Les enjeux du motu proprio du pape Benoît XVI |
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Le 09 septembre 2008 -
(E.S.M.)
- Les réactions de la hiérarchie à la publication du Motu Proprio
Summorum pontificum et les commentaires qui ont accompagné le premier
anniversaire de la décision du Saint-Père Benoît XVI révèlent de façon
impressionnante l'état spirituel et pastoral de notre pays.
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Les enjeux du motu proprio du pape Benoît XVI
Analyse des implications ecclésiologiques et
pastorales de Summorum Pontificum.
Le 09 septembre 2008 - Eucharistie Sacrement de la Miséricorde
- Les réactions de la hiérarchie à la publication du Motu Proprio Summorum
pontificum et les commentaires qui ont accompagné le premier anniversaire de
la décision du Saint-Père révèlent de façon
impressionnante l'état spirituel et pastoral de notre pays. Si la mise en
application du
Motu Proprio se fait dans la douleur, c'est sans doute parce qu'elle
intervient dans un contexte général de délitement de la société ecclésiale.
Si la panique est mauvaise conseillère, l'aveuglement volontaire rend
impossible tout renouveau. Mais essayons de dégager quelques éléments de
cette crise.
Le motu proprio ne fait que définir un droit pour tous les fidèles,
qu'ils soient ministres ou laïques. Ce droit consiste à pouvoir prier à
l'aide de livres liturgiques qui sont le fruit d'une évolution homogène
depuis les temps apostoliques et la grande tradition patristique latine. Il
revient aux évêques et autres ministres de l'Église, conformément aux
engagements solennels pris lorsqu'ils ont prêté le serment de fidélité au
moment où leur office leur a été confié, de défendre, de promouvoir et
d'appliquer ce droit. Si les modalités d'application leur reviennent, ils ne
peuvent priver les fidèles de cette liberté. Ainsi l'Ordinaire du lieu
(qu'il soit l'évêque diocésain ou bien son vicaire général ou épiscopal) ou
le curé à qui un groupe stable de fidèles s'adresse, n'a pas à refuser a
priori et sans examen l'exercice de ce droit. Il est d'ailleurs frappant de
noter que bien des curés, contre la lettre et l'esprit du motu proprio, se
retranchent derrière la décision de l'évêque pour refuser l'application de
la décision pontificale. On ne peut que regretter qu'ils renoncent du même
coup à une belle illustration du principe de subsidiarité dans l'Église.
C'est du même coup la manifestation d'un principe cruellement drôle entendu
dans le monde militaire: le bruit sourd d'un parapluie qui s'ouvre vaut
mieux que le bruit sec d'une carrière qui se brise !
Les différents commentaires qui ont accompagné la réception du motu proprio
manifestent un étrange aveuglement sur la situation réelle de la mouvance
Ecclesia Dei. S'il est vrai que certains groupes de pression exagèrent
l'importance numérique de la participation des fidèles à telle ou telle
célébration, il n'en demeure pas moins que l'observateur impartial ne peut
être que frappé de l'absence totale d'une analyse qualitative de ce courant,
au moins aussi important que la composante charismatique dans l'Église de
France (d'ailleurs l'un et l'autre sont beaucoup plus divers et nuancés que
le laissent deviner les raccourcis journalistiques): des familles
nombreuses, des assemblées jeunes, des chrétiens non seulement pratiquants
mais aussi observants, des missionnaires qui témoignent dans la vie
professionnelle et s'engagent dans la vie associative (alors que le
mouvement général est bien plutôt aujourd'hui de « cléricaliser » les
laïques en les intégrant le plus possible dans les structures ecclésiales,
et ceci contre l'enseignement explicite du Concile, des fidèles soucieux
d'une authentique formation doctrinale et d'une éducation spirituelle puisée
dans la grande Tradition de l'Église. Certes, beaucoup de ces chrétiens ont
développé des réflexes critiques, voire épidermiques, face à la hiérarchie.
Mais la charité pastorale ne consiste-t-elle pas engager le dialogue, à
chercher à comprendre ceux à qui on s'adresse ou qui s'adressent à nous et à
n'exiger d'eux que l'adhésion à la doctrine de la foi et à la morale
évangélique en laissant pour le reste une véritable liberté ? L'existence
des traditionalistes n'invite-t-elle pas les pasteurs à procéder enfin à
l'examen critique de ce qui a été fait depuis quarante ans et à s'interroger
sur les raisons intra-ecclésiales de nombre d'échecs pastoraux ? Travaillons
à une pratique de gouvernement qui consiste uniquement à favoriser par tous
les moyens la vie spirituelle et surnaturelle des fidèles. La liturgie
traditionnelle, comme mère et éducatrice de la foi, a fait ses preuves en la
matière.
Cette dureté, cette mauvaise volonté voire ce refus de prendre en compte les
justes aspirations d'une part importante du peuple de Dieu s'inscrivent par
ailleurs dans un contexte général d'effondrement de la présence et surtout
de l'influence chrétiennes en ce monde. Comme nous faisons nôtre ce cri de
sainte Thérèse d'Avila: « Le monde est en feu, on veut condamner à
nouveau le Christ... on veut jeter à terre son Église ». Si le bon Dieu
a si peu d'amis, continue la réformatrice du Carmel, il faut travailler de
toutes nos forces à ce qu'au moins ceux-ci soient excellents ! Cette
situation nouvelle de l'Église, confrontée à un monde sorti de Dieu, pour
reprendre l'expression d'Émile Poulat, ne provoque que peu de réflexions et
d'analyses proprement théologiques. « Les gens ont fait à l'égard du
surnaturel le serment des temps de peste. Y penser le moins possible, n'en
parler jamais » écrivait Georges Bernanos. L'Église peut-elle
volontairement se priver de la générosité et de l'action missionnaires de
nombre de ces fils sous le prétexte qu'ils ne prient pas exactement de la
façon dont on voudrait qu'ils priassent ?
En revanche, il est clair que les fidèles Ecclesia Dei doivent aussi
prendre en compte la situation concrète de l'Église particulière à laquelle
ils s'adressent. A partir du moment où il existe un authentique climat de
confiance et de recherche de l'essentiel, la justice du Royaume, l'unité
dans la vérité, ces fidèles s'associeront volontiers à leurs pasteurs pour
trouver une solution qui puisse répondre au mieux à leurs justes aspirations
spirituelles, compte tenu des forces en présence.
Les fidèles qui veulent bénéficier du motu proprio, en raison de ce qu'ils
sont et de ce qu'ils représentent, participent au renouveau nécessaire et
urgent de l'Église, selon ce qu'exprimait le pape Pie XI, le 14 mars 1937: «
Une chrétienté ayant repris conscience d'elle-même dans tous ses membres,
rejetant tout compromis avec l'esprit du monde, prenant au sérieux les
commandements de Dieu et de l'Église, se conservant dans l'amour de Dieu et
l'efficace amour du prochain pourra et devra être pour le monde, malade à
mort, mais qui cherche qu'on le soutienne et qu'on lui indique sa route, un
modèle et un guide, si l'on ne veut pas qu'une indicible catastrophe, un
écroulement dépassant toute imagination ne fonde sur lui ».
Père Laurent-Marie Pocquet du Haut-Jussé, sjm
Suite à l'article ci-dessus, nous vous communiquons un commentaire de M.
Denis CROUAN Pdt de
Pro Liturgia
"Dans son article sur le Motu proprio, le Père Laurent-Marie Pocquet du
Haut-Jussé écrit que la liturgie d'avant Vatican II avait suivi une
évolution homogène depuis les temps apostoliques. C'est ce qui est souvent
dit mais qui ne correspond pas toujours à la vérité. En effet, les
recherches faites sur l'histoire de la liturgie nous apprennent que le rite
romain a subi une modification d'importance à la période carolingienne: une
transformation bien plus conséquente que celle opérée par Vatican II. Même
le chant romain, propre à la liturgie romaine, a disparu pour être remplacé
par une création musicale nouvelle: le chant dit "grégorien". Et, bien sûr,
les rites ont subi des modifications identiques au point de devenir plus
francs que romains (notre liturgie est plus "romano-franque" que "romaine").
Alors parler d'un "développement homogène" de la forme extraordinaire de
notre liturgie me parait ne pas tellement convenir."
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Sources : LA NEF • N°196 SEPTEMBRE 2008
Ce document est destiné à l'information; il ne constitue pas
un document officiel
Eucharistie sacrement de la miséricorde -
(E.S.M. sur Google actualité) - 09.09.2008 -
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