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Première
Prédication de l'Avent : le père Cantalamessa réfléchit au sens de la Foi
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Le 07 décembre 2012 -
(E.S.M.)
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Dans la Chapelle Redemptoris Mater, vendredi matin, Benoît XVI a assisté à
la première prédication de l’Avent. Le père Raniero Cantalamessa avait
choisi de proposer sur réflexion sur le sens de la foi et sur sa mise en
pratique dans la charité.
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Le père Raniero
Cantalamessa
Première
Prédication de l'Avent : le père Cantalamessa réfléchit au sens de la Foi
Le 07 décembre 2012 - E.
S. M. -
Dans la Chapelle Redemptoris Mater, vendredi matin, Benoît XVI a assisté à
la première prédication de l’Avent. Le père Raniero Cantalamessa avait
choisi de proposer sur réflexion sur le sens de la foi et sur sa mise en
pratique dans la charité.
Traduction du texte intégral de la méditation du prédicateur de la Maison
Pontificale
Première Prédication de l’Avent 2012 : L’ANNEE DE LA FOI, et le catéchisme
de l’Eglise Catholique
1. Le livre « mangé »
Dans ma prédication à la Maison pontificale, j’essaie de me laisser guider,
dans le choix des thèmes, par les grâces ou les événements que l’Eglise est
en train de vivre à un moment donnée de son histoire. Récemment, nous avons
eu l’ouverture de l’Année de la foi, le cinquantième anniversaire du concile
Vatican II et le synode pour l’évangélisation et la transmission de la foi
chrétienne. J’ai donc pensé centrer ma réflexion de l’Avent sur chacun de
ces trois évènements.
Je commence par l’Année de la foi. Pour ne pas me perdre dans un thème aussi
vaste que la foi, je me concentre sur un point de la lettre « Porta fidei »
du Saint-Père Benoît XVI, à l’endroit précis où il exhorte chaleureusement à
faire du Catéchisme de l’Eglise Catholique, dont on fête cette année le
vingtième anniversaire de publication, un outil de prédilection pour vivre
fructueusement la grâce de cette année. Voici les mots du pape :« L’Année de
la foi devra exprimer un engagement général pour la redécouverte et l’étude
des contenus fondamentaux de la foi qui trouvent dans le Catéchisme de
l’Eglise Catholique leur synthèse systématique et organique. Ici, en effet,
émerge la richesse d’enseignement que l’Église a accueillie, gardée et
offerte au cours de ses deux mille ans d’histoire. De l’Écriture sainte aux
Pères de l’Église, des maîtres de théologie aux saints qui ont traversé les
siècles, le Catéchisme offre une mémoire permanente des nombreuses façons
dans lesquelles l’Église a médité sur la foi et produit un progrès dans la
doctrine pour donner certitude aux croyants dans leur vie de foi ».
Je ne parlerai certes pas du contenu du Catéchisme de l’Eglise Catholique,
de ses répartitions, des critères informatifs ; ce serait comme vouloir
expliquer la Divine Comédie à Dante Alighieri. Je voudrais plutôt m’efforcer
de montrer comment on peut transformer ce livre, muet comme un précieux
instrument musical posé sur du velours, en un instrument qui joue et secoue
les cœurs. La Passion selon Matthieu de Bach est restée pendant près d’un
siècle à l’état de partition écrite, conservée au fond d’archives musicales,
jusqu’au moment où Félix Mendelssohn l’a fait connaître par une exécution
magistrale à Berlin en 1829 ; depuis ce jour-là tout le monde connait les
mélodies et les chœurs sublimes que ces pages renfermaient.
C’est un peu ce qui arrive avec chaque livre qui parle de la foi, y compris
le Catéchisme de l’Eglise Catholique: on doit passer de la partition à
l’exécution, d’une page muette à quelque chose de vivant qui touche le cœur.
L’image d’Ézéchiel tenant un rouleau dans sa main tendue nous aide à
comprendre ce qui est demandé pour que cela ait lieu :
«
Alors je vis une main tendue vers moi : elle tenait un livre en forme de
rouleau; et le déroula devant moi ; ce rouleau était écrit au-dedans et
au-dehors, il contenait des chants de deuil, des plaintes et des
lamentations. Le Seigneur me dit : « Fils d'homme, mange ce qui est devant
toi, mange ce rouleau, et va parler à la maison d'Israël. ». J'ouvris la
bouche, il me fit manger le rouleau, et il me dit : « Fils d'homme, remplis
ton ventre, rassasie tes entrailles avec ce rouleau que je te donne ». Je le
mangeai donc, et dans ma bouche il fut doux comme du miel » (Ez 2,9-3,3).Le
pape est la main qui tend, encore une fois, à l’Eglise, le Catéchisme de
l’Eglise Catholique, disant à chaque catholique: « Prends ce livre,
mange-le, remplis ton ventre de lui». Que veut dire « manger » un livre ?
Pas seulement l’étudier, l’analyser, le mémoriser, mais en faire la chair de
sa propre chair et le sang de son propre sang, « l’assimiler », comme on le
fait matériellement avec la nourriture que nous mangeons. Passer de la foi
étudiée ou proclamée à la foi vécue.
C’est quelque chose qu’on ne peut pas faire avec le livre tout entier, vu
son volume, et avec chaque chose qu’on y lit. Impossible donc de le faire de
manière analytique, mais seulement synthétique. Je m’explique. Il nous faut
saisir le principe qui informe et unifie le tout, en somme le cœur battant
du Catéchisme de l’Eglise Catholique. Et quel est ce cœur ? Pas un dogme, ni
une vérité, une doctrine ou un principe éthique. C’est une personne: Jésus
Christ! « Page après page – écrit le Saint-Père à propos du Catéchisme de
l’Eglise Catholique, dans cette même lettre apostolique – on découvre que
tout ce qui est présenté n’est pas une théorie, mais la rencontre avec une
Personne qui vit dans l’Église ».Si les Ecritures, comme Jésus lui-même
l’affirme, parlent de lui (cf. Jn 5, 39), si elles sont pleines du Christ et
se résument toutes en lui, comment pourrait-il en être autrement pour le
Catéchisme de l’Eglise Catholique qui n’est qu’une exposition systématique,
élaborée par la Tradition, sous la conduite du Magistère, de ces même
Ecritures ?
Dans la première partie, consacrée à la foi, le Catéchisme de l’Eglise
Catholique renvoie au grand principe de saint Thomas d’Aquin selon lequel «
l’acte de foi du croyant ne s’arrête pas à l’énoncé, mais va à la réalité »
(« Fides non terminatur ad enunciabile sed ad rem »). Maintenant, quelle est
la réalité, la « chose » ultime de la foi ? Dieu, assurément! Mais pas un
Dieu quelconque imaginé selon les goûts et le bon plaisir de chacun, mais le
Dieu qui s’est révélé en Jésus Christ, qui « s’identifie » à lui jusqu’à
dire : « Qui me voit, voit le Père » et «Dieu, personne ne l'a jamais vu ;
le Fils unique, qui est dans le sein du Père, c'est lui qui a conduit à le
connaître » (Jn 1,18).
Quand nous disons foi « en Jésus Christ » nous ne détachons pas le Nouveau
de l’Ancien Testament, nous ne faisons pas commencer la vraie foi à partir
de la venue du Christ sur terre. S’il en était ainsi, nous exclurions du
nombre des croyants Abraham que nous appelons « notre père dans la foi »
(cf. Rm 4,16). En identifiant son Père au « Dieu d’Abraham, d’Isaac et de
Jacob » (Mt 22, 32) et au Dieu « de la loi et des prophètes » (Mt 22, 40),
Jésus proclame l’authenticité de la foi juive, il montre son caractère
prophétique, affirmant que c’est de lui qu’ils parlaient (cf. Lc 24, 27. 44;
Jn 5, 46). C’est ce qui fait la différence, aux yeux des chrétiens, entre la
foi juive et toutes les autres religions et qui justifie le statut spécial
dont bénéficie, depuis le concile Vatican II, le dialogue avec les juifs par
rapport à celui avec les autres religions.
2. Kérygme et didachè.
Au début de l’Eglise, il y avait une distinction claire entre le kérygme et
la didaché. Dans le kérygme, que Paul appelle aussi « l’Evangile », il était
question de l’action de Dieu en Jésus Christ, du mystère pascal de la mort
et de la résurrection, qui se traduisaient par de courtes formules de foi,
comme celle que suggèrent les propos de Pierre le jour de la Pentecôte:
«Vous l'avez fait mourir en le faisant clouer à la croix, Dieu l'a
ressuscité et a fait de lui le Seigneur » (cf. Ac 2, 23-36), ou alors:
«Si tu affirmes de ta bouche que Jésus est Seigneur et tu crois dans ton cœur
que Dieu l'a ressuscité d'entre les morts, alors tu seras sauvé » (Rm 10,
9). La didaché indiquait, par contre, l’enseignement donné à ceux qui
avaient accepté la foi, le développement, la formation complète du croyant.
On était convaincu (St. Paul surtout) que la foi, en tant que telle, ne
surgit qu’en présence du kérygme. Celui-ci qui n’était pas un résumé de la
foi ou une partie d’elle, mais la semence d’où sortait tout le reste. Les
quatre évangiles aussi ont été écrits après, précisément pour expliquer le
kérygme.
Il en était de même pour le noyau le plus ancien du Credo, qui n’avait pour
objet que la personne de Jésus-Christ, montré sous ses deux natures humaine
et divine. Nous en avons un exemple dans la Lettre aux Romains, où on parle
du Christ « né de la race de David selon la chair, établi dans sa puissance
de Fils de Dieu par sa résurrection d'entre les morts, selon l’Esprit qui
sanctifie » (Rm 1, 3-4). Très vite, ce noyau des origines, ou credo
christologique, a été englobé dans un contexte plus large, en tant que
deuxième article du Symbole de la foi, donnant ainsi naissance, aussi pour
des exigences liées au baptême, aux Symboles trinitaires que nous
connaissons aujourd’hui. Ce processus fait partie de ce que Newman appelle «
le développement de la doctrine chrétienne » ; il est un enrichissement et
non un éloignement de la foi des origines. Et c’est à nous aujourd’hui –
d’abord aux évêques, aux prédicateurs, aux catéchistes – de faire ressortir
le caractère « à part » du kérygme comme étant le moment germinatif de la
foi. Dans une œuvre lyrique, pour reprendre l’image musicale, il y a le «
récitatif » et le « chanté », et dans le chanté il y a les « aigus » qui
secouent l’auditoire et provoquent des émotions fortes, parfois même des
frissons. Nous savons maintenant quel est l’aigu de chaque catéchèse.
Notre situation est à nouveau la même que celle du temps apôtres. Ces
derniers avaient devant eux un monde préchrétien à évangéliser ; nous, on a
devant nous, au moins pour certains côtés et dans certains milieux, un monde
postchrétien à évangéliser de nouveau. Nous devons revenir à leur méthode,
ramener au jour « le glaive de l’Esprit » qui est l’annonce, en Esprit et
puissance, du Christ livré pour nos fautes et ressuscité pour notre
justification (cf. Rm 4,25). Mais le kérygme n’est pas seulement l’annonce
de faits ou de vérités de foi bien précis : c’est aussi un certain climat
spirituel que l’on peut créer, quoi qu’on est en train de dire, un horizon
qui est derrière tout. C’est à l’annonceur, par sa foi, de permettre à
l’Esprit Saint de créer cette atmosphère.
Quel est alors le sens du Catéchisme de l’Eglise Catholique ? Le même que,
dans l’Eglise apostolique, celui de la didachè : former la foi, lui donner
du contenu, montrer ses exigences éthiques et concrètes, amener la foi à
être « agissante par la charité » (cf. Gal 5,6). Un paragraphe du Catéchisme
met bien cela en évidence. Après avoir rappelé le principe thomiste selon
lequel « la foi ne s’arrête pas aux formulations mais aux réalités »,
celui-ci ajoute :« Cependant, ces réalités, nous les approchons à l’aide des
formulations de la foi. Celles-ci permettent d’exprimer et de transmettre la
foi, de la célébrer en communauté, de l’assimiler et d’en vivre de plus en
plus ».
De là l’importance de l’adjectif « catholique » dans le titre du livre. La
force de certaines Eglises non catholiques est de tout miser sur le moment
initial, quand on découvre la foi, on adhère au kérygme et on accepte Jésus
comme Seigneur -, ce qu’on appelle « renaissance », ou « seconde conversion
». Tout cela peut devenir une limite si l’on s’y arrête et si tout continue
à tourner autour de ce point de départ. Nous, catholiques, nous avons à
apprendre quelque chose de ces Eglises, mais nous avons aussi beaucoup à
donner. Dans l’Église catholique, tout ceci est le début, et non pas la fin
de la vie chrétienne. Après cette décision, s’ouvre un chemin de croissance
et de progrès dans la vie spirituelle. Et l’Eglise catholique, par sa
richesse sacramentelle, par le magistère et l’exemple de tant de saints, se
trouve dans une situation privilégiée pour conduire les croyants à la
perfection de la vie chrétienne. Dans sa lettre « Porta fidei », le pape
écrit ceci:
« De la Sainte Ecriture aux Pères de l’Église, des Maîtres de théologie aux
Saints qui ont traversé les siècles, le Catéchisme offre une mémoire
permanente des nombreuses façons dans lesquelles l’Eglise a médité sur la
foi et produit un progrès dans la doctrine pour donner certitude aux
croyants dans leur vie de foi ».
3. L’onction de la foi
J’ai dit du kérygme qu’il est le « aigu » de la catéchèse. Mais pour
produire cet aigu, il ne suffit pas de hausser la voix d’un ton, il faut
autre chose. « Nul ne peut dire : ‘Jésus est le Seigneur!’ [C’est l’aigu par
excellence!] sans l’action de l’Esprit Saint » (1 Co 12,3). Ce que St. Jean
dit, dans sa Première Lettre, à propos de l’onction nous est
particulièrement utile à cet égard. Il écrit:«
Quant à vous, celui qui est saint vous a consacrés par l'onction, et ainsi
vous avez tous la connaissance, […] l'onction par laquelle il vous a
consacrés demeure en vous, et vous n'avez pas besoin qu'on vous instruise.
Vous êtes instruits de tout par cette onction, qui est vérité et non pas
mensonge : suivant ce qu'elle vous a enseigné, vous demeurez en lui » (1 Jn
2, 20.27).L’Esprit Saint est l’auteur de cette onction, comme le suggère le
fait qu’ailleurs la fonction d’« enseigner chaque chose » est attribuée au
Paraclet comme « Esprit de vérité » (Jn 14, 26). Il s’agit, comme l’écrivent
plusieurs Pères, d’une « onction de la foi » : « L’onction qui vient du
Saint, écrit Clément d’Alexandrie, se réalise dans la foi ». « L’onction est
la foi en Jésus-Christ », dit un autre auteur de la même école.
Dans son commentaire, Augustin pose à ce propos une question à
l’évangéliste. Pourquoi, dit-il, as-tu écrit ta lettre, si ceux à qui tu
t’adresses ont reçu l’onction qui enseigne toute chose et n’ont pas besoin
qu’on les instruise? A quoi bon parler et instruire les fidèles ? Et voici
sa réponse, fondée sur le thème du Maître intérieur : « Le son de nos
paroles frappe vos oreilles, mais le vrai Maître est au-dedans. […] J’ai
parlé à tous; mais ceux à qui cette onction ne parle pas au-dedans, ceux que
l’Esprit Saint n’instruit pas au-dedans, s’en vont sans avoir rien appris
[…]. Il est donc à l’intérieur, le Maître qui enseigne ; c’est le Christ qui
enseigne ; c’est son inspiration qui enseigne ».
Une instruction de l’extérieur est donc nécessaire, il faut des maîtres;
mais leurs voix ne pénètreront les cœurs que si l’instruction intérieure de
l’Esprit Saint vient s’ajouter à elles. «Quant à nous, nous sommes les
témoins de tout cela, avec l'Esprit Saint, que Dieu a donné à ceux qui lui
obéissent. » (Ac 5, 32). Par ces paroles, prononcées devant le sanhédrin,
l’apôtre Pierre affirme la nécessité d’un témoignage intérieur de l’Esprit,
mais indique aussi quelle est la condition pour le recevoir : la
disponibilité à obéir, à se soumettre à la Parole.
C’est l’onction de l’Esprit qui fait passer des énoncés de la foi à leur
réalité. C’est un thème cher à St. Jean que celui d’un « croire » qui est
aussi « connaître »: « Nous avons connu l’amour que Dieu a pour nous et nous
y avons cru » (1 Jn 4,16). « Nous, nous croyons, et nous avons reconnu que
tu es le Saint de Dieu » (Jn 6, 69). « Connaître », dans ce cas, comme pour
l’ensemble des Ecritures en général, n’a pas le sens que nous lui donnons
aujourd’hui, c’est-à-dire avoir l’idée ou le concept d’une chose. Cela
signifie faire une expérience, entrer en relation avec la chose ou avec la
personne. L’affirmation de la Vierge: « Je ne connais pas d’homme », ne
voulait certes pas dire j’ignore ce qu’est un homme... Un exemple évident
d’onction de la foi est le « Mémorial » de Blaise Pascal, cette expérience
faite par lui dans la nuit du 23 novembre 1654, fixée par de courtes
exclamations, qu’on a retrouvé après sa mort, à l’intérieur de sa veste:
« Dieu d’Abraham, Dieu d’Isaac, Dieu de Jacob, non des philosophes et des
savants. Certitude. Certitude. Sentiment. Joie. Paix. Dieu de Jésus Christ
[…]. Il ne se trouve que par les voies enseignées dans l'Evangile. […] Joie,
joie. Joie, larmes de joie. […] Ceci est la vie éternelle, qu'ils te
connaissent toi, le seul vrai Dieu, et celui que tu as envoyé, Jésus-Christ
». En général on expérimente une onction de foi quand sur une Parole de Dieu
ou une affirmation de foi, tombe la lumière de l’Esprit Saint, un moment qui
s’accompagne aussi d’habitude d’une forte émotion. Une fois, à l’occasion de
la fête du Christ Roi, j’écoutais dans la première lecture de la Messe la
prophétie de Daniel sur le Fils de l’homme:
«Je regardais, au cours des visions de la nuit, et je voyais venir, avec les
nuées du ciel, comme un Fils d'homme ; il parvint jusqu'au Vieillard, et on
le fit avancer devant lui; Et il lui fut donné domination, gloire et royauté
; tous les peuples, toutes les nations et toutes les langues le servirent.
Sa domination est une domination éternelle, qui ne passera pas, et sa
royauté, une royauté qui ne sera pas détruite » (Dn 7,13-14).
Le Nouveau Testament, on le sait, a vu se réaliser la prophétie de Daniel en
Jésus; lui-même devant le sanhédrin l’a fait sienne (cf. Mt 26, 64); une
phrase de la prophétie est entrée dans le Credo : « et son règne n'aura pas
de fin » (« cuius regnum non erit finis »). Je connaissais tout cela, pour
l’avoir étudié, mais là c’était autre chose. C’était comme si la scène se
déroulait sous mes yeux. Oui, ce fils de l’homme qui avançait était Jésus en
personne. Tous les doutes et toutes les explications alternatives des
savants, que je connaissais bien aussi, me semblaient, à ce moment-là, de
simples prétextes pour ne pas croire. Je vivais, sans le savoir, une onction
de la foi. Une autre fois (je crois avoir déjà mentionnée cette expérience
autrefois, mais elle aide a comprendre l’idée), j’étais en train d’assister
à la messe de minuit de Jean-Paul II à Saint-Pierre. Le moment arriva de
chanter la Calende, c’est-à-dire la proclamation solennelle de la naissance
du Sauveur, présente dans l’ancien Martyrologe et réintroduite dans la
liturgie de Noël après Vatican II:
Beaucoup de siècles après la création du monde …Treize siècles après la
sortie d’Egypte …
A la cent quatre-vingt-quinzième Olympiade,En l’an 752 de la fondation de
Rome …
Dans la quarante-deuxième année de l’empire de César Auguste,Jésus-Christ,
Dieu éternel et Fils du Père éternel, ayant été conçu du Saint Esprit, et
neuf mois s’étant écoulés depuis sa conception, est né à Bethléem de Juda,
fait homme de la Vierge Marie ».
A ces dernières paroles, une soudaine clarté se fit en moi et je disait à
moi-même: « C’est vrai! Tout ce que l’on chante est vrai! Ce ne sont pas que
des mots. L’éternel est donc entré dans le temps. Le dernier événement de la
série a fait éclater la série; il a créé un « avant » et un « après »
irréversibles; le temps qui, avant, se calculait en fonction des divers
évènements (telle olympiade, règne d’untel), se calcule maintenant par
rapport à un seul événement : avant lui, et après lui. Une émotion subite
s’empara de ma personne, et tout ce que j’arrivais à dire c’était: « Merci,
très sainte Trinité, et merci aussi à toi, sainte Mère de Dieu ! »L’onction
de l’Esprit Saint produit un autre effet, pour ainsi dire, « collatéral »
chez l’annonciateur: elle lui fait éprouver la joie de proclamer Jésus et
son Evangile. Elle transforme l’obligation et le devoir de l’évangélisation
en un honneur et un motif de fierté. C’est la joie que connaît bien le
messager qui porte à une ville assiégée l’annonce que son siège a été levé,
ou le héraut qui dans l’Antiquité arrivait à la ville pour annoncer qu’une
victoire décisive avait été remporter par son armée. L’« heureuse nouvelle
», procure d’abord du bonheur à celui qui la porte avant même de la procurer
à celui qui la reçoit.
La vision d’Ézéchiel et du rouleau mangé s’est réalisée une fois dans
l’histoire au sens littéral aussi et non seulement métaphorique. C’est au
moment où le rouleau de la parole de Dieu s’est concentré en une seule
Parole, le Verbe. Le Père l’a offert à Marie ; Marie l’a accueilli, en a
rempli aussi physiquement ses entrailles, puis elle l’a donné au monde.
Marie est le modèle de tout évangélisateur, de tout catéchiste. Elle nous
enseigne à nous remplir de Jésus pour le donner aux autres. Marie a conçu
Jésus « du Saint Esprit » et il doit en être ainsi de chaque annonciateur.
Le Saint-Père conclut sa lettre pour l’Année de la foi par un renvoi à la
Vierge : « Confions à la Mère de Dieu, proclamée « bienheureuse parce
qu’elle a cru » (Lc 1, 45), ce temps de grâce ». Demandons-lui de nous
obtenir la grâce de faire l’expérience, en cette année, de tant de moments
d’onction de foi : « Virgo fidelis, ora pro nobis », Vierge croyante, prie
pour nous.
Sources : Radio
Vatican
-
E.S.M.
Ce document est destiné à l'information; il ne
constitue pas un document officiel
Eucharistie sacrement de la miséricorde -
(E.S.M.) 07.12.2012- T/Benoît XVI
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