patrick de Laubier nous invite à entrer dans l'espérance - 26.07.08
4)
Sexualité et Église Catholique - 27.07.08
5) De la réalité des anges déchus 30.07.08
6) Paul VI et Jean Paul II, la civilisation de l'amour 05.08.08

René COSTE, prêtre de Saint-Sulpice, professeur honoraire à la faculté de théologie de l'Institut catholique de Toulouse.

Nous prions nos lecteurs de considérer les quelques réflexions que nous leur proposons comme une brève "note" qui vise à mettre en relief quelques potentialités essentielles d'une thématique remarquablement féconde, qui devrait devenir le bien commun de l'ensemble de nos communautés chrétiennes et qui pourrait devenir attirante pour l'humanité entière. Nous nous contenterons de souligner la prodigieuse richesse de l'intuition originaire de Paul VI et la grande valeur mobilisatrice du thème de la civilisation de l'amour, tel qu'il est orchestré par Jean-Paul II dans sa lettre apostolique Tertio Millenio Adveniente.

La "civilisation de l'amour, fondée sur les valeurs universelles de paix, de solidarité, de justice et de liberté", au coeur de la stratégie pastorale de Jean-Paul II.

Jean-Paul II reprend avec faveur le thème de la civilisation dé l'amour, dont il se plaît à faire crédit à son prédécesseur. C'est ainsi que, dès
le 19 novembre 1980, il demandait à des auditeurs allemands de devenir "toujours davantage les pionniers de cette civilisation de l'amour qui seule peut rendre notre monde plus digne de l'homme". S'adressant à des Européens, il en concrétisait quelques exigences pour l'Europe elle-même : "C'est maintenant que nous commençons à penser à l'avenir de l'Europe, non pas à partir d'une position de force ou de violence, non pas à partir d'une position de domination économique.et d'égoïsme, mais du point de vue de la civilisation de l'amour, qui donne à chaque nation les possibilités d'être elle-même et qui permet à toutes les nations de se libérer, d'une manière communautaire, de la menace d'un nouveau conflit et d'une destruction mutuelle. L'amour permet à tous de se sentir vraiment libres dans la pleine acquisition de leur propre dignité. Pour cela, il faut contribuer à la politique d'une juste solidarité qui rende impossible à quiconque d'exploiter le prochain pour son propre intérêt. En même temps, on évite toute forme d'abus et d'oppression (La documentation catholique, 1980, p. 1171)." Avec Jean-Paul II, la civilisation de l'amour a acquis définitivement droit de cité dans l'enseignement social catholique. Elle en est devenue un de ses thèmes les plus porteurs. On pourrait même aller jusqu'à dire que, surtout si elle est considérée dans sa formulation originaire de "civilisation de l'amour et de la paix", elle en est devenue la dynamique axiale : comme un appel à ce qu'elle devienne la visée mobilisatrice de tous les chrétiens et même de tous les êtres humains, et dans toutes les dimensions de leur existence (aussi bien collectives que personnelles). Et il ne doit pas s'agir seulement de belles paroles et de beaux sentiments, mais d'une action effective et persévérante, qui entraîne éventuellement des transformations en profondeur des structures socio-économiques. C'est ce que rappelle encore, aujourd'hui, le pape Benoît XVI dans l'Angélus qu'il a prononcé depuis son lieu de vacances à Bressanone et a lancé un appel à accomplir tous les efforts pour soutenir et promouvoir des initiatives en vue d'aboutir à une solution pacifique et durable, en faveur d'une cohabitation ouverte et respectueuse en Ossétie.

On n'est donc aucunement étonné (ce serait plutôt le contraire qui étonnerait) de voir apparaître le thème de la civilisation de l'amour en plein coeur de la lettre apostolique Tertio Millennio Adveniente, qui constitue une véritable et stimulante synthèse de la stratégie pastorale de Jean-Paul II pour la fin du deuxième millénaire et l'aube du troisième. On remarquera immédiatement qu'il y est situé dans l'ensemble des propositions concernant l'année 1998, particulièrement consacrée à l'Esprit Saint : ce qui nous fait retrouver l'inspiration même de l'intuition originaire de Paul VI. Voici le passage essentiel, qui souligne fortement la qualification de "civilisation", précisément en référence avec la crise contemporaine de civilisation : "il conviendra d'aborder le vaste thème de la crise de civilisation, telle qu'elle s'est manifestée surtout dans l'Occident plus développé sur le plan technologique, mais intérieurement appauvri par l'oubli ou la marginalisation de Dieu. A la crise de civilisation, il faudra répondre par la civilisation de l'amour, fondée sur les valeurs universelles de paix, de solidarité, de justice et de liberté, qui trouvent dans le Christ leur plein accomplissement (n° 52)." Nous remarquerons que les quatre valeurs mentionnées sont celles qui reviennent le plus souvent dans l'enseignement social de Jean-Paul II et qu'elles sont à juste titre qualifiées "d'universelles" : ce qui fait qu'elles constituent des valeurs auxquelles tous peuvent adhérer, qu'ils soient croyants ou non : des valeurs d'authentique et universelle humanité, dont la source définitive est non pas la Révélation judéo-chrétienne, mais la création elle-même, qui englobe ainsi directement tous les êtres humains. Des valeurs que nous pouvons ainsi partager avec tous et pour lesquelles nous avons à apprendre de tous, mais dont les chrétiens doivent avoir l'audace de penser et de dire qu'elles "trouvent dans le Christ leur plein accomplissement".

Sans pouvoir introduire les développements qui seraient souhaitables, nous remarquerons, du moins, l'ampleur du cadre dans lequel est située la proposition de la civilisation de l'amour et des applications pratiques dans lesquelles elle est appelée à se concrétiser. La perspective fondamentale est celle du Christ cosmique, comme dans les Épîtres dites de la captivité du corpus paulinien : "Le fait que le Verbe éternel ait assumé dans la plénitude du temps la condition de créature confère à l'événement de Bethléem, il y a deux mille ans, une singulière valeur cosmique. Grâce au Verbe, le monde des créatures se présente comme cosmos, c'est-à-dire comme univers ordonné. Et c'est encore le Verbe qui, en s'incarnant, renouvelle l'ordre cosmique de la création (n° 3)." Les lecteurs ayant une sensibilité écologique seront particulièrement attentifs à cette ouverture cosmique du mystère de l'incarnation. Le défi de l'écologie amène ainsi à renouveler en profondeur la théologie de la création et même la christologie et la théologie trinitaire, en nous faisant découvrir dans les sources de notre foi des richesses trop peu exploitées, sauf par quelques pionniers (Notre livre, Dieu et l'écologie [Environnement, théologie, spiritualité], Paris, 1994). Une aussi vaste perspective permet de rejoindre ce qu'il peut y avoir de vrai dans l'ensemble des religions : "de cette façon, le Christ est la réalisation de l'aspiration de toutes les religions du monde et, par cela même, il en est l'aboutissement unique et définitif (n° 6)." Une qualification audacieuse et prophétique, qui justifie les remarquables propositions concrètes exprimées ultérieurement pour favoriser le dialogue interreligieux : notamment avec les juifs et les musulmans, avec lesquels on souhaite avoir "des rencontres communes dans des lieux significatifs pour les grandes religions monothéistes", en particulier à Bethléem, à Jérusalem et sur le Mont Sinaï; mais aussi "avec les représentants des grandes religions du monde en d'autres villes" (n° 53). La perspective oecuménique des relations entre les chrétiens eux-mêmes est exprimée avec une urgence extrême : "L'une des prières les plus ardentes en cette heure, exceptionnelle où s'approche le nouveau millénaire est celle par laquelle l'Église demande au Seigneur que croisse l'unité entre tous les chrétiens des diverses Confessions jusqu'à atteindre la pleine communion" (n° 16). Jean-Paul II souhaitait l'élaboration de projets oecuméniques pour la préparation et la réalisation du Jubilé et même, en l'an 2000, "une réunion pan-chrétienne significative" (n° 55).

La concrétisation nécessaire de la civilisation de l'amour avec ses quatre valeurs universelles est fortement soulignée, à partir de la dimension de justice sociale et de solidarité inhérente à l'année jubilaire biblique (n° 13). : la sauvegarde de la dignité et des droits de la personne, ainsi que la promotion de la paix (n° 22) ; l'option préférentielle pour les pauvres et les exclus, qui est devenue maintenant, à partir des prises de conscience ecclésiales en Amérique Latine, un des grands axes de l'enseignement social catholique (n° 51). Au passage, les chrétiens sont invités à un examen de conscience approfondi : "Quant au témoignage de l'Église à notre époque, comment ne pas ressentir de la souffrance devant le manque de discernement de nombreux chrétiens devant la violation des droits humains fondamentaux de la part de régimes totalitaires ? Et ne faut-il pas déplorer, parmi les ombres du présent, la coresponsabilité de tant de chrétiens dans des formes graves d'injustice et de marginalisation sociale (n° 36)?" La perspective doit être celle de la grande famille humaine : "la deux millième année depuis la naissance du Christ... représente un Jubilé extraordinairement important, non seulement pour les chrétiens, mais indirectement pour l'humanité entière" (n° 15). N'en doutons pas : Jean-Paul II, comme Paul VI, sait bien que la promotion de la civilisation de l'amour est une interpellation évangélique, démesurée, à première vue, comme l'Évangile lui-même. On se réjouira de ce que l'Église contemporaine ait l'audace de proposer une telle civilisation, en s'y engageant elle-même profondément. Dans le passé, l'Église (les Églises) a (ont) été généralement trop timide(s), en ce qui concerne la transformation de la vie en société, à la lumière de l'Évangile. La redécouverte actuellement en cours de sa dimension sociale essentielle est l'un des signes des temps les plus prometteurs de notre époque.

N'est-ce pas rêver que de proposer un tel idéal de société, objectera-t-on ? La réponse appelle quelques précisions à son sujets grâce au recours au concept d'utopie concrète, forgé par Ernst Bloch, qu'il opposait à celui d'utopie au sens courant du terme (celui d'une visée irréalisable), ou encore à celui d'idéal historique concret, créé par Jacques Maritain, qu'il définissait comme "une essence idéale réalisable (plus ou moins difficilement, plus ou moins imparfaitement, c'est une autre affaire, et non comme oeuvre faite, mais comme oeuvre se faisant), une essence capable d'existence et appelant l'existence pour un climat historique donné, répondant par suite à un maximum relatif... de perfection sociale et politique (Humanisme intégral, dans Oeuvres complètes, t VI, Fribourg-Paris, 1984, p. 438)." Disons simplement : une visée qui ne sera pas parfaitement réalisée, mais qui marquera une réelle avancée, dans le sens de relations plus pacifiques, justes et solidaires entre les peuples et les personnes elles-mêmes, fondées sur la prise de conscience de leur commune fraternité et des sentiments d'amour qu'elle engendre en eux. Elle est d'ordre anthropologique dans une démarche à la fois philosophique et théologique. L'éclairage qui nous vient de la Révélation accomplie en Jésus-Christ est décisif.

Nous avons tenu à mettre en relief l'intuition originaire de Paul VI, avec son appel dans la même foulée en faveur de la civilisation de l'amour et de la paix. Un seul terme est insuffisant. Il faut faire appel à divers harmoniques, qui se complètent et s'enrichissent mutuellement. On parlera donc aussi de culture de paix et de non-violence. Également, de culture de solidarité, et avec Jean-Paul II, de culture de la vie. Le Message au Peuple de Dieu du Synode des évêques de 1985 préconise "une civilisation du partage, de la solidarité et de l'amour, civilisation qui est seule digne de l'homme". On pourrait aussi promouvoir une civilisation des Béatitudes, à partir du Sermon sur la Montagne, en s'inspirant notamment de la magnifique allocution de Paul VI, le 5 janvier 1964 à Nazareth (La documentation catholique, 1964, col. 175-176). Nous préciserons que la culture de la paix, dans le sens des Rassemblements oecuméniques de Bâle et de Séoul, englobe celle de la justice et de l'environnement terrestre (avec le concept théologique de gérance de la création) (Notre livre, Paix, Justice, Gérance de la création, Paris, 1989). Les accents varieront suivant les problématiques. C'est une convergence qu'il faut rechercher. Ce dont il s'agit, c'est de la transformation par capillarité de la culture ambiante, à partir de l'effort de chacun et de chacune de vivre conformément à ces hautes valeurs d'humanité et de grâce, comme l'avaient si bien compris les chrétiens des premiers siècles : "ils se conforment aux usages locaux pour les vêtements, la nourriture et la manière de vivre, tout en manifestant les lois extraordinaires et vraiment paradoxales de leur république spirituelle" (Introduction, édition critique, traduction et commentaire de Henri Irénée MARROU, 2e édit. revue et augmentée, Paris, 1965). La rencontre avec une problématique humaniste doit être une préoccupation constante, dans le sens, par exemple, de cette proposition d'Edgar Morin : "il est plus que temps d'élaborer une politique de civilisation où solidarité, convivialité, moralité, écologie, qualité de la vie, cessant d'être perçues séparément, sont conçues ensemble.  (Le discours absent, dans Le Monde du 22 avril 1995)" Hans Küng a raison aussi de préconiser un Projet d'éthique planétaire, en faisant appel notamment à La paix mondiale par la paix entre les religions  (Titre et sous-titre de son livre, traduit de l'allemand par Joseph FEISTHAUER, Paris, 1991). Rappelons-nous toujours que les authentiques valeurs d'humanité "trouvent dans le Christ leur plein accomplissement".
 

Sources : spip.php-article154 -  E.S.M.

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Eucharistie sacrement de la miséricorde - (E.S.M.) 10.08.2008 - T/Spiritualité

 

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