Les anges servaient Jésus au désert, souligne Benoît XVI |
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Le 09 octobre 2007 -
(E.S.M.)
- Les trois Évangiles synoptiques
racontent, à notre surprise, fait remarquer Benoît XVI, que la première
disposition de l'Esprit fut de conduire le Christ au désert, « pour être
tenté par le démon ».
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Le
Christ servi par les anges dans le désert,
(Francisco Pacheco, 1616) -
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Les anges servaient Jésus au désert, souligne Benoît XVI
Deuxième chapitre - Les tentations de Jésus
(p. 45 à 65) 1) l'Esprit
conduit Jésus au désert
La descente de l'Esprit sur
Jésus qui clôt la scène du baptême constitue une sorte d'inauguration
formelle de sa charge. Ce n'est donc pas sans raison, expose Benoît XVI, que
les Pères ont vu dans cette action une analogie avec l'onction par laquelle,
en Israël, les rois et les prêtres étaient officiellement investis de leur
fonction. L'expression Christ-Messie signifie «
l'Oint » : dans l'ancienne Alliance, l'onction était considérée
comme le signe visible de l'attribution des dons requis par la fonction, du
don de l'Esprit de Dieu pour la charge. À partir de là, en Isaïe
(11, 2), se développe l'espérance
d'un authentique « Oint », dont « l'onction » consiste justement dans le
fait que l'Esprit du Seigneur repose sur lui : « Esprit de sagesse et de
discernement, esprit de conseil et de force, esprit de connaissance et de
crainte du Seigneur ». D'après le récit de saint Luc, Jésus, dans la
synagogue de Nazareth, s'est présenté lui-même et a présenté sa mission en
utilisant une phrase semblable à celle d'Isaïe : « L'Esprit du Seigneur
est sur moi, parce que le Seigneur m'a consacré par l'onction »
(Lc 4, 18 ; cf. Is 6l, 1). Dans la
conclusion de la scène du Baptême, il nous est dit que Jésus a reçu la
véritable « onction », qu'il est « l'Oint » attendu :
à ce moment-là, lui a été formellement conférée la dignité royale et
sacerdotale pour l'histoire et devant Israël.
Désormais, le Christ est investi de cette mission. Les trois Évangiles
synoptiques racontent, à notre surprise, fait remarquer Benoît XVI, que la
première disposition de l'Esprit fut de le conduire au
désert, « pour être tenté par le démon
» (Mt 4, 1).
L'action est précédée par un temps de recueillement, qui est aussi
nécessairement une lutte intérieure pour la mission et une lutte contre les
déformations de la mission, qui se présentent comme ses vrais
accomplissements. C'est une descente dans les épreuves qui menacent l'homme,
car c'est seulement ainsi que l'homme qui est tombé peut être relevé. Se
tenant au cœur originaire de sa mission, Jésus doit
entrer dans le drame de l'existence humaine, le traverser jusqu'au
plus profond, afin de retrouver ainsi la « brebis égarée », de la prendre
sur ses épaules et de la ramener au bercail.
La descente de Jésus « aux enfers », dont parle le Credo, ne s'est pas
seulement accomplie dans sa mort et après sa mort, elle fait à jamais partie
de son cheminement : Jésus doit reprendre toute l'histoire à partir de ses
commencements - depuis « Adam » -, la parcourir et en souffrir jusqu'au bout
afin de pouvoir la transformer. La Lettre aux Hébreux a tout
particulièrement insisté sur le fait que la mission de Jésus,
sa solidarité avec nous tous, préfigurée dans
le Baptême, implique qu'il s'expose aux menaces et aux
épreuves de la condition humaine : « II lui fallait donc devenir
en tout semblable à ses frères, pour être, dans leurs relations avec Dieu,
un grand prêtre miséricordieux et digne de confiance, capable d'enlever les
péchés du peuple. Ayant souffert jusqu'au bout l'épreuve de sa Passion,
il peut porter secours à ceux qui subissent l'épreuve »
(He 2, 17-18). « En effet, le
grand prêtre que nous avons n'est pas incapable, lui, de partager nos
faiblesses ; en toutes choses, il a connu l'épreuve comme nous, et il
n'a pas péché » (He 4, 15).
Le récit des tentations, indique Benoît XVI, est donc étroitement lié à
celui du Baptême, où Jésus devient solidaire des pécheurs. Il faut ajouter à
cela la lutte du mont des Oliviers, l'autre grande lutte intérieure de Jésus
pour sa mission. Mais les « tentations » accompagnent Jésus tout au long de
son parcours, et le récit des tentations apparaît de ce point de vue — tout
comme celui du Baptême — comme une anticipation, dans laquelle est comme
condensée la lutte de tout son parcours.
Dans son bref récit des tentations (1, 13),
Marc a mis en relief le parallèle avec Adam, l'acceptation
douloureuse du drame de la condition humaine comme telle. Jésus «
vivait parmi les bêtes sauvages, et les anges le
servaient ». Le désert - image opposée à celle du jardin -
devient le lieu de la réconciliation et du salut ; les bêtes sauvages, qui
représentent la forme la plus concrète de la menace que font peser sur
l'homme la rébellion de la création et la puissance de la mort, deviennent
des amis comme au Paradis. La paix, qu'Isaïe a annoncée pour le temps du
Messie, est rétablie : « Le loup habitera avec l'agneau, le léopard se
couchera près du chevreau » (Is 11, 6).
Là où le péché est vaincu, là où l'harmonie de l'homme avec Dieu est
rétablie, il s'ensuit la réconciliation de la création ; la création
déchirée redevient alors un lieu de paix, comme le dira Paul en évoquant les
gémissements de la création, qui « aspire de toutes ses forces à voir
cette révélation des fils de Dieu » (Rm
8, 19).
Les oasis de la création, qui ont fleuri par exemple autour des monastères
bénédictins en Occident, ne sont-ils pas des préfigurations de cette
réconciliation de la création, qui vient des fils de Dieu ? Inversement,
Tchernobyl, par exemple, n'est-il pas l'expression bouleversante de la
création asservie et plongée dans l'obscurité de Dieu ? Marc conclut son
bref récit des tentations par une phrase que l'on peut comprendre comme une
allusion au Psaume 91 [90], 11
: « Et les anges le servaient. » Cette
phrase se trouve aussi à la fin du récit plus développé des tentations chez
Matthieu. C'est seulement à partir de ce contexte plus vaste qu'elle devient
pleinement compréhensible. à suivre
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"Jésus de Nazareth"
Sources:
www.vatican.va
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Eucharistie, sacrement de la miséricorde -
(E.S.M.) 09.10.2007 - BENOÎT XVI
- T/J.N. |