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La soif de silence et le sens du sacré
L’importance de la « spiritualité eucharistique » des prêtres
ROME, Vendredi 7 octobre 2005 – La «
soif de silence
» et le «
sens du sacré
» : plusieurs membres du synode ont évoqué ces aspects de la liturgie eucharistique.
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La septième congrégation générale de la XIe assemblée générale ordinaire du synode des évêques s'est ouverte à 16 h 30 jeudi après midi, sous la présidence du
Cardinal Francis Arinze
, en présence du
pape Benoît XVI
et de 243 membres du synode. Benoît XVI était également présent à 18 h pour suivre les interventions libres. La grande nouveauté de ce synode est cette heure de débats libres qui conclut chaque journée.
Une véritable soif de silence
Le cardinal Godfried Danneels,
archevêque de Malines-Bruxelles a pour sa part plaidé pour le silence d’adoration.
Il faisait observer que « l'homme contemporain veut faire bouger et nos liturgies sont souvent devenues très actives, activistes même ». « Mais, ajoutait-il, nous oublions qu'il y a chez beaucoup de nos contemporains une véritable soif de silence. Nous avons peut-être mal compris le sens de la « actuosa participatio » (« participation active »)
qui implique aussi le
silence devant le mystère
. Tous ces éléments de notre culture portent en eux des semences pour une évangélisation de notre culture ».
(1)
Le sens du sacré du Sacrifice eucharistique
De son côté,
Mgr Javier Echevarria Rodriguez
, évêque titulaire de Cilibia, prélat de la Prélature personnelle de la Sainte Croix et de l'Opus Dei a rappelé que l’Instrumentum Laboris, au n˚ 34, «
souligne l’importance du
sens du sacré
dans la célébration de l’Eucharistie
».
« Il est utile d’étudier les modalités concrètes qui aident les fidèles à percevoir, de manière plus nette, le sens du sacré du Sacrifice eucharistique, afin que le Peuple de Dieu soit renforcé dans sa foi et aidé à vivre saintement. Il serait donc utile, sur la base de l’Instruction Redemptionis sacramentum, de s’employer à faire cesser les abus qui causent des dommages au caractère sacré des célébrations eucharistiques, mais également de repenser certaines normes, dont l’application se prête à une interprétation abusive », expliquait Mgr Etchevarria.
(2)
Pour la redécouverte du dimanche, une commission
Pour l’archevêque de Thare et Nonseng, en Thaïlande,
Mgr Louis Chamniern Santisukniram,
« il va sans dire que la sécularisation détruit la foi des catholiques comme celle des autres populations en Thaïlande ». « Les personnes sont moins religieuses, constatait-il. Elles recherchent désespérément de nouveaux dieux qui, pensent-elles, pourraient les aider à être heureuses dans la vie. L’Église qui est en Thaïlande se doit d’aider les fidèles à examiner leur foi en Dieu et spécialement dans le Christ présent dans l’Eucharistie ».
Il concluait : «
La formation de la foi en l’Eucharistie doit être accélérée d’urgence
».
En vue de la promotion d’une « formulation de la foi dans l’Eucharistie », « d’une participation vivante à la Sainte Messe » et du dimanche comme « le jour de la célébration eucharistique dans la culture et la vie des fidèles », il annonçait une initiative de la conférence des évêques de Thaïlande : la mise en place d’une commission ad hoc formée par la commission pour la liturgie et la commission théologique consultative, « de manière à ce que l’objectif soit atteint d’ici cinq ans, grâce à l’utilisation de tous types de media ».
Pour une véritable spiritualité eucharistique
Pour
Mgr Lucio Andrice Muandula,
évêque de Xai-Xai, au Mozambique, il faut « insister sur une juste redistribution des prêtres dans le monde, comme cela a déjà été plusieurs fois demandé par les Pères synodaux ».
D’autre part, l’évêque africain soulignait l’urgence de «
proposer de nouveau à toute l'Eglise, et en particulier aux prêtres, une véritable spiritualité eucharistique, toute empreinte de la gratuité du sacrifice du Christ, qui se donne comme pain eucharistique afin que nous puissions tous accéder à la vie nouvelle de la grâce
».
ZF05100702 (
ZENIT.org
)
(1) - S.Em. Le Card. Godfried DANNEELS,
Archevêque de Malines-Bruxelles, Président de la Conférence Épiscopale
(BELGIQUE)
Ce synode sur l’Eucharistie a deux objectifs. Nous voulons d’abord réfléchir et
approfondir nos connaissances des richesses du mystère de l’Eucharistie et de sa
liturgie, afin de mieux l’aimer et la célébrer. Le second objectif de ce synode
est de travailler pour que toutes ces richesses parviennent à s’enraciner dans
une culture post-moderne qui est, sous certains aspects et à première vue,
défavorable à cet enracinement.
Et pourtant notre culture est pleine de paradoxes. En dessous de cette
négativité se cache la tendance opposée: pour l’home contemporain, la perception
de l’invisible est difficile. Pourtant, il y a un intérêt certain pour tout ce
qui est au-delà de l’horizon, au-delà du sensible, du rationnel, de l’efficacité
et de la productivité; l’homme contemporain est en plus un être de l’agir, mais
dans cet homme se cache aussi une immense soif de la gratuité, du don; il n’aime
pas le rite à cause de sa répétitivité et sa monotonie, mais il invente
néanmoins tout le temps ses propres rites; l’eschatologie chrétienne semble
oubliée et même trompeuse, mais jamais il n’y a eu une telle soif d’un monde
meilleur et un tel besoin d’espérance; même si le symbolisme de la liturgie
eucharistique n’est pas bien perçu ni apprécié, on ne peut pas dire que notre
culture soit aveugle envers les symboles, elle en invente de nouveaux trous les
jours; il est vrai aussi que l’homme contemporain est porté à la manipulation et
au possessif, mais il y a aussi une générosité oblative presque sans bornes
(tsunami); l’homme contemporain veut bouger et nos liturgies sont souvent
devenues très actives, activistes même. Mais nous oublions qu’il y a chez
beaucoup de nos contemporains une véritable soif de silence. Nous avons
peut-être mal compris le sens de la actuosa participatio qui implique aussi le
silence devant le mystère. Tous ces éléments de notre culture portent en eux des
semences pour une évangélisation de notre culture, et la meilleure
évangélisation, c’est la célébration à la liturgie elle-même. Elle est en elle
la première évangélisatrice.
(2) -
S. Exc. Mgr. Javier ECHEVARRÍA RODRÍGUEZ, Évêque titulaire de Cilibia, Prélat de
la Prélature personnelle de la Sainte Croix et de l'Opus Dei (ESPAGNE)
L’Instrumentum Laboris, au n̊ 34, souligne l’importance du sens du sacré dans la
célébration de l’Eucharistie. Il est utile d’étudier les modalités concrètes qui
aident les fidèles à percevoir, de manière plus nette, le sens du sacré du
Sacrifice eucharistique, afin que le Peuple de Dieu soit renforcé dans sa foi et
aidé à vivre saintement. Il serait donc utile, sur la base de l’Instruction
Redemptionis sacramentum, de s’employer à faire cesser les abus qui causent des
dommages au caractère sacré des célébrations eucharistiques, mais également de
repenser certaines normes, dont l’application se prête à une interprétation
abusive. À titre d’exemple, on pourrait repenser l’opportunité de cérémonies
eucharistiques comptant un trop grand nombre de concélébrants, telles qu’elles
ne rendent pas possible un déroulement digne de l’action liturgique. On pourrait
également évaluer s’il est vraiment convenable de distribuer la Communion à
l’ensemble des participants à une Messe, qui compte un très grand nombre de
fidèles, dès lors que la communion générale irait au détriment de la dignité du
culte. Accorder de l’importance au maintien du sens du sacré au sein des
liturgies eucharistiques ne saurait que faire un grand bien à toute l’Église.
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