La réalité que Jésus appelle "Royaume de Dieu"
est extrêmement complexe, note Benoît XVI |
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Le 09 novembre 2007 -
(E.S.M.) - Nous devons dire : la réalité que
Jésus appelle « Royaume de Dieu, seigneurie de Dieu » est extrêmement
complexe, et c'est seulement en l'acceptant dans sa totalité, affirme
Benoît XVI, que nous pouvons nous approcher de son message et nous
laisser guider par lui.
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Le bon grain
et l'ivraie -
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La réalité que Jésus appelle "Royaume de Dieu" est extrêmement complexe,
note Benoît XVI
Troisième chapitre - L'Évangile du Royaume de Dieu
(p. 67 à 84)
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Benoît XVI
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La seigneurie de Dieu :
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Benoît XVI
3)
Accepter de recevoir le message dans sa totalité
Il nous faut à présent tenter de définir plus précisément encore, à partir
de son contexte historique, ce que recèle le message de Jésus sur le «
Royaume ». L'annonce de la seigneurie de Dieu se fonde, comme tout le
message de Jésus, sur l'Ancien Testament, qu'il lit dans son mouvement
progressif, depuis les origines avec Abraham jusqu'à son heure, comme une
totalité qui - précisément lorsqu'on comprend la totalité du mouvement -
conduit directement à Jésus.
Il y a d'abord les psaumes dits d'intronisation, qui proclament la royauté
de Dieu (YHWH), une royauté conçue à la fois comme universelle et cosmique,
accueillie par Israël dans l'adoration (cf. PS 47 ; 93 ; 96 ; 97 ; 98 ; 99).
Depuis le VIe siècle, face aux catastrophes survenues dans l'histoire
d'Israël, la royauté de Dieu est l'expression de l'espérance pour l'avenir.
Dans le Livre de Daniel, au IIe siècle av. J.-C., il est question de la
seigneurie de Dieu dans le temps présent, mais surtout ce livre nous annonce
une espérance pour l'avenir, où devient importante la figure du
« Fils
d'homme » qui devra faire advenir la seigneurie. Dans le judaïsme de
l'époque de Jésus, expose Benoît XVI, nous rencontrons le concept de seigneurie de Dieu dans le
culte du Temple de Jérusalem et dans la liturgie synagogale ; il est présent
dans les écrits rabbiniques ainsi que dans les manuscrits de Qumram. Le Juif
pieux prie chaque jour en répétant le Schéma' Israël :
« Écoute, Israël : le Seigneur notre Dieu est l'Unique. Tu aimeras le
Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme et de toute ta force
»
(Dt 6, 4-5 ; cf. 11, 13 ; Nb 15, 37-41). Réciter cette prière était
interprété comme le fait de prendre sur soi le joug de la seigneurie de Dieu
: cette prière n'est pas que des mots ; en la récitant, celui qui prie
accueille la souveraineté de Dieu, qui entre ainsi dans le monde par l'acte
de celui qui prie, qui est porté par lui et qui, en en déterminant par la
prière la façon de vivre, le caractère quotidien, se rend présent dans un
lieu précis du monde.
Nous le voyons, précise Benoît XVI, la seigneurie de Dieu, sa souveraineté sur le monde et sur
l'histoire, va au-delà du moment, va au-delà de l'histoire dans sa totalité
et la transcende ; sa dynamique intrinsèque conduit l'histoire au-delà
d'elle-même. Mais, en même temps, elle est tout à fait présente ; présente
dans la liturgie, dans le Temple et dans la synagogue en tant
qu'anticipation du monde à venir ; présente en tant que force donnant forme
à la vie par la prière et par l'existence du croyant qui porte le joug de
Dieu et qui participe ainsi par avance au monde à venir.
On voit parfaitement ici que Jésus a été « un véritable fils d'Israël »
(Jn,
1, 47) et qu'en même temps, par la dynamique interne de ses promesses, il a
dépassé le judaïsme. Aucun des éléments que nous venons de mettre au jour
n'est perdu. Pourtant, il y a là quelque chose de nouveau qui s'exprime
essentiellement dans les paroles « le Règne de Dieu est tout proche »
(Mc,
1, 15), « le Règne de Dieu est survenu pour vous »
(Mt, 12, 28), «
le Règne
de Dieu est au milieu de vous » (Lc, 17,'21). La venue du règne telle qu'elle
s'exprime ici est une action présente qui concerne
l'histoire tout entière. Ce sont ces paroles qui suscitèrent la
thèse de l'attente de l'accomplissement imminent, la faisant apparaître
comme spécifique de Jésus. Mais rien n'oblige à suivre cette interprétation
et, si l'on considère les paroles de Jésus dans leur ensemble, il faut même
clairement l'exclure : la preuve en est que ceux qui soutiennent
l'interprétation apocalyptique de l'annonce du Royaume par Jésus
(dans le
sens d'une attente imminente) sont tout simplement obligés, à partir de
leurs critères, de contester une grande partie des paroles de Jésus sur ce
sujet et d'en infléchir d'autres dans leur sens, même s'ils doivent pour
cela leur faire violence.
Dans le message de Jésus relatif au Royaume, fait remarquer Benoît XVI, nous l'avons vu, sont inscrites
des affirmations qui expriment la pauvreté de ce
royaume dans l'histoire :
il est comme un grain de moutarde, la plus petite de toutes les graines. Il
est comme le levain, quantité infime en comparaison de la masse de la pâte,
mais élément déterminant pour son devenir. Le Royaume est constamment
comparé à la semence qui est répandue dans le champ du monde et qui connaît
des sorts divers : mangée par les oiseaux, étouffée sous les ronces ou bien
au contraire parvenant à maturité pour donner beaucoup de fruit. Une autre
parabole raconte que la semence du royaume croît, mais qu'un ennemi sème
pardessus de l'ivraie qui croît en même temps, et ce n'est qu'à la fin qu'on
peut séparer les deux (cf. Mt 13, 24-30).
Un aspect encore différent de cette mystérieuse réalité de la « seigneurie
de Dieu » se fait jour lorsque Jésus la compare à un trésor enfoui dans un
champ. Celui qui le découvre l'enfouit à nouveau et vend tout ce qu'il a
pour acheter le champ et pour entrer ainsi en possession du trésor capable
de combler toutes ses attentes. Dans la parabole symétrique de la perle
fine, celui qui trouve la perle vend
lui aussi tout ce qu'il a pour acquérir ce bien plus précieux que tout
(cf.
Mt 13, 44-46). Une autre facette encore de la réalité de la « seigneurie de
Dieu » (Règne) se fait jour lorsque Jésus prononce des paroles, difficiles à
interpréter, selon lesquelles le « Royaume des cieux subit la violence et
les violents cherchent à s'en emparer » (Mt 11, 12).
Sur le plan
méthodologique, affirme Benoît XVI, il n'est pas admissible d'isoler de l'ensemble un aspect que
l'on reconnaît comme « propre à Jésus » et de s'appuyer ensuite sur cette
affirmation arbitraire pour infléchir tout le reste dans le sens souhaité.
Nous devons dire au contraire : la réalité que Jésus appelle «
Royaume de
Dieu, seigneurie de Dieu » est extrêmement complexe, et
c'est seulement en
l'acceptant dans sa totalité que nous pouvons nous approcher de son message
et nous laisser guider par lui.
à suivre...
Dans la dernière partie de ce
troisième chapitre
(prochaine page),
Benoît XVI va spécifier que le thème du « Royaume » de Dieu est présent dans
l'ensemble de la prédication de Jésus... en outre il nous donnera une
première indication-clé que l'on retrouve tout au long de ses
messages : notre relation intime avec Dieu.
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"Jésus de Nazareth"
Sources: www.vatican.va
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Eucharistie, sacrement de la miséricorde -
(E.S.M.) 09.11.2007 - BENOÎT XVI
- T/ J.N. |