Benoît XVI nous propose une véritable
révolution dans nos mentalités |
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Le 09 septembre 2009 -
(E.S.M.)
- C’est bien d’amour dont notre monde a besoin, mais un amour
ancré dans la vérité concrète des choses, contre tous les
relativismes actuels une fois de plus épinglés par le pape
Benoît XVI.
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Benoît XVI nous propose une véritable
révolution dans nos mentalités
Geffroy Christophe - Changer est possible
Le 09 septembre 2009 - Eucharistie Sacrement de la Miséricorde
- « L’amour dans la vérité » : petite phrase qui a l’air de rien et
qui, si l’on y réfléchit, résume au plus profond l’encyclique de Benoît XVI
qui porte ce beau titre,
Caritas in Veritate. Car c’est bien d’amour dont notre monde a besoin,
mais un amour ancré dans la vérité concrète des choses, contre tous les
relativismes actuels une fois de plus épinglés par le pape. Ce texte est
fondamentalement un message d’espérance contre toutes les peurs qui nous
gouvernent, principalement la peur des hommes et de leur trop grand nombre,
la peur de manquer ! Dieu, créateur de la terre, a donné aux hommes la
mission et aussi les moyens de maîtriser le monde qui nous a été donné :
personne n’est de trop et chacun y a sa place. Il n’y a aucune fatalité ou
loi inexorable qui empêcherait de nourrir et faire cohabiter pacifiquement
la population du globe ; l’homme, aidé par Dieu, peut transformer ce monde
en faisant progresser l’amour et la justice. « Cette espérance, écrit le
cardinal André Vingt-Trois, se fonde sur une conviction : dans l’univers,
l’être humain a une dimension particulière qui lui permet de n’être pas
soumis à la domination mécanique des phénomènes, qu’ils soient naturels ou
économiques et sociaux. Il assume cette dimension particulière dans la
mesure où il reconnaît qu’il se reçoit dans une relation à un plus grand que
lui, un Absolu, plus grand que chacune de nos existences » (1).
On est là au cœur de la dimension théologique de la doctrine sociale de
l’Église que beaucoup omettent souvent. En effet, combien de fois n’a-t-on
pas entendu demander, d’un air ironique, si cette doctrine sociale était une
« troisième voie » entre libéralisme et socialisme ? Bien évidemment, elle
ne l’est pas, tout simplement parce qu’elle ne se place pas au même niveau.
Socialisme et libéralisme sont des systèmes politiques qui relèvent plus ou
moins de l’idéologie en ce sens que l’expérience concrète ne leur sert guère
de leçon. La doctrine sociale de l’Église s’appuie sur le réel – elle est
donc accessible par n’importe quel non-croyant doué de raison –, mais aussi
sur la Révélation. Autrement dit, cette doctrine sociale est
incompréhensible si on la déconnecte de l’anthropologie chrétienne qui en
est la base : l’homme étudié dans son cadre économique et social, n’est pas
un individu isolé, c’est un être également spirituel, enraciné dans une
culture et une patrie, une personne à la dignité inaliénable car créée à
l’image de Dieu.
L’imposture est donc soit de tirer d’un côté la doctrine sociale de
l’Église, du côté du libéralisme ou du socialisme selon les uns ou les
autres – ainsi, Paul VI aurait plutôt penché du côté socialiste et Jean-Paul
II du côté libéral ! –, soit de faire croire qu’il ne peut exister
d’alternative entre le libéralisme et le socialisme, et qu’en conséquence,
la doctrine sociale de l’Église, qui rejette en réalité très clairement l’un
et l’autre dans leurs acceptions idéologiques, est une utopie qui ne pourra
jamais voir le jour. Cette imposture s’appuie sur une confusion : faire
croire que le principe du marché tel que l’admet l’Église, système qui est
celui de la liberté d’initiative privée, se confond avec le capitalisme
financier tel qu’il s’est développé aujourd’hui. Depuis Rerum novarum (1891)
au moins, personne ne peut ignorer que l’Église a toujours condamné le
libéralisme idéologique qui idéalise les vertus de la concurrence, affirme
que les régulations sur le marché s’opèrent au mieux spontanément sans
intervention de l’État, qui justifie le profit comme fin en soi et
absolutise la propriété privée. Aujourd’hui, cependant, le système
capitaliste a franchi une étape supplémentaire qui est celle de la «
financiarisation » de l’économie : très concrètement, le libéralisme ne
défend pas la liberté de création de la petite entreprise à taille humaine
dont les propriétaires – les « capitalistes » – étaient également les
dirigeants (voire bien trop rarement des salariés)
; plus il s’impose à l’échelle planétaire, plus les multinationales se
développent et avalent les petites et moyennes entreprises. Ne subsistent
peu à peu que de gigantesques multinationales aux activités multiples dont
la seule logique est le rendement financier : qu’importent les hommes qui y
travaillent, le métier et le savoir-faire d’une fabrique ou le lieu
concerné, sans même parler d’un quelconque bien commun national dont elles
se moquent éperdument, seul compte le taux de retour sur investissement et
la rémunération des actionnaires (2).
Ce libéralisme-là est une plaie dont la crise financière de l’an dernier
montre où il peut nous mener si on le laisse continuer selon sa logique
propre. Il est une plaie également car il contribue à augmenter l’écart,
scandaleux déjà, entre pays riches et pays pauvres, sans même parler des
disparités qui augmentent également au sein même de nos nations développées.
Dans ce contexte, Benoît XVI nous presse « à adopter de nouveaux styles
de vie » (n. 52). Il va plus loin et
propose une véritable révolution dans nos mentalités en délaissant « le
binôme exclusif marché-Etat » : « Vaincre le sous-développement demande
d’agir non seulement en vue de l’amélioration des transactions fondées sur
l’échange et des prestations sociales, mais surtout sur l’ouverture
progressive, dans un contexte mondial, à des formes d’activité économique
caractérisées par une part de gratuité et de communion »
(n. 39).
(1) Présentation de l’encyclique à Paris le 7 juillet 2009.
(2) Benoît XVI pointe du doigt ce problème au n°40 de Caritas in veritate
(sur ce thème, cf. l’article de Philippe Conte p. 32-33 de ce numéro).
Sources : La
Nef n°207 de septembre 2009
Ce document est destiné à l'information; il ne constitue pas
un document officiel
Eucharistie sacrement de la miséricorde -
(E.S.M.) 09.09.09 -
TCaritas in veritae
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