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19 Avril 2005
 

Synode, vers le second round. Le réquisitoire du canoniste

Le 09 décembre 2014 - (E.S.M.) - Le cardinal Velasio De Paolis ouvre à nouveau le feu contre l’accès des divorcés remariés à la communion: "Au cas où cette idée serait approuvée, les conséquences seraient d’une gravité inouïe". Le rébus du pape François :

Interview  accordée à Elisabetta Piqué et publiée par le quotidien argentin "La Nación" le 7 décembre

Synode, vers le second round. Le réquisitoire du canoniste

par Sandro Magister

Le 09 décembre 2014 - E. S. M. - Depuis aujourd’hui le document préparatoire pour le prochain synode des évêques, consacré comme le précédent au thème de la famille, est dans le domaine public   Sinodo dei vescovi. "Lineamenta" per la XIV assemblea generale ordinaria, 4-25 ottobre 2015 (Lineamenta :"La vocation et la mission de la famille dans l'Église et dans le monde contemporain" Texte pas encore traduit en français).

Ce document préparatoire – en latin "lineamenta" – a comme base de départ la "Relatio" finale du synode qui a eu lieu au mois d’octobre dernier, mais les différents points de celle-ci ont été reformulés afin d’être présentés sous forme de questions. Ce questionnaire n’est pour le moment diffusé qu’en italien, mais il va être envoyé dans les prochains jours, en plusieurs langues, aux conférences des évêques du monde entier et celles-ci pourront le soumettre à un nombre de personnes qui pourra être très important.

La finalité du sondage, d’après ce qu’a expliqué le cardinal Baldisseri, sera "l'approfondissement des questions qui ont été traitées au cours des débats, toutes les questions, mais surtout celles dont il est nécessaire de discuter de manière plus détaillée".

En donnant cette information, le cardinal a fait allusion aux deux questions qui ont effectivement été les plus controversées au cours du synode du mois d’octobre dernier. Tellement controversées qu’elles n’ont pas recueilli, dans leur formulation finale, les deux tiers des voix, c’est-à-dire le nombre nécessaire pour qu’un texte soit approuvé.

Ces questions sont celles qui portent sur l’accès des divorcés remariés à la communion et sur l'homosexualité.

En effet, sur les 62 paragraphes qui constituent le texte de la "Relatio", les trois qui sont consacrés à ces questions sont les seuls qui n’aient pas été approuvés, même si – parce que le pape François a voulu qu’il en soit ainsi – ils ont tout de même été maintenus dans le texte qui a été publié, ainsi que le résultat des votes correspondants.

Dans le questionnaire qui a été diffusé aujourd’hui, la question qui concerne l’accès des divorcés remariés à la communion est la question n° 38 :

"Il est nécessaire d’approfondir davantage la pastorale sacramentelle des divorcés remariés, en examinant aussi la pratique des églises orthodoxes et en ayant présente à l’esprit 'la distinction entre situation objective de péché et circonstances atténuantes'. Dans quelles perspectives peut-on agir ? Quelles sont les démarches possibles ? Quelles suggestions permettraient de remédier à des formes d’empêchements non dues ou non nécessaires ?".

Quant à celle qui concerne l'homosexualité, c’est la question n° 40 :

"Comment la communauté chrétienne porte-t-elle son attention pastorale sur les familles où il y a des personnes ayant une tendance à l’homosexualité ? Comment, en évitant toute discrimination injuste, prendre soin, à la lumière de l’Évangile, des personnes qui sont dans de telles situations ? Comment leur présenter les exigences de la volonté de Dieu en ce qui concerne leur situation ?".

Le thème du synode, bien évidemment, n’est pas traité en totalité dans ces deux questions, mais il concerne plutôt le destin actuel et futur du mariage chrétien en tant que tel. Pour s’en rendre compte, il suffit, de penser à la baisse générale du nombre de mariages, aussi bien civils que sacramentels, ces derniers connaissant une très forte chute même dans un pays catholique tel que l'Italie où, au cours du dernier demi-siècle, ils se sont effondrés, passant de 414 652 (en 1963) à 111 545 (en 2013), à un rythme de diminution qui laisse présager leur disparition d’ici moins de vingt ans.

Et pourtant il est incontestable que la question de l’accès des divorcés remariés à la communion continue à être celle qui donne lieu au plus grand nombre de débats parce que, en dépit du fait qu’elle ne concerne qu’un nombre très limité de gens, elle met malgré tout en jeu d’une part le sens ultime du mariage chrétien et d’autre part celui du sacrement de l'eucharistie, c’est-à-dire de deux colonnes portantes du christianisme.

Le texte que l’on pourra lire ci-dessous constitue une preuve de la très grande vivacité avec laquelle ce débat se poursuit. Il a été rédigé par le cardinal Velasio De Paolis, 79 ans, missionnaire scalabrinien, qui est un canoniste de grande réputation ainsi que le président émérite de la préfecture des affaires économiques du Saint-Siège.

Avant même le synode du mois d’octobre dernier, De Paolis avait déjà pris publiquement position contre les thèses favorables à l’accès des divorcés remariés à la communion, thèses soutenues par le cardinal Walter Kasper plus que par quiconque.

Il l’avait fait dans une conférence qu’il avait donnée le 27 mars à Pérouse et qui constituait le discours inaugural pour la nouvelle année judiciaire du tribunal ecclésiastique d'Ombrie   I divorziati risposati e i sacramenti dell'eucaristia e della penitenza

Par la suite cette conférence a fait l’objet d’une nouvelle publication en Espagne, dans la revue "Ius Communionis" (2, 2014, pp. 203-248), mais aussi en Italie et aux États-Unis dans un ouvrage à plusieurs auteurs qui a été publié à la veille du synode et qui contient les interventions de quatre autres cardinaux qui critiquent, eux aussi, les prises de position de Kasper   "Permanere nella verità di Cristo. Matrimonio e Comunione nella Chiesa cattolica", Éditions Cantagalli, Sienne, 2014.

"Remaining in the Truth of Christ. Marriage and Communion in the Catholic Church", Ignatius Press, San Francisco, 2014.

Mais voilà que De Paolis est revenu sur ce sujet, en prenant pour cible de ses critiques précisément ce paragraphe 52 de la "Relatio" finale du synode du mois d’octobre dernier dans lequel il est question des arguments pour et contre l’accès des divorcés remariés à la communion.

L’opinion du cardinal De Paolis est que non seulement ce paragraphe est en soi incohérent et contradictoire, mais que "les nouveautés qui seraient introduites au cas où il serait approuvé seraient d’une gravité inouïe", parce qu’elles mineraient les fondements mêmes du dogme et de la morale catholique.

Voici le lien qui permet d’accéder au texte intégral de sa conférence, qui a été donnée le 26 novembre à la faculté de droit canonique de l'université San Dámaso, à Madrid   Caminos adecuados para la pastoral de los divorciados vueltos a casar

Et on peut lire ci-dessous la reproduction de sa partie finale.

En gardant présent à l’esprit le fait que les considérations de De Paolis contre l’accès des divorcés remariés à la communion sont également appliquées par lui à toutes les autres situations de vie commune irrégulières, comme il l’explique dans la première partie de sa conférence.

LA PROPOSITION N. 52 DU SYNODE EXTRAORDINAIRE CONSACRÉ À LA FAMILLE

par Velasio De Paolis


La question de l'accès des divorcés remariés aux sacrements, en particulier celui de l’eucharistie, a fait l’objet de réflexions pendant le synode extraordinaire des évêques qui a eu lieu au mois d’octobre dernier. C’est à cette question que fait référence la proposition n° 52 de la "Relatio" finale, qui dit ceci :

"La réflexion a porté sur la possibilité, pour les divorcés remariés, d’accéder aux sacrements de la pénitence et de l’eucharistie. Plusieurs pères synodaux ont insisté pour maintenir la discipline actuelle, en vertu du rapport constitutif entre la participation à l’eucharistie et la communion avec l’Église et son enseignement sur le mariage indissoluble. D’autres se sont exprimés en faveur d’un accueil non généralisé au banquet eucharistique, dans certaines situations particulières et à des conditions bien précises, surtout quand il s’agit de cas irréversibles et liés à des obligations morales envers les enfants qui viendraient à subir des souffrances injustes. L’accès éventuel aux sacrements devrait être précédé d’un cheminement pénitentiel sous la responsabilité de l’évêque diocésain. La question doit encore être approfondie, en ayant bien présente la distinction entre la situation objective de péché et les circonstances atténuantes, étant donné que 'l’imputabilité et la responsabilité d’une action peuvent être diminuées voire supprimées' par divers 'facteurs psychiques ou sociaux' (Catéchisme de l'Église Catholique, 1735".)

1. Le sens de la proposition synodale

Cette proposition n’a pas recueilli un nombre suffisant d’adhésions, c’est-à-dire les deux tiers des voix, raison pour laquelle elle n’a pas été approuvée par le synode ; c’est pourquoi elle ne devrait pas être considérée comme un texte synodal. Cependant il faut remarquer tout de suite qu’il est difficile d’évaluer la signification de ce vote. Le texte est composé de différentes parties, qui sont sans homogénéité et parfois contradictoires ; certaines d’entre elles ont des motivations inappropriées, ou pas tout à fait appropriées ou, tout au moins, incomplètes, pour ce qui est de leur rattachement aux sources doctrinales.

En effet la proposition commence par le rappel d’un fait : il y a eu une réflexion à propos de cette question. Elle fait ensuite référence à un groupe de pères qui sont favorables à la discipline actuelle et à d’autres pères qui sont favorables à un changement dans cette discipline. Le texte se poursuit en expliquant quels sont les points à propos desquels la discipline actuelle devrait être changée et en signalant également quelle serait la responsabilité qui devrait être confiée à l’évêque. Enfin elle se termine sur un avertissement et sur une invitation à réfléchir de manière plus approfondie, en suggérant même quelques éléments pour le faire. C’est pour cette raison que l’on ne sait pas très bien à quoi peut faire référence un vote éventuellement favorable ou défavorable à cette proposition.

2. Limites de la proposition

La proposition se présente avec une formulation limitée. Elle se réfère à une catégorie limitée de personnes qui vivent dans une situation d’union irrégulière : les divorcés remariés. Il s’agit d’une catégorie qui, d’après la proposition, mériterait de faire l’objet d’une attention particulière et exceptionnelle, motivée par les situations particulières dignes de considération que cette catégorie pourrait présenter, comme le texte l’explique effectivement tout de suite après.

Il n’est pas difficile de trouver dans ces propos quelques éléments significatifs de la proposition du cardinal Kasper. Mais nous avons déjà eu l’occasion d’étudier cette proposition et de vérifier qu’elle n’est soutenue par aucun argument valable. Du reste cette proposition avait déjà été portée à la connaissance de l'autorité compétente ; celle-ci l'avait étudiée et repoussée, parce qu’elle n’y avait pas trouvé d’éléments qui puissent la soustraire à une évaluation réalisée selon les principes doctrinaux contenus dans les documents de l’Église. Par conséquent, l'hypothèse avancée dans la proposition synodale avait déjà été étudiée et évaluée de manière explicite ; cela avait conduit à la conclusion qu’elle n’impliquait pas de principes exceptionnels mais qu’elle rentrait dans la catégorie des principes généraux, étant donné que, du point de vue de la gravité morale et en ce qui concerne l'accès à l'eucharistie, l'hypothèse avancée dans la proposition constitue, dans tous les cas, une violation grave de la morale conjugale et de la discipline de l’Église, qui ne peut pas permettre l'accès à l'eucharistie. Pour cette raison, les documents de l’Église ne font jamais de distinction entre les différentes catégories de personnes qui vivent ensemble en situation d’unions irrégulières : les diverses typologies de personnes qui cohabitent de manière irrégulière ne se distinguent pas les unes des autres en ce qui concerne la cohabitation conjugale et l'accès à l'eucharistie.

De plus, les conditions en vertu desquelles on demanderait que les divorcés remariés bénéficient d’une considération particulière peuvent être trouvées chez toutes les personnes qui vivent dans des situations irrégulières. Et, dans certains cas, la situation pourrait même s’aggraver : on pourrait y voir une récompense et une invitation à établir de nouveaux liens.

On peut d’ailleurs ajouter une remarque supplémentaire. La proposition, lorsqu’elle restreint l'hypothèse à une catégorie de personnes spécifique, reconnaît par là même la valeur doctrinale et normative des documents par lesquels l’Église établit les règles en la matière. Et, étant donné que la proposition invite à approfondir la question, cela fait naître une certaine perplexité en ce qui concerne la proposition elle-même. Sur quoi peut donc porter cet approfondissement ? Pas sur la valeur doctrinale et normative des documents, mais sur la possible exception qui est contenue dans la proposition. Et d’où peut naître le doute si ce n’est pas du fait que la proposition contient en elle-même une exception aux deux conditions qui sont essentielles pour accéder à l’eucharistie, à partir du moment où l’on constate l’existence d’une violation grave de la loi morale naturelle et d’une situation personnelle qui ne convient pas pour avoir accès à l'eucharistie ?

En effet, on constate que sont également présentes, dans cette catégorie que constituent les divorcés remariés, les deux conditions qui empêchent l'accès à l'eucharistie, ce qui a comme résultat que l'autorité ecclésiastique ne peut pas agir autrement qu’elle ne le fait, étant donné que cette autorité ne peut pas disposer de la loi naturelle et divine : le respect de la loi naturelle du mariage et la nécessité de la grâce sanctifiante.

Les situations qui sont décrites pourraient ne pas permettre la séparation de deux personnes qui vivent ensemble dans le cadre d’une union irrégulière, mais ne demandent pas nécessairement la vie commune "more uxorio" et l’état permanent de péché.

3. Discipline, doctrine ou magistère ?

On constate que la rédaction du texte de la proposition fait naître des équivoques. Il y est question de la "discipline actuelle" et d’une possible modification de celle-ci, mais cela suscite un doute, qui rend nécessaire un approfondissement. En réalité, la réglementation en vigueur n’est pas seulement une "discipline actuelle", comme s’il s’agissait d’une norme simplement ecclésiastique et non pas de normes divines, sanctionnées par le magistère, avec des motivations doctrinales et magistérielles qui concernent les fondements mêmes de la vie chrétienne, de la morale conjugale, du sens et du respect de l'eucharistie et de la validité du sacrement de pénitence. Nous nous trouvons face à une discipline qui est fondée sur le droit divin. On ne souligne pas suffisamment le fait que les documents de l’Église, dans ce domaine, n’imposent pas d’obligations provenant de l'autorité, mais qu’ils affirment que l'autorité ecclésiastique ne peut pas agir autrement, parce que cette "discipline" ne peut pas être modifiée dans ses éléments essentiels. L’Église ne peut pas agir autrement. Elle ne peut modifier ni la loi naturelle ni le respect de la nature de l'eucharistie, parce que ce qui est en question, c’est la volonté divine.

Dans la mesure où elle prévoit la possibilité de permettre aux divorcés remariés d’accéder à la communion eucharistique, la proposition constitue, de fait, un changement doctrinal. Et cela contrairement au fait que ses partisans affirment qu’ils ne veulent pas modifier la doctrine. D'autre part, la doctrine, de par sa nature même, n’est pas modifiable si elle est l’objet du magistère authentique de l’Église. Avant de parler et de discuter d’une éventuelle modification de la discipline qui est actuellement en vigueur, il est nécessaire de réfléchir à la nature de cette discipline. Lorsque l’on étudie cette question il faudrait, en premier lieu, réfléchir à cette doctrine et à son degré de fermeté ; il est nécessaire de bien étudier ce qui peut être modifié et ce qui ne peut pas l’être. Le doute a été insinué dans la proposition elle-même lorsqu’elle demande un approfondissement, qui doit être doctrinal et préalable à toute décision.

Nous pouvons également nous demander s’il est de la compétence d’un synode des évêques de traiter une question telle que celle-ci : la valeur de la doctrine et de la discipline actuellement en vigueur dans l’Église, qui se sont formées au cours des siècles et qui sont sanctionnées par des interventions du magistère suprême de l’Église. Par ailleurs, qui est compétent pour modifier le magistère d’autres papes ? Cela constituerait un précédent dangereux. D'autre part, les nouveautés qui seraient introduites au cas où le texte de la proposition serait approuvé seraient d’une gravité inouïe :

a) la possibilité d’admettre à la communion eucharistique, avec l’approbation explicite de l’Église, une personne qui est en état de péché mortel, avec risque de sacrilège et de profanation de l'eucharistie ;

b) en agissant de cette façon, on met en discussion le principe général de la nécessité d’être en état de grâce sanctifiante pour pouvoir accéder à la communion eucharistique, en particulier maintenant qu’a été introduite ou qu’est en cours d’introduction dans l’Église une généralisation de l’accès à l’eucharistie sans qu’il y ait eu au préalable une confession sacramentelle, même lorsque l’on a conscience d’être en état de péché grave, avec toutes les conséquences néfastes que comporte cette pratique ;

c) admettre à la communion eucharistique un fidèle qui cohabite "more uxorio" signifierait que l’on met également en discussion la morale sexuelle, fondée en particulier sur le sixième commandement ;

d) de plus, en agissant de cette manière, on donnerait de l’importance au concubinage ou à d’autres liens, ce qui, de fait, affaiblirait le principe de l’indissolubilité du mariage.

4. Les motivations présentées pour que soit maintenue la discipline qui est actuellement en vigueur

En ce qui concerne ce point, la proposition affirme ce qui suit : "Plusieurs pères synodaux ont insisté pour maintenir la discipline actuelle, en vertu du rapport constitutif entre la participation à l’eucharistie et la communion avec l’Église et son enseignement sur le mariage indissoluble".

Ce texte n’est pas très clair et, en tout cas, il est insuffisant parce qu’il ne met pas l’accent sur la problématique qui est en cause. Il ne s’agit pas uniquement de mesures disciplinaires qu’il faudrait prendre en accord avec la majorité, mais également d’une doctrine et d’un magistère qui sont indisponibles, ce qui va certainement au-delà des compétences d’un synode extraordinaire des évêques. En réalité, des questions doctrinales d’une extrême importance sont impliquées dans ce problème, des questions auxquelles nous avons fait référence. Il est nécessaire de préciser que la raison première de l’interdiction d’accéder à l'eucharistie est, simplement, la situation dans laquelle se trouve une personne divorcée qui cohabite maritalement avec quelqu’un d’autre : il s’agit là, objectivement, d’une situation de péché grave. Le fait que cette situation ait été provoquée par un divorce ou par un éventuel nouveau lien civil n’a pas d’importance quant à la situation morale qui exclut l'eucharistie : se trouver dans un état permanent de violation de la norme morale de l’Église.

5. Approfondissements

La proposition affirme ce qui suit : "La question doit encore être approfondie, en ayant bien présente à l’esprit la distinction entre la situation objective de péché et les circonstances atténuantes, étant donné que 'L’imputabilité et la responsabilité d’une action peuvent être diminuées voire supprimées' par divers 'facteurs psychiques ou sociaux' (Catéchisme de l'Église Catholique, 1735)".

Le texte affirme la nécessité d’un approfondissement et cela à un seul point de vue qui est assez faible. En effet, il cite le Catéchisme de l’Église Catholique, avec lequel il n’est pas possible de ne pas être d'accord. Le problème est de savoir dans quelle mesure ce paragraphe du Catéchisme de l’Église Catholique a des répercussions sur la problématique qui est traitée ici. La première source de la moralité est objective. Et c’est de la moralité objective qu’il est question ici.

ET QU’EN DIT LE PAPE ?


À propos de l’accès des divorcés remariés à la communion, le pape François a exprimé une dernière fois sa pensée dans une interview qu’il a accordée à Elisabetta Piqué et qui a été publiée par le quotidien argentin "La Nación" le 7 décembre :

"Dans le cas des divorcés remariés, que pouvons-nous faire pour eux, quelle porte pouvons-nous leur ouvrir ? Il y a une inquiétude pastorale : alors est-ce que nous allons leur donner la communion ? Leur donner la communion, ce n’est pas une solution. À soi seul, ce n’est pas la solution ; la solution, c’est l'intégration. Ils ne sont pas excommuniés, certainement pas. Toutefois ils ne peuvent pas être parrains de baptême, ils ne peuvent pas lire les lectures à la messe, ils ne peuvent pas distribuer la communion, ils ne peuvent pas enseigner le catéchisme ; il y a sept choses qu’ils ne peuvent pas faire, j’en ai la liste ici. Si je les citais, on aurait l’impression qu’ils sont excommuniés de fait ! Alors, ouvrir un peu plus les portes".

Dans cette même interview, François a également revendiqué la clarté de ses formulations :

"Quelqu’un m’a dit un jour : 'Oui, certainement, le discernement c’est très bien, mais nous avons besoin de choses qui soient plus claires. Je lui ai répondu : 'Écoutez, j’ai écrit une encyclique et une exhortation apostolique, je n’arrête pas de faire des déclarations et de prononcer des homélies ; cela, c’est du magistère. Ce qu’il y a dans ces textes, c’est cela que je pense, et non pas ce que les médias affirment que je pense. Reportez-vous à ces textes et vous verrez qu’ils sont bien clairs".

Il n’en demeure pas moins que, dans cette interview, les propos du pape à propos de l’accès des divorcés remariés à la communion se prêtent une fois encore à des doutes quand il s’agit de les interpréter. On peut y lire, en effet, d’une part un refus de la "solution" consistant à leur donner la communion et d’autre part une approbation de cette même solution, vue comme faisant partie d’une "intégration" plus globale de ces mêmes personnes.

Le texte complet, en plusieurs parties, de l'interview accordée à "La Nación" :

 Francisco: "Dios me da una sana dosis de inconsciencia"

 
El sínodo: "Los divorciados vueltos a casar parecen excomulgados"

 
Sobre la Argentina: "El país tiene que llegar al término del mandato en paz"

 
Cambio en la Guardia Suiza: "Fue una mera renovación…"

 
La intimidad de la entrevista: humor y anécdotas


Le site benoit-et-moi a traduit le texte de cette interview :

L'interview de François à la Nacion (I)
L'interview de François à la Nacion (II)

 Traduction française par Charles de Pechpeyrou, Paris, France.


 

Source: Sandro Magister
Eucharistie sacrement de la miséricorde - (E.S.M.) 09.12.2014- T/International

 

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