Extrait de la préface du livre I « Jésus de Nazareth
» de Benoît XVI |
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ROME, le 08 décembre 2006 -
(E.S.M.) - Dans sa préface, le pape Benoît XVI explique que c’est
après un long chemin intérieur qu'il est arrivé au livre sur Jésus, dont
il présente maintenant au public la première partie.
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Le pape Benoît XVI
Extraits de la préface du livre I « Jésus de Nazareth » Joseph Ratzinger -
Benoît XVI
Dans sa préface, le pape Benoît XVI explique qu'il en a décidé ainsi dans
l'ignorance "du temps et des forces qui lui seront encore concédés". Il
raconte avoir commencé la rédaction de ce livre durant l'été 2003, alors
qu'il n'était encore que cardinal. Depuis le début de son pontificat en
avril 2005, il a "employé tout son temps libre" à en avancer la rédaction.
C’est après un long chemin intérieur que
je suis arrivé au livre sur Jésus, dont nous présentons maintenant au public
la première partie. Au temps de ma jeunesse - dans les années trente et
quarante - fut publiée une série de livres enthousiasmants sur Jésus. Je me
rappelle seulement du nom des auteurs : Karl Adam, Romano Guardini, Franz
Michel Willam, Giovanni Papini, Jean-Daniel Rops. Dans tous ces livres,
l’image de Jésus était définie à partir des Evangiles : comment Il vécut sur
la terre et comment, tout en étant totalement homme, il apporta Dieu aux
hommes, avec lequel, en tant que Fils, il ne formait qu’une même personne.
Ainsi, à travers Jésus homme, Dieu devint visible et à partir de Dieu l’on
put voir l’image de l’homme juste. A partir des années cinquante la
situation changea. La déchirure entre le « Jésus historique » et le « Christ
de la foi » devint toujours plus grande ; l’un s’éloigna de l’autre à vue
d’œil. Mais quelle signification peut avoir la foi en Jésus Christ, en Jésus
Fils du Dieu vivant, si ensuite l’homme Jésus était aussi différent de la
manière dont le présentent les évangélistes et de la manière dont l’Eglise
l’annonce à partir des Evangiles ? Les progrès de la recherche historique et
critique conduisirent à des distinctions toujours plus subtiles entre les
diverses strates de la tradition. Derrière celles-ci, la figure de Jésus,
sur laquelle repose la foi, devint toujours plus incertaine, prit des
contours toujours plus flous.
Dans le même temps, les reconstructions
de ce Jésus, qui devait être cherché derrière les traditions des
Evangélistes et leurs sources, devint toujours plus contradictoire : de
l’ennemi révolutionnaire des romains qui s’oppose au pouvoir constitué et
naturellement tombe dans le doux moralisme qui permet tout et de façon
inexpliquée, finit par provoquer sa propre ruine. Qui lit, l’une à la suite
de l’autre, un certain nombre de ces reconstructions peut immédiatement
remarquer qu’elles sont beaucoup plus des photographies des auteurs et de
leurs idéaux que le dépouillement d’une icône devenue confuse. Entre temps,
la méfiance à l’égard de ces images de Jésus grandi, et cependant la figure
même de Jésus s’est éloignée plus encore de nous. Toutes ces tentatives ont
en tout cas laissé derrière elles, comme dénominateur commun, l’impression
que nous savons peu de choses sûres à propos de Jésus et que seulement plus
tard, la foi dans sa divinité a façonné son image. Cette impression a
pénétré entre temps profondément dans la conscience commune de la
chrétienté. Une telle situation est dramatique pour la foi parce qu’elle
rend son point de référence authentique incertain : l’amitié intime avec
Jésus, dont tout dépend, menace de tomber dans le vide (…).
J’ai
ressenti le besoin de fournir au lecteur ces indications de méthode parce
qu’elles définissent le chemin de mon interprétation de la figure de Jésus
dans le Nouveau Testament. En ce qui concerne ma présentation de Jésus, cela
signifie avant tout que j’ai confiance dans les Evangiles. Naturellement je
considère comme évident ce que le Concile et l’exégèse moderne disent sur le
genre littéraire, sur l’intentionnalité des affirmations, sur le cadre
communautaire des Evangiles et leur langage dans ce cadre vivant. Tout en
acceptant cela, dans la mesure de mes capacités, j’ai voulu tenter de
présenter le Jésus des Evangiles comme le vrai Jésus, comme le « Jésus
historique » dans le vrai sens du terme. Je suis convaincu, et j’espère que
le lecteur pourra aussi s’en rendre compte, que cette figure est beaucoup
plus logique et du point de vue historique également plus compréhensible que
les reconstructions que nous avons du affronter au cours des dernières
décennies. Je considère que ce Jésus précisément – celui des Evangiles – est
une figure historiquement sensée et convaincante. La crucifixion et son
efficacité ne s’expliquent que s’il s’est vraiment produit quelque chose
d’extraordinaire, que si la figure et les paroles de Jésus ont dépassé
radicalement toutes les espérances et les attentes de l’époque. Environ
vingt ans après la mort de Jésus nous trouvons déjà pleinement manifestée
dans le grand hymne au Christ de la Lettre aux Philippiens (Ph 2, 6–8), une
christologie, dans laquelle on dit de Jésus qu’il était égal à Dieu mais se
dépouilla lui-même, se fit homme, s’humilia jusqu’à la mort sur la croix et
qu’à lui revient l’hommage de la création, l’adoration que dans le Prophète
Isaïe (Is 45, 23), Dieu proclama comme due à lui seul. La recherche critique
se pose à juste titre la question : que s’est-il passé au cours de ces vingt
ans qui suivirent la Crucifixion de Jésus ? Comment est-on arrivé à cette
christologie ?
L’action de formations communautaires anonymes, dont on
cherche à trouver les représentants, en réalité n’explique rien. Comment se
fait il que des regroupements inconnus aient pu être aussi créatifs,
convaincre et de cette manière s’imposer ? N’est-il pas plus logique, même
du point de vue historique, que la grandeur se situe à l’origine et que la
figure de Jésus fasse, dans la pratique, sauter toutes les catégories en
présence et puisse être ainsi comprise seulement à partir du mystère de Dieu
? Naturellement, croire que précisément en tant qu’homme, il était Dieu, et
qu’il fit connaître cela en l’enveloppant dans les paraboles, mais de
manière toujours plus claire, va au-delà des possibilités de la méthode
historique. En revanche, si à partir de cette conviction de foi on lit les
textes avec la méthode historique et son ouverture pour ce qui est plus
grand, ceux-ci s’ouvrent, pour montrer une voie et une figure qui sont
dignes de foi. Alors deviennent plus clairs également la lutte à plusieurs
strates présente dans les écrits du Nouveau Testament autour de la figure de
Jésus et, malgré toutes les différences, la profonde harmonie existant entre
ces écrits.
Il est clair qu’avec cette vision de la figure de Jésus
je vais plus loin que ce que dit par exemple Schnackenburg qui représente
une grande partie de l’exégèse contemporaine. J’espère toutefois que le
lecteur comprendra que cet ouvrage n’a pas été écrit contre l’exégèse
moderne, mais avec une grande reconnaissance pour tout ce qu’elle a apporté
et continue de nous donner. Elle nous a fait connaître une grande quantité
de sources et de conceptions à travers lesquelles la figure de Jésus peut
devenir présente pour nous dans une vivacité et une profondeur que nous ne
pouvions imaginer ne serait-ce qu’il y a une dizaine d’années. J’ai
seulement cherché à aller au-delà de la pure interprétation historique et
critique en appliquant les nouveaux critères méthodologiques, qui nous
permettent une interprétation proprement théologique de la Bible et qui
naturellement requièrent la foi sans pour cela vouloir et pouvoir absolument
renoncer au sérieux historique. Assurément, il n’est pas nécessaire de dire
expressément que ce livre n’est absolument pas un acte du magistère, mais
uniquement l’expression de ma recherche personnelle de la « face du Seigneur
» (Ps 27, 8). Ainsi, chacun est libre de me contredire. Je demande seulement
aux lectrices et aux lecteurs une approche bienveillante sans laquelle
aucune compréhension n’est possible.
Comme je l’ai dit au début de la
Préface, le chemin intérieur dans l’élaboration de cet ouvrage a été long.
J’ai pu commencer à y travailler au cours des vacances de l’été 2003. En
août 2004, j’ai donné une forme définitive aux chapitres 1 à 4. Après mon
élection au siège épiscopal de Rome, j’ai employé tout mon temps libre pour
le mener à bien. Parce que je ne sais pas combien de temps et quelles forces
me seront encore concédées, je me suis décidé à publié comme première partie
du livre les dix premiers chapitres, qui s’étalent du Baptême dans le
Jourdain jusqu’à la confession de Pierre et à la Transfiguration.
Rome, fête de saint Jérôme 30 septembre 2006 Jésus de Nazareth, de
Joseph Ratzinger, pape Benoît XVI, Rizzoli
Le premier tome d'un
livre du pape Benoît XVI sur Jésus va être prochainement publié par une
maison d'édition italienne, a annoncé mardi le Vatican ►Benoît
XVI et son livre "Jésus de Nazareth"
Le P. Federico Lombardi, SJ, Directeur de la
Salle-de-Presse du Saint-Siège, a rédigé une note sur le prochain livre du
Saint-Père, intitulé "Jésus de Nazareth, du baptême au Jourdain à la
transfiguration" qui sortira au printemps 2007 ►
Remercions Benoît XVI pour sa recherche du Visage de Dieu
Sources: Evangile de la vie
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E.S.M.
Eucharistie sacrement de la miséricorde -
(E.S.M.) 08.12.2006 - BENOÎT XVI |